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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 1

L’abstraction

De près ou de loin, dans une ou plusieurs dimensions : le même monde peut être vu sous des perspectives différentes, chacune permettant d’entrevoir une part de sens.

 

Résumé : Dans ce chapitre, on va voir tout ce que l’abstractionabstraction peut recouvrir.

Le premier grand principe que j’introduis ne tient pas une place aussi centrale que les suivants dans la suite de cet essai. De plus, la tournure un peu technique et multidirectionnelle qu’il impose n’en fait pas un candidat idéal pour un premier chapitre. Cependant, il est quand même préférable d’éplucher ce principe d’abstractionabstraction en premier car il permet de comprendre pourquoi il est possible d’appréhender le monde en l’observant, et donc pourquoi il n’est pas nécessaire d’étudier le monde de manière « scientifique » (~ au microscope) pour le comprendre (et même pourquoi cela n’est pas forcément intelligent et pertinent !). En effet, les chosechoses formant le monde sont structurées d’une certaine manière et ce principe vise à expliquer comment elles sont formées, comment le monde se structure. En fait, l’abstractionabstraction est pour moi la base de toute logique, la clé de voûte de tout système d’information un tant soi peu complexe. Je vous conseille donc de le lire une fois ce chapitre sans forcément essayer de tout comprendre, quitte à y revenir plus tard.

PS : à l’origine j’ai développé ce principe suite à la façon dont je développais mes programmes (séparation du tout en classes fonctionnelles, chaque classe étant un empilement de classes abstraites se spécialisant de plus en plus), mais j’ai découvert plus tard qu’il rejoint grandement des idées déjà développées par d’autres, et notamment la systémique, la question des universaux, la gestalt, la méréologie, la survenance, et enfin le holisme.

Index du chapitre

Définitions

Tout d’abord, définissons techniquement ce qu’est l’abstractionabstraction. L’abstractionabstraction est un principe, il définit des règles. Ce principe dit que toute chosechose est en fait un composé de chosechoses plus simples, et que par conséquent il est possible de séparer les chosechoses en plusieurs chosechoses (composants) et même construire des chosechoses (composés) à partir d’autres chosechoses.

Composants ~= Constituants

Quand je parle de chosechose, cela englobe aussi bien les objets matériels que les idées immatérielles. Pour ceux que ne seraient pas à l’aise avec cette intuition, je vous invite à remplacer le mot chosechose par objet.

Toute chosechose de notre monde respecte ce principe d’abstractionabstraction. Par exemple, un être humain est composé d’organes, eux-mêmes composés de cellules ; plusieurs êtres humains forment un groupe de personnes.

Notion de niveau

Cette construction/formation de chosechoses par composition induit une propriété de celles-ci : le niveau auquel elles se situent. Plus une chosechose se rapproche de l’élémentaire, plus son niveau est bas. Et inversement, plus une chosechose se rapproche du complexe (du composé), plus son niveau est haut.

On parle donc de bas niveaubas niveau lorsqu’on se rapproche du monde physique, « scientifique » (chimie, biologie cellulaire, etc), technique, unitaire, microscopique (~ vision de près). En ce sens, les sciences « classiques » sont l’étude du monde de bas niveaubas niveau.

Et réciproquement, on parle de haut niveauhaut niveau lorsqu’on s’éloigne du monde physique et matériel, lorsqu’on regarde les chosechoses de loin, lorsqu’on voit un composé d’éléments comme un tout. Les concepts, les principes sont des chosechoses de haut niveauhaut niveau. L’humour, la vie consciente sont des concepts de très haut niveauhaut niveau. En ce sens, la philosophie est l’étude du monde de haut niveauhaut niveau.

Il n’y a pas d’étude plus valable qu’une autre sous prétexte qu’elle se base sur un certain niveau, car comme le veut l’abstractionabstraction tout élément de niveau inférieur est constituant d’éléments de niveau supérieur et tout élément de niveau supérieur est constitué d’éléments de niveau inférieur. Tout est un et un est tout.

Dans notre exemple les cellules sont à un très bas niveaubas niveau. À un niveau bien supérieur on trouve les organes, puis encore au delà, après de multiple compositions, on trouve l’être humain (à un niveau déjà sur-élevé). En montant encore, on trouve le groupe de personnes. Chaque composition élève le niveau de la chosechose résultante.


Le sens

Ce qui est important à savoir, et pourtant souvent négligé, c’est que de cette propriété de niveau découle un nouveau principe : les chosechoses n’ont de sens qu’à leur niveau. En effet, elles n’ont plus qu’un rôle une fois ingérées ; un rôle de « serviteur » permettant d’assurer le sens de la nouvelle chosechose. Les chosechoses de haut niveauhaut niveau sont une transcendancetranscendance des chosechoses de bas niveaubas niveau qui la constituent. C’est à dire qu’il y a une rupture au niveau du sens, un nouveau départ ; le tout est différent de la somme des parties.

Par exemple, si je veux étudier un programme informatique écrit sur une couche de haut niveauhaut niveau, c’est à dire via un paradigme proche du raisonnement de la vie de tous les jours, je n’aurais pas idée d’analyser les signaux électriques issus de l’exécution de ce programme pour essayer de comprendre ce qui s’y passe. Le sens recherché n’est clairement pas là.

Pour en revenir à l’exemple de décomposition précédent, je ne vais pas étudier une par une les cellules d’un poumon pour comprendre son fonctionnement. Et de la même manière je ne vais pas étudier le poumon d’un individu pour comprendre le sens de sa vie. Le poumon est certes un « serviteur » de la vie, mais, pris à part, il ne signifie pas grand chosechose quant à elle. Tout comme les caractères qui constituent le texte que vous êtes en train de lire (et tout autre texte intelligible d’ailleurs). Les caractères sont transcendés par l’agencement qu’il en est fait, un agencement dont le but est d’abstraire quelques intuitions du monde pour les mettre « en cage ». C’est pour cela que le texte est compréhensible par d’autres personnes, le sens y est capturé à travers l’ordre intelligent que forment tous ces petits symboles.

Attention, ce que je veux dire ici, c’est qu’il est important de bien distinguer sa cible. Je ne dis pas que cela ne sert à rien d’étudier les « serviteurs » d’une chosechose pour la comprendre, au contraire (~ résolution ensembliste, technique du « sandwich »). On ne peut pas implémenter une chosechose n’importe comment à partir de composants spécifiques (l’implémentation est contrainte). Par conséquent on en apprend souvent beaucoup sur une chosechose quand on regarde comment elle est faite. (On peut notamment se rendre compte qu’elle n’est pas ce qu’on croyait qu’elle était). J’y reviendrais un peu plus loin dans les sections « AbstractionAbstraction et résolution d’énigme » et « La résolution descendante ».


Et quand je disais que ce principe de sens lié au niveau est souvent négligé, je pensais notamment à la médecine « occidentale », qui veut à tout prix guérir les maladies au niveau moléculaire. La maladie n’a de sens qu’à son niveau, souvent bien plus haut que les médecins ne peuvent l’imaginer. Ce qui veut donc dire que les molécules incriminées ne sont que des serviteurs de cette maladie, et non pas la maladie elle-même. Il est donc bien évidemment possible de contrecarrer la maladie en anéantissant ses serviteurs, mais c’est déporter la résolution du problème. Les serviteurs ça se remplace, c’est la tête qu’il faut couper. Pour revenir à notre exemple, on peut remplacer un organe d’une personne sans que celle-ci ne change « réellement ». Et pour ce qui est des cellules, elles se remplacent toutes seules. Et vous savez pertinemment qu’il est possible de faire passer une idée à travers plusieurs phrases différentes. En outre, supprimer une chosechose en raison du rôle qu’elle joue dans une cause néfaste peut avoir des conséquences dangereuses : les chosechoses ne font rarement partie que d’un seul composé, elles ont donc plusieurs rôles. Par exemple les yeux sont à leur niveau fait pour voir, mais ils jouent également un rôle dans l’équilibre de la posture, dans la synchronisation des rythmes circadiens, dans la mémorisation, dans le contrôle de l’émotion (EMDR, rêves), dans la communication (synchronisation pupillaire) et sûrement dans bien d’autres systèmes de plus haut niveauhaut niveau.

Tout comme deux chosechoses différentes peuvent avoir le même sens sans avoir la même composition (~ « degeneracy »), deux chosechoses différentes peuvent avoir un sens différent mais être composées à partir de composants semblables. Par exemple au niveau de la nourriture, beaucoup d’aliments contiennent des molécules de la même nature, si bien que l’on n’est pas obligé de forcément prendre un aliment spécifique afin d’apporter un type de molécule à notre organisme. Il en est de même pour les entités logiques, par exemple beaucoup d’activités différentes apportent le même type de bénéfice à l’organisme.

En somme, le simple fait que tout soit construit sur un ensemble de couches fait que tout constituant est substituable ; j’éprouve les mêmes sensations en développant cet essai qu’en développant un programme informatique qui me tient à cœur par exemple. Ce avec quoi je me divertis n’existait pas à une autre époque, et pourtant si j’étais né à une époque antérieure je me serais quand même diverti, mais avec d’autres chosechoses. C’est ça la substitution, ce phénomène de flexibilité et d’adaptationadaptation permis par l’abstractionabstraction.


La magie de la cognition

Beaucoup de courants actuels dans le domaine de la conception de l’esprit et de la cognition (~ faculté de penser) se concentrent sur les aspects « extérieurs » au cerveaucerveau. On parle de cognition « incarnée » ou encore de cognition « située » (grounded, embedded, embodied ou autre extended cognition en anglais). Il y a une telle focalisation sur ces aspects, une telle prise de conscienceconscience de l’importance du corps et de l’environnement dans la réalisation de la cognition que certains des gens concernés par ce sujet (pas tous) ont tendance à rejeter l’idée de représentations mentales abstraites. Mais je pense qu’il faut faire attention à bien distinguer deux chosechoses : l’implémentation et la chosechose implémentée.

Tout d’abord, je pense qu’il faut prendre conscienceconscience que derrière toute chosechose abstraite, il y a forcément des chosechoses plus concrètes permettant sa réalisation. La chosechose, c’est que dans le cas de la cognition, on est en train de prendre conscienceconscience que le concret est beaucoup moins loin et beaucoup plus gros qu’on ne l’avait pensé. Pourtant, en raison des spécificités et des contraintes du « développement naturel » (cf chapitre 6 et section « Anecdotes techniques » de ce même chapitre), ce dont on se rend compte est plutôt logique et attendu. Le développement naturel repose selon moi fondamentalement sur l’économie (~ le recyclage) et la transcendancetranscendance : la plupart des chosechoses émergent avec un rôle puis en acquièrent d’autres avec le temps ; les chosechoses sont réutilisées pour effectuer des rôles différents de leur rôle de base (voir aussi les concepts de « <a href= »http://daimao.info/world-mind/natural-hacking »>natural hacking</a> » et de « jury rigged design »).

De ce point de vue, il aurait été vraiment étonnant qu’il y ait des représentations mentales dans le sens informatique du terme dans notre organisme, c’est à dire construites à l’aide d’un système informatique purement abstrait et « idéal » pour développer des chosechoses (règles, amodalité, etc). Mais si les implémentations de nos représentations sont en quelques sortes « concrètes », c’est à dire utilisant des « briques » non abstraites, ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de représentations abstraites pour autant (cf transcendancetranscendance).

Dans un jeu-vidéo, un personnage est une représentation abstraite pour le joueur. Mais quand on regarde comment ce personnage est réalisé, comment il est « fait », comment il est « programmé », on se rend compte qu’il n’est pas ce qu’il semble être, que c’est une sorte d’illusion : ce sont des « stratagèmes » qui permettent la réalisation de ce personnage. Ce personnage est « simulé ».

Avec la cognition, c’est pareil (cf fin du chapitre 14, chapitre 6, chapitre 23).

Les représentations abstraites sont en « réalité » « simulées » par des zones sensorimotrices, par exemple. Mais ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’on peut remonter plus loin, plus « bas » dans l’implémentation, dans la simulation des chosechoses. Sur un plan, on peut voir tout type de mémoire comme de la plasticité. Sur un autre plan, on peut voir la cognition comme de la physique-chimie, simulée par des atomes et des molécules.

En prenant du recul on se rend compte que la réalité toute entière est une simulation. Il y a des niveaux, des plans de réalité, et l’abstractionabstraction et la concrétude dépendent du plan de référence sur lequel on se place.


La réalité se construit de manière transcendante, toute transcendancetranscendance étant une nouvelle simulation. C’est à dire qu’à partir de briques en apparence concrètes (avec un but précis, un rôle déjà en place), des chosechoses « innovantes » émergent (chosechoses qui deviendront potentiellement des « briques concrètes » dans un développement ultérieur).

Ainsi, les « nouvelles » théories de la cognition permettent d’expliquer comment les chosechoses sont faites, comment les chosechoses sont mis en œuvre au sein de notre organisme. On pourrait dire qu’elles permettent d’expliquer la « magie » de la vie consciente et développée. Mais ce n’est pas parce qu’un tour de magie peut être expliqué que ce n’est plus de la magie.

Une chosechose ne se réduit pas à sa composition et encore moins à une explication de cette composition (explication qui au passage, est une chosechose abstraite).

Le simple fait que l’on puisse concevoir – a fortiori naturellement – ce tour comme de la magie en fait un tour de magie. Et donc même si la magie n’est pas ce qu’elle semble être (ce qui d’ailleurs la définit plus ou moins), elle existe.

De la même manière, les représentations abstraites ne sont certes pas ce qu’elles semblent être (c’est là le principe même de la transcendancetranscendance), mais elles existent. On ne peut pas renier l’existence d’une chosechose sous prétexte qu’elle est – ou plutôt qu’elle peut être vue – différente de ce qu’elle semble être naturellement d’un point de vue humain (car dans ce cas là, rien n’existe…). Surtout que la chosechose apparaît différente seulement lorsqu’on se place sur un plan différent du plan humain normal (ce que j’appellerais plus tard le niveau humainle niveau humain). Or d’un point de vue analogique, il est quand même évident que les chosechoses vont apparaître différentes selon le plan à partir duquel on les regarde. La science n’est qu’un point de vue particulier, permettant des explications rationnelles sur les chosechoses. Il est peut être plus utile que les autres, mais ne prend certainement pas en compte tout ce qui fait les chosechoses du monde (ce qui est précisément la raison pour laquelle il est utile).

Ce qui est drôle, c’est que si la science n’acceptait pas implicitement la transcendancetranscendance, elle ne commettrait jamais ce genre d’erreur (qui est une sorte de déni de la transcendancetranscendance). Car dans la pratique, la science est divisée en domaines distincts et abstraits. Par exemple en psychologie (au sens large) on étudie la pensée et les mécanismes du cerveaucerveau sans vraiment se soucier de tout ce qu’il y a « autour » (physique, matière, etc), de tout ce que cela implique. D’une part car on pense que tout cela n’a rien à voir, d’autre part car ce serait vraiment trop compliqué et ingérable de devoir tout expliquer par le bas pour s’attaquer à quelque chosechose d’un tant soi peu « élevé » et qui nous intéresse ; à vrai dire on ne l’envisage même pas. Du coup, dans chaque domaine on fait abstractionabstraction de toute une partie du monde et on accepte naturellement l’existence de certains « objets » comme ils nous apparaissent intuitivement (c’est là qu’on accepte la transcendancetranscendance). Autrement dit chaque domaine a sa propre réalité, permettant de cadrer et simplifier l’étude qu’il souhaite mettre en œuvre. Les chercheurs sont dans des micro-mondes. Alors forcément, quand on finit par étudier les bordures de son micro-monde, voire à en sortir, on est confronté aux paradigmes des micro-mondes d’à côté, et donc s’il l’on pense qu’il n’existe qu’une réalité, on commence à remettre en question celui qu’on étudiait. À tort car il s’agit simplement d’un autre plan de la même chosechose.

C’est un peu comme si, fasciné par les « princesses » depuis notre tendre enfance, on finissait par prendre conscienceconscience qu’elles vont aux toilettes, etc, comme tout le monde ; et que sous le coup de la désillusion, on ne pouvait plus considérer leur existence en tant que princesse.

AdaptationAdaptation de la réalité à la cognition. Il y a des façons de voir les chosechoses, qui d’un pdv de la compréhension humaine, sont meilleures que d’autres.

Selon moi, tout est perception. Et il ne peut y avoir d’illusion que si on part du principe qu’une perception est la référence de la vérité. En d’autres termes, la vérité est relative.

On met souvent en avant la physique comme étant le plan de vérité absolu parce que tout y est si « dur » et exact. Ce qui est selon moi un pur biais de perception. Le monde physique étant dur et tangible uniquement parce que notre perception nous le fait sentir ainsi. Que font les physiciens ? Ils jonglent avec des équations purement immatérielles et non avec des cailloux. La distinction entre sciences « dures » et sciences « molles » est tout à fait ancrée dans la perception (~ dans l’effet de halo de de la perception de l’objet d’étude, de ses propriétés sensorielles). Parce que c’est notre esprit « mou » qui crée la « dureté » de la physique, je dirais que la distinction entre sciences « molles » et sciences « dures » est tout à fait absurde et le reflet d’un manque de prise de recul rationnel sur sa propre perception en tant que sujet.

S’il doit exister un plan de référence pour l’être humain, ce ne doit certainement pas être celui de la physique.



L’abstractionabstraction en tant que capacité de l’esprit

Ainsi donc le monde est construit sur un principe de couches, de niveaux encapsulés. Et comme notre esprit est capable d’identifier ces couches et de voir les chosechoses sous des angles et des distances différentes, on dit qu’il est capable d’abstractionabstraction.

Notre esprit « découpe » et « lie » certaines chosechoses naturellement. Alors qu’une salle de travail n’est finalement qu’un amas de matière, il y voit des tables, des chaises et des personnes. C’est la manifestation de bas niveaubas niveau de la capacité d’abstractionabstraction de l’esprit, qui lui permet de prendre conscienceconscience du monde physique qui l’entoure.

Mais quand on parle communément d’abstractionabstraction, on entend plutôt la manifestation de haut niveauhaut niveau de cette capacité de l’esprit, qui lui permet de prendre conscienceconscience du monde logique qui l’entoure. Cela concerne la perception de catégories, de modèles, de processus, de mécanismes, de schémas, de lois de la Nature, « d’effets » (~ déjà vu, familiarité, identification d’une situation dans laquelle on s’est déjà trouvé) et relations de causes à effets, etc.

D’ailleurs, une grande partie de mon travail dans cet essai est d’abstraire ce genre de chosechoses du monde afin de les expliquer. C’est ce que je fais dans ce chapitre en isolant l’abstractionabstraction elle même.

Selon moi, il n’y a pas dans la nature de chosechoses compliquées, juste des assemblages de chosechoses simples. Si on trouve quelque chosechose compliqué c’est qu’on ne la regarde pas d’assez près et/ou qu’on ne l’approche par correctement, qu’on n’est donc pas capable de la « découper » tout seul. Tout est affaire de perception. On ne peut pas abstraire si on ne sait pas quoi abstraire. En ce sens, ce que je fais avec cet essai c’est un peu comme ce que fait la mère en coupant la viande de son enfant pour qu’il puisse la manger facilement.

On parle donc d’abstractionabstraction aussi bien lorsqu’on isole une chosechose d’une plus grande (cellule d’un organe), que lorsqu’on rassemble des petites chosechoses pour en créer une nouvelle, plus grande (plusieurs êtres humains = groupe de personnes). Dans les deux cas, le but est de simplifier un phénomène en ne gardant que les propriétés qui nous intéressent (~ boîte noire1) ; on fait abstractionabstraction d’une partie des chosechoses. Il est d’ailleurs très courant que l’on comprenne une chosechose dans « l’idée », sans rentrer dans les détails, que l’on comprenne ce qu’une chosechose fait sans comprendre comment elle le fait concrètement et exactement (~ idée « vague », « gist »).

Dans la suite de cet essai, je ferais référence à ces deux types d’opérations sous les termes d’isolation (pour l’isolement d’un composant) et d’agglomération ou d’amalgamation (pour le rassemblement de composants).

Expliquer ce qu’est l’abstractionabstraction dans un essai sur le fonctionnement de l’esprit est utile non seulement parce que l’esprit lui même use et abuse de ce principe, mais également car le concept même d’esprit est un amalgame, une abstractionabstraction de plusieurs chosechoses, aux limites indéfinies. Le concept de conscienceconscience – la clé de voûte de la psychologie – repose par exemple sur une abstractionabstraction qui isole une partie du concept d’esprit. Mais j’y reviendrais plus tard.

Une capacité secondaire et dispensable ? Pas vraiment

La chosechose avec la capacité d’abstractionabstraction, c’est que contrairement à ce que l’on pourrait penser, son usage n’est pas ponctuel, ce n’est pas qu’une façon optionnelle d’utiliser son esprit pour voir les chosechoses différemment de la normale. En effet, les capacités de traitements de notre esprit étant limitées, nous ne percevons les chosechoses que par « vues sectionnées » que nous lions entre elles à travers le temps et l’espace. Et comme notre capacité de « stockage » aussi est limitée, nous n’enregistrons que l’essentiel des chosechoses (cf acte III). La perception normale repose donc sur un usage constant de l’abstractionabstraction : nous devons à la fois décomposer une chosechose pour la traiter, regrouper des chosechoses pour en extraire le sens global, et enfin compresser des chosechoses pour en stocker l’essentiel.

On n’est pas du tout fait pour concevoir (ni voir d’ailleurs) une chosechose à la fois dans sa globalité et dans ses détails, c’est beaucoup trop coûteux. Au contraire, notre cognition s’articule depuis la base autour des mécaniques de l’abstractionabstraction : c’est très économe en ressources et cela permet une grande souplesse dans l’interaction entre les données. Cela explique pourquoi nous avons autant de facilités avec les analogies, et pourquoi même les enfants sont capables de dessiner des chosechoses de manière très abstraite (des traits, des carrés et des ronds suffisent à représenter beaucoup de chosechoses \O/ ).

même les dessins animés on ne garde que certains traits.

On cloisonne les chosechoses pour les comprendre. Ensuite on les globalise dans une représentation floue.

AbstractionAbstraction et résolution de problème

Ainsi, notre façon de résoudre les problèmes est de les décomposer en sous-problèmes (ce qui relève d’une résolution en aval dont je parlerais tout à l’heure) et pour chaque sous problème le résoudre en faisant totalement abstractionabstraction du reste (ce qui relève également de l’abstractionabstraction – par isolement –). Une fois qu’une « pièce » du problème est réglée, on fait comme si elle continue de fonctionner et on oublie ses détails.

Ainsi un obstacle qui peut paraître difficile à surmonter n’est en fait qu’une apparence : il suffit de réussir à le prendre comme un escalier et dans l’instant, de ne s’occuper uniquement de monter la marche devant ses pieds. Hélas nous avons tendance à nous tenir aux premières impressions de l’abstractionabstraction naturelle. On a du mal à voir une distance conséquente comme un ensemble de pas, et du mal à voir un ensemble de pas comme une distance conséquente ; le premier phénomène nous dissuade d’entreprendre de grandes chosechoses, alors que le second nous fait perdre tout notre temps dans une succession de petites chosechoses sans importance. Sur les forums de discussions d’Internet, plus un post est long plus il est constructif, et pourtant plus un post est long moins il sera envisagé d’être lu. Les sujets remplis de petits posts sont typiquement les plus lus. Si je divisais l’affichage de mes textes en petites portions et que j’empêchais toute possibilité d’estimer la durée réelle de lecture, il y a fort à parier que les statistiques de consultation de mon site augmenteraient.

Si on ne pouvait pas estimer/savoir à l’avance la durée des chosechoses, il y a fort à parier qu’on

Aussi l’estimation du temps : non trop long (bon jeu mais long, traduction de plein de trucs, nouveau projet ambitieux) car considère comme un tout. Alors qu’on passe plein de temps à faire des petites chosechoses, qui, si on les considérait comme un tout, serait infiniment plus chronophage que ce qui nous rebute…



InductionInduction et abductionabduction

Les opérations d’agglomération et d’isolation sont complémentaires et leur combinaison permet des traitements de plus haut niveauhaut niveau : l’inductioninduction et l’abductionabduction en sont les formes complexes classiques.

Typiquement, l’inductioninduction caractérise l’abstractionabstraction aggloméranteabstractionabstraction agglomérante qui survient à la suite d’abstractionabstractions isolant la même chosechose particulière (composant, ensemble de composants) dans de multiples chosechoses différentes (qui sont des composés). La répétition « force » le regroupement, qui constitue une nouvelle « connaissance » identifiable.

Par exemple, on peut se rendre compte que plusieurs chosechoses ont les mêmes points communs, et donc créer une catégorie pour regrouper ces chosechoses.

Schema du processus d'induction

L’abductionabduction est plus ou moins le processus inverse et consiste à isoler une agglomération, c’est à dire faire correspondre une connaissance générale avec un ou plusieurs exemples concrets. Par exemple, si quelqu’un a créé une catégorie et nous l’explique, on va essayer de retrouver des expériences personnelles concordant avec les propriétés de cette catégorie ; bien souvent ces exemples personnels sont automatiquement et implicitement évoqués par l’explication : on y pense directement et c’est ce qui nous permet de comprendre l’explication en premier lieu.

Si l’inductioninduction est une définition de catégorie, alors l’abductionabduction est une catégorisation, même si c’est en fait bien plus que cela.

Schema du processus d'abduction

Lecture, enseignement : on vient placer la node général à cet endroit, entre.

Pour plus d’informations je vous invite à lire les entrées correspondantes dans le glossaire du site (induction / abduction).

De l’esprit des chosechoses

Typiquement, quelque chosechose d’abstrait, c’est quelque chosechose qui s’exprime à travers plusieurs chosechoses particulières. Dans la vie, on est exposé à beaucoup de particuliers ; bien souvent ce sont des « nouveaux » particuliers, des chosechoses que l’on avait jamais vu (ou même pu voir) avant. Et pourtant, ces nouveaux particuliers nous sont bien souvent familiers, on y retrouve la même chosechose que dans un autre, une chosechose qui nous apparaît comme étant la même qu’avant, quelque chosechose de connu, de déjà vu.

C’est ce qui fait les genres, les types, les classes. Par exemple, certaines personnes ont un air, une façon d’être, un comportement qui ressemblent beaucoup à celui d’autres personnes. D’ailleurs la simple façon de parler, et même l’accent, sont des exemples de chosechoses abstraites. Elles sont abstraites dans le particulier (ex : l’accent s’applique à tous les mots que l’individu utilise) et inter-particuliers (l’accent n’est pas propre à un seul individu).

Quand on trouve un trait de caractère chez un enfant, on dit souvent qu’il tient ça de sa mère ou de son père. Mais en fait, c’est bien souvent juste un trait humain, qu’à peu près tout le monde exprime un jour ou l’autre (ou tout du moins un trait qui est partagé par beaucoup d’autres). D’ailleurs, les horoscopes astrologiques utilisent et abusent de ce genre de données abstraites, comme ça tout le monde peut se retrouver.

Les particuliers « naissent » et « meurent », les chosechoses abstraites perdurent (la bêtise humaine, l’humour noir, etc). C’est en ce sens qu’on peut dire qu’il existe un « esprit » dans les chosechoses. Si j’ai envie d’un manga, j’ai envie de retrouver l’esprit manga, j’ai envie de retrouver les valeurs et les « codes » de ce type de bande-dessinée. C’est souvent des chosechoses abstraites que l’on cherche (cf chapitre 9). Et en les cherchant, on peut même s’en inspirer sans le faire exprès. Un type de film « respecte les codes » de ce type de film, et pourtant il est peu plausible que le réalisateur de ce film ait scrupuleusement fait attention à respecter ces codes. Les chosechoses d’un genre ne se ressemblent pas par volonté. Il y a des niveaux de lecture dans les oeuvres des hommes que mêmes les hommes ignorent.

« Oh lookit’s this thread again »

À ce propos, on peut aussi parler de « l’esprit » d’un « endroit » (site, forum, bar, banlieue, pays…), de son ambiance, qui donne l’impression d’une masse uniforme qui existe par elle même et produit des comportements qui lui sont propres. Pourtant, c’est la résultante de l’attitude des personnes qui l’occupent, et ces personnes sont souvent très nombreuses (et dans le cas du Web, ne sont pas toujours les mêmes, elles partent et viennent). Il y a une sorte d’attraction et de propagation, une inspiration inconscientinconsciente. On peut dire la même chosechose des organisations (l’État, l’armée, la jeunesse, …) et de l’image qu’elles renvoient.



Anecdotes techniques

Si vous ne vous sentez pas d’attaque pour digérer ce point technique, je vous conseille de passer à la suite qui se trouve sous cet encadré, un peu plus loin.

L’abstractionabstraction est récursive, c’est à dire qu’elle s’utilise elle même pour s’expliquer. En effet le concept de chosechose, sur lequel elle repose, est déjà une abstractionabstraction (qui rassemble tout type d’objets et d’idées). La récursivité est un concept très utilisé dans le domaine de l’informatique, qu’on peut illustrer par l’exemple de deux caméras qui se filment mutuellement, ou du paradoxe de l’œuf et de la poule.

D’ailleurs en parlant de développement informatique, l’abstractionabstraction y est également présente et très importante dans ce domaine, notamment à travers le paradigme objet. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus exaltant pour moi dans cette discipline : plutôt que de coder quelque chosechose de final, de concret, d’unique il s’agit de coder la base, il s’agit de coder de l’essence, du concept, quelque chosechose prêt à se répandre et à muter. C’est incroyable le nombre de portes que cela ouvre en termes de flexibilité. Par exemple, on peut dire que le monde dans lequel nous évoluons est diversifié, plein de domaines différents : la musique, les arts martiaux, l’aéronautique, la restauration, etc. Et aussi avancés soient-ils, tous ces domaines n’en sont pas moins accidentels : le monde n’a pas été spécifiquement développé pour les faire apparaître. Ils sont « juste » apparus grâce à la flexibilité permise par les bases disponibles, grâce à l’ouverture du système. Et ils ont beau être différents, ces domaines restent des domaines, et donc des chosechoses du même type partageant des propriétés similaires : chacun a ses « stars », ses problèmes, ses crises, ses périodes de « boom », ses querelles, etc. Flexible mais pas « hasardeux ».

De plus, la difficulté de conception du monde ne consiste pas simplement à faire coexister des domaines ensemble, il faut aussi assurer leur viabilité avec le reste de ce monde, et même leurs possibilités de liaison avec d’autres entités d’un type différent. Ainsi dans notre monde, un individu peut être impliqué dans plusieurs domaines à un degré variable dans le temps (amateur, passionné, etc). Bâtir sur l’abstrait est le seul moyen de faire coexister tant de chosechoses différentes dans un même système, le seul moyen d’être sûr que le système reste stable et cohérent (~ de tout prendre en compte, de parer à la moindre faille, la moindre éventualité, et ce sans effort particulier) tout en lui permettant d’évoluer. Autrement dit pour faire un système qui soit le plus diversifié possible tout en restant viable, il faut que quelque part (~ sur un niveau, sur un plan) toutes les chosechoses de ce système soient les mêmes, il faut qu’elles dérivent toutes de la même classe mère (~ ce que justement on appelle chosechose). Et oui, toute chosechose est une chosechose : c’est peut être évident, mais ce n’est clairement pas anodin.

La seule particularité d’une chosechose, c’est « d’exister ». Si une chosechose fait plus qu’exister, alors c’est tout simplement plus qu’une chosechose. Par exemple on peut imaginer qu’une des premières particularité majeure ayant donné naissance à une dérivation du type « chosechose » fut d’exister physiquement, donnant ainsi genèse au type de chosechoses que l’on peut appeler objets (en opposition aux idées, qui sont donc immatérielles). Les objets sont tous un ensemble de matière, et sont donc traités de la même façon sur le plan physique. Ensuite à partir des objets, ce sont probablement les particularités des particules élémentaires de la physique quantique qui sont apparues, donnant naissance aux électrons et aux quarks. Chaque nouvelle particularité introduite donnant naissance à une dérivation à partir d’un type existant, sachant qu’un type ne peut dériver qu’une seule fois. Car si on commence à cibler dès la conception, alors on perd énormément de possibilités de diversification et d’interactions futures. Par exemple, admettons que vous faites une modélisation du monde et que vous en êtes au stade des particules élémentaires, et hop vous faites apparaître le type « cellule vivante » (avec toutes ses particularités utiles d’un seul coup) en tant que nouvelle dérivation du type objet, car vous en avez marre de la physique et que vous voulez faire apparaître la vie. En d’autres termes vous commencez à faire vos objets finaux en dehors de ce qui a été commencé et vous allez essayer de les faire fonctionner ensemble. Autant vous dire que même au niveau de la conception d’un logiciel un tant soit peu ambitieux, cela va vite devenir « foireux », instable, incompréhensible et très difficile à faire évoluer ultérieurement. On ne peut tout simplement pas procéder comme ça pour faire un système aussi complexe et évolutif que le monde, même en ne prenant en compte que la physique. Il faut donc forcément passer par la création d’électrons et de quarks qui ne servent à rien… pour l’instant. Car très vite les quarks vont se combiner et créer les protons et les neutrons, puis ces derniers se combinant avec les électrons créeront les atomes et ainsi la matière va pouvoir se former. Et d’étape en étape, des chosechoses intéressantes vont émerger d’elles mêmes.

Et comme je le disais plus haut, en procédant ainsi non seulement on assure une solidité à toute épreuve, mais ce qui est le plus incroyable ce sont les effets collatéraux (« side effects ») que l’on permet : je reviendrais sur ce point dans le chapitre 5, mais d’une certaine manière nous (en tant qu’êtres humains) ne sommes que des effets secondaires d’un tel système lancé depuis des milliards d’années…

Au niveau d’évolution où l’on est rendu, le nombre de dérivations, le nombre de couches superposées est tout simplement innombrable. Par conséquent, et bien que cela puisse être assez difficile à « calculer », tout ce qu’implique la moindre chosechose relève du démentiel, c’est totalement délirant. Par exemple, de temps en temps j’ai envie de faire plein de chosechoses. Mais parfois c’est l’inverse et j’aimerais être tranquille. Rien que me permettre de vivre « normalement » dans ces deux états bien différents sans changer tout l’écosystème autour, je vous assure que c’est balaise. Mais en plus de ça, on ne mène plus tous la même « vie animale », et d’autres personnes bien différentes de vous et moi vivent dans ce monde : des honnêtes prêtres passent leur vie à essayer d’aider leur prochain (et dans l’abstinence sexuelle qui plus est, cette possibilité n’est vraiment pas rien en considérant nos bases animales), des aborigènes vivent une vie au contact de la nature que nous avons abandonnée (à tort ou raison) depuis bien longtemps, des moines asiatiques vivent reclus dans les montagnes pour dépasser les limites de leur corps et de leur esprit, des guides spirituels se détachent complètement de leur ego pour vivre dans l’éternelle conscienceconscience présente, et même la vie de la plupart de mes contemporains me paraît difficilement accessible tant elles diffèrent de la mienne… Le fait que nous pouvons tous « supporter » ce monde en même temps (~ sans le changer) est une démonstration incroyable de flexibilité. Ce serait incroyablement difficile de produire un système artificiel permettant ce genre de possibilités, un peu comme de concevoir un programme qui peut potentiellement faire tout ce que les autres programmes peuvent faire. Il y a tout simplement trop de chosechoses à gérer, trop de chosechoses à prendre en compte. C’est pour cette raison qu’il faut vraiment bâtir la logique brique après brique pour arriver à un tel résultat : pour chaque brique on ne gère que ses relations avec ses voisins directs, ni plus ni moins. Tout le reste est « automatique ». Pour faire l’analogie, on peut prendre l’exemple du nettoyage d’un bâtiment de 1000 appartements : le résultat que l’on veut faire apparaître c’est rendre le bâtiment propre. Si une seule personne doit s’en charger, ce ne sera vraiment pas une mince affaire car cela fait trop de chosechoses à gérer pour une seule unité. En revanche, si chacun des résidents nettoie son appartement cela devient tout de suite plus gérable, et on peut même aller jusqu’à dire qu’il n’y a plus de problème… (note : c’est un peu ce qui se passe avec les plantes, les insectes, etc ; par exemple les mouches s’ « occupent » du recyclage de la planète).

Pour en revenir à mon histoire de développement informatique, c’est pour cela qu’une fois les briques intelligemment posées je trouve cela exaltant : on n’a plus rien à faire pour avoir un résultat impressionnant ! Chaque unité effectue son petit rôle, et en combinant des tas d’unités ensemble on obtient quelque chosechose de gros. Voir toutes les chosechoses se construire et s’adapter correctement à partir d’un petit bout code supplémentaire, c’est comme voir un organisme se développer à partir de l’ADN. Constater l’effet domino lorsqu’on bouscule la moindre ligne d’une couche inférieure, c’est toujours assez magique et puissant (sauf quand on a fait une erreur !).

En outre, le monde ayant une longue histoire évolutive, il est intéressant de se rendre compte comment l’ancien monde régit et contraint le nouveau.


Les universaux

Un peu plus haut je parlais de types de chosechoses, de classes (~ chosechoses abstraites). La question de savoir si ces types existent « réellement » ou si ce ne sont que de simples créations de l’esprit (des concepts et catégories pour mieux se représenter le monde) est, depuis la nuit des temps, la source d’un gros débat métaphysique sur la conception du monde. Et si ces types existent réellement, existent-ils hors des chosechoses appartenant à ce type ? Ou alors les types n’existent-ils qu’à l’intérieur des chosechoses (~ essence) et ne sont donc pas antérieurs à elles ? Tant de questions qui ont mené à tout un lot de théories : universaux, particuliers (~ tropes), ressemblance… Mais personnellement la chosechose que je retiens de tous ces points de vues, c’est que dans tous les cas ça ne change pas grand chosechose au niveau des conséquences sur le monde pour les hommes (en dehors de ce problème), on en revient au même. À savoir que peu importe comment elles le font, beaucoup de chosechoses se répètent et sont si proches que l’on peut se baser sur l’une pour comprendre l’autre, que l’on peut faire des catégories, …

À plusieurs reprises au cours de cet essai j’évoquerais des cas similaires de grande question dont les réponses sont divergentes, mais qui au final ne changent en rien les conséquences, et en particulier notre « fonctionnement » par rapport au monde. « C’est comme si ».

Pour ce qui est de mon avis sur la question des universaux, je perçois le monde comme étant trop carré, trop calibré, trop prévisible pour admettre qu’il n’existe que des particuliers, et qu’en d’autres termes l’esprit des hommes soit la seule sorte d’intelligence pour qui les universaux existent ; en outre, je perçois trop de recoupements, trop d’abstractionabstractions se répétant à différents niveaux pour admettre qu’il ne s’agisse que d’une simple ressemblance fortuite. Mais d’un autre côté, certains recoupements m’apparaissent vraiment hasardeux, et relever d’une simple tendance fonctionnelle : il existe trop de chosechoses dans le monde pour que celles-ci puissent en même temps fonctionner et être composées de particuliers bien différents les unes des autres. De ce fait, certains types de particuliers seraient comme voués à apparaître car seuls à pouvoir exister dans ce monde (solution idéale et toute trouvée à un problème ; il n’y a qu’une façon de faire les chosechoses, ou tout du moins qu’une bonne/meilleure façon, cf concepts de ré-émergence fonctionnelle, convergence évolutive). Bref je suis partagé, mais je pense que la question des universaux renvoie à deux plus grandes questions (que j’aborderais dans le chapitre 6) : d’où vient l’intelligence du monde ? Et à partir de quand les chosechoses existent ?

Il est également difficile d’intégrer l’Évolution avec les universaux.

Néanmoins il est possible que les chosechoses instancient un ensemble d’universaux d’une manière assez subtile, qui dépasse l’entendement humain (nous avons tendance à éviter l’héritage multiple en informatique).

Le débat universaux versus particuliers est particulièrement remarquable dans le cas des « races ». En effet, il est couramment admis qu’il existe des races dans le cas des animaux, mais en ce qui concerne les hommes, la question est très sensible (on a plus tendance à admettre qu’il n’existe que des particuliers).



AbstractionAbstraction et conception (~ développement) du monde

Toujours dans le même ordre d’idées, la potentielle réalité d’une séparation des chosechoses en types amène des questionnements sur la façon dont le monde a été conçu. Quel est l’ordre dans lequel les chosechoses sont apparues ? Le bas niveaubas niveau, qui constitue les couches de bases de la plupart des chosechoses, est-il antérieur ou postérieur au haut niveauhaut niveau, c’est à dire les chosechoses dont ils vont finalement faire partie ?

Il me semble correct d’admettre que tout ce qu’une chosechose implique est antérieur à celle-ci. Un atome étant une chosechose physique, le concept de « chosechose » et de « physique » (s’ils existent) sont antérieurs à son apparition.

Les êtres vivants étant constitués d’atomes, les atomes sont antérieurs aux êtres vivants. Toutefois, cela signifie-t-il que les êtres vivants sont des chosechoses de plus bas niveaubas niveau que les atomes ? Il semble naturellement vrai que les êtres vivants sont une conception de haut niveauhaut niveau, contrairement aux atomes. Ainsi, cette manière de raisonner pose le problème de la définition du bas et du haut niveauhaut niveau. Techniquement, en termes de création, plus une chosechose arrive loin dans « l’arbre du développement », plus elle est de bas niveaubas niveau. Mais il est assez trompeur de dire que les êtres vivants sont constitués d’atomes, car ils ne le sont pas directement. Quand on parle d’être vivants on parle d’une idée, on parle de vie. Le concept d’ « être vivant » est de bien plus haut niveauhaut niveau que celui d’atome (il n’implique pas la physique). L’atome n’est qu’un constituant de l’enveloppe physique.

Ainsi selon moi tout commence avec le haut niveauhaut niveau (la classe Object en informatique), la catégorie racine.

Les humains ont tendance à commencer par le bas (dans une approche par le haut cela dit…) : à travers une conception « plate » ils intègrent directement tout ce qui est impliqué dans la chosechose développée ; en résulte une sorte de « blob » d’informations, d’unité uniforme, sans couches ni division entre les différents rôles impliqués. C’est en général, lorsque plusieurs chosechoses indépendantes, plusieurs « blobs » sont finalement développés que l’esprit de l’homme se rend compte que certaines parties de ces différentes chosechoses se recoupent, et qu’il est donc possible de les « extérioriser ». Et donc petit à petit, un blob va se diviser en plusieurs composants distincts (composants pouvant eux mêmes être vus comme des blobs).

Quelque part, les composants étaient déjà là à l’époque du blob, mais pas en tant que composants.



Dans la pratique, ou presque

Enfin bref, pour mieux appréhender l’abstractionabstraction, regardons maintenant ses manifestations dans le monde pratique, avec une approche plus terre à terre. Dans chaque chapitre j’essaye de regarder les chosechoses de ce côté, c’est souvent beaucoup plus clair et c’est souvent de là que toutes nos idées proviennent.



AbstractionAbstraction et société : chacun son métier

Le monde est vaste, nos capacités d’apprentissage sont limitées et nos intérêts sont personnels, si bien que chaque individu va finir par développer des spécialités propres (~ ne « réfléchir » qu’à certains sujets) et exercer une « profession » particulière au cours de sa vie. Ainsi, chacun devient un composant du système, un rouage particulier qui rempli un rôle : il y a les agriculteurs qui produisent la nourriture pour les autres, les médecins qui soignent ceux qui se portent mal, les directeurs, les secrétaires, les responsables marketing, les banquiers, les boulangers, les chercheurs, etc. Personne ne sait tout faire à lui tout seul (et je dirais même que personne n’a conscienceconscience de tout ce qu’il faut faire).



Je développerais l’aspect relatif dans le chapitre suivant, mais ce qu’il est intéressant de voir ici c’est que même au sein d’une seule entreprise, l’indépendance entre les individus est assez forte (chacun son rôle), les composants sont isolés les uns des autres. C’est assez flagrant au niveau de tout ce qui est « externe » au cœur du produit de l’entreprise ; tout une partie de l’équipe (divisée en « services » ou « départements ») n’est pas vraiment impliquée dans l’essence même de ce produit. Ainsi le directeur d’une entreprise peut être fier d’annoncer un produit dont il ne connaît pas grand chosechose, seuls les résultats financiers et la « bonne santé » de ses affaires l’intéressant vraiment.

L’exemple des comédiens est aussi révélateur ; les doubleurs lisent leurs lignes au « feeling », sans vraiment connaître l’univers et le personnage qu’il double (~ seulement des indications). Ils s’abstraient de tout cela pour se concentrer sur leur jeu d’acteur. Ils n’ont vraiment pas besoin de grand chosechose pour faire leur boulot correctement. Quand on se dit que ce sont des personnes qui font des centaines de doublages, qu’ils ne s’y connaissent bien souvent pas plus que le premier venu au sujet de l’œuvre qu’ils doublent, c’est assez fort. Sans aller jusqu’aux doubleurs, les acteurs incarnent souvent des personnages spécialistes dans un domaine qu’ils effleurent à peine en réalité. Et pourtant ils sont convaincants.



Cette possibilité de s’abstraire du « reste du monde », c’est la permissivité.

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Permissivité et déplacement – « Je ne vois pas le problème »

– « Je m’en fiche, ma voie est supérieure à toutes les autres »

Notre capacité d’abstractionabstraction nous permet d’évoluer sur des niveaux supérieurs sans maîtriser les bases. Notre simple existence le démontre : nous ne naissons pas avec la science infuse et pourtant nous vivons. C’est quelque chosechose d’assez fantastique, qui selon moi est la cause des plus grands biens comme des plus grands maux de l’humanitéhumanité. Pour avoir un examen il faut généralement réussir la moitié des chosechoses demandées, et donc potentiellement passer à côté de l’autre moitié. On peut donc avancer et finir par se retrouver quelque part en ratant chaque fois un peu moins de la moitié de ce qui est demandé, alors que beaucoup de chosechoses nous échappent. C’est un peu ça l’idée de ce qui se passe dans le monde, et qui montre en quoi la permissivité peut mener à l’erreur. C’est ainsi, selon moi, que l’on est arrivé aux grandes dérives de cette époque, parmi lesquelles : l’avènement de la médecine « chimique » (qui fait abstractionabstraction de tout autre domaine), le règne des boîtes commerciales qui font abstractionabstraction de la qualité technique (en informatique il y en a à la pelle) au profit de la conquête. L’abstractionabstraction de par sa définition entraîne une grande permissivité et fait que ce genre de chosechoses soit possible et même fonctionne. Cette permissivité est essentielle pour que le monde puisse évoluer et ne pas rester coincé dans un état ; en isolant et rassemblant toutes sortes de chosechoses, les combinaisons sont innombrables si bien qu’on ne se retrouve jamais à court de solutions. Mais en permettant beaucoup elle permet également l’existence d’aberrations, des chosechoses dont le sens est assuré par des serviteurs mettant à mal ce sens. Citons par exemple la déforestation, les fongicides cancérigènes, l’obsolescence programmée, … C’est donc à nous de faire attention de ne pas partir à la dérive. Mais hélas, il semble que la seule chosechose que les hommes savent au sujet de l’abstractionabstraction, c’est l’utiliser à tort. Il est tout à fait possible de faire totalement abstractionabstraction de l’essentiel pour se faire de l’argent, et le moins que l’on puisse dire c’est que nous l’avons compris et que nous ne nous en privons pas ! Trop souvent nous nous contrefichons de la base, nous ne respectons rien, pourvu que nous fassions perdurer certaines aberrations de haut niveauhaut niveau. Enfin passons l’aspect pessimiste de la chosechose

Note : voici un bel exemple du genre d’absurdité, le chalutage profond. Le genre de problème qui même en étant des milliers de fois plus petit resterait une énorme aberration.



« Tu te prends la tête mec »

À la base, cette permissivité est loin d’être une mauvaise chosechose. Il ne faut bien heureusement pas être omniscient pour pouvoir vivre, et il ne faut bien heureusement pas réussir à la perfection tous les examens pour avancer dans la vie. Je sais par exemple que pour ce qui est de mon cas personnel, de mes connaissances dans certains domaines, j’en suis arrivé où j’en suis grâce et à cause de cette permissivité impliquée par l’abstractionabstraction. Je suis du genre à foncer directement sur ce qui m’intéresse. Et je ne suis pas intéressé par la logique booléenne ou encore l’arithmétique, qui sont pourtant des bases de certains domaines qui m’intéressent. Je n’ai pas passé de temps à étudier ces bases, l’abstractionabstraction m’ayant permis de me construire sur la pratique et non sur la théorie. (Je suis pourtant un féru de théorie mais je ne peux l’apprécier que dans un cadre pratique, une condition qui s’accorde très mal avec certains domaines). Heureusement pour moi donc, l’abstractionabstraction permet ce genre d’apprentissage par le haut, une approche que j’expliquerais tout à l’heure.

De par cet apprentissage, je suis du genre à maîtriser des concepts avancés en informatique et les utiliser comme si c’était une seconde nature, et pourtant je suis capable de me planter sur la logique de base. Ne pas saisir directement que si a – b = c alors b – a = -c par exemple. Du coup il m’arrive d’effectuer des calculs compliqués, de retourner la situation dans tous les sens, alors qu’un calcul basique aurait fait le même résultat.

Ce phénomène du « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? » est flagrant ; l’être humain à tendance à faire compliqué alors que la vérité est tellement simple. C’est le prix à payer pour naître et vivre ignorant dans un monde si évolué.

Par exemple, en ce qui concerne la programmation, pour moi un code parfait est un code simple et concis. Avoir un algorithme qui fonctionne c’est bien, mais avoir un algorithme qui fonctionne et qui est beau, c’est mieux. De plus, élégance rime souvent avec performance. Cela dit si les bases sont « mal formées », non parfaites, on peut gagner en performance grâce à l’optimisation, c’est à dire en utilisant des « tricks », des astuces, qui font s’éloigner l’algorithme d’un comportement naturel. Mais en général plus on peaufine un programme, plus son code se simplifie et devient évident. L’optimisation est le propre de l’humain alors que l’élégance est le propre du naturel. Plus on se rapproche d’un comportement simple et naturel, plus on se rapproche du meilleur algorithme.

Pas optimisation (dans le sens « tweaking »).

D’ailleurs la plupart des lois et des découvertes scientifiques relèvent du bon sens une fois révélées, et c’est bien normal puisqu’elles sont naturelles. Le fameux principe de raisonnement dénommé « rasoir d’Ockham » va également dans ce sens en stipulant que les hypothèses suffisantes les plus simples sont les plus vraisemblables.

Néanmoins il faut quand même noter que lorsque les contraintes sont trop fortes, les solutions développées par la Nature peuvent s’apparenter à de l’optimisation humaine (mais en considérant la force des contraintes, de l’optimisation plutôt élégante). J’y reviendrais dans le chapitre 6.



Complexité apparente, schémas et recyclage – « J’ai déjà vu ça quelque part »

« Quand nous découvrons quelque chosechose, quand nous débutons dans un domaine, quand nous effectuons des recherches sur l’inconnu, la quantité d’informations nous paraît immense, inaccessible et presque infinie. Nous sommes perdus, inondés dans cette masse inconnue. Mais dès que nous acquérons un peu de connaissances, que nous nous familiarisons avec le domaine, alors nous entrevoyons des recoupements, des « coïncidences ». Et nous nous rendons alors compte que nous avons surestimé la masse d’informations réelle. C’est particulièrement le cas lorsque parfois, nous avons l’impression que nous ne faisons que commencer alors qu’en fait nous avons quasiment tout vu. »

Le paragraphe précédent est directement issu du chapitre 10 de ce même essai, chapitre traitant de l’ignorance et de la connaissance. Vous ne l’avez donc logiquement pas encore lu, mais je le trouve assez intéressant pour introduire cette section du chapitre de l’abstractionabstraction.

À première vue donc, notre monde est vaste et regorge d’informations. Chaque domaine contient d’innombrables acteurs, d’innombrables chosechoses particulières. Mais en même temps, dans un domaine particulier, l’inspiration est omniprésente : si on connaît une chosechose particulière, on connaît presque tout ! C’est un peu comme les « news » qui sont rapportées par tous les journaux d’un domaine. Un seul de ces journaux couvre à peu près tout. Les journalistes reprennent tous la même information (trop souvent sans faire d’investigation, et sans ajouter de plus-value). Au final, il n’y a qu’une « news ». Cela vaut aussi pour les domaines plus « artistiques » (cinéma, jeux-vidéo, informatique, etc) dans lesquels la plupart des créations sont directement inspirées d’autres créations (~ références). Cela renvoie aux « codes » dont je parlais dans la section « De l’esprit des chosechoses », mais aussi aux conventions, aux « tropes ».

Au fil des années, je me suis rendu compte que le monde des idées était vraiment beaucoup plus petit qu’il ne paraissait. Je suis souvent parti d’un point A, puis après un long chemin, me suis trouvé de nouveau sur ce point A, alors que je pensais être sur une autre planète. C’est notre tendance à tout diviser en domaines distincts qui fait paraître le monde plus grand qu’il n’est. Le monde des idées n’est qu’une petite planète ronde.

D’un autre côté, il faut dire que d’un point de vue abstrait, les possibilités de créations ne sont pas si grandes que ça. Dans la musique, il est attendu qu’on finisse par retrouver les mêmes accords entre certaines musiques. Au niveau des films, schématiquement parlant, il n’y a pas 36 manières de faire une intrigue (ça va bien → ça va mal → ça va re-bien, etc). Quand on est exposé à beaucoup de scénarios (en particulier des scénarios « pauvres »), on se rend compte que le suspense est très souvent provoqué par des clichés vus et revus (typiquement le cas des stratagèmes pour se sortir d’une situation critique). Il existe beaucoup plus d’histoires que de façons d’écrire une histoire. Il y a d’ailleurs un concept intéressant à ce propos :

« Le concept du monomythe, présenté par Joseph Campbell, représente l’idée que tous les mythes du monde racontent essentiellement la même histoire, sur laquelle ils ne sont que des variations. Dans son livre Le Héros aux mille et un visages, Campbell décrit le schéma universel du voyage du Héros et du cyclecycle cosmogonique.


Cette structure fondamentale contient un certain nombre d’étapes, qui incluent :

1. Un appel à l’aventure, que le héros doit accepter ou décliner

2. Un cheminement d’épreuves, où le héros réussit ou échoue

3. La réalisation du but ou du gain, qui lui apporte souvent une meilleure connaissance de lui-même

4. Un retour vers le monde ordinaire, où le héros réussit ou échoue

5. L’utilisation du gain, qui peut permettre d’améliorer le monde.

 » (ref http://fr.wikipedia.org/wiki/Monomythe)


Si le monomythe existe ce n’est pas parce que tous les mythes se copient, c’est parce qu’ils sont tous construits avec les mêmes bases : notre cosmos (cf section « Hé, mais c’est mon idée ! »).


Même si les domaines ne contiennent pas autant d’informations qu’on pourrait le croire, ils en contiennent. Et donc à première vue, comme il existe d’innombrables domaines, seuls les spécialistes sont à même de saisir ces informations spécifiques. Mais qu’en est-il vraiment ? Et bien selon moi, une grande partie de cette spécificité n’est qu’apparence. Par exemple, si vous remarquez bien, dans un domaine les gens appellent telle chosechose avec un mot particulier, tandis que dans un autre domaine c’est un autre mot qui est utilisé pour qualifier la même chosechose. La spécificité est par conséquent simplement sémantique. C’est ça qui est intéressant avec notre monde, il paraît complexe et infini mais en fait on en revient toujours aux mêmes chosechoses. Par exemple, nos vies d’êtres humains semblent très spécifiques, mais – comme j’insisterais beaucoup dans les chapitres suivants – nous avons tous nos peurs, nos amours, nos bons et mauvais moments, etc. Nos vies sont différentes et similaires en même temps.

C’est comme ça que ça marche

Ainsi, en essayant de faire des parallèles et en raisonnant large, on peut aider notre compréhension de ce que l’on croit inconnu. Par exemple, il y a de grandes chances que les tares d’un domaine aient des équivalences dans un autre domaine. Les domaines se structurent par les composants, dans le cas des domaines humains, par les comportements humains : le « tout dans l’apparence », l’utilisation de « bullshit » commercial, la difficulté du début, la présence de vieux piliers établis qui n’accepte pas la nouveauté, l’obligation de fouiller pour trouver les petites perles qui sont cachées, etc. Ce genre de chosechoses sont valables et s’appliquent à quantité de domaines. Ce qui est très classique aussi dans les domaines humains, c’est la scission, la querelle entre deux camps qui ne cessent de se chamailler et se mettre des bâtons dans les roues. D’ailleurs cela m’a un peu faire rire de constater qu’il y avait une guéguerre de ce genre, bien typique, au sein du département de psychologie d’une université dans laquelle j’ai étudié ; ce n’est pas parce que ce sont des professeurs de psychologie que c’était différent ! Parfois les chosechoses sont plus abstraites qu’on ne le pense. Ce qui est assez rassurant, d’une certaine manière.

On sait comment ça marche. On se rassure.

Pareil pour l’élaboration et la vente du produit, c’est typique et non spécifique.

Ce que je veux dire, c’est qu’en vertu de l’abstractionabstraction, on retrouve un peu de « tout dans tout ». C’est pour cela d’ailleurs, qu’il existe ce qu’on peut appeler des généralités. Quand nous apprenons quelque chosechose dans un domaine, cela ne nous sera pas spécifiquement utile à ce domaine. Cela nous servira probablement ailleurs, nous pourrons transférer cette connaissance à un autre domaine. C’est pour cette raison par exemple, que lorsque nous apprenons une deuxième langue, nous sommes loin de repartir de zéro : les langues ne sont pas totalement séparées, et c’est même pour cela que ce sont des langues. Les termes sont spécifiques aux domaines et aux langues, mais pas les idées véhiculées par ces termes (ce qui est aussi valable pour les constructions). C’est en quelque sorte une simple affaire d’étiquetage ; on a pas besoin de recréer les chosechoses étiquetées pour ajouter une étiquette.


AbstractionAbstraction et communication

À ce propos, la plus grande preuve de notre capacité d’abstractionabstraction, c’est le langage. Tout d’abord parce que chaque mot catégorise un ensemble de chosechoses, chaque mot capture certaines informations à propos du monde, chaque mot est une abstractionabstraction. On peut d’ailleurs avoir une idée connue mais peiner pour retrouver le terme permettant de la désigner. Tout comme on peut avoir une « nouvelle » intuition et chercher un mot existant et adéquat, qui capture déjà bien cette intuition (~ matching), afin de pouvoir l’expliquer et la faire communiquer du mieux qu’on peut (~ transmettre).

En outre, on retrouve aussi l’abstractionabstraction dans l’utilisation qu’on a du langage, ne serait-ce parce qu’on aborde toujours les thèmes un par un (conversations, articles de journaux, scène d’un film). On la retrouve également dans l’utilisation d’images et de métaphores (exemple : « atteindre le plafond »). Quand nous communiquons, quand nous exposons une idée, que nous expliquons quelque chosechose, que nous parlons d’un phénomène un tant soit peu général, etc, l’abstractionabstraction est grandement impliquée. Pour nous c’est tellement évident, tellement sous nos yeux, tellement naturel, que nous n’y prêtons même pas attention. Certaines expressions sont même directement liées aux mécaniques de l’abstractionabstraction : par exemple, quand on dit « en gros », c’est vraiment pour dire « considéré en tant que tout », « vu de haut », sans rentrer dans les détails (abstractionabstraction aggloméranteabstractionabstraction agglomérante). Il existe d’ailleurs toute une série de mots techniques renvoyant à la notion de niveau d’abstractionabstraction et à l’isolation/agglomération :



  • Un mot est hyperonyme d’autres mots s’il englobe ces mots (ex fruit hyperonyme de orange et pomme) ; on va du spécifique vers le générique. De manière inverse un mot est un hyponyme d’un autre s’il permet de parler d’une sous-catégorie du groupe représenté par le second mot ; on va du générique vers le spécifique.

  • Un mot est holonyme d’un autre mot s’il permet de parler d’un composé par rapport à l’un de ses composants (ex maison par rapport à toit, corps par rapport à bras) ; tout par rapport à partie. De manière inverse un mot est méronyme d’un autre mot s’il permet de parler d’une sous-partie d’une chosechose (ex toit par rapport à maison, bras par rapport à corps) ; partie par rapport à tout.

  • Citons également le pantonyme, un mot très générique que l’on peut employer à la place des autres (truc, chosechose, etc) et le troponyme, un verbe précisant l’action d’un autre verbe (holonyme verbal)



Parfois, certaines chosechoses particulières deviennent de tels archétypes que les mots les qualifiant permettent de désigner un phénomène général : « C’est le syndrome [X] », « C’est le Jean Valjan de l’histoire », « C’est le Call Of Duty du cinéma », « C’est la Loana des années 2010 », etc.

Jeux de combats : archétype, le « ryu » (le dragon, le projectile, le tatsu), le choppeur (360).

Jailbreak pour parler du cracking des systèmes d’exploitation (~ téléphone)

La théorie de l’esprit (~ présupposition) explique la compréhension efficace (les mots ne font pas tout).

Idées, sens et sémantique


Ainsi nous pouvons utiliser un domaine de référence pour comprendre comment d’autres domaines fonctionnent ; nous disposons d’expérience et de connaissance dans un domaine, que nous transférons dans les autres. C’est ainsi que très tôt, les enfants établissent des systèmes d’explication très généraux, identifient des règles de fonctionnement du monde, sont capables de distinguer rapidement un principe général derrière un événement particulier, et appliquent des raisonnements et autres procédés de manière abstraite.

Ré-émergence fonctionnelleRé-émergence fonctionnelle et mimétisme inconscientinconscient

Si tant de chosechoses se retrouvent dans différents domaines et s’il est possible de raisonner de manière aussi large et « indépendante », c’est – je pense – parce que les schémas une fois « inventés par la Nature », sont réutilisés à « l’infini », et que les chosechoses partagent beaucoup de chosechoses en commun.

Ce n’est pas un hasard si beaucoup « d’inventions » humaines sont en fait très inspirées (inconsciemment) de ce qui existait déjà dans la nature. Je pense notamment à tous les aspects stratégiques : l’action militaire suit les schémas des batailles entre anticorps et autres microbes qui sévissent à l’intérieur de nos organismes (notion d’armée), les méthodes de soin (désinfection, nettoyage, sécurisation, etc) sont déjà en place naturellement au sein de nos organismes, les protocoles informatiques de communication sont « calqués » sur les procédés de communication moléculaire et même sur nos procédés de communication quotidien (dialogue : « allo » => « oui » => « blabla » => « au revoir » => « au revoir » ; réglage : « Appuie, vas-y continue, continue, stop »), l’Internet est un système de données fortement analogue au système de mémoire à long termemémoire à long terme des êtres vivants (voir chapitre 17 et 18). Par extension, notre planète entière pourrait bien être une simple petite cellule d’un organisme gigantesque. Ce que je veux dire c’est que l’être humain n’a pas inventé certaines chosechoses que l’on pourrait lui attribuer. Christophe Colomb n’a pas inventé l’Amérique, il l’a découverte, il a constaté qu’elle était là. De la même manière nous avons vu que beaucoup d’autres chosechoses étaient là. Ainsi, nous n’avons pas vraiment inventé la guerre, les mathématiques, l’informatique, etc, nous les avons découverts, nous les avons trouvés. On a constaté qu’ils étaient là, dans la nature. Du fait de l’abstractionabstraction, on ne peut pas vraiment faire l’informatique différemment de l’informatique naturelle. Comme je le disais plus haut, c’est ça la capacité d’abstractionabstraction de haut niveauhaut niveau dont est capable l’esprit de l’être humain : repérer des schémas situés à différentes échelles. Une fois que l’on y fait attention, il est sidérant de retrouver les mêmes chosechoses dans tous les domaines (j’appelle ces « phénomènes typiques », ces chosechoses abstraites, des abstractionabstractions). Voilà quelques exemples (pas forcément très parlants) qui me sont venus à l’esprit :

  • Les notions d’effort et de progression notamment, qui reposent toujours sur le même schéma quel que soit l’application.

  • Le cyclecycle d’évolution que toute chosechose (produit, individu, espèce, relation, etc) suit : naissance, croissance, maturité, déclin (avec possibilité de refaire un tour du cyclecycle).

  • Toutes les fables de La Fontaine sont de très bons exemples d’abstractionabstractions


D’autres exemples :

  • La sensation de grandeur que l’on ressent aussi bien dans un livre incroyablement bien ficelé que devant une vue panoramique magnifique ou encore en regardant un passage impressionnant d’un film ou d’un jeu-vidéo empli de gigantisme.

  • Dans le même registre, l’engouement et la passion d’un chercheur pour son domaine (quel qu’il soit). Pour lui ce qu’il étudie est « incroyable, magnifique, ingénieux, impressionnant » alors que pour la plupart des gens ce ne sont que « des trucs compliqués, quand est-ce qu’on mange ? »

  • Plus simplement, la façon dont sont exploités les centres d’intérêts : utilisation de forums spécialisés pour parler des chosechoses du moment, des chosechoses qu’on aime particulièrement, organisation d’événements, etc.

  • L’intérêt général porté sur la coque plutôt que sur le contenu (films, jeux, hommes/femmes…) ; la fatuité d’un riche homme d’affaires est la même lorsqu’il arbore sa superbe voiture ou sa compagne, toutes deux dotées d’une carrosserie surfaite et éclatante, qui ne font que révéler leur intérêt factice (l’apparence est tout ce qu’ils ont a donner ; on ne peut utiliser le potentiel de la voiture à cause des limitations en vigueur, et je ne pense pas que ce soit tant l’amour que l’argent que cherche la belle poupée).

  • L’attente de mon chien à l’heure ou le boucher ambulant est censé passer est la même que l’attente que j’éprouve lorsque le facteur est censé passer pour m’apporter un colis.

  • La façon de bâcler les chosechoses (passage d’un film, chapitre d’un livre)

  • Le blocage du « grand saut » (pour avaler un médicament, pour faire un salto, pour faire un flip flap en arrière, etc)

  • devoir faire des concessions, le sentiment lorsqu’on se résout à abandonner une partie de notre histoire, des idées pour un projet…

  • La façon dont les nouveaux étudiants jouent avec les mots du domaine qu’ils étudient comme des enfants jouent avec leurs jouets, l’utilisation de surface qu’ils en font.



« Hé, mais c’est mon idée ça ! »

Tout à l’heure je parlais de découvertes. En travaillant sur cet essai, je me suis construit un large ensemble de concepts permettant d’articuler ma réflexion. Et comme je l’évoquais dans le prologue, avec le temps je me suis rendu compte que la plupart de ces concepts (ou tout du moins leur essence) avaient déjà été abstraits du monde, avaient déjà été « inventés » par quelqu’un d’autre. C’est incroyable le nombre d’idées que j’ai développées dans mon coin et que j’ai ultérieurement retrouvées ailleurs, sous un autre nom. Enfin quelque part c’est logique et rassurant : on observe tous le même monde, alors si celui-ci est structuré il est attendu que l’on retombe sur les mêmes résultats, et donc que plusieurs personnes puissent « dériver » ces résultats indépendamment (~ c’est une sorte de « cross-validation »). Il y a l’idée de contraintes et d’une convergence (cf ré-émergence fonctionnelle). C’est rassurant mais quelque part ça peut être décourageant. Car depuis le temps, on peut avoir l’impression qu’il n’y a pas une seule chosechose qui n’ait pas déjà été faite (ou qui y ressemble).

Pour comprendre ce concept j’aime bien prendre l’exemple des arts martiaux. À une époque sans culture, si deux êtres humains réfléchissaient au développement d’un système de défense avec leur corps, ils développeraient probablement des techniques très similaires, même s’ils ne seraient jamais entrés en contact. Car il n’y a pas des milliers de manières de faire efficacement des dégâts avec son corps.

En tout cas cette convergence est l’une des raisons pour lesquelles je trouve le brevetage d’idées vraiment stupide. Face à un même problème, les gens vont développer des solutions similaires. Pourtant personne n’aura copié sur personne. D’ailleurs dans le domaine scientifique, il n’est pas si rare que certaines découvertes émergent de façon synchrone dans plusieurs pays différents (du fait de la conjoncture et de l’epistémè courants, cf chapitre 14).



Toujours est-il qu’il ne faut pas pour autant renier et négliger la part des influences inconscientinconscientes dans la génération d’idées. Au début ou à la fin de beaucoup d’œuvres on peut voir ce genre de notes : « Tout ressemblance avec des faits réels ne serait que pure et fortuite coïncidence », « Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite ». Défendre à 100 % ce genre d’affirmations, c’est soit être hypocrite, soit ne pas comprendre la façon dont on dérive et synthétise les idées. L’inspiration n’a rien de hasardeux. Tout ce qui passe dans notre esprit influence notre imagination (~ cf suggestionsuggestion, chapitre 15). Consciemment on ne « pique » pas les idées des autres, mais notre inconscientinconscient cognitif lui peut le faire pour nous.

De par mon activité latente de réflexion je pense avoir fait émerger beaucoup de « bonnes » idées de façon assez indépendante, mais il ne fait aucun doute que dans l’ensemble, j’ai été beaucoup aidé par la conjoncture actuelle des connaissances (ce qu’on appelle l’épistemè), et influencé par le milieu dans lequel je me suis développé. D’une certaine manière je ne suis que le produit de ma nature intrinsèque et de la culture extrinsèque à laquelle j’ai été exposé.

Note : ceci rejoint les théories de l’énaction, de l’ « extended cognition » de l’ « embedded cognition » : la cognition ou plutôt l’émergence des événements cognitifs dans un organisme est définie par l’interaction (qui est majoritairement « passive ») entre cet organisme et son environnement.

Par exemple, quand un individu met en place une théorie novatrice, et que cette théorie parvient à se diffuser dans le « réseau humain », celle-ci va changer la cognition des individus affectés. La conjoncture dont je parlais tout à l’heure renvoie à toutes ses idées qui sont « dans l’air du temps » et qui nous influencent.



« T’y connais rien mais tu saisis quand même le truc, hein ? »

Il nous arrive souvent d’utiliser certains concepts même s’ils nous sont flous. Un exemple parlant est l’utilisation du vocabulaire dans un langage. On ne connaît pas bien la définition de la plupart des mots qu’on utilise… et pourtant on les utilise correctement. Le cerveaucerveau a une capacité d’estimation de l’intuition rattachée à un mot assez poussée (phénomène d’inductioninduction ~= comment les bébés apprennent).

Par exemple, quand j’écris un texte, il m’arrive de penser à une intuition et de très rapidement lui coller un mot que je n’ai quasiment jamais employé. Seulement je ne suis pas sûr que ce mot corresponde bien à cette intuition, car justement je n’ai pas la définition « en tête ». Néanmoins je sens que c’est lui. Je vais alors vérifier sur Internet si j’ai visé juste, et je constate avec une certaine stupéfaction que c’est souvent le cas. Cette capacité doit non seulement reposer sur une recherche dans « la base mémoire » pour faire une approximation, mais également dépendre en amont d’un processus de « parcage inductif » effectué sur le long terme : dès qu’un mot « flou » est utilisé dans un contexte (par un acteur extérieur), l’esprit estime son intuition et l’associe avec. Pour vous en convaincre je peux vous donner un exemple avec ce texte. J’ai à plusieurs reprises parlé d’esprit et pourtant je n’ai pas encore expliqué clairement ce que j’entendais par là. Je ne pense pas non plus qu’actuellement vous avez une idée claire de ce que c’est (à moins que vous soyez spécialiste), et pourtant vous avez saisi où je voulais en venir. Votre conception de ce qu’est l’esprit est sûrement à la fois floue et intuitivement juste !

Il m’arrive aussi, plus rarement, de penser à une intuition et d’avoir l’intuition qu’il existe un mot qui lui corresponde, le mot idéal et adéquat, sans que je ne puisse le trouver. Dans ces conditions, j’ai souvent des images de situations correspondants à ce mot. C’était le cas pour la recherche du mot « conjoncture », qui m’a fait penser à écrire ce paragraphe (~ cf thread). Avant de le trouver j’avais l’idée d’un mot peu courant, que j’avais entendu très peu de fois, et dont j’étais quasiment sûr de ne jamais avoir employé. Je le voyais bien commencer par un « c », et la recherche m’évoquait les mots « contexte », « congruence », « forces », « état », « tensions », « milieu ». C’est dire le peu d’informations concrètes que j’avais sur ce mot. Et pourtant je « savais » que c’était lui qu’il me fallait, c’est dingue.

Par introspection, je me rends compte qu’on utilise également bon nombre d’expressions dans un contexte approprié alors qu’on ne s’est jamais questionné sur l’origine de l’expression en question, sa racine. On utilise l’expression parce qu’on sent que c’est ça qu’il faut dire. Un midi alors que je pensais à cet article (ce qui nous le verrons plus tard signifie que le fil mental – thread – de ce chapitre avait une bonne priorité), j’ai entendu quelqu’un dire « il ressemblait comme deux gouttes d’eau à … ». C’est alors que j’ai pris conscienceconscience de ce phénomène d’inductioninduction, connaissant bien l’expression mais n’ayant jamais fait le rapprochement avec les gouttes d’eau « dans ma tête », jusqu’à ce jour. J’utilisais cette expression en me reposant sur les données que j’avais associées à elle : la première fois que quelqu’un l’a utilisée en ma présence, admettons pour parler de deux jumeaux qui se ressemblent beaucoup, mon esprit à fait le rapprochement entre le phénomène de ressemblance et l’expression employée pour souligner cette ressemblance. Et si plus tard l’expression est utilisée une nouvelle fois et que de nouveau ce phénomène de ressemblance soit remarquable, alors par inductioninduction mon esprit commencera à être sûr du sens de cette expression, sans jamais avoir eu besoin de réfléchir à son origine. Il abstrait le sens par recoupement des données (~ distillation). Quelques exemples d’expressions mettant peut-être mieux en avant ce phénomène : « donner sa langue au chat », « reprendre du poil de la bête », « broyer du noir », « découvrir le pot aux roses », « travailler d’arrache-pied », « ne pas être piqué des hannetons », « faire chou blanc », « faire son petit bonhomme de chemin », « c’est coton », « avoir la pêche », « veiller au grain », « être de la même trempe », « une intrigue cousue de fil blanc », « Geronimo ! » ; beaucoup de gens les utilisent correctement, peu les comprennent vraiment.

Pour faire l’expérience, il peut être intéressant de vous demander combien, parmi les 14 expressions précédentes, y en a-t-il dont vous savez ce qu’elles veulent dire et/ou dont vous savez pourquoi on les utilise, mais dont vous ne vous êtes jamais demandé pourquoi on dit ça comme ça et/ou dont vous n’avez aucune idée (qui ne soit pas confuse) de pourquoi on dit ça comme ça (~ leur origine).

On utilise également quantité de figures de style sans savoir que ce sont des figures de styles.

On pourrait presque dire qu’on ne sait pas vraiment ce qu’on dit. C’est pour ça qu’il est intéressant de faire un glossaire quand on travaille sur un sujet vaste. Cela permet de prendre du recul et de définir de quoi est-ce qu’on parle exactement.

Une manière plus générale de dire les chosechoses est qu’à travers notre expression, nous sommes les véhicules inconscientinconscients de la logique fonctionnelle du monde. Les gens qui étudient les oeuvres d’arts (peintures, poèmes…) attribuent énormément de sens a posteriori aux créations humaines. Ces gens pourraient apprendre aux auteurs ce qu’ils ont voulu dire !

AbstractionAbstraction :

Cela vaut aussi pour l’origine, la racine des mots. Cela peut faire bizarre de considérer un mot qu’on n’a jamais vraiment considéré (ou que l’on n’a pas considéré depuis la première fois qu’on l’a entendu) « Ah ouais il est comme ça en fait ». C’est pour ça que les mots d’une autre langue nous paraissent plus bizarres (« dojo ») que ceux qu’on utilise au quotidien, on les considère du fait de leur non référencement (cf effet de la relativitérelativité, perte d’attention, lassitudelassitude, perception utilitaire).

AbstractionAbstraction : « fumer tue » sur les paquets, les fumeurs ne le voient plus après une semaine.

C’est la couleur d’un fruit qui indique sa « santé » – raccourci et extrapolation

Quand une personne assise bouge le pied alors qu’elle fait quelque chosechose, cela indique qu’elle se sent bien (on peut dire la même chosechose avec la queue de certains animaux). Il y a un langage du corps.

Quand une personne (grand mère) écoute une conversation et bouge les lèvres, cela ne veut pas dire qu’elle veut prendre la parole mais qu’elle fait attention à ce qui est dit. Cette action de succion est visible chez les bébés. Autre exemple : la queue des animaux (chat, chien). Ex : Façon d’écrire (appliqué, courbes, etc).

De manière générale, on peut tirer beaucoup d’informations d’un « échantillon » : expression du visage, façon de parler, façon d’écrire (majuscules, ponctuation, etc), position lorsqu’on dort. Certaines chosechoses en disent « long » car nous fonctionnons à l’inductioninduction et créons/utilisons des raccourcis énormes entre les chosechoses, sans se rendre compte qu’il s’agit de raccourcis.

Les traits de caractères (les valeurs, chapitre 9) ont une répercussion sur le comportement. Personnes introverties ont une manière typique de parler, tout comme les femmes avec responsabilités, les marketeux, les pétasses, les gays, etc.

C’est pour ça que dans mon approche, j’observe, je fais attention à toutes ces chosechoses que l’on prend pour acquises, qu’on outrepasse. Je me dis « Hé, attends une minute là ».


Le niveau d’abstractionabstraction « humain » et la perception existentielleperception existentielle

L’être humain, être de raison ? Pas vraiment. La raison est à peine une seconde nature chez nous, nous ne l’appliquons que sur bien peu de chosechoses.

Pourquoi c’est beau ? Pourquoi c’est moche ? Pourquoi ça pue ? On s’en fout

En effet, dans notre appréciationappréciation du monde, il est étonnant de constater la non nécessité globale de raisons, et même l’absence naturelle de raisons. On fait totalement abstractionabstraction du « bas niveaubas niveau », du pourquoi c’est comme ça. Notamment au niveau des ressentis. Pourquoi cette peur de l’obscurité, des bestioles, pourquoi cette attraction vers le sexe opposé (les formes généreuses) ? Pourquoi le sexe est un sujet sensible ? Pourquoi le sport ? Pourquoi j’aime ça, pourquoi je n’aime pas ça, pourquoi je fais ça (pourquoi je vais à l’école, pourquoi j’ai un travail) ?

Pourquoi on rit (et comme cela) ? Pourquoi on s’ennuie d’une chosechose ? Pourquoi on apprécie une chosechose ? Pourquoi s’embrasse-t-on sur la bouche ? Peur altitude. Pourquoi certaines odeurs sentent bon et d’autre mauvais ? Tant de questions sans réponses rationnelles évidentes. C’est pour ça qu’il a fallu longtemps avant de voir émerger les théories type Évolution.

Pourquoi on va à l’école ?

Toutes les raisons que l’on pourra trouver (à l’état naturel) seront fausses, superficielles. Je dirais même que de notre point de vue, il n’y a rien de rationnel. C’est comme ça, on ne se demande pas. C’est normal.

La raison de cette appréciationappréciation, c’est que l’inductioninduction pourrait, inconsciemment, être à la base de l’appréciation. Ainsi les hommes apprécieraient les formes des femmes (hanches, poitrine, etc) et les femmes la musculature des hommes parce qu’ils ont, à répétition au cours de l’histoire de l’espèce, été associés à des chosechoses « positives » pour la survie (fertilité, force protectrice, etc). Nous hériterions ainsi du résultat de certaines inférenceinférences évolutionnaires de l’histoire de nos ancêtres, résultats qui seraient plus ou moins renforcés à chaque génération, et qui formeraient la base de notre appréciationappréciation. À terme, l’appréciationappréciation serait ainsi une sorte de raccourci permettant de simplifier la vision du monde : on ne fait pas le lien entre les traits d’une dimension (formes, musculature, …) et de l’autre (fertilité, force protectrice, …), on apprécie directement sur la base de la première.

D’une certaine manière, nos vies sont menées par de vieilles valeurs, vestiges de l’évolution (cf chapitre 5). Même dans nos comportements de plus haut niveauhaut niveau on peut retrouver (à tort ou à raison) l’idée d’assouvir nos instincts. Mais pour nous ça n’a rien à voir (à part quand on y réfléchit comme ici bien sûr), car le lourd passif du monde est intégré comme si de rien il n’était dans notre appréciationappréciation. Plus que recréer le monde sur ses bases, on recrée les bases à un niveau humain. Le monde entier aurait pu apparaître directement dans l’état dans lequel il est actuellement, sans antécédents, sans explications, que ça ne changerait pas grand chosechose pour nous. D’ailleurs c’est l’idée que l’on retrouve dans beaucoup de religions (~ création du monde et de l’homme).

(BEVBEV Abs et nature humaine : fait de la recherche pour assouvir instinct. Trouver des trucs, être un winner.).

La magie de la conscienceconscience fait que l’on a un point de vue « interface utilisateur » (au sens informatique) sur le monde et les chosechoses. Un point de vue « naïf » (~ cf la « folk psychology »). La façon dont on approche (et parle de) la propreté, l’esthétique, la pilosité, les amis, la famille, le vieillissement, le travail, la pensée, le sommeil, les rêves, la météo, l’« air » des personnes, les relations hommes-femmes, la douleur, la maladie, le soin de son corps (coupe de cheveux, etc, de la même manière que les chats font leur toilette, il n’y a pas de raisons profondes à cela), la notoriété, les voix, la musique…

En fait tout nous apparaît intégré sur un seul et même niveau, les chosechoses les plus éloignées de notre nature comme les chosechoses les plus proches. Et nous n’avons accès qu’à ce niveau, cette surface (le reste est caché). On ne voit pas ce qu’il y a en dessous (~ les rouages des mécanismes) ni ce qu’il y au dessus (buts1). Ce n’est pas qu’on ne peut absolument pas voir, c’est que les chosechoses nous apparaissant comme des produits finis, on a l’impression qu’il n’y a rien à voir. D’une certaine manière, on voit les chosechoses uniquement pour ce qu’elles sont. Des perceptions.

Lorsque nous sommes enfants, en particulier dans les sociétés « évoluées », nous n’imaginons pas tout ce qui trame derrière le monde qui nous entoure. Nous n’imaginons pas que les jouets que nous aimons sont des produits « marketés » par une intelligence ayant un but tout autre que celui de nous faire plaisir : faire de l’argent. De la même manière, nous n’imagions pas que les dessins animés que nous regardons ont été « taillés » par des adultes pour satisfaire nos esprits de bambins. Nous restons sur notre niveau d’enfant. C’est quand on grandit que l’on réalise ce qu’ « est » le monde, et que l’on passe alors à un niveau adulte. Et jeune adulte, nous n’imaginons pas toute la logique biologique qui se trame dans le monde. L’idée générale de la perception existentielleperception existentielle est qu’en réalité, nous ne sortons jamais vraiment de cette vision naïve du monde. Car la perception est fondamentalement naïve et sélective.

Note1 : C’est pour ça que dans les chapitres suivants (4, 6, 14, 22) j’amènerais l’idée selon laquelle – malgré notre impression de libre arbitre individuel (~ personnel) – nous, l’ensemble des humains, ne sommes d’un point de vue non-humain qu’une cellule au comportement relativement simple et stable (mais, magie de l’abstractionabstraction, nous ne nous en rendons pas du tout compte). Quand on est policier on n’a pas vraiment l’impression d’être un agent régulateur, on a l’impression d’être policier.

La société n’explique pas tout.

les magasins, etc Les vêtements. Animaux de compagnie, villes.

C’est intégré et se traite de manière très naturelle.

La recherche de raisons

Même si nous ne le faisons pas naturellement, nous avons la possibilité de nous questionner sur les raisons des chosechoses. D’ailleurs, du fait de notre appréciationappréciation, je pense qu’on a d’abord tendance à se questionner sur les chosechoses extérieures plutôt que sur nous mêmes. « Comment font les oiseaux pour synchroniser leur vol ? », « Comment font les fourmis pour gérer toute leur organisation ? ». C’est simplement parce que certains animaux font des chosechoses que nous n’arrivons pas à faire que l’on se questionne (car comme nous le verrons plus tard, l’appréciationappréciation est relative : la simple rareté fait la valeur, et réciproquement le caractère commun la perte de valeur ; extraordinaire signifiant simplement « qui sort de l’ordinaire »). Si on savait le faire, on ne se poserait pas de questions. Mais pour les animaux, c’est comme nous ; ils sont sur leur niveau, ils n’ont pas besoin d’explications ni de raisons.

Ainsi, avant de se demander comment les animaux font, il serait peut être plus opportun de se demander comment nous nous faisons. Avec la banalité de tous nos comportements, on ne se rend même plus compte de ce qu’ils impliquent.

(C’est relatif, car dans l’absolu un virtuose en musique ou autre ne fait pas plus de virtuose que dans la vie d’un autre).

Par exemple, lorsqu’une personne nous parle, nous l’écoutons généralement sans analyser autre chosechose (on ne se dit pas « Qu’est-ce qui me parle ? Comment fait-il ? Est-ce que cela a une signification ? Comment dois-je faire pour comprendre ce qu’il dit ? Mais au fait, comment fait-il pour tenir debout déjà ? ».

Notre interprétationinterprétation des chosechoses est totalement biaisée selon des mécaniques rodées qui s’embrayent dans une succession d’automatismes (~ adaptationadaptation), nous faisant suivre des rails invisibles. Des tas de chosechoses sont tellement communes qu’elles passent totalement à la trappe, abstraites par l’esprit. Il peut être intéressant de mettre des bâtons dans les rouages de l’interprétationinterprétation naturelle, de prendre du recul et d’essayer d’observer les chosechoses sans traitement de haut niveauhaut niveau, comme si c’était la première fois qu’on les observait (~ d’essayer d’analyser les chosechoses plus « objectivement », de traiter les chosechoses qui nous apparaissent sans automatismes). Pour cela, il faut faire comme si on découvrait et qu’on ne connaissait pas ; c’est un peu le même état d’esprit que celui qu’on peut avoir lorsqu’on visionne une scène de film de science fiction dans laquelle est présentée une ville d’une civilisation extra-terrestre. D’ailleurs, quand on regarde un film (ou même d’autres êtres humains dans la réalité), on peut tout à fait imaginer les acteurs comme des extra-terrestres (ou des animaux), et analyser les événements en conséquence.

Il est par exemple intéressant (et assez étrange) d’analyser les comportements et le visage d’autrui comme si c’étaient ceux d’un nouvel « animal » (car nous traitons/analysons nos congénères d’une manière spécifique et indépendante, comme s’ils étaient totalement à part du reste (du règne animal). À ce sujet il est intéressant de remarquer qu’on a appliqué nos mécanismes aux machines sous des termes différents [abstractionabstraction dans l’abstractionabstraction]). On le voit alors d’un autre œil. Au niveau esthétique, les critères de beauté ne valent plus avec une vision descendue : la peau apparente et les cheveux (petit endroit avec des poils) sont des traits assez vilains d’un point de vue animal (un peu comme les chats sphynx). Et bien que nous n’en sommes relativement pas si éloignés, cela fait très bizarre de nous regarder comme si on était des singes, c’est comme si cela brisait une partie du voile de la perception existentielleperception existentielle et qu’on se percevait alors plus rationnellement (de manière moins naturellement adaptative et économique). On paraît assez ridicule avec nos vêtements, coupes de cheveux, etc. Tout est réduit à un état plus primitif, que l’on ne perçoit pas avec le filtre naturel (c’est incroyable les chosechoses qu’on rate). C’est comme si on mettait des lunettes dotées d’un filtre « rigolo ». On perçoit alors beaucoup plus clairement que nous sommes une extension de la Nature, et non une partie qui a sa propre logique. On perçoit que tous les principes que l’on observe dans la Nature se retrouvent chez nous. C’est juste que pour nous, tout ce qui est humain est naturellement perçu de manière si spéciale.

Mais regarder les chosechoses ainsi, est-ce enlever un voile ou au contraire en rajouter un ?

Mais en fait on est humain.

Voir les chosechoses comme elles sont

D’aucuns diraient qu’en regardant l’homme comme un animal, on perd ce qui lui est propre. Difficile de se dire que si on se trouve beau devant un miroir, c’est simplement parce qu’on détecte certains traits favorables à l’évolution. Difficile de se dire qu’on trouve une personne belle pour la même raison. De notre point de vue, c’est simplement beau, il n’y a pas d’explication. On peut tout interpréter en se focalisant sur des couches inférieures, mais au final on est quand même sur des chosechoses nouvelles, qui transcendent ces couches inférieures. Par exemple, quand on voit un super-héros dans un costume sombre et massif ou une héroïne dans un costume sexy, on peut juger par le bas et dire que si c’est stylé (et que l’auteur a trouvé cela stylé) c’est parce que cela met en avant des attributs marquants à l’égard de l’évolution ; ce qui n’est pas totalement faux. Mais en fait, à notre niveau, cela ne compte plus, on est sur quelque chosechose d’au dessus de ça, ce qu’on peut appeler le « style » justement. Le style existait-il à l’époque de l’établissement de ces critères ? Rien n’est moins sûr.

L’interprétationinterprétation est donc très importante pour le jugement. En essayant de créer des explications, j’ai parfois l’impression de sur-interpréter (interpréter à tort des chosechoses qui ne devraient pas l’être), d’essayer de voir les chosechoses autrement qu’en tant qu’humain (voir les chosechoses comme un ordinateur par exemple) alors que je suis humain et que donc je ne le peux. (Notre intelligence est-elle plus qu’une intelligence propre à l’humain ?).

Par exemple, prenons le cas des décisions. Naturellement, elles m’apparaissaient comme des actions choisies et délibérées. Mais après réflexion (cf chapitre 14), elles m’apparaissent plus comme étant des réponses automatiques qu’autre chosechose. Néanmoins, ce n’est pas humain de voir les décisions ainsi. Si je regarde un visage comme un ensemble de matière, est-ce que je regarde toujours un visage ? En usant de la flexibilité de notre capacité d’abstractionabstraction, on en arrive très vite à se dire que certaines chosechoses ne sont pas ce qu’elles sont. Mais ce qui est, est ce qu’il est, sinon quoi ?

AbstractionAbstractions de l’esprit, les chosechoses sont comme elles sont, et quelque part, toute manière extérieure de les voir est insensée. Futile et décalée.

La transcendancetranscendance se caractérise par cette idée selon laquelle en dépit de leurs antécédents, de leur composition, les chosechoses prennent un nouveau départ par rapport à ce dont elles sont issues. La substance des chosechoses n’est pas tant dans ce que la raison dit qu’elles sont faites que dans la façon que notre perception a de les faire. Dans un bon et un mauvais combat « professionnel », on retrouve les mêmes éléments techniques. C’est l’agencement, et même plus encore, l’interprétationinterprétation de cet agencement qui en fait un bon ou un mauvais combat pour l’esprit qui perçoit. Un esprit non initié ne peut donc pas distinguer un bon d’un mauvais combat professionnel. Une symphonie musicale grandiose n’est pas plus difficile à lire pour un ordinateur qu’une piste commerciale de qualité médiocre. Quand on trouve quelque chosechose « nul », c’est bien souvent qu’on n’arrive pas à percevoir et comprendre la beauté de l’agencement. Mais tout ça, c’est pour un autre chapitre – 10.

Le fast-food (pizza, hamburger) c’est pas bon. Ben c’est quoi être bon alors ? C’est pas naturel de voir les chosechoses ainsi.

Attiré par le neuf, on aime le neuf. Mais d’un autre côté on s’adapte au neuf, alors c’est inutile d’être attiré par le neuf et en réalité on ne l’était pas vraiment. (Après coup on peut être déçu) On en avait pas vraiment envie, pas vraiment besoin. Mais qu’est-ce que l’envie et le besoin sinon ça ?

Quand on grandi notre vision du monde change, et on se dit que les chosechoses n’étaient pas ce qu’elles étaient.

Plus généralement en décomposant la conscienceconscience, je la vois bien différemment de la vision « naturelle ». C’est plus haut que ça, plus « magique ».








Nouvelles règles.



Comme je le disais à propos du langage, nous avons une façon d’aborder les chosechoses typiquement sur un seul niveau. L’abstractionabstraction est absolument partout. Toute manifestation de l’homme implique grandement l’abstractionabstraction. Tout ce qu’on peut penser est, à un degré plus ou moins fort, abstrait. Le concret fait figure d’exception.



Le plus incroyable c’est le style : la barbe, les coupes de cheveux, etc.



Bas niveauBas niveau, haut niveauhaut niveau et transcendancetranscendance : know your place

La transcendancetranscendance se caractérise par cette idée selon laquelle en dépit de leurs antécédents, de leur composition, les chosechoses prennent un nouveau départ par rapport à ce dont elles sont issues. La substance des chosechoses n’est pas tant dans ce qu’elles sont faites que dans la façon qu’on a de les faire. Dans un bon et un mauvais match (SF4), on retrouve les mêmes éléments. C’est l’agencement, et même plus encore, l’interprétationinterprétation de cet agencement. Une symphonie n’est pas plus difficile à lire pour un ordinateur qu’une œuvre commerciale de qualité médiocre. [Quand on trouve quelque chosechose « nul », c’est bien souvent qu’on n’arrive pas à comprendre l’agencement. Mais ça c’est un autre chapitre – 10].



Certaines personnes usent d’ailleurs de ce principe pour (Langage nébuleux, incompréhensible) pour empêcher certaines personnes d’accéder au sens.



Traduction automatique : grammaire correcte, substance perdue. (~ capture pas la même intuition)





AbstractionAbstraction sens nouveau départ, RelativitéRelativité et traitements de haut niveauhaut niveau : blanc veut dire clair, or black (qui veut dire noir) vient de blanc. On différencie automatiquement la langue (traitement de haut niveauhaut niveau), ce qui annule complètement l’influence des similitudes de bas niveaubas niveau pour déterminer le sens. Bats (anglais / français).



















C’est comme tous les phénomènes émergents auxquels nous participons inconsciemment (~ suivi de règles implicites). Les rails invisibles.







CONSIDERATION

Tours et travaux d’esprit

De manière générale, la connaissance ne change pas vraiment le sens des chosechoses. Elle permet surtout l’abstractionabstraction isolanteabstractionabstraction isolante. C’est tout de même assez étonnant de constater que dans un monde où les possibilités de connaissances sont si vastes que même rassembler le savoir de toutes les vies humaines ne suffirait pas à en faire le tour… un individu seul peut vivre. Il y a tellement de paramètres à prendre en compte et pourtant… On n’a vraiment pas besoin de connaître grand chosechose pour mener sa vie. Et nous le verrons plus tard, c’est ce qui fait que l’ignorant peut être heureux sans rien y connaître de toutes « les lois » et autres mécanismes naturels qui permettent de savoir « scientifiquement » comment être heureux. D’ailleurs quand on parle de « bon sens », c’est souvent en faisant référence à des personnes qui n’ont pas fait beaucoup d’études mais qui raisonnent correctement grâce à la sagesse apportée par l’inductioninduction (~ expérience). Nous verrons par la suite qu’aussi savant puisse-t-on être, notre connaissance restera toujours toute relative par rapport à la globalité du monde. Et cela ne nous empêche pas de percevoir la qualité de toutes les chosechoses que l’on ne connaît pas. Par exemple, quand une prestation artistique est bonne, cela se voit même si on sait à peine comment courir ! De la même manière, quand un repas est bon, cela se sent, pas besoin d’être cuisinier. Comme je l’ai dit un peu plus haut, la connaissance permet surtout l’abstractionabstraction isolanteabstractionabstraction isolante : c’est à dire qu’on va être capable de décomposer ce que l’on voit (ou ce que l’on goûte, etc), de mieux l’identifier, de le décrire précisément, de le critiquer… Si on n’arrive pas à abstraire, on prend dans la globalité et puis c’est tout.

Il est étonnant de constater qu’en plus de l’appréciationappréciation des émotions (traits du visage, regards, etc) nous sommes capables d’apprécier naturellement toute sorte de qualité. Alors il y a bien sûr la qualité du corps qui « saute au yeux » (une musculature développée chez un homme, une forme svelte chez une femme) mais également des positions, des mouvements, etc (arts martiaux). Il est assez étonnant de se dire que l’évolution (cf chapitre 5) a également pris cela en compte dans notre écriture. Cette appréciationappréciation naturelle et automatique est l’une des clés de l’apprentissage en autonomie complète (sans professeur et sans « cours ») : on essaie des chosechoses et dès qu’on sent (~ qu’on apprécie) qu’on tient quelque chosechose, on le garde et on le développe. On parle aussi d’apprentissage par essais et erreurs. À cela s’ajoute l’inductioninduction : avec l’expérience, on développe de nouvelles techniques, on développe notre expertise (ex : conduite). On se repose sur ses acquis, mais on ne s’en tient pas à eux.

C’est également à cause de l’abstractionabstraction et de l’inductioninduction que l’on peut voir certaines personnes qui parlent très bien, qui sont à très l’aise à l’oral et qui pourtant sont tout l’inverse à l’écrit. On n’a pas besoin d’être bon en orthographe pour s’exprimer à l’oral. Et réciproquement, ce n’est pas grâce à une maîtrise parfaite du langage écrit qu’on sera automatiquement un maître orateur, loin de là. Bien qu’il s’agisse du domaine du langage, il y a une spécialisation (abstractionabstraction dans l’abstractionabstraction).



L’abstractionabstraction et la perception – jugement angulaire

Nous pouvons approcher une même chosechose sous des angles différents, et donc à un instant précis, voir certaines parties d’une chosechose et pas d’autres. Quoiqu’il arrive, nous avons logiquement tendance à juger une chosechose sur la partie que l’on voit d’elle (~ jugement angulaire). Un jour on découvre quelque chosechose. On la regarde avec attention et contemplation, dans tous ses détails. Notre jugement envers cette chosechose est alors plein d’émotions. Trois ans après, on « côtoie » toujours cette chosechose. Mais on ne voit plus tous ses détails, on n’y fait plus attention. Le jugement envers elle est alors presque vide d’émotion. Puis, un jour, on se prend à regarder cette chosechose « avec l’œil du premier jour ». Le jugement se rempli d’émotion.

L’émotion est une charge qui s’attache généralement lors de la première expérience. Après cet ancrage, un « côtoiement » quotidien entraîne une perte progressive de la charge. On juge alors l’objet différemment, plus « techniquement », plus avec la tête qu’avec le cœur. On fait abstractionabstraction du côté affectif pour ne garder que les propriétés utiles au quotidien. C’est seulement en se posant et en ayant l’intentionintention de regarder chaque chosechose avec l’œil du premier jour que l’on se rend compte que cela fait trop longtemps que l’on n’a plus fait attention à ce que l’on voit tous les jours. Le ciel, les arbres, les murs de sa maison… D’ailleurs, dans notre maison, les invités de passage voient plus que nous ces chosechoses (photos, etc) auxquelles nous ne faisons plus attention depuis longtemps. Observer en détail le monde qui nous entoure et que l’on croît connaître réveille bien des chosechoses et permet d’entrevoir une certaine beauté « cachée ». Il y a plusieurs façons de voir le monde, et un défaut d’abstractionabstraction peut entraîner une vision fade qui à long terme mène à la dépression. L’origine et les aspects de cette modulation de la « vision » sera expliquée dans le chapitre 9 (~ BEVBEV) et plus techniquement au cours de l’acte III.

[TODO] Dans la vie quotidienne on se concentre automatiquement sur ce qui nous est utile. Par exemple, lorsqu’une personne nous parle, on l’écoute généralement sans analyser autre chosechose (on ne se dit pas « Qu’est-ce qui me parle ? Comment fait-il ? Est-ce que cela a une signification ? Comment dois-je faire pour comprendre ce qu’il dit ? Mais au fait comment fait-il pour tenir debout déjà ? »

Note : cela recoupe avec la notion de « perception utilitaire » (Bergson?)



L’abstractionabstraction et la force d’esprit

Être capable de garder son attention sur son objectif malgré les mauvaises circonstances, ne pas se laisser distraire, ça aussi c’est une utilisation de l’abstractionabstraction. Par exemple regarder une vidéo (émission, film, etc) à la télévision ou essayer de dormir alors qu’il y a beaucoup de bruit ambiant. Continuer un effort sportif alors que la douleur se fait ressentir. Avoir ce type de force d’esprit, c’est avoir une forte capacité à guider son attention. Nous verrons dans l’acte III qu’en termes de bas niveaubas niveau, cela signifie être capable de filtrer (~ supprimer) les signaux même si leur intensité est forte. Nous verrons également dans l’acte II que cette force d’esprit, malgré sa nature de force, ne requiert pas d’effort d’abstractionabstraction conscient. En effet, si on se concentre à faire abstractionabstraction de la chosechose que l’on veut faire disparaître, alors on se concentre sur cette chosechose et elle devient notre nouveau monde du moment (je reviendrais sur ce point dans le chapitre suivant), c’est elle qui nous aspire. Dans le cas de la télévision, si on se concentre à faire abstractionabstraction du bruit ambiant, alors on n’entend plus que celui-ci et on n’arrive plus du tout à suivre notre programme ou à rester calme pour s’endormir. Dans le cas de l’effort physique, si on veut faire abstractionabstraction de la douleur alors on ne pense plus qu’à cette douleur et on finit par abandonner en s’écroulant. En fait il faut apprendre à relâcher sa conscienceconscience pour permettre à l’inconscientinconscient de travailler sans être gêné par la tension déstabilisatrice de la conscienceconscience. Le mieux étant de faire comme si les « parasites » n’existaient pas. C’est d’ailleurs ce que nous faisons naturellement pour de nombreux signaux : si vous écoutez bien il y a toujours un bruit ambiant qui pourrait vous déranger, si vous regardez bien il y a toujours une ou deux crasses sur les verres de vos lunettes ou sur l’écran de votre ordinateur ou encore le pare-brise de votre voiture, il y a toujours un point sensible sur la peau qu’on pourrait avoir envie de « gratter », et même par extension toujours des soucis latents/potentiels qui pourraient nous tracasser l’esprit. Mais la plupart du temps on s’en fiche et on ne les remarque même pas. Il faut faire pareil et rester tranquillement focalisé sur son objectif. C’est ainsi qu’il va nous aspirer.

PS : en psychologie on appelle habituation ce phénomène d’inhibition des stimuli non pertinents.



L’analogie

L’analogie est un type de raisonnement permettant de faire remarquer ou comprendre un phénomène en l’abstrayant d’un autre phénomène plus connu (ou tout du moins plus évident).

Par exemple cet essai à pour but de vous ouvrir les yeux sur le fonctionnement de l’esprit. C’est une analogie (métaphorique). J’ai abstrait la sensation connue « d’ouverture des yeux » (prise de conscienceconscience) et je l’ai assimilée avec la lecture de cet essai.

TODO En informatique, supporter deux bibliothèques différentes c’est comme vouloir forcément être capable de faire la même chosechose avec la main gauche qu’avec la main droite.



L’abstractionabstraction et la résolution d’énigme

Par croisement et recoupement, l’esprit peut percevoir un « puzzle » dont il manque des pièces. Si ces pièces manquantes sont isolées, il pourra les créer par déduction ensembliste.

Pour résoudre un problème complexe, composé de plusieurs couches, il est souvent intéressant d’étudier parallèlement chacune des couches pour les comprendre. En effet, en ayant une vision d’ensemble, en conceptualisant les contraintes de part et d’autre, en comprenant ce qu’on a besoin sur une couche supérieure et ce à quoi vont servir les éléments d’une couche inférieure, on comprend beaucoup mieux ce qui se passe dans chacune des couches. J’appelle cela la résolution ensembliste.

La technique du « sandwich » est un type de résolution ensembliste qui consiste à étudier deux couches éloignées pour comprendre ce qui se passe au milieu.

C’est un peu comme lorsqu’on voit un objet, par exemple une pomme. On ne voit qu’un seul côté, mais avec ce qu’on sait on arrive à imaginer l’objet dans son intégralité, en trois dimensions.



L’abstractionabstraction et la résolution descendante

(Aussi appelée résolution en aval ou résolution par avalement).

Grossièrement il, y a deux approches pour résoudre un « problème » : en amont c’est à dire en commençant par les couches les plus basses, ou en aval, c’est à dire en commençant par les couches les plus hautes.

Ah, voilà un procédé que j’affectionne tout particulièrement et qui mériterait grandement d’être développé dans la société. Mais tout d’abord j’aimerais définir le procédé opposé : la résolution ascendante. Cela consiste à comprendre un phénomène de haut niveauhaut niveau en commençant par comprendre les phénomènes de bas niveaubas niveau sous-jacents. C’est une approche très universitaire et scientifique, commencer par apprendre explicitement les bases, pour monter petit à petit, l’apprentissage par le bas. On peut dire que selon cette méthode, pour apprendre à jouer à un jeu il faut d’abord lire le manuel et comprendre les règles de ce jeu. L’avantage de cette méthode, c’est qu’elle nous évite de partir à la dérive en ne respectant pas les bases. Mais le gros défaut, c’est qu’elle est très fastidieuse, lourde, et inadaptée pour certaines personnes qui sont faites pour aller à l’essentiel. J’en fais partie, et c’est pourquoi je lui préfère grandement le système de résolution descendante, un procédé qui comme nous le verrons plus tard est bien plus en accord avec la logique de notre esprit (~ nous ne sommes pas des machines, dont les capacités sont faites pour être exploitées directement).

L’apprentissage par le haut consiste à comprendre un phénomène de bas niveaubas niveau en commençant par comprendre un ou plusieurs phénomènes de haut niveauhaut niveau qui l’utilisent. C’est une approche plus terre à terre, on se fixe un but abstrait et on le « dégrossit » petit à petit. On peut dire que selon cette méthode, pour apprendre à jouer à un jeu… il faut tout simplement y jouer. L’apprentissage des règles est incident (~ pas fait de façon volontaire et délibérée), on apprend en jouant. L’avantage de cette méthode c’est qu’elle permet de comprendre en étudiant quelque chosechose qui nous intéresse, l’apprentissage devenant par conséquent implicite (le haut implique le bas). Grâce à l’envie et la joie de travailler sur cette chosechose intéressante, l’effort nécessaire pour apprendre est nettement moins perceptible qu’avec l’approche ascendante. Et pour faire l’analogie, j’ajouterais qu’il est nettement plus facile de descendre une pente à vélo que de la monter ! (notre esprit de par son fonctionnement inconscientinconscient pouvant être assimilé à quelque chosechose qui « roule » – ou plutôt déroule – comme nous le verrons plus tard. Il faut profiter de ce déroulement).

De même, c’est un peu comme manger un plat tout préparé plutôt que de manger les ingrédients un par un. Par exemple, j’ai du mal à manger beaucoup de riz sans aucun accompagnement. Mais si j’ajoute un peu de sauce, alors là ça passe tout seul. Pourtant, dans les deux cas le riz (la couche du dessous) est mangé. (D’ailleurs il est intéressant de voir la racine du verbe avaler : aval). Par abstractionabstraction, ce principe de « sauçage » est applicable à tous les domaines, et permet de faire passer tous les efforts ! Bien évidemment cet avantage peut se montrer préjudiciable : le problème avec la sauce c’est que ça peut faire passer quelque chosechose de mauvais pour quelque chosechose de bon (autrement dit, ça peut masquer la pourriture…).

Toujours est-il que pour moi, travailler sur un projet qui nous intéresse mais qui demande des compétences de bas niveaubas niveau dont on ne dispose pas est donc le meilleur moyen d’acquérir ces compétences. On parle aussi d’immersion, notamment dans l’apprentissage des langues.



De plus, ce procédé par le haut à le grand avantage de pouvoir être combiné au système de résolution ensembliste (voir encadré précédent). Explication ; admettons que l’on décide d’utiliser l’approche ascendante, c’est à dire de commencer par étudier les bases. Très vite, on se rend compte qu’on a du mal, on ne parvient pas à comprendre cette couche de bas niveaubas niveau. On décide alors d’utiliser l’approche descendante, c’est à dire étudier directement la couche de haut niveauhaut niveau sans avoir compris la couche de bas niveaubas niveau. Sur cette couche de haut niveauhaut niveau, tout est beaucoup plus clair pour nous, on comprend tout. Une fois comprise, on revient alors sur la couche de bas niveaubas niveau, et là « magie », on constate avec stupéfaction qu’on la comprend. En fait, l’étude de la couche de haut niveauhaut niveau a permis de définir un puzzle dont la nature des pièces est clairement identifiable. Ces pièces, elles se trouvent dans la couche de bas niveaubas niveau, la couche jusqu’alors incomprise. La compréhension des interactions de la couche de bas niveaubas niveau avec la couche de haut niveauhaut niveau, c’est à dire la définition du rôle des pièces du puzzle, nous a permis de comprendre le fonctionnement de ces pièces (~ clé pour décrypter les intuitions de bas niveaubas niveau) et donc de comprendre la couche de bas niveaubas niveau. On ne descend pas étudier le bases parce qu’on en a envie mais parce qu’on en a besoin pour continuer d’avancer sur la couche de haut niveauhaut niveau. Concrètement, l’apprentissage par le haut permet de directement entrevoir le sens, la finalité du travail, un élément très favorable à la compréhension chez certaines personnes. C’est motivant et ça aide à voir les chosechoses d’une manière plus globale et moins technique.

D’ailleurs même les études par le bas qui fonctionnent sont guidées par le haut, c’est à dire un but, une volonté entretenue par la personne qui étudie.



Notes : on retrouve également cette distinction d’approche descendante/ascendante dans les expressions anglaises « top-down » / « bottom-up ».

Résolution descendance et médecine

Et ce système de résolution descendante faisant partie de l’abstractionabstraction, il s’applique à tous les domaines. Par exemple pour la guérison, la résolution d’un problème sur une couche supérieure résout souvent les problèmes diagnostiqués sur les couches inférieures. Une tension physique qui disparaît après la résolution d’un conflit psychologique par exemple. Les symptômes physiques sont avalés car ils font partie du même problème résolu. Et ça comme je l’insinuais tout à l’heure, la médecine occidentale ne le comprend pas. Elle s’obstine à agir sur les couches de bas niveaubas niveau pour résoudre tous les problèmes physiques, une aberration informatique. Les médicaments quotidiens contre les maladies chroniques, ce n’est pas une panacée ; c’est un peu comme vendre des seaux à mettre en dessous des trous du toit de la maison (couche inférieure) quand il pleut plutôt que de fournir les moyens pour réparer le toit (couche supérieure). D’ailleurs les antivirus en informatique soulèvent exactement la même aberration. Et étrangement, dans les deux cas ce système de soin palliatif engrange énormément d’argent…

La médecine occidentale a décidé d’utiliser l’approche ascendante, ce qui n’est pas un mal en soit, cependant pourquoi s’être arrêté en chemin ? Il reste encore énormément de couches à gravir.

Bref dans les deux cas on constate souvent le même problème : on ne va pas assez loin. Les adeptes de l’approche ascendante et universitaire restent trop bas et les adeptes de l’approche descendante restent trop haut (~ business), ils ne descendent pas. Et donc ils n’apprennent jamais les bases et on aboutit aux dérives évoquées plus haut.



Parfois je m’attaque à l’analyse d’un code qui n’est pas le mien afin d’en savoir plus sur une fonctionnalité. En général, avide de comprendre « la clé utilisée », j’essaie directement de déchiffrer la partie qui m’intéresse. C’est une approche par le haut, qui est donc peu pénible (le sujet attire l’intérêt) et qui peut s’avérer efficace. Mais bien souvent, en voulant me précipiter je m’emmêle les pinceaux car je n’ai pas conscienceconscience des concepts sous-jacents. Par conséquent je me retrouve obligé de descendre et d’analyser les bases du programme afin de comprendre cette fonction de haut niveauhaut niveau.

L’approche que j’utilise dans la structuration cet essai découle de ce même constat. Plutôt que d’expliquer directement les mécanismes de l’esprit (ce qui est envisageable), je préfère d’abord vous fournir la base, l’ « environnement », qui permet d’éclairer la compréhension. Par exemple l’abstractionabstraction c’est en même temps la base et quelque chosechose de très haut niveauhaut niveau. Ayant employé une approche par le haut pour découvrir les chosechoses et construire cet essai, je n’ai d’ailleurs pas écrit ce chapitre en premier. Il s’est dessiné au fur et à mesure que je réfléchissais sur les autres chapitres, alors que j’avais besoin de descendre étudier les bases, alors que des recoupements m’apparaissaient entre plusieurs sujets. Mais alors pourquoi commencer par l’expliquer lui qui est venu « en dernier » (et donc ne pas retracer le chemin qui m’a mené à lui) ? Et bien pour faire une analogie un peu tordue, je dirais qu’on peut tout a fait réussir à marcher sur les bras sans solidifier explicitement son corps au préalable. Mais s’il nous manque vraiment la « musculature » de base, cet exercice sera énormément plus fastidieux à réussir (qu’après avoir entraîné son corps). Moi, mon « corps » s’est entraîné au fur et à mesure que j’essayais de marcher sur les bras. D’une certaine manière je ne savais pas que je cherchais cette musculature, je ne savais pas qu’il fallait entraîner mon corps et encore moins comment l’entraîner pour parvenir au résultat désiré : je m’appliquais simplement à essayer de marcher sur les bras. Et petit à petit alors que je progressais, mon corps s’est entraîné et cette musculature est apparue sans que ce ne soit voulu (~ elle accidentelle, collatérale). C’est pour cela que ce premier chapitre, cette musculature, s’est finalisée à la fin, quand j’avais déjà réfléchi à beaucoup d’autres chosechoses, alors que je savais déjà marcher sur les bras. Il m’est donc venu comme une simple constatation. A priori, vous, vous souhaitez juste lire cet essai, et non pas faire un long travail de compréhension comme je l’ai fait. C’est pour cela que je vous donne – ou tout du moins j’essaie de vous donner – la musculature avant de vous faire marcher sur les bras. Mais c’est également parce que j’ai conscienceconscience que commencer par le bas n’est pas le plus facile et intéressant pour l’homme que je vous ai conseillé de lire une fois ce chapitre sans forcément essayer de tout comprendre (afin de poursuivre sans avoir une musculature parfaite), quitte à y revenir plus tard, une fois que votre propre « musculature » se sera développée par le haut (~ comme la mienne).


Voilà pour ce premier principe. Mon travail sera donc de faire preuve d’abstractionabstraction afin d’extirper les principes, mécanismes, etc des phénomènes naturels.


1En mathématiques on abstrait à l’extrême : on appelle d’une lettre tout un phénomène, afin de mieux le représenter dans des relations complexes.

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