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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 3

La dualité

Qu’est-ce que le jour sans la nuit ? L’amour sans la haine ? Quand l’existence d’une valeur dépend de celle de son opposée.

 

La dualité est un principe étrange. En partie à cause de sa nature, mais surtout parce qu’elle ne suscite guère d’intérêt – du moins en Occident – en dépit de son omniprésence à tous les niveaux du monde. J’irais même plus loin en disant que nous semblons la négliger délibérément, que quelque part nous essayons de la cacher, comme si nous refusrefusions de la voir parce qu’elle nous dérange. Je pense que nous n’acceptons pas – naturellement – que le monde puisse fonctionner de cette manière, et cela se ressent énormément dans la direction de nos sociétés. Car en effet, si l’abstractionabstraction permet de décrire comment le monde est structuré, la dualité quant à elle permet de comprendre comment il fonctionne. C’est l’essence même du sens.

Ne vous étonnez pas de ne pas saisir clairement les propos du début de ce chapitre, appréhender ce principe de manière technique est assez difficile. Cela dit les exemples concrets qui suivent plus loin vous paraîtrons évidents j’en suis sûr.

Fondements

Comme nous l’avons vu avec l’abstractionabstraction, chaque chosechose est un ensemble d’autres chosechoses, de composantes. Et chaque composante, outre sa nature, est définie par sa valeur.

Prenons l’exemple de la composante esthétique d’une chosechose. En termes de langage de haut niveauhaut niveau on dit de la valeur esthétique d’une chosechose qu’elle est plus ou moins belle, plus ou moins laide. La valeur d’esthétique évolue donc du pôle « extrêmement laide » au pôle « extrêmement belle ». En termes mathématiques, une personne qui n’a pas saisi le principe de dualité dirait que la valeur évolue de 0 à 100. En revanche, une personne qui a très bien compris ce principe l’évaluerait de -100 à 100.

J’interromps l’exemple de l’esthétique quelques minutes afin d’expliquer clairement le principe de dualité et ainsi vous convaincre vous aussi de ce choix de pôle négatif à -100 et de pôle positif à 100.

Jamais l’un sans l’autre

Selon de nombreuses religions, l’Enfer c’est l’absence de bien, le mal absolu. De la même manière, le Paradis c’est le bien absolu, le bonheur omniprésent (youpi !). Le mal sans bien et le bien sans mal… Peut être, mais pas dans notre univers alors, et pas avec les chosechoses que l’on connaît.

Car si vous y réfléchissez suffisamment longtemps, vous remarquerez qu’ils ne peuvent exister l’un sans l’autre. C’est la bêtise qui fait briller l’intelligence. Et l’intelligence qui met en exergue la bêtise. La laideur embellit la beauté. La guerre crée la paix, et la paix crée la guerre. Il n’y pas de réconciliation sans dispute, pas de vacances/jours fériés sans travail. L’équilibre engendre le déséquilibre qui lui même rétablit l’équilibre. Et entre nous, les bons plats auraient-ils aussi bon goût sans les mauvais plats, et les mauvais plats aussi mauvais goût sans les bons plats pour marquer la différence ? Bref passons sur les exemples, ils sont partout.

c’est le corps qui définit l’esprit et l’esprit qui définit le corps.

Ils sont partout parce que le monde fonctionne dans la dualité : le bien s’oppose au mal, le tout s’oppose au néant, le proton à l’électron, l’acide au basique, l’oxydant au réducteur, le sympathique au para-sympathique, le matériel au logiciel, le corps à l’esprit, le masculin au féminin, l’excès au manque, la beauté à la laideur, le jour à la nuit, … Cette opposition n’est pas un hasard et elle est logiquement aussi réelle que notre esprit est réel ; pour faire l’analogie, chacun des deux pôles se pousse l’un l’autre tels deux béliers qui jouent des cornes, ils créent un mécanisme.



Définition mutuelle

Chacun des deux béliers pousse et retient l’autre, il participe à définir la position de son antagoniste, sa valeur. Enlevez un bélier et l’autre va foncer tout droit vers l’infini ou dans un mur. Il n’y a plus de mécanisme, plus de limite, plus de valeur. S’il n’y avait plus de laideur, il n’y aurait que de la beauté. Mais comment déterminer qui est beau si tout le monde l’est ? Pour se démarquer positivement dans un ensemble il ne suffit pas d’avoir une bonne valeur, il faut également que les autres valeurs de cet ensemble soient moins bonnes. Lorsqu’on est à l’école primaire en classe de CM2 on fait partie des grands, or l’année d’après en 6ème au collège, on fait partie des petits. En changeant d’ensemble on peut changer complètement de valeur. De sorte, on se rend compte qu’il y aura toujours des grands et des petits partout, pour la simple raison qu’il existe des différences de taille (aussi minimes soient-elles) entre les individus.

 

« Demandez à un crapaud ce que c’est que la beauté […] il vous répondra que c’est sa crapaude »(Voltaire)

Ainsi, si la laideur telle qu’on la connaît venait à disparaître, tout ce qui reste ne resterait pas beau pour autant ; la moindre différence fera qu’une partie des chosechoses restantes deviendra le nouveau « laid ». Il suffit de voir ce qui fait passer un visage de la beauté à la laideur : dans les grandes lignes, tous les visages sont des objets très ressemblants, ce sont les détails, les traits, les petits écarts qui font toute la différence du jugement de valeur. Comme je le faisais remarquer dans le chapitre précédent, être froid ou chaud ne tient qu’à quelques dizaines de degrés pour nous autres humains, quand bien même il existe des températures d’un ordre infiniment supérieur. Mais comme nous ne percevons jamais de température au delà d’un seuil et en dessous d’un autre, l’un devient la référence du chaud et l’autre celle du froid. La température au milieu, la température ambiante classique, devient quant à elle… le « rien » ! Pas qu’elle ne soit pas réellement présente, ni même que ce soit le « rien » dans l’absolu, c’est à dire pour tous les êtres vivants. C’est comme le silence : ce n’est pas l’absence de son, mais la stabilité perçue de celui-ci ; notre silence n’est donc pas universel, je suppose par exemple qu’il est loin d’être le même que celui des chauve-souris. On n’attribue pas d’existence aux valeurs que l’on perçoit quasiment en permanence, elles deviennent tout au plus un simple point de référence. Voilà pourquoi il est nécessaire d’avoir un antagonisme (aussi rudimentaire soit-il, le binaire a par exemple permis de construire des chosechoses incroyables en informatique), une valeur seule n’a en elle même aucun sens, elle n’est rien.

L’intelligence est un autre exemple assez parlant de « dualité fine ». En effet, celle-ci n’a cessé d’augmenter au cours de l’évolution des espèces, et pourtant nous considérons toujours certains individus comme étant particulièrement peu intelligents et d’autres comme étant très intelligents. L’intelligence évoluant toujours à l’heure actuelle, de très longues études en psychologie ont permis de mettre en évidence que le QI moyen augmente à chaque génération. Ce qui fait dire à certaines personnes que d’ici quelques décennies, il n’y aura que des individus très brillants. Mais maintenant, je suppose que vous comprenez bien que ce ne sera pas le cas.

D’une manière générale, les deux pôles d’une dualité ont donc besoin chacun l’un de l’autre pour exister. Le bien et le mal n’échappent pas à cette règle, aussi toute tentative d’éliminer l’un ou l’autre est vouée à l’échec.

AdaptationAdaptation

D’ailleurs quand le mal essaie d’éliminer le bien (ou l’inverse), il ne fait que le renforcer. On peut prendre comme exemple la lutte contre les bactéries : plus les antibiotiques ont progressé en efficacité, plus les bactéries sont devenues résistantes. De même plus les insecticides ont progressé en efficacité, plus les insectes sont devenus résistants, c’est l’escalade ou le cercle vicieux.

Dans l’autre sens, on peut citer le cas d’une personne qui se laisse aller dans sa vie jusqu’à ce qu’une épreuve très grave lui arrive, et là elle se met à puiser en elle des trésors d’énergie et elle surmonte son épreuve en développant une joie de vivre qu’elle n’avait pas auparavant.

La chosechose amusante c’est que je suis en train de dire du mal du bien (lorsqu’il cherche à lutter contre le mal) et du bien du mal (puisqu’il nous incite à aller puiser en nous des trésors qui sinon seraient restés inconnus et inutilisés). Si un bélier commence à pousser plus fort, l’autre devra lui aussi s’y mettre afin de garder sa position, et ainsi préserver un certain équilibre. Un équilibre ne se faisant pas avec une seule force, cela explique le choix des valeurs mathématiques évoluant du négatif vers le positif ( « -100 + 100 = 0 »).

Et la préservation de l’équilibre, c’est ce que les systèmes ont tendance à faire naturellement, à travers ce qu’on appelle l’adaptationadaptation. Elle peut être latente, ou radicale dans les cas de déséquilibres extrêmes (~ résilience) ; la quasi-disparation d’un pôle précède généralement une crise permettant d’éviter l’hécatombe et de rétablir l’équilibre en bouleversant le système : ce sont les maladies, les révolutions, etc.

Disparition d’un pôle, disparition des repères

L’absence d’un bélier est donc impossible, mais quand bien même, imaginons le cas inverse. Quel serait l’intérêt du bien si le mal n’existait pas ? L’homme serait peut-être alors tout simplement un être sans « conscienceconscience » s’il ne risquait pas de commettre le mal. Il n’ aurait pas besoin de morale et il ne serait pas libre de choisir. En outre, il n’aurait aucun mérite à faire le bien ni même aucun plaisir (voir chapitre 7).

Quel serait l’intérêt de la vie si la mort n’existait pas ? L’homme n’éprouverait peut-être aucun plaisir si la mort n’était pas la conclusion inévitable de son existence. « C’est la mort qui donne du sens à la vie ». Parce que notre durée de vie est limitée et parce que pour cette raison, nos possibilités d’actions sont finies, nos choix ont un sens.

La fin donne la valeur à nos choix qui, sinon, se trouveraient sans cesse remis en question sans jamais avoir de conséquences véritables puisqu’ils seraient amenés à se diluer dans l’éternité.

Une perception trompeuse

Mais « physiquement », pourquoi les deux pôles ne peuvent-ils pas survivre l’un sans l’autre ? La réponse, je l’ai donné dans l’exemple de l’esthétique et c’est de cette chère abstractionabstraction qu’elle découle : ce que nous voyons comme deux chosechoses distinctes sont en fait les composantes d’une même unité, ce ne sont que des abstractionabstractions d’un tout réel. En fait, il est possible que nous soyons naturellement faits pour voir les chosechoses ainsi, que notre perception se soit développée de manière à catégoriser et représenter les chosechoses distinctement et ainsi faciliter les décisions rapides. Ce qui aurait permis à nos ancêtres lointains de survivre malgré leur développement cérébral moins avancé (ne permettant pas une conception temporelle, évolutive des chosechoses).

À plusieurs reprises dans cet essai j’invoquerais la dualité pour mettre en évidence l’interaction des parties dans certains phénomènes que nous avons tendance à concevoir de manière morcelée (en particulier le cas central de l’unité corps/esprit). Comme je le disais, la dualité est partout, et donc réfléchir en gardant en tête ce concept permet de s’affranchir de bien des dilemmes et autres énigmes que notre esprit crée de lui même.

 

Ainsi, pour en revenir à mon exemple, ce qu’il faut donc comprendre, c’est que lorsque nous parlons de beauté et de laideur, nous parlons en fait de la même idée : la valeur d’esthétique. La beauté est une abstractionabstraction du langage et de l’esprit qui isole une partie des valeurs (0 à 100), tandis que la laideur abstrait l’autre (-100 à 0). Je développerais les caractéristiques de l’Évolution dans le chapitre 4, mais ce type de vision manichéenne « automatique » serait donc un reste évolutif structurel (hérité de nos ancêtres), permettant le discernement sur le court terme (voire sur le moment).

Le problème c’est que les chosechoses évoluent ; non seulement les deux béliers s’opposent, mais en plus ils ne font pas que du surplace : ils tournent en rond et entraînent une infinité de causes à effets sur le long terme. Les abstractionabstractions (~ beauté, laideur) ne sont donc pas deux parties d’une même chosechose, mais deux états d’une même chosechose. Et c’est bien là la raison de la perception dont nous disposons aujourd’hui : l’évolution temporelle des chosechoses (d’un point de vue abstrait) ne pouvait être prise en compte lors de l’émergence de l’intelligence ; beaucoup trop complexe à mettre en place. Et par conséquent, sans prise en compte de la dynamique les états différents sont abstrait en tant que tout individuels.

Heureusement, nos capacités, notamment en termes de mémoire (quantité et durée) et de recoupement d’informations, ont évoluées : l’émergence de la sagesse peut nous permettre de nous émanciper de cette vision automatique. Et bien qu’il soit encore assez difficile de nous représenter les chosechoses dans leur ensemble, il nous est possible de comprendre (ne serait-ce que grossièrement) comment la dynamique se déroule dans le temps.

 

 

L’évolution de la valeur

(Note : plus encore que le contenu général de cet essai, ce qui suit est une tentative d’explication des phénomènes observables. Je ne suis pas encore complètement satisfait de l’assemblage des éléments du modèle que je vais développer (le problème étant que notre «héritage évolutif » est tellement influent qu’on ne peut concevoir clairement le fonctionnement dans sa globalité). Cependant les éléments à eux seuls sont suffisamment intéressants pour être présentés. Reste que toute cette section n’est pas nécessaire à la bonne compréhension des chapitres suivants, étant donné que les points importants y seront repris et réintroduits de manière simplifiée.)



Un problème de conception, donc

Comme je le faisais remarquer dans les chapitres précédents, l’abstractionabstraction nous simplifie la vie en permettant d’ignorer les bases, mais génère au passage des problèmes de fond. Au niveau de la « valeur » des chosechoses, il est flagrant que l’occident est totalement passé à côté de sa nature ambivalente et cyclique. Comme je l’ai souligné dans l’introduction, on voit la beauté et la laideur comme deux chosechoses que tout oppose, comme deux chosechoses différentes. Et comme je l’ai déjà exprimé un peu plus haut, il s’agit selon moi d’une erreur fondamentale de conception, d’une illusion de l’esprit.

Pour illustrer mes propos, je vais lâcher l’espace d’un instant l’exemple de l’esthétique pour en prendre un autre plus palpable : la température. Le froid s’oppose au chaud n’est-ce pas ? Pourtant, c’est bien connu lorsqu’on est au contact de quelque chosechose d’extrêmement froid, il nous brûle (~ gelure). De la même manière, il paraîtrait qu’une flamme extrêmement brûlante ferait l’effet d’un bâtonnet de glace qui vient chatouiller la peau ! D’ailleurs il est assez étonnant de remarquer que le feu devient bleu dépassé une certaine intensité. Tout comme il peut être étonnant de constater que de l’eau chaude projetée dans un air froid glacera avant même de retomber au sol. Il est curieux de constater que des opposés tendent à se ressembler.

Il est pour nous facile d’admettre que le légèrement froid et le légèrement chaud soient proches, que passer de l’un à l’autre n’est qu’une courte transition continue. Et pourtant il nous est difficile d’admettre que le très chaud et le très froid soient proches, et encore plus dur de concevoir que passer de l’un à l’autre soit une mince affaire.

Le froid et le chaud - vision linéaire

Cette image représente ce que l’on voit et croit communément au sujet de la valeur. À l’extrémité gauche nous avons le grand froid « F » qui constitue une borne, puis à la gauche du milieu le petit froid « f », à la droite du milieu la petite chaleur « c », et à l’extrémité droite la grande chaleur « C » qui constitue la seconde borne. L’évolution se fait de manière linéaire en suivant les flèches : passer de F à C constitue toujours l’opération inverse de passer de C à F ; la valeur progresse en mode « ping pong ». Mais… et si en réalité cette vision était fausse et due à la façon dont nous catégorisons le monde ; et si en fait nous avions affaire à un autre cas de « Terre plate » (on voit que la Terre est plate, on croit que la Terre est plate) ?

Nécessité de changer de sens, d’aller dans le sens inverse pour faire FCF.

(Différence retirée, car vis à vis de l’ancien schéma cyclique) : Par exemple, pour passer de « F » à « C » il faut faire un long chemin qui passe par « f » et « c ».

Des observations plus fines ont permis à nos ancêtres de briser l’illusion des premières apparences et démontrer que la Terre n’est pas plate mais « ronde ». On est donc passé d’une surface plane, linéaire et limitée à quelque chosechose de sphérique et cyclique, dont les limites se rejoignent.

L’exemple de l’extrême froid qui brûle et de l’extrême chaleur qui glace, couplé à une conscienceconscience de l’abstractionabstraction, laisse facilement entrevoir une analogie frappante avec cette « nouvelle » vision sphérique de la Terre. Ainsi, la valeur n’évoluerait pas de manière linéaire comme le montre le précédent schéma, mais de façon cyclique.

Schéma d'évolution simpliste de la valeur en vertu de la dualité

 

Cette image représente de façon simpliste une autre vision, une autre facette de l’évolution de la valeur, seul un élément assez important n’est intentionintentionnellement pas pris en compte (j’y reviendrais plus tard).

Paradoxe de dualité

En bas, les deux extrêmes sont côte à côte.

Ici, la valeur peut prendre deux chemins différents pour arriver à la même nouvelle valeur, en tournant soit dans un sens soit dans l’autre. On remarque également que les forces antagonistes de même niveau s’opposent le long de l’axe vertical. Le phénomène du « pousse trop l’un et tu arriveras dans l’autre » induit par la forme ronde est d’ailleurs perceptible au niveau de la vie de tous les jours. Pour ce qui est de l’esthétique, mettre trop de maquillage entraîne la laideur. À trop dormir on se lève fatigué. À trop manger on s’affaiblit et on devient obèse.

Pour l’intelligence, en avoir trop à tendance à faire buter sur la résolution d’un problème particulier et insignifiant, un comportement somme toute assez bête (~ brute-force). Un corps peut être insensible aux coups qu’on lui assène et en même temps ne pas pouvoir supporter l’effet de quelques chatouilles : pour faire passer de l’air dans un tuyau extrêmement fin il ne suffit pas de ventiler comme un bœuf car cela va le boucher, il faut souffler lentement et précisément.

Une lumière trop intense est aveuglante, un son trop fort est assourdissant. Ce sont les paradoxes de dualité. Plus on a de ressources, plus on en gaspille. Plus on voit quelque chosechose et moins on le regarde ; c’est ainsi qu’on se fait remarquer alors qu’on voulait justement passer inaperçu ! Tellement visible qu’on devient invisible. Dans un couple l’amour a vite fait de se transformer en haine et créer une dispute. Et ne dit-on pas que parfois la meilleure défense, c’est l’attaque ? Qu’à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ?

Ces phénomènes ne pourraient pas apparaître si la valeur évoluait de manière complètement linéaire et bornée. Voilà, je ne vais pas me risquer à faire un exemple sur les extrêmes en politique, j’espère vous avoir suffisamment convaincu de la nature cyclique de la dynamique de la valeur.

Mais personne n’aurait été dupe et l’illusion de la linéarité aurait été brisée si ça avait été aussi simple. Bien que le schéma précédent puisse tout à fait être correct, l’évolution se passant effectivement de manière cyclique, il n’indique néanmoins pas ce qu’il faut pour évoluer. Les prérequis pour passer du petit froid au petit chaud ne sont pas les mêmes que ceux nécessaires pour passer du glaçant au brûlant. 

 



La dynamique de la valeur

Comment la présence et la force d’une valeur influe-t-elle sur son opposée ?

Première approche de l’évolution temporelle

Par abstractionabstraction, il est possible d’isoler l’évolution temporelle de la valeur à partir de quelques exemples. Prenons le cas du thème du plaisir et de l’appréciation, qui sera longuement abordé dans quelques uns des chapitres suivants. Le plaisir et l’appréciation varient en dépit de l’équivalence de ce qui les génèrent, ils évoluent selon l’expérience.

  • Plus on attend après un orgasme, plus le prochain sera puissant et immédiat. En revanche, si on n’attend pas, l’orgasme sera plus long à venir et son intensité sera plus faible.

  • De la même manière, plus on attend avant de manger son plat préféré, plus le plaisir gustatif sera puissant et immédiat. En revanche, si on en mange tous les jours, le plaisir sera nettement moins perceptible.

  • Enfin, plus on attend de regarder de nouveau un film après l’avoir vu, plus le nouveau visionnage sera appréciable. Si on le regarde de nouveau immédiatement, le cerveaucerveau se souviendra encore de tout et il n’aura aucune surprise. Cet exemple est valable pour beaucoup d’autres activités.

Ces trois cas décrivent l’effet qui se passe de manière générale (on peut facilement en trouver d’autres), au-delà du seul thème du plaisir et de l’appréciation.

À partir de là, on peut représenter l’évolution de l’effet dans le temps (selon trois profils distincts) :

Courbe d'évolution de la valeur à partir de différents états

[Courbe d’évolution à l’équilibre]

[Courbe d’évolution avec charge vide due à l’excès]

[Courbe d’évolution avec charge pleine due au manque]









 

 

 

 

Symbole de Yin et du Yang représentant la dynamique de la valeur

 

En combinant cet effet de S à l’envers plus ou moins déformé avec l’idée du schéma cyclique précédent, on arrive à un nouveau schéma. En se triturant l’esprit on peut y voir une image très connue, que les initiés auront peut être reconnu depuis le début à travers les idées développées dans ce chapitre : le symbole du Yin et du Yang chinois. Du moins, si on exclut les deux points. Cette ressemblance m’a intrigué, et bien que je ne connaisse pas vraiment en détails les fondements de ce symbole, j’ai décidé de me baser dessus, les idées derrière ce symbole étant très proches de ce dont je parle ici. (Au moins ça me mâche le travail de dessin !)

Sur ce schéma, la forme du S à l’envers fait que l’on retrouve les deux « béliers » qui se poursuivent sans cesse et se poussent l’un l’autre, faisant ainsi tourner le mécanisme : plus le mal est fort, plus il donne de force au bien, et vice-versa. C’est lorsqu’un grand mal sévit que l’on voit émerger le bien, la volonté de contrecarrer ce mal.

Ce phénomène est assez bien mis en évidence à travers le très célèbre personnage de Batman. En effet, Bruce Wayne est devenu le justicier masqué Batman pour éradiquer le mal qui ronge sa ville. C’est ce mal qui lui a donné naissance. Mais avec le temps, plus Batman est devenu efficace et réputé, plus le nombre de criminels fous-furieux de la ville a augmenté. Son ennemi juré, le Joker, lui a d’ailleurs fait remarquer que c’est de sa faute s’il y en avait autant. C’est Batman qui leur donne naissance de par sa simple existence : il les attire. Le Joker lui même ne serait pas là s’il n’avait pas Batman pour « s’amuser » (pour faire un « beau combat », il faut un bon adversaire). C’est le cercle vicieux de l’offre et de la demande.

Il y a trois manières d’interpréter les points de couleur opposée à l’intérieur des deux sous-ensembles (que je pourrais aussi appeler aussi composantes, pôles ou qualités).

  1. La nature : chaque pôle contient un peu de l’autre. On peut subdiviser chacune des deux composantes en une nouvelle dualité, elles mêmes pouvant se subdiviser en une autre dualité relative (subdivision cyclique). Tout n’est pas tout gris ou tout noir, et même s’il existe des tendances fortes (gris très foncé, gris très clair) il y a toujours des petits morceaux qui contrastent avec l’ensemble. Cette interprétation met en avant l’aspect relatif de la dualité.

  2. La destination : de la maturité à la fin de vie, chaque pôle engendre/devient/se transforme en l’autre pôle ; le gland devient l’arbre, l’arbre devient le gland (il produit des glands puis meurt, autrement dit ce qu’il reste de « lui » ce sont ses glands).

  3. La source : en début de vie, chaque pôle est issu de l’autre pôle. C’est la réciproque de l’interprétation n°2 : l’arbre est issu du gland, le gland est issu de l’arbre.

Ces trois interprétations ne s’excluent pas mutuellement, mais c’est sur la troisième que je vais me baser, car elle permet une représentation intégrant la plupart des éléments de ma vision des chosechoses, et notamment l’évolution en phases différentes.

Point Source, Matière et Valeur

Le point de couleur opposé à l’intérieur de chacun des deux sous-ensembles représente donc la source « pseudo-extérieure » qui a donné naissance à la composante et qui la fait perdurer, son cœur, son essence. On l’appelle le Point Source. Pour Batman, c’est son égard vis à vis du mal qui ronge sa ville ; sans ce mal, Batman n’a plus de raison d’être. Ce point c’est la globalisation antagoniste qui permet de définir comment peut évoluer la Valeur(qui est la force dynamique active et présente dans une des deux composantes), en altérant la forme du « S à l’envers » formé par la séparation des deux composantes. Le point noir à l’intérieur de la composante blanche repousse la matière noire extérieure et attire la matière blanche, c’est pour cela que l’on constate une forme ronde autour de ce point. C’est comme avec le magnétisme, le pôle nord d’un aimant repousse le pôle nord d’un autre aimant dans son champ d’action (idem pour les pôles sud). Si le bien (matière blanche) veut échapper à l’emprise du mal (point noir) qui l’absorbe, il doit faire un effort pour s’en éloigner (force active, expression de la valeur). Cela signifie aller en contre-sens de l’attraction que ce point applique en permanence (force passive). Le point noir devra alors dépenser plus d’énergie pour retenir la matière blanche qui s’en va. Il consomme alors moins de blanc extérieur qu’il ne dépense de son noir intérieur et cela va donc le consumer partiellement, voire entièrement si l’effort perdure trop longtemps. Néanmoins si l’effort s’arrête, alors la matière va naturellement revenir vers le point, entraînée par la force d’attraction qui émane de ce dernier. Une fois que la matière sera revenue à sa position initiale, l’attraction du point n’ayant plus d’opposition, il va rapidement retrouver sa forme « normale » en absorbant tranquillement la matière blanche, puis commencer à grossir si aucun effort/opposition ne se manifeste de nouveau. Grossir jusqu’à ce que toute la matière blanche ait disparue.

Application à la forme physique

Pour illustrer ce mécanisme, prenons l’exemple de la forme physique. Le Yang blanc c’est l’effort, et le Yin noir c’est le repos. En effectuant un effort physique, on éloigne la matière blanche du point noir. En se reposant après un effort physique, on laisse la matière blanche revenir vers le point noir. La récupération naturelle du corps correspond à une attraction de la matière blanche qui s’était éloignée de lui + une absorption modérée de celle-ci. C’est à dire qu’une fois que le point noir à suffisamment repris du poids, il faut de nouveau faire un effort. Si on ne fait rien alors ce point noir va devenir trop gros et son attraction sera trop forte, rendant l’effort pour s’en éloigner d’autant plus difficile. Concrètement dans ce cas, un gros point noir se manifeste par de l’embonpoint et une perte musculaire. En revanche, si on pousse trop fort (effort exagéré), le point noir deviendra trop petit et la récupération sera donc très lente. Et si l’on fait un nouvel effort, il y a de fortes chances que le point n’ait pas eu le temps de récupérer totalement. Concrètement dans ce cas, un petit point noir se manifeste par un épuisement, le corps est fatigué et récupère très mal.

 

Une bonne élasticité induit un bon fonctionnement

Champ d'action du point source de la valeurUne gestion optimisée de l’effort consiste à ne pas dépasser la limite du champ d’action du point noir (le cercle de matière blanche autour de lui, en vert sur l’image). Passé ce cap, la récupération prend beaucoup plus de temps. La force d’attraction du point noir peut être vue comme une laisse élastique. Si on va trop loin, la laisse casse et donc la matière ne revient pas facilement toute seule (il ne peut alors plus y avoir de dynamique efficace dans cette composante). Je qualifie un système dans cet état de « plaie ouverte ». Car quand la plaie est ouverte le moindre effort est douloureux et entrave la récupération. Dans cet état il faut à un moment donné s’arrêter et prendre le temps pour laisser la plaie se refermer naturellement. Il est en effet difficile de réparer une route cassée sans couper la circulation. Ce qui est dangereux en absence de cette laisse, c’est que la valeur n’est plus retenue correctement dans son domaine et peut aller se mélanger avec la matière antagoniste ; c’est de là que viennent tous les effets nocifs de l’excès exposés plus haut.
Aussi, plus la matière bouge (~ plus elle est dynamisée), plus elle est malléable et donc plus le mouvement est facilité (dans un sens comme dans l’autre). On peut dire que la laisse devient plus élastique, même si ce n’est pas vraiment sur la force d’attraction que le changement s’opère.

 

Les profils

Profil

Résistance à l’effort

Durée

Récupération

Under (chemin non tracé, terrain difficile)

Très faible

Très courte car demande trop d’effort (point source trop gros)

Très lente

Fresh (chemin non tracé)

Faible

Courte car demande d’effort (point source gros)

Lente

Paused (chemin légèrement tracé, déshabitude)

Moyenne

Moyenne

Moyenne

Working (chemin tracé, habitude)

Élevée

Longue

Rapide

Over (chemin cassé)

Élevée

Courte car proche de la limite

Très lente

Le tableau ci-dessus décrit les cinq grands profils caractéristiques de l’état d’un système fonctionnant dans la dualité. La différence majeure entre ces profils provient de l’état du chemin que prend la Valeur. Cet état dépend d’une part de l’existence de ce chemin (s’il est tracé), c’est à dire si la matière est dynamisée, malléable et habituée à fluctuer, et d’autre part de l’influence du point source sur la Valeur. Pour donner du concret, prenons l’exemple de personnes voulant pratiquer du sport :

  • le profil Fresh ne fait pas spécialement de sport, mais il n’est pas en mauvaise condition physique. Son chemin pour le sport n’est donc pas tracé, mais il sera assez facile de le faire. Il va donc avoir plus de mal au début, mais cela va vite passer.

  • le profil Working est un habitué du sport, il s’entraîne régulièrement et sa condition physique est donc très bonne. Son chemin pour le sport est déjà bien tracé et très malléable (~ autoroute « clean »).

  • le profil Paused est un sportif mais cela fait quelques temps qu’il n’a pas pratiqué. Son chemin pour le sport est déjà tracé mais il s’est un peu refermé depuis et n’est pas aussi performant que celui du Working (~ route de campagne).

  • le profil Over est un drogué du sport, il n’arrête pas de faire des efforts et ne prend pas le temps de récupérer et de se relaxer, il en fait trop. Son chemin pour le sport est déjà bien tracé mais il est endommagé et aurait besoin de réparation pour être praticable (~ autoroute endommagée).

  • le profil Under ne fait jamais de sport et est plutôt obèse. Non seulement son chemin pour le sport n’est pas tracé, mais en plus son terrain est très difficile (son corps est inadapté). Il va donc en baver sévèrement pour tracer son chemin.



Profil Under (~ après repos excessif)
Profil Under (~ après repos excessif) : Aucun effort n’a été fait. Le point source noir a donc pu effectuer son travail d’attraction en toute tranquillité et a pris du poids par l’occasion. Il a pris le dessus et dispose de beaucoup de ressources pour résister à l’effort.

 

Profil Over (~ après effort excessif)

Profil Over (~ après effort excessif) : le point source noir a dépensé de la force pour retenir la valeur qui s’en va (~ effort). Par conséquent il a perdu du poids et le point source blanc a pris le dessus.



Pour mettre plus en évidence le côté abstrait, voici d’autres exemples (personne voulant faire quelque chosechose dans une discipline / apprentissage).

 

Personne devant/voulant résoudre un problème mathématique :

  • le profil Fresh n’est pas familier avec les maths mais il sait raisonner de manière logique et n’a pas de difficulté avec les chiffres. Son chemin pour les mathématiques n’est donc pas tracé, mais il sera assez facile de le faire. Il va donc avoir plus de mal au début, mais cela va vite passer.

  • le profil Working est un habitué des maths, il les utilise régulièrement et sa logique et sa mémoire sont donc très adaptées et réactives aux problèmes mathématiques. Son chemin pour les maths est déjà bien tracé et très malléable (~ autoroute « clean »).

  • le profil Paused est un ancien matheux mais cela fait quelques temps qu’il n’a pas pratiqué. Son chemin pour les maths est déjà tracé mais il s’est un peu refermé depuis et n’est pas aussi performant que celui du Working (~ route de campagne).

  • le profil Over est un drogué des maths, il n’arrête pas de réfléchir, résoudre des problèmes et ne prend pas le temps de récupérer et de se relaxer, il en fait trop. Son chemin pour les maths est déjà bien tracé mais il est endommagé et aurait besoin de réparation pour être praticable (~ autoroute endommagée). Face au problème, il se peut qu’il réfléchisse trop, n’arrive pas à se détacher de ses connaissances, « bouillonne », passe à côté de l’évidence et se complique la tâche inutilement.

  • le profil Under ne fait jamais de maths, et n’étant pas à l’aise avec les chiffres il n’aime vraiment pas ça. Non seulement son chemin pour les mathématiques n’est pas tracé, mais en plus son terrain est très difficile (son esprit est inadapté). Il sera donc très laborieux pour lui de tracer son chemin (acquérir les connaissances) et résoudre le problème. Il devra notamment développer des stratégies palliatives pour raisonner.





Personne devant/voulant apprendre à jouer d’un instrument :

  • le profil Fresh n’est pas familier avec la musique mais il à l’oreille musicale, le sens du rythme et sait se servir de ses mains. Son chemin pour jouer d’un instrument n’est donc pas tracé, mais il sera assez facile de le faire. Il va donc avoir plus de mal au début, mais cela va vite passer et il apprendra assez rapidement à jouer des partitions simples avec son instrument.

  • le profil Working est un musicien, il sait jouer de plusieurs instruments et il pratique souvent. Son chemin pour jouer d’un instrument est déjà bien tracé et très malléable (~ autoroute « clean »), il n’aura donc aucune difficulté à intégrer ce nouvel instrument et saura très vite faire des chosechoses complexes avec.

  • le profil Paused est un ancien musicien mais cela fait des années qu’il n’a pas pratiqué. Son chemin pour jouer d’un instrument est déjà tracé mais il s’est un peu refermé depuis et n’est pas aussi performant que celui du Working (~ route de campagne). Il aura une période de rafraîchissement avant de manier correctement ce nouvel instrument.

  • le profil Over est musicien fou, il n’arrête pas de jouer et ne prend jamais le temps de s’arrêter pour faire autre chosechose. Son chemin pour jouer d’un instrument est déjà bien tracé mais il est endommagé et aurait besoin de réparation pour être praticable (~ autoroute endommagée). Il est trop nerveux, n’a plus le recul pour apprécier et écouter, se précipite à apprendre des chosechoses complexes avant de s’assurer de maîtriser les chosechoses simples. Il pourra rejeter l’instrument car il ne lui permet pas d’appliquer bêtement les automatismes qu’il a avec ses instruments usuels.

  • le profil Under ne connaît rien de technique en musique, n’est à l’aise ni avec son souffle ni avec ses doigts, et n’a vraiment pas l’oreille musicale (il chante notamment très faux sans s’en rendre compte). Non seulement son chemin pour jouer d’un instrument n’est pas tracé, mais en plus son terrain est très difficile (son cerveaucerveau est inadapté). Il va donc en baver sévèrement pour tracer son chemin. Il devra beaucoup se reposer sur la mémoire, et notamment l’intégration d’automatismes qu’il devra apprendre pour avoir une bonne « fluidité » mélodique. Il devra donc énormément s’entraîner et répéter, encore et encore.



Exemple : boire de l’eau.

Dans un même mécanisme de dualité, la composante d’expansion/récupération (le Yin noir) a besoin de temps, de repos pour augmenter. Dans l’exemple du froid et de la chaleur, le Yin c’est le froid ; moins on bouge, plus on a froid et c’est avec le temps que la glace se forme. En revanche, la composante de contraction/consommation (le Yang blanc) a besoin d’effort pour augmenter. Dans l’exemple du froid et de la chaleur, c’est en bougeant que l’on se réchauffe et c’est avec une force et des ressources qu’un feu démarre. Repos et effort sont les deux ressources qui nourrissent le mécanisme.

L’effort

L’effort consiste à aller en contre sens de l’attraction exercée par le point. Si le point est petit, il est facile de s’en éloigner car sa force est moindre. En s’éloignant, on affaiblit ce point. Néanmoins il ne faut pas abuser car si on s’éloigne trop non seulement le point source va finir par disparaître (~ récupération pénible), mais en plus on risque de passer la frontière. C’est pour cela que Batman ne tue pas, il s’arrête toujours à temps pour ne pas devenir ce qu’il combat.

Le repos

Le repos consiste à laisser le point source attirer et ramener la valeur naturellement, sans résister. Il permet d’éliminer les effets de la contraction engendrés par l’effort. Que ce soit au niveau des courbatures après le sport, ou au niveau de la mémoire après avoir regardé un film, cela se dilue avec le temps.

Cependant il ne faut pas laisser le point source aspirer la valeur alors qu’elle est déjà revenue. Si on ne fait rien, le point source aspire la matière et devient plus gros. Et si le point prend trop d’ampleur, nous serons privé d’une partie de la valeur.



Si on aime quelqu’un on crée à la fois un point source de joie et d’amour mais également un point source de tristesse et de chagrin si la personne aimée vient à manquer/disparaître. De la même manière, à être trop optimiste on risque la déception.

Lorsqu’on a envie d’effectuer une activité, c’est que le point source de cette activité est gonflé. Le fait d’effectuer cette activité fait s’éloigner la valeur du point source et le consume, si bien qu’au bout d’un moment on n’a plus envie et on arrête. Le lendemain, l’envie est revenue car le point a eu le temps nécessaire pour regonfler. Cet enchaînement constitue un cyclecycle simple

 

La dualité et la médecine

Comprendre la dualité permet de saisir le fonctionnement de l’homéopathie par exemple. En effet, le principe fondamental de l’homéopathie est de donner aux malades un concentré de la substance à la source de leur maladie pour les guérir (ce qui est appelé principe de similitude, d’où le préfixe « homéo »). Quand on n’a pas conscienceconscience de la propriété cyclique de la valeur, cela semble absurde et très dangereux. Au contraire, quand on a saisi ce principe cela semble évident, le malade est coincé dans une valeur extrêmement négative, il suffit donc de le pousser encore un peu dans le négatif pour qu’il fasse un tour complettour complet et arrive dans le positif. Essayer de le ramener dans le sens du positif, c’est emprunter une voie très longue et lourde.

Le secret de l’homéopathie provient de la dynamisation des substances utilisées, ce qui permet à la fois d’exercer un effort puissant mais aussi d’accélérer grandement le repos en agissant sur le temps (principe d’infinitésimal).

Après, je ne dis pas que l’homéopathie telle qu’elle est appliquée actuellement/généralement est efficace. Je pense même que la plupart de ceux qui l’utilisent ignorent son fonctionnement et l’utilisent comme un médicament classique. Mais s’il y a bien une médecine capable de faire de « la magie » quand on en maîtrise les ficelles, c’est bien elle. Hélas c’est loin d’être évident, c’est un domaine réservé à une minorité de personnes dévouées, passionnées et savantes. La méthode demande une analyse au cas par cas de l’histoire du patient pour connaître la nature et surtout l’ordre des remèdes (ce qui est appelé le principe d’individualisation). Il faut vraiment vouloir soigner les gens en empruntant cette voie. Et puis comme induit plus haut, l’utilisation « grand public » qui en est faite de nos jours est plutôt décrédibilisante, la production industrielle de l’homéopathie n’ayant en premier lieu aucun sens.

CycleCycle, relativité et abstractionabstraction

L’amour ne devient pas la haine uniquement parce que la valeur évolue de manière cyclique. Paradoxalement, l’amour devient la haine pour se maintenir : en effet, pour maintenir une valeur il faut pouvoir la différencier dans un ensemble (cf relativité). Si aucune pause dans la relation n’est effectuée, l’ensemble tend à être homogène et la valeur « amour » disparaît peu à peu. Pour palier à ce manque de privation, à cet excès de présence, le système créé de la privation en relativisant la perception : ce sont les crises et les disputes qui viennent d’une part hétérogénéiser l’ensemble, et d’autre part pousser à s’écarter – temporairement – du conjoint.

Et c’est là que l’abstractionabstraction intervient : lorsqu’on est ailleurs, dans un autre contexte, loin de son âme sœur, l’amour est en pause mais la haine peut s’exprimer. Si bien que lorsqu’on se retrouve de nouveau dans le « contexte de l’amour », avec son conjoint, il n’y a que de l’amour à exprimer. La valeur est distribuée dans l’espace. L’espace a donc tout intérêt à être hétérogène et équitablement représenté dans le temps, de façon à ce que chaque chosechose soit liée à une seule partie d’une dualité (et non les deux parties opposées).

Ainsi, les crises et les disputes n’ont pas lieu d’être quand les deux individus se voient rarement. Et réciproquement, elles sont de plus en plus fréquentes quand les tourtereaux ne se quittent plus (passé un certain seuil d’épuisement initial).



La mesure

Un système en dualité peut donc évoluer de manière contre-intuitive, notamment en cas d’excès (~ plus n’est pas toujours mieux) ou dans une moindre mesure en cas de manque. Pour qu’il se maintienne en bon état (~ stabilité de la valeur) il n’y a pas de mystère : tout est dans la mesure. Toujours est-il que la mesure et l’excès sont des chosechoses relatives, il est donc bien souvent difficile de se prononcer catégoriquement sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour améliorer l’état d’un système isolé.

 ; seul l’excès et dans une moindre mesure le manque peuvent être condamnables

Néanmoins, et c’est ce que nous allons voir dans le chapitre suivant, il n’y a rarement qu’un seul système à prendre en compte, mais plutôt un ensemble travaillant de concert. Et de ce point de vue, il est plus facile de tirer des vérités assez générales et abstraites qui dépassent la relativité.

 

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