Chapitre 18
Mémoire et cognition
Le lien entre les deux systèmes (MLTMLT et MCTMCT)
Quand le passé sert le présent, et le présent poursuit le passé : comment notre esprit se maintient tout en se construisant.
Qu’est-ce que la pensée ? Comment émerge la pensée ? Comment se développe la pensée ? La compréhension du fonctionnement de la mémoire humaine est selon moi la clé de voûte permettant de répondre à ces questions.
Comme je le disais en introduction du chapitre sur la mémoire à court termemémoire à court terme (MCTMCT), prise à part, la MCTMCT n’a pas vraiment de sens. Elle n’a pas de sens car elle fonctionne de pair avec la mémoire à long termemémoire à long terme (MLTMLT) ; les deux systèmes de mémoire travaillant main dans la main. Dans ce chapitre nous allons voir de quelle manière les deux systèmes interagissent, et dans quel but.
Ce qui est selon moi très important c’est qu’il y a deux types d’interactions : MCTMCT vers MLTMLT (enregistrement, écriture d’informations) VS MLTMLT vers MCTMCT (récupération, lecture d’informations).
- 1 – MCT vers MLT – l’enregistrement, l’écriture
- 1.1 – Dans le bon récipient – thread et mémoire
- 1.2 – Assimilation d’une donnée dans la mémoire à long terme : entre barrières et laissez-passer
- 1.3 – La capacité d’attention
- 1.4 – Séparation des capacités matérielles et des capacités logicielles
- 1.5 – Poursuite de l’analogie avec l’ordinateur
- 1.6 – Tromper l’attention : un petit coup de sauce et ça passe
- 1.7 – Bon finalement, passera, passera pas ?
- 1.8 – Ce qui est « simultané » est lié
- 2 – MLT vers MCT – la lecture, l’accès aux informations
- 2.1 – Un réseau de données maillé
- 2.2 – Renforcer le référencement pour éviter l’oubli
- 2.3 – Les phares
- 2.4 – Rattrapage sur le chemin du stockage
- 3 – L’oubli
- 4 – Mémoire et fonctionnement cognitif
- 4.1 – L’intuition, représentation synthétique consciente et pas forcément explicite
- 4.2 – La mémoire fraîche (MLTf) et la mémoire de travail à long terme (MTLT)
- 4.3 – Filtrage threadique et recoupements
- 4.4 – De l’existence des threads : le recoupement indirect
- 4.5 – Filtrage threadique, recoupements et attention
- 4.6 – Filtrage threadique et BEV
- 4.7 – Analogie avec le modèle de Norman & Shallice (Supervisory attentional system)
- 4.8 – Des problèmes de pertinence
- 4.9 – Mémoire, cognition inconsciente et avancement d’un thread – le processus de révélation (effet « ding ! ») :
- 4.10 – De l’intérêt du processus de révélation
- 4.11 – Cognition inconsciente et fonctions de haut niveau
- 4.12 – Précipitation consciente
- 4.13 – Quand la conscience s’illumine – les révélations importantes
- 4.14 – Par induction ou par abduction – Deux types de révélations
- 4.15 – « Euh désolé mais j’arrive pas à comprendre ce que tu m’as donné »
- 4.16 – Révélation et conscience
- 5 – Threads et investissement à long terme
MCTMCT vers MLTMLT – l’enregistrement, l’écriture
Pour le cas des procédures, nous avons vu que leur écriture s’effectue au cours d’un thread, et est grandement influencée par ce qui traverse la mémoire de travail. Par exemple lorsqu’un professeur enseigne à un élève comment faire quelque chosechose de particulier (figure artistique, vocalisation, etc), il peut lui dire de bien garder en tête certains points lorsqu’il s’exécute. Cette attention portée sur certains éléments, ce changement dans la manière d’appréhender l’action à exécuter va pousser l’individu à effectuer une action différente de celle qu’il connaît (ou ne connaît pas si c’est nouveau), et ainsi aboutir à une nouvelle version de la procédure, correspondant tout simplement à ce qui a été effectué.
Pour ce qui est des souvenirs en général, on peut dire qu’au fur et à mesure qu’un thread principal (c’est à dire conscient, connecté à la MT) avance, un « résumé » de ce qui se déroule successivement dans la mémoire de travail est enregistré dans la MLTMLT sous forme d’historique. La mémoire fonctionne en permanence.
Au niveau anatomique, l’hippocampe serait la machine à écrire qui note tout ce qui se passe, le tisseur de threads, l’intégrateur d’informations. Il effectue la « prise de note », il enregistre la carte géographique des neurones et les réutilise lors du sommeil pour renforcer les informations pertinentes dans la MLTMLT (voir chapitre 20). Dans le bon récipient – thread et mémoire Avec l’arrivée permanente d’informations, il faut les ranger au bon endroit. C’est principalement géré sur le moment par les threads, qui permettent de cloisonner les informations par thème (en ciblant l’interprétationinterprétation) : « ça va avec ça ». C’est particulièrement remarquable lorsque deux threads sont actifs en même temps (intermittence consciente, « double tâche ») : on ne mélange rien du tout. Les threads ont une certaine indépendance, si je joue à un jeu-vidéo et qu’une personne extérieure me demande quelque chosechose, je ne vais pas intégrer ces stimulus dans le jeu. Je vais le traiter à part (même si je me souviendrais que cela s’est passé quand je jouais). C’est obligé du fait du recoupement de threads (professeur parle, recoupement avec idée => réveil d’un thread, mais le cours continue toujours et on n’est pas complètement déconnecté). Également le cas avec une musique de fond et un commentaire : on sépare les deux. Dans de rares circonstances, il peut arriver qu’on se trompe de thread, qu’on interprète des informations dans le mauvais cadre (MDC). Typiquement cela arrive quand il y a une grosse ressemblance (~ piège). Par exemple, il m’est déjà arrivé d’ouvrir deux sujets X et Y d’un même forum dans deux onglets distincts, de commencer à lire les messages du sujet X et d’ouvrir un nouvel onglet à partir de celui-ci. Après cette interruption, je suis revenu sur l’onglet X pour continuer. Je lis le message sur lequel j’étais rendu, j’ai du mal à l’interpréter. Je lis le suivant, toujours du mal. Et c’est là que je me suis rendu compte que je m’étais trompé de sujet, j’essayais d’interpréter des messages du sujet Y dans le cadre du sujet X (« Trompé de porte »). Les chosechoses n’ont pas de sens sous certains angles, c’est pour cela qu’on se prépare à les comprendre et qu’on ajuste notre pensée au fur et à mesure qu’on les analyse (MDC). J’étais sur autre chosechose
Bref, les threads permettant de dessiner un contour, de cloisonner l’information dès l’interprétationinterprétation ; il suffit d’enregistrer « bêtement » l’historique des activations pour avoir une bonne organisation en mémoire. Toutefois, threads et intuitions pouvant être réutilisés ultérieurement (~ reprise de thread), il faut que les données soient appariées à travers le temps, et non considérées comme des chosechoses distinctes (~ nouvelles) à chaque fois qu’on les traite (c’est là tout l’intérêt d’une mémoire à long termemémoire à long terme). Il ne faut pas sur-cloisonner, c’est à dire cloisonner indépendamment deux chosechoses semblables parce qu’elles sont apparues dans un contexte différent. Les historiques des activations ne doivent pas être laissés pour compte, sans quoi le rangement ne saurait être suffisant. Heureusement, la mémoire ce n’est pas que des threads, c’est avant tout un système global, et chaque activation dans le cadre d’un thread a une répercussion sur tous les autres threads. Et ainsi, par une inductioninduction moins instantanée mais toute aussi naturelle, ces activations globales engendrent un procédé d’abstractionabstraction des invariants qui organise l’autre pendant du rangement (~ décloisonnement, décontextualisation). Il y a d’une part un système de threads, et d’autre part un système inter-threads. À la fois plus intelligent et plus économique, celui-ci fait émerger des connaissances décontextualisées (~ générales) qui sont partagées et transférables vers de nouveaux threads. Cela prend moins de place et améliore les performances d’accès (étant donné la plus grande utilisation). Par conséquent, l’interprétationinterprétation de haut-niveau, c’est-à-dire la définition des threads en cours, dépend elle même du fonctionnement global et inductif de la mémoire. Mémoire threadique : circuit de neurones, grappes d’intuitions structurées par niveau d’abstractionabstraction (sujet particulier, thème de thread) et donc par rapport au sens (et à la raison). Cela évite de prendre/associer trop de trucs ensemble, de se propager inutilement. (permet aussi d’inhiber la distraction) La réactivation d’une grappe (rebranchement sur thread) se faisant lorsque plusieurs nœuds correspondants à cette grappe sont activés en même temps. Le cadre attentionnel est limité (peut pas tout activer en même temps) mai de proche en proche (idée en idée) l’activation peut se propager. |
Mais au niveau d’une donnée particulière (~ une intuition, une abstractionabstraction), qu’est-ce qui va la faire passer du système temporaire au système permanent ?
Assimilation d’une donnée dans la mémoire à long termemémoire à long terme : entre barrières et laissez-passer
Je suis capable de répéter presque par cœur les chosechoses qui m’ont intéressé dans la journée. Et pourtant il m’est difficile d’apprendre quelque chosechose que je n’aime pas. Ça ne veut pas rentrer. Comment cela se fait-il ?
La capacité d’attention
J’ai déjà fait plusieurs fois référence à la capacité d’attention au cours de ces derniers chapitres. Je ne l’ai pas explicitée plus que ça car c’est une notion qui passe plutôt bien intuitivement, alors ce n’était pas la peine de surcharger votre digestion cérébrale. Néanmoins je me dois maintenant d’éclaircir son rôle important, puisque c’est sur elle que repose toute la mémorisation.
En effet, nous avons vu que notre cerveaucerveau reçoit une infinité de signaux qu’il enregistre pendant un très court instant dans la mémoire sensoriellemémoire sensorielle. Cependant l’esprit ne garde qu’une infime partie de ces signaux. Ce sont les signaux en rapport avec ce sur quoi l’attention se porte.
L’attention est donc une capacité de l’esprit à exercer une tension vers un certain type de signaux. En ce sens, l’attention est donc une force. Une force d’abstractionabstraction isolanteabstractionabstraction isolante (voir chapitre 1).
Comme toute force, elle s’applique naturellement sur un certain type de chosechoses. Ce fameux type de chosechose, il est relatif à chacun (voir chapitre 2), il est ce qu’on appelle « les goûts ».
L’attention est donc capable de supporter sans problème la tension sur les chosechoses faisant partie des goûts, mais est impuissante lorsqu’il s’agit de tenir sur des chosechoses qui n’en font pas partie.
En ce sens, pour savoir si on aime un sujet, la capacité à garder son attention est un bon indicateur. Pas « fatal » cela dit car un petit mouvement de plasticité peut parfois suffire « à faire aimer ».
TODO[Personnellement, ce phénomène est très exagéré chez moi. Je suis incapable de porter mon attention sur des chosechoses qui ne m’attirent pas, alors que je tiens très longtemps sur des chosechoses qui me plaisent. Une réelle difficulté à rentrer dans les chosechoses que je n’aime pas. Sachant que pour comprendre quelque chosechose il faut porter son attention dessus, cela m’a posé énormément de difficultés dans ma scolarité. En effet, il me serait peut être très facile de comprendre, mais avant ça il faut passer le blocage de l’attention. Cela a aussi une grande influence sur mon comportement « je me fous de tout sauf de ce que j’aime ».]
Bien sûr il est également possible de diriger l’attention de façon non naturelle à l’aide de l’intentionintention (voir chapitre 12). Concrètement c’est ce qui fait que nous sommes capables de repérer un individu spécifique dans une foule si nous le cherchons. De la même manière, cela nous permet de repérer un mot dans un pavé de texte. Ce filtrage du monde est une manifestation de l’abstractionabstraction.
Séparation des capacités matérielles et des capacités logicielles
Quand vous avez de mauvais résultats dans un domaine quelconque, certaines personnes ont vite fait de vous dire « pourtant vous avez les capacités, c’est quand même dommage ». Ils blâment l’insuffisance du travail fourni et le manque de bonne volonté. Mais ce qu’ils oublient c’est que notre cerveaucerveau est une machine de guerre, et que donc nous avons tous « les capacités » dont ils parlent. On pourrait même aller jusqu’à dire que le singe aussi dispose de ces capacités (cf chapitre 5)… Mais ces capacités sont dites « matérielles » et l’usage qu’il est possible d’en faire consciemment est définie de manière « logicielle ».
La conscienceconscience est ce qui sépare véritablement l’être humain de l’animal. Pas que les animaux n’aient pas de conscienceconscience, non, mais celles dont ils sont dotés n’est pas du niveau de celle dont est doté un être humain. Pour ce qui est des spécificités physiques, le cerveaucerveau de l’homme et de l’animal sont du même acabit.
Pardonnez moi l’analogie avec l’informatique, mais je la trouve bienvenue pour expliquer le phénomène. Nous sommes capable de nous remémorer des chosechoses très rapidement mais le calcul pur (combien font 72 * 7 ?) et la mémorisation (apprendre un court poème) nous sont très difficile d’accès. Ce qu’il faut juger ce ne sont donc pas tant les capacités matérielles (la puissance brute et inconscientinconsciente du cerveaucerveau) mais les capacités logicielles (la conscienceconscience, ce qu’il nous est permis et possible de faire).
Ainsi il est tout à fait possible qu’un individu puisse être brillant dans certaines conditions et pourtant totalement démuni dans d’autres. Cela ne dépend pas des capacités matérielles de son cerveaucerveau, cela dépend du « jeu de barrières et laissez-passer » de sa conscienceconscience.
Poursuite de l’analogie avec l’ordinateur
On peut dire qu’un ordinateur est basé sur le même modèle matériel qu’un cerveaucerveau. Par contre, le modèle logiciel n’a rien a voir. Dans le cas de l’ordinateur, le logiciel sert à exploiter de manière directe les ressources matérielles à disposition. L’ordinateur calcule 72*7 directement, et enregistre le poème directement dans la mémoire. Le cerveaucerveau est beaucoup, beaucoup plus qu’un simple exécuteur. En effet les ressources matérielles du cerveaucerveau ne sont pas vouées à être utilisées directement par un logiciel, comme si c’était une machine faite pour produire.
Non, le « logiciel du cerveaucerveau », la conscienceconscience, n’est donc pas programmé de telle sorte à accéder directement aux ressources comme l’est le système d’exploitation d’un ordinateur (Windows, GNU/Linux, etc). Il est programmé pour faire l’expérience de la vie. Vous n’arrivez peut être pas à le globaliser mais la vie telle que nous l’expérimentons ne pourrait pas se faire si nous avions un accès total et direct à notre mémoire et à notre puissance de calcul. Il faut placer des limites partout pour créer l’être humain. Placer des limites pour créer l’illimité (voir la dualitédualité, chapitre 3).
En ce sens je trouve le système scolaire assez mal pensé car il induit un accès direct aux ressources matérielles. Dans le cas moyen, je pense que sept ans d’anglais en cours se feront facilement balayer par un mois dans un pays anglophone.
Pour se convaincre que la mémoire n’est pas qu’une question de capacités matérielles, il n’y a qu’à constater le nombre de chosechoses que les soit disant mauvais élèves connaissent (paroles de musique, joueurs de football, publicités…).
TODO C’est du a la force gigantesque du subconscientsubconscient qui est canalisée par les suggestionsuggestions de notre conscient. Notre conscient est particulièrement influencé par nos goûts.
Tromper l’attention : un petit coup de sauce et ça passe
Pour passer outre la nature de nos goûts et surtout pour donner envie de s’investir, il est possible « d’assaisonner » les chosechoses.
Personnellement je ne suis pas fan de riz, de pattes et même de pommes de terre, mais avec un peu de sauce ça passe vraiment bien. Cette idée de rendre les chosechoses plus agréables s’applique également au travail et aux méthodes d’apprentissage. Essayer de faire manger des cours comme on essaye de faire manger une quantité astronomique de légumes verts, même si c’est pour la bonne cause, est une méthode dure.
Bon finalement, passera, passera pas ?
Après cet interlude sur l’attention, revenons en sur ce qui fait que nous enregistrons certaines informations et pas d’autres.
Pour qu’une donnée soit enregistrée, il faut qu’elle soit « digne » d’allocation. On distingue trois raisons pour être digne.
Déjà, une donnée chargée d’émotion se verra automatiquement allouer un emplacement, une case.
Ensuite, une donnée récurrente (qui revient souvent dans la mémoire de travail) finira par être « détectée » puis enregistrée.
Enfin, une donnée pertinente (sujette de l’attention et correspondant aux intentionintentions, aux thèmes des threads actifs) a de grandes chances d’être enregistrée même si c’est la première fois qu’elle apparaît dans la mémoire de travail. On peut arguer qu’il s’agit en fait du même cas que les données chargées d’émotion (~ attise la curiosité).
Ce qui est « simultané » est lié
Lorsqu’une donnée est finalement enregistrée, elle est immédiatement rattachée à tous les éléments de la mémoire à long termemémoire à long terme actuellement chargés dans la mémoire à court termemémoire à court terme (c’est le cortex préfrontal dorsolatéral qui semble s’occuper de créer ces rattachements de manière cohérente). Cette création de lien induit une propriété majeure de la mémoire à long termemémoire à long terme, familière aux informaticiens.
MLTMLT vers MCTMCT – la lecture, l’accès aux informations
Un réseau de données maillé
Toutes les données sont donc rattachées entre elles par des liens (à plus bas niveaubas niveau cela se traduit par des connexions neuronales). Ces liens peuvent être issus de la création initiale du nœud de donnée, ou bien d’un rattachement ultérieur (consolidation du sommeil [Hippocampe], expérience extérieure en rapport [Cortex pré-frontal]). C’est de par ce maillage que la remémoration s’effectue par association. Un souvenir étant lié à d’autres souvenirs, la remémoration d’un premier souvenir mène à la remémoration d’autres souvenirs. Ces derniers eux mêmes en entraînent d’autres, etc. La remémoration est récursive.
Il est d’ailleurs plausible que la construction d’une intuition de haut niveauhaut niveau (ex :personnage particulier) se traduise par un ensemble de liens autour d’un même nœud (celui du personnage). Ces liens pointeraient ainsi vers les intuitions composant ce personnage (formes, couleurs), de manière récursive. Ce type de lien est appelé « binding » en psychologie cognitive, et correspond à une association très forte entre deux chosechoses. En informatique, cela correspond à la « composition » dans la méthode UML, en opposition à l’agrégation qui s’apparente plus à un lien standard.
Le réseau de données du cerveaucerveau humain partage de nombreuses propriétés majeures avec Internet. Dans les deux cas il s’agit d’un réseau maillé, d’une sorte de « toile d’araignée » (~ web). Le porteur d’information est dans un cas un neurone, dans l’autre un serveur. Le système de lien (synapse dans le cas du neurone) existe dans les deux cas et ses conséquences logicielles sont les mêmes. Plus un nœud dispose de liens actifs, plus son information est accessible à la demande. De la même manière, plus un nœud dispose de liens actifs, plus il est visité. Dans le cas d’Internet cela veut dire que le site est très connu et va apparaître dans le top résultats des moteurs de recherche comme Google Search et autre Bing. Dans le cas du cerveaucerveau cela veut dire que l’intuition sous-jacente est « vivante » et sera très vite remémorée lorsqu’elle est induite par une expérience (cela renvoie à la règle de Hebb).
Renforcer le référencement pour éviter l’oubli
Poursuivons l’analogie avec le Web. Pour renforcer le référencement et « être visible », les acteurs du net n’hésitent pas à abuser de la manière brute : agir directement sur le nombre de liens plutôt que sur l’efficacité d’une faible quantité de liens. Plus il y a de routes menant vers un endroit, plus cet endroit a des chances d’être visité.
Dès que j’ai une idée intéressante qui me vient à l’esprit, je me dépêche de la noter sur mon téléphone portable car je sais très bien que même si cette idée est très intéressante et que par conséquent elle va très probablement être stockée dans la MLTMLT (digne d’allocation), je risque de l’oublier dès qu’elle aura quitté la MCTMCT. Et comme nous l’avons vu la MCTMCT est de petite taille et donc se voit souvent vidée.
L’oubli peut donc être très rapide et on se retrouve soit dans la situation classique du «Mince mais à quoi je pensais déjà ? C’était quoi ? Raaaaaaaaaaah! » ou alors dans la plupart des cas on ne s’en rend même pas compte (Comment je le sais si on ne s’en rend pas compte ? Et bien tout simplement car l’idée ressurgit parfois – ex : quelqu’un au courant vous le rappelle, un évènement ultérieur fait remonter l’info, etc).
Alors pourquoi donc on ne se rappelle plus d’une idée intéressante si on ne la note pas ?
Revenons en à ma fameuse analogie de l’île au dessus de l’océan (du chapitre précédent). Avoir une idée importante/intéressante mais ne pas la noter, revient à la larguer en hauteur sur l’île, sans parachute. Si vous ne faites rien l’idée dénuée d’aide va probablement glisser dans l’océan. En revanche, si vous vous décidez de noter un « mémo » au sujet de cette idée, cela va créer une autre information dans votre cerveaucerveau qui va venir s’accrocher à cette idée et l’aider à ne pas chuter dans l’océan. C’est déjà une aide. Mais bien plus que ça, le mémo permet de se souvenir de l’idée. Autrement dit cela retient son identité et sa dernière position. Cela veut dire que même si l’idée finit pas atterir dans l’océan, l’opération de sauvetage sera grandement facilitée grâce aux informations du mémo.
Cette analogie m’amène à définir techniquement ce qu’est l’oubli. Certains parlent d’oubli lorsqu’une information disparait physiquement. D’autre parlent d’oubli lorsque l’information n’a pas été assez consolidée. L’expérience montre qu’on se souvient de tout (remontée lointaine, « nostalgique » + sentiment de déjà vu – même mineur – face à des stimuli déjà rencontrés dans sa vie), alors j’ai tendance à écarter la première proposition. Le problème de la seconde solution est différent, car bien qu’étant compréhensible elle ne veut rien dire techniquement parlant.
Pour moi, on ne se rappelle tout simplement plus car il y a peu de liens (voire aucun) et que donc l’objet est très mal référencé. L’information est seule au fond de l’océan. C’est ça l’oubli, un manque de liens. Le simple fait de noter dans le téléphone va créer des liens (et amener le thread associé à une phase critique). Les moyens mnémotechniques utilisent un procédé permettant de créer des liens : ils ne sont pas tant faire pour mémoriser que pour se rappeler. Quoi qu’il arrive on mémorise une intuition, même si c’est de manière très fragile. C’est le rappel conscient qui est « difficile ».
D’ailleurs une anecdote amusante à propos de ce phénomène tient de la préparation des « antisèches » pour une matière que l’on n’aime pas : le simple fait d’écrire l’antisèche fait qu’on retient l’information et qu’on a donc presque plus besoin de la « carotte » (qui porte bien son nom) ! Cette anecdote montre également que l’efficacité n’est pas forcément là où on croit.
(TODO LINK).
Les phares Tout à l’heure je disais que le mémo permet de se souvenir de l’idée. Mais qu’est-ce qui lui confère ce pouvoir ? Et bien, en plus de créer des liens, mon téléphone portable est un phare pour mon esprit. En effet, même si le fait de créer des liens (au moment où j’ai noté cette idée importante) suffit généralement à me rappeller de vérifier mon portable, il se peut que ce ne soit pas le cas et que j’oublie. Cependant, je finierais quand même par vérifier mon portable par simple routine (voir l’heure, voir nouveaux messages, etc), sans intentionintention liée à cette idée qui y est stockée. Un phare est donc quelque chosechose auquel nous rattachons des informations car nous sommes assurés de le voir. J’irais même plus loin avec cette analogie : mon téléphone est un phare des mers; il est facilement visible et cela fait partie de son rôle de retenir les informations pour aider à se souvenir. Mais il existe un autre type de phare, les phares des terres. Ceux-ci sont également très visibles mais à la différence des phares des mers, cela ne fait pas du tout partie de leur rôle d’aider à se souvenir. C’est justement cette propriété combinée à la nature de leur visibilité qui leur procure ce rôle. Les phares terrestres ne sont en effet pas visibles parcequ’ils sont gros mais parcequ’ils n’ont rien à faire là, ils sortent du contexte (« Il n’y a pas de bateaux sur terre alors à quoi peut bien servir ce phare ? »). Un phare terrestre est tellement intriguant qu’il « réveille » l’esprit. C’est pour cela que nous pouvons y rattacher consciemment des informations. Il m’arrive souvent d’utiliser quelque chosechose de totalement hors contexte, qui n’a rien à faire là (« Mais qu’est-ce que… ?! Ah oui !) pour me rappeler d’une autre chosechose. Par exemple lorsqu’il m’arrive d’avoir une idée intéressante sur le trône, je prends soin de mettre un feuille de papier toilettes sur la poignée ou sur le pas de la porte. C’est un phare terrestre : je suis sûr de la voir et comme elle n’a rien à faire là elle va réveiller mon esprit et m’aider à me rappeler ce dont je voulais qu’elle me rappelle. Ce procédé de phare terrestre n’a d’ailleurs pas été inventé par l’homme conscient ! En effet, (il est possible que) lors de la création d’un rêve, l’inconscientinconscient utilise ce procédé pour alerter la conscienceconscience qu’elle doit chercher la signification de ce rêve ! En peu de mots, lors d’un rêve, il peut nous arriver de voir quelque chosechose de normal, que nous avons déjà vu, mais qui n’a rien à voir avec le contexte du rêve, ou alors qui se trouve dans une situation totalement bizarre. C’est tellement intriguant que cela permet de « réveiller » la conscienceconscience alors qu’elle était plongée et totalement crédule (voir chapitre 20). Anecdote : j’ai d’abord pensé au phare pour cette intuition puis je me suis dit que c’était un peu extravagant. L’exemple du post-it sur le réfrigérateur m’est apparu et je me suis alors rappelé qu’un mot existait déjà : memento. Seulement le memento ne concerne que le cas du téléphone et non pas le cas du « hors contexte », alors j’ai gardé le terme phare. La façon dont les phares nous remémorent certaines chosechoses partage des similarités avec « la méthode des lieux ». Cette méthode consiste à mémoriser une liste ordonnée de chosechoses en associant chacune d’elles avec un lieu que l’on connaît bien (ex : associer les idées d’un discours avec les salles de sa maison). Ainsi, en se forçant à penser au lieu que l’on connaît, on parvient à se souvenir de la chosechose voulue car elle y est connectée. D’ailleurs, selon moi la mémoire prospective (qui nous permet de nous rappeler ce que nous devons faire, de ne pas oublier de nous rappeler) n’est autre qu’un simple phare interne, à savoir une liaison entre ce qu’on doit retenir et l’intuition « doit se rappeler». Ainsi il nous suffit de penser à ce qu’on « doit se rappeler » (le phare) et par association cela va activer et rappeler les intuitions que nous avons attaché à elle récemment. C’est un phare spécifique, mais assez classique. Néanmoins, il est vrai qu’en vertu de l’évolution, il se peut qu’à force d’avoir été sollicitée par nos ancêtres, cette capacité se soit émancipée de son origine et spécialisée (ce qui expliquerait sa grande fragilité, ainsi que les automatismes quant au rappel de ce qu’on doit faire : par exemple prendre quelque chosechose dont on aurait eu besoin juste au dernier moment, ce n’est pas qu’une coincidence). |
Rattrapage sur le chemin du stockage Il est possible de rattraper une idée qui vient de quitter la MCTMCT. Je ne sais pas comment c’est réellement implémenté mais soit il est possible d’effectuer une recherche sur les nœuds récents de la MLTMLT, la mémoire fraîche, soit la MCTMCT dispose d’une espèce de corbeille RAW dans laquelle on peut fouiller pour tenter de récupérer des données. Soit c’est une remémoration classique grâce à l’intuition. |
L’oubli
En ce sens l’oubli n’est pas une suppression de la donnée mais une déconnexion de celle-ci (le déréférencement dans le cas d’Internet). En apparence c’est tout comme une suppression, mais il est néanmoins possible de rétablir les connexions de cette donnée et même d’en créer de nouvelles.
Pourquoi oublions nous ?
Nous oublions pour vivre. Si nous n’oubliions pas, alors nous ne pourrons découvrir que des chosechoses nouvelles. Or comme nous l’avons vu dans le chapitre 1, aucune chosechose de ce monde n’est vraiment nouvelle dans sa composition. Beaucoup de films partagent le même schéma, etc. Sans oubli nous aurions clairement une impression de déjà vu permanente et ennuyante. En oubliant, et bien non seulement nous pouvons redécouvrir quelque chosechose d’identique à ce dont nous avons fait l’expérience (livre, film, jeu-vidéo), mais en plus nous avons l’impression de découvrir de nouvelles chosechoses tous les jours alors qu’elles sont, intrinsèquement, en partie similaire à certaines dont nous avons déjà fait l’expérience.
La recherche « consciente » Quand notre mémoire ne nous fait pas défaut, la recherche consciente d’informations particulières nous procure une forte impression d’être maître de nous même. On a l’impression d’ordonner à sa mémoire. Je pense à une chosechose particulière et j’y accède. Pourtant, comme pour beaucoup d’autres activités cognitives et conscientes, il s’agit plutôt d’un processus dont la conscienceconscience est spectatrice. Dans la plupart des cas, on ne fait pas d’effort pour fouiller dans sa mémoire (c’est une chosechose qui se fait sans l’usage des fonctions exécutives). Quand on nous pose une question (« peux-tu me citer trois noms d’animaux à l’apparence étrange ? », « n’aurais-tu pas vu une veste bleue dans les parages ? », …), on n’établit pas – tout du moins de manière naturelle – de stratégie particulière et précise pour trouver l’information. Consciemment, on sait qu’on est en train de réfléchir à la question. Si rien ne nous vient rapidement, on dira qu’on ne sait pas. Après ça, on pourra toujours réfléchir encore un peu, et si toujours rien ne vient, on réaffirmera – avec plus d’assurance – qu’on ne sait pas. On ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur de notre esprit, mais si rien n’en sort vers la conscienceconscience, on conclut qu’on ne sait pas. Tout cela est, du début à la fin, très automatique. Réponse = « J’sais pas ». (Réfléchit encore). (Signe de non connaissance avec bras/bouche) « J’sais pas ». Pas de révélationrévélation ou RévélationRévélation négative, Réaction automatique, réponse automatique. Il n’y a rien qui vient automatiquement à la conscienceconscience donc -> je sais pas. Un exercice assez fun pour tester le processus de révélationrévélation est de prendre une syllabe « au hasard » et de faire en sorte de la compléter par le premier mot qui nous vient à l’esprit (nom propre ou commun). Ce que notre esprit arrive à sortir est étonnant et met souvent en avant la notion de mémoire éveillée : on sort facilement des noms « nouveaux » auxquels on a été exposé il y quelques temps (cf amorçage, ou « priming »). |
Mémoire et fonctionnement cognitif
L’intuition, représentation synthétique consciente et pas forcément explicite
Si on peut faire beaucoup de parallèles entre les systèmes informatiques et le fonctionnement de notre mémoire, l’accès conscient que nous avons aux données est loin de ressembler à ce qu’on trouve dans ce domaine. Typiquement, avec les systèmes informatiques on rentre un indice (adresse, mot clé) et on accède directement à l’intégralité du contenu associé à cette information, sous une forme structurée qui explicite et développe tous les détails séparément, à la manière d’une encyclopédie. L’accès à notre mémoire est bien différent. D’une part car on n’accède pas directement à tout ce qui est lié à l’indice, mais seulement à ce qui est disponible dans la mémoire active. Par exemple, Martin Scorcese est un réalisateur que je « connais », mais un jour je ne me rappelais plus son nom (et son prénom). Je me souvenais de son visage (à plusieurs époques qui plus est), des films qu’il a réalisé, des acteurs avec qui il a tourné, en fait je me souvenais même que son nom sonnait « italien » et qu’on pouvait le dire de deux manières différentes : « correctement» et à la française. J’avais donc une représentation du monsieur, j’avais l’index, le nœud auquel toutes les données étaient rattachées, mais l’un des liens (celui du nom) était manifestement désactivé, et donc le contenu auquel il mène n’a pu être intégré dans la représentation.
Mais ce qui diffère surtout entre l’accès conscient et l’accès informatique, c’est que tout ce qui nous arrive à l’esprit est comme mélangé, compressé, uniforme : c’est une intuition. Par exemple, prenons l’intuition d’un acteur d’un thread, admettons un personnage d’une série TV. À la simple vision de ce personnage, on sait qui il est. Pourtant notre esprit ne déballe pas l’historique complet à propos de ce personnage, nous n’avons pas une vision claire et explicite de son passé. L’intuition est quelque chosechose de très compressé et pourtant qui nous arrive fluidement, immédiatement, sans accroc. On ne se souvient plus trop d’où il vient, mais on a une « idée » du personnage, une idée qui s’apparente à un sentiment.
Le sentiment est une information très importante, généralement suffisante pour interpréter correctement, et surtout étrangement fiable. Par exemple, quand je dois retrouver un chemin que j’ai déjà pris dans le passé, il m’arrive de ne pas savoir quelle direction prendre lorsque plusieurs possibilités sont offertes. Je ne sais pas et pourtant j’ai le sentiment que si j’en prend une en particulier, ce sera la bonne. Mais consciemment je ne suis sûr de rien, j’ai l’impression de ne rien reconnaître. Pourtant ce sentiment s’avère très souvent juste (d’où l’expression « La première impression est toujours la bonne »). L’intuition est avant tout une mémoire assez légère permettant l’essentiel (ici de retrouver son chemin) en nous poussant à prendre telle ou telle décision par rapport à une situation déjà vécue, sans pour autant nous aider à comprendre pourquoi.
Note : cette idée de sentiment à peine perceptible qui, dans une situation donnée, nous guide vers la bonne interprétationinterprétation/direction est le cœur de la théorie des marqueurs somatiques (dont je parle un peu à la fin du chapitre 14). En ce sens, les marqueurs somatiques recouvrent une partie des intuitions telles que je les entends.
La mémoire fraîche (MLTMLTf) et la mémoire de travail à long terme (MTLT)
Comme je le disais dans le chapitre précédent, la mémoire à long termemémoire à long terme n’est pas « uniforme » : grossièrement, une partie des données est active et facilement accessible, tandis que l’autre est inactive et difficilement accessible sans évocation directe. Il y a plusieurs raisons expliquant cette différenciation : certaines données sont très utilisées alors que d’autres n’ont quasiment jamais été utilisées, certaines données ont une forte valence émotionnelle, certaines données sont nouvelles alors que d’autres sont vieilles, etc. L’accès à certaines données est donc privilégié.
Toutefois, ce n’est pas quelque chosechose de fixe : il y a un estompement graduel de l’activation des données, relatif à l’exploitation de celles-ci. Ainsi, une bonne partie des données actives constitue ce que j’appelle la mémoire fraîche, à savoir les données auxquelles on a accédé récemment. Pour moi, cette partie de la mémoire à long termemémoire à long terme fait aussi partie de la mémoire à court termemémoire à court terme. Cette dernière serait en fait la combinaison (continuum) de la pile de la MT et du sommet de l’île de la MLTMLT (MLTMLTf). D’ailleurs, il est parfois difficile de distinguer si une donnée qu’on vient d’utiliser était dans la MT ou la MLTMLT.
Certains éléments de la journée restent donc au sommet de l’île, mais comme pour la plupart ils sont mal ancrés, ils dégringolent très vite dans l’océan. Cela explique pourquoi certaines personnes (souffrant d’amnésie antérograde) ne savent plus ce qui s’est passé hier : elles balancent toutes leurs informations au sommet de l’île sans les fixer. L’activité permanente de la mémoire fait que ces données ne restent pas bien longtemps en place.
Si une partie des informations de la MLTMLT fait partie de la MCTMCT, il n’est pas étonnant qu’une partie des informations de la MLTMLT fasse également partie de mémoire de travail (MT). En effet, quand on est dans un mode de conscience, on connaît les acteurs des threads. Pour autant ils ne sont pas forcément dans la MT (elle est trop petite pour ça). C’est grâce à la MTLT qu’un spécialiste dans un domaine a énormément d’outils à sa disposition dans ce domaine.
Il y a deux phénomènes qui mettent en évidence la MTLT. Le premier, c’est que dans les threads nécessitant la prise en compte d’un grand nombre de relations entre divers « acteurs » (le raisonnement complexe, l’écrire d’une histoire assez étendue, et même… le mensonge !), l’oubli d’un acteur utile est rare, et sa réactivation crée un effet de surprise : « Ah je l’avais complètement zappé lui » (mots d’une liste), « Ah j’avais complètement zappé qu’on pouvait faire ça » (outils à disposition).
Le second c’est que notre spécialisation peut être en même temps très poussée et temporaire. Typiquement cela arrive quand on travaille intensivement dans un domaine très spécifique pendant une période de temps relativement courte (quelques semaines, voire quelque mois). L’exemple le plus typique étant la mémoire des étudiants : ils révisent un maximum avant les examens/partiels (et sont ainsi très aptes à utiliser les informations des domaines concernés) mais ont presque tout oublié six mois après. Néanmoins, cela arrive également dans d’autres situations professionnelles (travailler sur une affaire) et de la vie de tous les jours (résoudre un problème nouveau et compliqué).
J’appelle cela faire un « zoom » : il y a une création d’un grand nombre de connexions pour représenter le « chantier » sur lequel on travaille, connexions qui permettent de se repérer et de travailler efficacement. Lorsqu’on a fini le travail, qu’on quitte le domaine particulier, c’est le « dézoom » : on oublie la majorité des chosechoses relatées (déconnexions). Toutefois on garde l’utile via le processus d’abstractionabstraction des « invariants » (code, fonction, procédés), cf début de chapitre.
(ex : felamimail, accusé réception, flag mail)
Bref la MTLT c’est la matière prête à l’emploi, les outils pour travailler. Car en soit, la MT seule est juste une machine articulée, inutile sans thread. La MTLT c’est ce qui fait qu’on est préparé (ses données correspondant aux acteurs des threads actifs) et qu’on peut utiliser la MT fluidement. Il me semble que c’est une notion qui est également présente dans le modèle de Nelson Cowan et celui d’Anders Ericsson et Walter Kintsch.
Schéma MLTMLT : avec MLTMLTf et MTLT
Beaucoup de données font évidemment partie à la fois de la MLTMLTf et de la MTLT étant donné qu’on utilise les données « fraîches ». Mais là où la mémoire fraîche s’apparente à une mémoire à court termemémoire à court terme exclusivement, la MTLT est plus une mémoire à moyen terme. Autrement dit certaines chosechoses sont dans l’une et pas dans l’autre.
Garbage collector
Les threads insignifiants, démarrés mais plus pertinents, sont supprimés de manière routinière.
Filtrage threadique et recoupements
Pour rappel, le filtrage threadique caractérise l’influence des threads actifs sur la vision, la perception et l’interprétationinterprétation (notion définie dans le cadre des MDC étendus).
Au niveau de l’interprétationinterprétation, ce filtrage est notable par ce qu’on appelle le « biais de confirmation », à savoir la tendance que nous avons à sélectionner l’information en vue de confirmer nos croyances (http://cinquieme.typepad.com/le_cinquime/2011/04/%C3%A9thique-et-convictions.html). On essaye d’interpréter les informations selon nos croyances, on essaye de trouver des liens avec.
De l’existence des threads : le recoupement indirect Parfois les informations sont rapprochées à et recoupées avec des chosechoses n’ayant tellement rien à voir (~ recoupement « indirect ») que cela constitue pour moi une preuve de l’existence des threads. Si je recoupe une idée X qui vient de m’arriver à l’esprit (issue du discours d’un interlocuteur par exemple) avec une autre idée Y que j’avais déjà en tête mais qui n’a rien à voir avec celle-ci, cela veut dire que j’étais prédisposé à « tester » les relations que l’idée Y peut avoir avec d’autres idées. Car si l’idée Y était « endormie » (~ je n’y pensais plus du tout), je n’aurais pas fait le lien avec l’idée X, à moins qu’elles ne se recoupent « directement », auquel cas l’idée X est suffisamment évocatrice pour réveiller l’idée Y (congruence forte, réveil de thread suspendu). Bien sûr on peut penser qu’il pourrait par conséquent s’agir à chaque fois d’un recoupement direct entraînant le réveil de l’idée Y (même si les deux idées n’ont rien à voir). Mais alors cela n’explique pas le fait qu’on ne cesse de recouper des informations avec certaines idées (~ des idées auxquelles on pense « tout le temps »). (Cela n’explique pas non plus la mise en pause ; c’est à dire que dans les périodes où il ne faut pas penser à X mais penser à autre chosechose, on a très peu de révélationrévélations liées à X. Les threads en pause ne sont pas réveillés, cf révélationrévélations et analogie avec le modèle de Norman & Shallice) |
Filtrage threadique, recoupements et attention
Dans un « examen », si on doit répondre à des questions en rapport avec un document, il est préférable de prendre connaissance des questions avant de prendre connaissance du document en question. Ainsi, le recoupement (entre thread de « lecture du texte » et thread de « recherche de réponse aux questions ») se fera « online » à partir de la MCTMCT et non pas via la MLTMLT.
Pour reprendre l’exemple de la recherche du ruban adhésif, cela revient à demander à une personne qui va explorer une pièce (dans laquelle, parmi d’autres objets, se trouve du ruban adhésif) d’indiquer où se situe le ruban adhésif, mais de le lui demander soit avant qu’elle ait exploré la pièce, soit après. Dans le second cas, elle pourra toujours se souvenir qu’elle a vu le ruban adhésif à tel endroit, mais il y a beaucoup plus de chances qu’il lui ait échappé.
Sur ce principe, quand un événement lié à un thread survient, j’ai la présence d’esprit de faire le lien entre mon questionnement et l’événement qui se déroule. Je me dis « fait attention, regarde bien ce qui est en train de se passer à ce niveau là ». Par exemple cela m’est arrivé quand j’étudiais la mémoire : je venais juste d’oublier un mot que je m’apprêtais à noter trente secondes auparavant. Je me suis dit « Tiens je vais essayer de m’en rappeler et faire attention à ce qui se passe dans ma tête, comme ça si je le trouve je n’aurais pas à me demander comment j’ai fait pour le faire « revenir ». » J’ai donc essayé de repenser à ce que j’étais en train de penser avant d’oublier ce mot (c’est à dire essayer de remonter au contexte dans lequel il est apparu) tout en gardant à l’esprit ce que j’étais en train de faire. Si le thread d’ « étude de la mémoire » n’était pas actif, je me serais peut être rappelé du mot, mais je ne me serais pas explicitement posé la question du « comment » avant de le faire (la réflexion serait peut être venue après coup). Cette présence d’esprit n’est pas quelque chosechose de purement conscient, je pense qu’elle survient automatiquement quand une correspondance avec un thread actif est détectée. J’ai tiqué parce que je filtrais de telle manière. On peut se dire que ce n’est pas du à un filtrage antérieur, que c’est juste un rappel. J’ai travaillé sur la mémoire, donc cela a évoqué mes connaissances sur le domaine. Oui, mais c’est beaucoup trop fréquent et spécifique pour n’être qu’un rappel ; c’est toujours la mémoire, etc, alors que ça pourrait faire penser à d’autres chosechoses, ça pourrait partir dans tous les sens ; mais non, ce sont toujours les mêmes thèmes qui reviennent. Par exemple, un jour pendant le repas du midi, alors que je venais de travailler sur les intuitions, il m’est également arrivé d’avoir cette présence d’esprit : on m’a proposé de reprendre de la nourriture et j’ai très vite répondu que je n’avais plus faim. Juste après, je me suis demandé « Comment ai-je su que je n’avais plus faim ? N’était-ce pas là une intuition ? », etc. Bref je ne pense pas qu’il s’agit de rappels : les informations ne sont pas « déterrées », elles sont recoupées (parce que justement elles étaient déjà déterrées). |
Un moment donné si quelque chosechose attire notre attention pour en devenir le sujet, c’est que notre attention n’était pas là avant. L’attention ne s’attirant pas elle même, il faut une cause pour expliquer son activité. Et cette cause, c’est un recoupement effectué par le filtrage threadique (« bip bip bip »). Typiquement, il n’est pas rare qu’une conversation environnante soit démarrée depuis quelques temps, que l’on n’y fasse pas vraiment attention, mais que lorsqu’un mot particulier y est évoqué, il ne passe pas inaperçu. Et donc que soudainement ce mot attire notre attention (après avoir réveillé un thread). C’est évidemment particulièrement vrai lorsque le mot en question est notre prénom.
Plein d’idées se déroulent dans ma tête au quotidien, et je sais quand je tiens une bonne idée (je me dis que ça mérite d’être noté). Ce n’est pas commun de « sentir » ça. C’est comme si les idées brillaient. Réfléchir, c’est un peu comme chercher des pierres précieuses, il y a des idées qui brillent plus que d’autres. Et cette brillance, je pense qu’elle est fonction du degré d’activation d’un thread.
Également, la présence d’esprit d’estimer l’endroit où placer une nouvelle idée (par exemple ce dont je suis en train de parler) dans ces textes. « Oh irait bien dans/avec ce truc là ».
[Idées récentes doivent baigner dans un endroit particulier car on est capable de se rappeler de quelque chosechose qu’on vient d’oublier et qu’on veut savoir => mémoire fraîche ?]
Filtrage threadique et BEVBEV En faisant le parallèle avec la théorie du BEVBEV (cf chapitre 9), on peut voir le sujet d’un thread actif comme étant une ancre, ces chosechoses à la base « neutres » dans lesquelles nous avons infusé de la valeur et qui par conséquent attirent notre attention. La création du thread correspondrait justement à l’infusion de la valeur dans la chosechose, l’ancrage à proprement parler. |
Analogie avec le modèle de Norman & Shallice (Supervisory attentional system) En 1980, Donald Norman & Tim Shallice ont proposé un modèle des fonctions exécutives permettant de décrire comment nous adaptons notre comportement face à des situations habituelles (voire familières) et des situations non habituelles. L’idée c’est que nous disposons en mémoire de schémas, correspondant à une série d’actions ou de pensées, et qui sont associés à des stimulations environnementales. Dans les situations habituelles, le schéma approprié est automatiquement sélectionné. Dans les situations non habituelles et familières, certains schémas peuvent être activés, mais il faut un contrôle attentionnel supplémentaire pour déterminer (sinon créer) le bon. Je pense donc que le filtrage threadique (et en particulier l’activation d’un thread lors d’un recoupement) s’effectue d’une manière similaire. À savoir que les threads lancés correspondraient aux schémas, et qu’un système analyserait les informations nous arrivant par rapport aux threads (sur la base de la familiarité), afin d’en sélectionner/réveiller un si cela est pertinent. Cette analogie permet également d’expliquer la mise en pause d’un thread : l’inhibition de schémas par le SAS. Personnellement je pense qu’en renforçant ses intentionintentions, on modifie l’importance des threads et leur propension à être sélectionné. En d’autres termes, en changeant ses intentionintentions on influe sur l’inductioninduction, on abstrait différemment. Le monde étant très abstrait, on peut trouver de la familiarité avec une chosechose un peu partout ; on peut grâce à l’abstractionabstraction, apprendre tout partout. Là où telle situation m’inspirera une idée liée à mes recherches, elle pourra inspirer une idée drôle à un humoriste. On trouve ce que l’on cherche, on filtre avec nos intentionintentions. Il « suffit » de combiner le travail d’inductioninduction inconscientinconscient à un travail d’intentionintention conscient pour ouvrir un puis de connaissance. Plusieurs unités (threads actifs), l’administrateur central active les bons, les intéressés (et pourquoi pas inhibe les mauvais). |
Enrichissement d’intuitions et filtrage threadique : le matching et les révélationrévélations
Cognition inconscientinconsciente, sommeil. Peut sortir de « nulle part »
Des problèmes de pertinence Ainsi, le filtrage threadique reposerait sur un système de pré-traitement de la pertinence. Comme tout système, celui-ci peut être défaillant. D’après les travaux d’Armin Schnider sur les confabulations, certains individus cérébro-lésés (au niveau du cortex orbitofrontal et du système limbique antérieur, notamment) peuvent présenter un dysfonctionnement particulier au niveau de la sélection d’informations : ils ne distinguent plus la réalité effective des souvenirs antérieurs, et sont incapables de supprimer des souvenirs activés qui ne sont plus pertinents à l’heure actuelle. Chez les individus « sains », cette suppression se ferait automatiquement et inconsciemment (comme l’activation). |
Mémoire, cognition inconscientinconsciente et avancement d’un thread – le processus de révélationrévélation (effet « ding ! ») :
Selon moi, l’inconscientinconscient est toujours en train de traiter des données de manière « couverte », sans que nous en ayons conscienceconscience. D’ailleurs, une grande part de l’activité des threads se fait inconsciemment. Par conséquent, à un moment donné, il faut quand même qu’il y ait une prise de conscienceconscience du résultat de ces traitements. Par exemple, à travers la présence d’esprit qui survient après les recoupements de threads, dont je parlais tout à l’heure.
Cette prise de conscienceconscience, elle se fait via ce que j’appelle le processus de révélationrévélation, qui s’occupe de passer des informations particulières de l’inconscientinconscient vers la conscienceconscience (sous la forme d’intuition). C’est un processus inconscientinconscient. Une révélationrévélation est le résultat de ce processus, à savoir toute arrivée soudaine d’informations à la conscienceconscience : c’est le moment où l’on se rend compte de quelque chosechose, le moment où l’on comprend quelque chosechose.
Fait amusant, la prise de conscienceconscience est tellement banale que, paradoxalement, elle se fait « inconsciemment » dans la plupart des cas (perception, pensée, intuition, langage fluide).
De l’intérêt du processus de révélationrévélation Des quantités et des quantités d’informations arrivent et reviennent au cerveaucerveau inconscientinconscient. Il s’agit donc pour le processus de révélationrévélation de bien filtrer et de ne pas inonder la conscienceconscience de révélationrévélations « inutiles ». En ce sens, l’adaptationadaptation, l’habituation, etc rentrent dans le cadre de ce processus. Par exemple, on peut s’habituer à une odeur et ne plus la sentir (« Comment ça je pue ? Mais c’est impossible, je ne sens rien ! »), un moment donné ce n’est plus pertinent de faire savoir que ça pue, on est sensé avoir compris. De la même manière, la nuit dans les bars, les gens fument. Sur le coup ce n’est pas tellement dérangeant. Le lendemain en se levant, on retrouve ces vêtements et « oh god », qu’est-ce qu’ils sentent la fumée de cigarette. [anosognosie, adaptationadaptation du processus de révélationrévélation] Un dérèglement de cet aspect du processus de révélationrévélation pourrait entraîner une over-conscienceconscience, trop de traitements attentionnels, une focalisation sur des chosechoses peu intéressantes (voir syndrome du savant). L’over-conscienceconscience peut également être du à un manque d’automatismes et de traitements routiniers inconscientinconscients. Également, en raison du niveau humain, il se pourrait qu’il existe une sorte de censure, et donc que certaines informations existent mais soient « bloquées » par le cadre du processus de révélationrévélation pour des raisons de haut niveauhaut niveau. Il y a des chosechoses qu’on ne veut pas savoir. |
Cognition inconscientinconsciente et fonctions de haut niveauhaut niveau Comme je le faisais remarquer dans le chapitre précédent, la principale raison expliquant le fait qu’on ne se rende pas compte du processus de révélationrévélation, c’est parce que nous ne faisons généralement qu’une seule chosechose à la fois. Par conséquent, les révélationrévélations arrivant à notre conscienceconscience sont logiquement liées les unes avec les autres. Elles forment une suite logique. Et cela nous donne même l’illusion que tout le travail de cognition a été fait consciemment (alors qu’il y a de gros trous entres les étapes de révélationrévélation). Le fait est que même dans la raison, on est profondément ancré dans l’intuition. Demandez à un mathématicien de vous expliquer comment il est parvenu à son résultat, il vous expliquera des mathématiques. Mais les mathématiques ce n’est qu’un ensemble spécifique de représentations conscientes. C’est juste une succession de révélationrévélations. Comment a-t-il fait cognitivement parlant, qu’est-ce qui s’est passé dans sa tête d’un point de vue psychique, il n’en sait trop rien. Selon moi, la cognition inconscientinconsciente recouvre non seulement la perception et la mémoire, mais aussi une grande part de la réflexion (~ pensée), de l’induction (apprentissage, raisonnement, compréhension), du rêve, et des décisions. |
Précipitation consciente
À un niveau opérationnel, il est assez courant de constater les effets de la cognition inconscientinconsciente à travers les interruptions liées au délai entre le début du traitement et la révélationrévélation associée (« réponse de l’inconscientinconscient »). Par exemple lorsque quelqu’un nous parle (alors qu’on ne s’y attendait pas forcément), et que l’on pense ne pas avoir bien entendu on répond en « demandant » aussitôt de répéter (« Quoi ? », « Hein ? », « Pardon ? »), et à peine le mot sorti de la bouche on se rend compte qu’en fait on a bien compris l’interlocuteur et on dévie notre trajectoire en lui répondant directement (« Ah euh blabla »). Il y a un délai entre la requête (enclenchement de la réflexion) au système inconscientinconscient et sa réponse (« Ding ! ») ; on a l’impression de ne pas avoir compris mais en fait les traitements n’étaient pas terminés.
[Il y a un manque de réactivité car les rouages ne sont pas amorcés. ].
D’une manière générale, on n’attend pas d’être sûr que nos processus inconscientinconscients soient finis avant d’agir, car on ne peut pas le savoir : on n’y a pas accès. Sur le moment on n’a rien, donc on en conclut qu’on a pas bien entendu, et par conséquent on demande de répéter.
On constate le même phénomène lorsqu’on commence une action qu’on interrompt aussitôt (par exemple, guidé par un but on commence à se diriger dans une direction puis il nous vient à l’esprit qu’en fait ce but ne se trouve pas par là ou n’est plus d’actualité (on a oublié quelque chosechose), et donc on change de direction).
De la même manière, il m’arrive souvent de noter dans mon téléphone une idée qui me vient à l’esprit quand je fais autre chosechose, et il n’est pas rare qu’à peine je range mon téléphone je le ressors pour ajouter autre chosechose que j’ai « oublié ». Certains soirs, il se passe à peu près la même chosechose, mais avec un papier et un crayon sur mon chevet quand je suis paré à dormir ; je ne cesse de rallumer la lumière et de l’éteindre. En fait ce n’est pas de l’oubli, c’est juste que les informations continuent d’arriver à la conscienceconscience.
Vous vous demandez peut être pourquoi je me prend la tête au lieu d’essayer de dormir ? Qu’est-ce qui peut bien m’arriver à la conscienceconscience pour que je me sente obligé de le noter ?
Si la plupart des révélationrévélations se passent sans qu’on n’y fasse attention (simple perception, etc), certaines révélationrévélations quant à elles ne passent pas du tout inaperçues. Elles peuvent être tellement importantes qu’elles font l’effet d’une illumination.
Quand la conscienceconscience s’illumine – les révélationrévélations importantes
Plusieurs mots et expressions permettent de désigner les révélationrévélations importantes : « flash », illumination, épiphanie, « insight », percée, avancée, « breakthrough », sérendipité, abductionabduction, « éclair de génie », « Eurêka ! », « Ah ah ! », « Mais c’est bien sûr ! », etc. Et bien évidemment le mot révélationrévélation lui même.
Typiquement il s’agit de l’aboutissement d’une réflexion (ou plutôt de ce que j’appelle un « milestone » en référence à l’usage qui en est fait en informatique, à savoir une étape clé dans l’avancement d’un projet), d’une découverte scientifique, etc.
Ce qu’il faut noter tout d’abord, c’est qu’une révélationrévélation importante, n’est pas forcément bonne. Par exemple, citons la prise de conscienceconscience d’une erreur, d’un oubli (« Oh merde ! ») alors qu’il est trop tard.
D’ailleurs, la mémoire prospective s’apparente également à des révélationrévélations importantes (plutôt habilement gérées par la cognition inconscientinconsciente) : on pense généralement aux chosechoses auxquelles on « doit » penser (loyer, provisions, etc) quand il faut, même si c’est souvent un peu tard. En général, quand la révélationrévélation survient bien avant la date limite, l’effet de celle-ci est faible. En revanche, lorsqu’elle survient autour de la date limite et après (typiquement sous la forme d’un flash), l’effet de « surprise » est assez fort. La réaction émotionnelle est caractéristique des révélationrévélations importantes.
Ce qui est très intéressant, c’est que les révélationrévélations importantes semblent bien souvent sortir de nulle part, dans un contexte pour le moins inattendu. Pour reprendre mon exemple, il m’arrive assez souvent d’avoir des révélationrévélations, des « flashs » alors que je suis dans mon lit. En fait ce n’est pas si étonnant que ça, étant donné que l’esprit ne fait « rien », toutes les ressources peuvent être allouées à la cognition inconscientinconsciente, et donc c’est un contexte propice aux révélationrévélations.
Régulièrement, je découvre de nouvelles informations liées à mes threads de réflexions en cours. Je ne sais pas vraiment ce que les threads vont m’apporter, car c’est un travail inconscientinconscient. Ma conscienceconscience n’est que « spectateur ». C’est un peu comme un calendrier de l’avant surprise, on ne sait jamais ce qu’on va découvrir et quand on va le découvrir.
Par inductioninduction ou par abductionabduction – Deux types de révélationrévélations Peut être intuition, inductioninduction, déduction ? Dans ma conception, je distingue deux types de révélationrévélations. RévélationRévélation par induction : prise de conscienceconscience, compréhension d’une chosechose liée à l’activité en cours (thread principal T1).
RévélationRévélation par abduction : prise de conscienceconscience, compréhension d’une chosechose non liée à l’activité en cours (threads d’arrière plan). Cela arrive aux personnes ayant un bon esprit de détective (capable de toujours interpréter les événements sous un angle qui n’est pas celui de l’activité en cours, mais celui d’une autre, plus « importante »). Ce type de révélationrévélation peut être interne ou externe. Dans la révélationrévélation externe, ce n’est pas directement les informations du thread principal T1 qui sont recoupées avec le thread d’arrière plan T2 (~ qui le réveille), mais les informations de la mémoire sensorielle. C’est dans le cas de la révélationrévélation interne que les informations du thread principal T1 font émerger une information du thread d’arrière plan T2 (~ illumination). RévélationRévélation externe = lors de l’exécution d’un thread conscient T1, une nouvelle information issue de la mémoire sensoriellemémoire sensorielle peut réveiller un autre thread T2. RévélationRévélation interne = lors de l’exécution d’un thread conscient T1, une nouvelle information concernant un thread T2 peut émerger (~ illumination). Alors qu’on fait autre chosechose, l’inconscientinconscient se dit « ça pourrait l’intéresser ». J’imagine que les percepts sont confrontés à une ribambelle de threads en cours (pour voir s’ils contiennent de l’information utile) via le filtrage threadique (voir MDC et analogie avec le modèle Norman et Shallice) La révélationrévélation par abductionabduction est très liée à la notion de sérendipidité. |
« Euh désolé mais j’arrive pas à comprendre ce que tu m’as donné » Les résultats de la cognition arrivent en « bloc » et non de manière continue la conscienceconscience. Pourtant à un niveau inconscientinconscient, ils se développent probablement de manière continue (notable avec les grandes pauses et les révélationrévélations importantes ; les idées font leur chemin). Pourquoi cette distinction ? Principalement, je pense, parce que les données ne sont tout simplement pas encore traitables par la conscienceconscience. L’inconscientinconscient est comme un estomac qui digère en permanence ce qui lui arrive. Une fois que certaines données arrivent à maturation et que le moment est propice (~ hop une petite envie « innocente »), les informations sont révélées. Mais ces résultats envoyés à la conscienceconscience venant en bloc, il peut arriver qu’ils soient limites traitables (tout du moins pas clairement compréhensibles). Il s’agit des révélationrévélations (~ épiphanies) inexplicables (intuition qui aurait « du » être divisée en composants). La question intéressante étant, est-ce là une erreur de fonctionnement ? Est-ce une mauvaise « estimation » de l’inconscientinconscient, ou bien a-t-il jugé que c’est peut être possible, que c’est « jouable » ? Ce mécanisme me permet de distinguer deux types d’esprit : d’une part l’esprit de raison, qui révèle des chosechoses par étapes précises. D’autre part l’esprit d’intuition, qui révèle des chosechoses par grandes étapes. |
RévélationRévélation et conscienceconscience Il existe de nombreux troubles de la conscienceconscience pouvant s’apparenter à un problème de révélationrévélation (au sens large). C’est typiquement le cas d’individus ayant subi des lésions cérébrales et qui sont capables d’effectuer des bonnes décisions sans en être conscient. Ces individus pensent donner des réponses « au hasard » (on doit d’ailleurs les inciter à donner une réponse car ils ne pensent pas pouvoir le faire) alors que ce n’est pas le cas, ils donnent les bonnes réponses. Il y a par exemple les cas de « blindsight », caractérisant les individus dont le cortex visuel est HS (ils sont donc aveugles) mais qui pourtant sont capables d’identifier la position d’un stimulus qui apparaît dans leur champ visuel (~ détection de présence) [substrat : colliculus supérieur]. Il y a aussi le cas des individus ne pouvant plus percevoir les visages (~ prosopagnosie) mais qui sont néanmoins capables – toujours sans penser en avoir les moyens – de reconnaître des visages familiers à partir d’un nom. De manière générale, le phénomène inverse, l’inconscienceconscience du trouble (~ anosognosie), est également un problème de révélationrévélation. Dans un sens, être conscient c’est déjà être anosognosique (c’est déjà ne pas se rendre compte de plein de chosechoses), mais de façon normale. Et c’est de cette normalité, de cette inconscienceconscience de l’existence des chosechoses (par exemple du processus de révélationrévélation lui même) que le niveau humainle niveau humain existe (cf section du chapitre 1). Quand on s’imagine un bon détective policier (issu d’un roman par exemple), on ne pense pas à une personne faisant tant bien que mal avec ses limites, mais à une personne avec un pouvoir. De l’extérieur comme de l’intérieur, on voit ce métier sous un angle totalement différent du processus de révélationrévélation, on le voit comme un rôle. L’effet « esprit spectacteur » (dont je parle dans l’introduction à l’acte II et le chapitre 14), c’est à dire de faire croire au spectateur qu’il est acteur, ce qui donne l’impression qu’on décide délibérément, dépend d’un bon fonctionnement du processus de révélationrévélation. Quelque part, toute décision imminente est déjà prise, il suffit juste de l’amener. Et c’est en ça que consiste le processus de révélationrévélation. Voir aussi le phénomène d’appropriation, chapitre 14. On est conscient car on n’a l’impression d’être toujours là quand il se passe quelque chosechose, et donc d’en être responsable. Owned by somnambulisme. Si on ratait un épisode de notre vie (dans lequel on se comporte comme un humain), et je pense que c’est techniquement possible, alors là on commencerait à douter de notre conscienceconscience. TODO Link avec phénomène d’appropriation |
Threads et investissement à long termeinvestissement à long terme
Je pense qu’avoir beaucoup de threads actifs est bénéfique pour le développement personnel. Une augmentation des threads lancés (~ augmentation des domaines) entraîne une augmentation des recoupements, qui elle même entraîne une augmentation des révélationrévélations importantes (cercle vertueux, les révélationrévélations permettant d’alimenter les threads).
Dans notre tête, les chosechoses (en particulier les idées) font leur chemin. Un jour j’ai entendu un auteur dire une belle analogie à propos d’un livre qu’il venait de sortir : « Dans l’arrière boutique, j’ai mis 40 ans pour l’écrire ». D’ailleurs, si sa phrase m’a interpellée pour se retrouver ici, c’est également en raison d’un thread actif qui tournait dans mon « arrière boutique » à moi (recoupement).
Commencer quelque chosechose le plus tôt possible et on pourra s’en servir et la faire évoluer à de multiples occasions. Entre avoir commencé un truc des années avant et commencer sur le coup, il y a une grande différence. L’esprit a une composante structurale qui encadre son fonctionnement (~ adaptationadaptation). C’est pour ça que je plante des bourgeons sur ce que je pourrais vouloir faire. Cela entraîne tout un processus, et quelques temps après, je constate ce qu’a donné mes pousses. Ainsi une fois que je me mets sérieusement dans ce nouveau domaine, j’ai déjà beaucoup de repères et cela fait clairement la différence. Pour autant il ne s’agit pas de se lancer dans plein de domaines et de jongler bêtement, de manière précipitée, sans jamais vraiment ni s’impliquer ni s’appliquer. Il faut suffisamment nourrir ses threads pour que la récolte soit bénéfique. C’est à dire que de temps en temps, il faut s’immerger pleinement dans une seule chosechose en particulier (pour construire le mode de conscience idéal).
Apprentissage distribué VS apprentissage massé
Lorsqu’on découvre une nouvelle technique, il est possible de l’apprendre dès la première session en s’efforçant de la répéter sans cesse jusqu’à ce que tout colle bien. Cela fonctionne, mais cela comprend beaucoup d’efforts inutiles. Car si lors de la première session on répète simplement la technique du mieux qu’on peut – même si ce mieux est médiocre – pendant une durée relativement courte, cela ne veut pas dire que plus tard, lors de la seconde session on reprendra au même niveau. On sera bien meilleur, bien plus à l’aise, notre corps et notre esprit auront eu le temps de s’adapter, de digérer. Le résultat sera généralement bien meilleur après deux petites sessions espacées qu’après une grosse session. C’est l’effet de pratique distribuée. Il est plus propre de passer plusieurs couches espacées que d’enchaîner toutes les couches les unes à la suite des autres.
C’est pour ça qu’il est bénéfique de lancer des threads à l’avance, cela permet une exploitation optimale des ressources (elles ne dorment jamais).
Apprentissage et compréhension
Beaucoup de personnes se voient uniquement comme des êtres conscients. Quand ils ont l’impression de ne pas comprendre quelque chosechose (et particulièrement quand ils ont l’impression de ne rien comprendre), ils cessent d’essayer. Mais la simple exposition entraîne la création de repères : à chaque répétition l’interprétationinterprétation s’enrichit (même si on a l’impression de ne rien comprendre du tout). On commence à comprendre bien avant de comprendre. Le bébé aussi ne « comprend » rien à ce qu’on lui dit, et pourtant c’est à partir de ce qu’on lui dit qu’il apprend.
Ainsi, l’un des gros problèmes de l’enseignement classique c’est qu’il est basé sur la croyance qu’il faut du contrôle pour apprendre. Et donc qu’on a du contrôle sur ce que l’on apprend, alors que nous n’en avons pas vraiment. La majorité de ce qu’un homme sait à la fin de sa vie, il l’a appris par curiosité (~ par incidence de cette curiosité). Ce n’est pas parce que des chosechoses auxquelles on a été exposé restent en mémoire que cela fait de la mémoire une boîte dans laquelle on rentre des chosechoses manuellement. L’apprentissage n’est pas une activité on/off, ni même une activité à part entière d’ailleurs ; c’est un processus d’arrière-plan permanent visant à intégrer les données captées par l’attention sans interférer avec la vie consciente. Nous somme toujours en train d’apprendre. En fait, l’enseignement de masse classique est un vilain détournement des voies d’apprentissage de l’esprit qui parvient à fonctionner justement parce qu’on ne peut arrêter ce processus d’intégration ! Mais en faisant de l’apprentissage la finalité consciente et en négligeant l’aspect attentionnel, pas étonnant qu’il soit si peu efficace. Les français apprennent beaucoup plus efficacement l’anglais via la vision de séries TV en VO (inductioninduction, pas de contrôle) que par l’étude de la grammaire ; cela capte l’attention de manière bien plus naturelle.
How to make a good scenario, how to use characters : je l’ai appris en voyant les défauts et les qualités d’œuvres que je n’ai pas réalisées.
D’ailleurs la formation, l’instruction en donnant toutes les réponses « inventées » par d’autres est loin, très loin d’être aussi efficace que d’avoir soi-même trouvé cette réponse. Le chemin n’est pas du tout le même, les idées n’ont pas germées petit à petit de l’intérieur : elles arrivent en bloc dans un endroit précis. Et il est paradoxalement beaucoup moins évident de s’approprier ces réponses prémâchées, car c’est avant tout le raisonnement qui permet de comprendre. Chaque homme doit faire son chemin.
L’idée de la nécessité du contrôle est également la source de l’un des deux problèmes avec les « perfectionnistes » : ils ne peuvent jamais commencer tant que tout ne leur apparaît pas d’avance comme parfait (l’autre étant qu’ils ne peuvent jamais s’arrêter tant que tout ne leur semble pas parfait). En fait, production et apprentissage (et donc compréhension) sont souvent mélangés. D’ailleurs je pense qu’écrire est un moyen de découvrir sa propre pensée, de comprendre des chosechoses, de s’éduquer (l’écrivain est son premier lecteur). Personnellement, je n’ai pris conscienceconscience de beaucoup de chosechoses que j’ai écrites ici que juste avant de les écrire.
« On n’est jamais en train de ne rien faire » Il se passe quelque chosechose dans le cerveaucerveau du bébé (visible par imagerie cérébrale) lorsqu’il entend quelqu’un parler sa langue maternelle (même s’il ne l’a pas encore apprise). Cela peut être un enregistrement par exemple. Et si l’on passe cet enregistrement à l’envers, il ne se passe plus rien. Il ne s’agit donc pas simplement des fréquences vocales, etc. |
Notre inconscientinconscient se construit tout seul, petit à petit, constamment. Quand on est très jeune, on ne peut pas produire certaines chosechoses qu’on peut étant adulte (générer des idées, etc). Il y a tout un tas de connaissances abstraites derrière une production, connaissances qui émergent avec l’expérience et qui nous inspirent. C’est pour cela qu’on peut se découvrir soi même par la pensée (écriture, dialogue). On est comme une boîte noire avec des trous très fins à l’extérieur et des chemins labyrinthiques à la forme très particulière à l’intérieur. Une boîte avec des chosechoses qui se créent continuellement à l’intérieur. Et la seule manière d’accéder à ces chosechoses, c’est de tourner la boîte dans le sens particulier qui les fera sortir (activités, pensées, …).
Ref : (Tiens j’ai une théorie).
TODO faire le lien avec d’autres passages (effet de test, essai sans connaître la réponse, simple exposition)
Threads, cyclecycles, et gestion de projets :
Typiquement, quand on se lance dans un projet, au début l’engouement est très fort. Puis au bout d’un certain temps, on se lasse, on devient nettement moins productif, moins efficace. On manque de motivation. Et on a envie de passer à autre chosechose (besoin de nouveauté). Et c’est pourquoi tant de projets n’aboutissent pas. C’est très difficile de toujours rester concentré et productif sur un même projet, de se dire je le fais d’une traite, de A à Z, puis je passe à autre chosechose.
Une solution astucieuse consiste à diviser son projet en sous-projets formant autant de threads. Ainsi plusieurs pièces du puzzle se développent sur la même période, et en alternant entre chaque, on évite la lassitudelassitude et on provoque l’engouement. (D’un point de vue de la dualitédualité, quand le Ying est épuisé, il est temps de passer au Yang).
Il peut paraître stupide de passer à une chosechose avant d’avoir fini ce qu’on a commencé. Et cela peut le devenir si cela devient intempestif, si l’on arrête pas de passer à autre chosechose à peine un travail commencé. Mais c’est sans compter sur cette digestion inconscientinconsciente : non seulement la mise en pause n’est pas une mise en arrêt, mais en plus les compétences acquises sur un nouveau projet peuvent en aider un autre qui stagne (il y a une dynamique de dualitédualité entre travail longitudinal et travail transversal).
C’est comme dans la Grande Horlogela Grande Horloge (cf chapitre 4) : un grand nombre de cyclecycles fins permettent de faire avancer le même cyclecycle large.
Threads cyclecycles fins, mdc : cyclecycles larges.
Comme je le disais dans le chapitre 16, l’écriture de cet essai est fortement fragmentée dans le temps. Et ce car j’utilise le principe des cyclecycles pour l’écrire (de manière optimisée). Tout d’abord, j’ai démarré plusieurs threads sur divers sujets, j’ai planté des graines. Par la suite, de manière cyclique, il m’arrivait de récolter des informations en rapport avec le sujet d’un de ces threads. Quand cela arrive, je note toutes les informations récoltées jusqu’à ce que je sente qu’il n’y a plus rien qui me vienne à l’esprit. Le cyclecycle d’activité du thread associé repart ainsi dans un état de repos actif (« C’est fini pour l’instant »), jusqu’à la prochaine moisson. Chaque thread dispose de son cyclecycle qui avance plus ou moins rapidement dans le temps. Et ces cyclecycles font avancer un cyclecycle plus grand : l’essai en lui même. Dès que je pense à une idée intéressante, je la mets dans un bac à idées, un « incubateur ». Ces idées, ce sont des pièces du puzzle. Une fois que je les ai identifiées, ce n’est plus qu’une question de temps avant que je trouve leur position (~ recoupement inter-threads). Je ne me concentre donc (quasiment) jamais sur l’aboutissement d’une idée en particulier, je laisse germer. En lançant trop de threads, il arrive parfois que certains finissent par se suspendre (du fait qu’ils ne sont pas remontés automatiquement). Dans ce cas, je les force à reprendre si nécessaire. Mais de manière générale, l’idéal c’est que tout soit le plus spontané possible. Quand le feu ne veut pas se rallumer, il vaut mieux faire autre chosechose. Cela dit, en ce qui me concerne, très souvent quand j’essaye de raviver une idée isolée – en particulier quand il s’agit de trouver comment l’intégrer – cela ne fonctionne sur le coup (ce qui peut être énervant) mais dans les deux semaines qui suivent (ce qui est en revanche très plaisant). |
Grâce aux threads, un individu peut avancer dans plusieurs directions dans une même période. Néanmoins ce nombre de directions est limité, et de ce fait on ne peut tout savoir et être au courant de tout.
Par abstractionabstraction, on peut d’ailleurs appliquer le concept de thread au monde entier (des événements majeurs qui évoluent et concernent plusieurs entités). On peut notamment faire l’analogie entre les threads et les différentes trames d’un roman ou d’une série (~ policier), trames qui évoluent « indépendamment » mais qui ont des conséquences globales.