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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 2

La relativité

Grand parmi les petits, petit parmi les grands. Hier bon, aujourd’hui mauvais. Ici lumineux, là bas sombre. Mais qu’est-ce qui fait la valeur des chosechoses ?

 

La relativité, en vrac

La relativité c’est le principe selon lequel la valeur des chosechoses n’est pas absolue. La relativité c’est ce qui fait que quelque chosechose qui vous fait le plus grand bien peut tuer quelqu’un d’autre (le soleil par exemple). C’est ce qui fait que vendre des millions peut être un échec (et qu’inversement le moindre impact peut être une réussite, un grand pas). C’est ce qui fait que de toutes les morts relatées dans les fictions, certaines passent totalement inaperçues tandis que d’autres sont tout simplement bouleversantes. C’est ce qui fait que quelle que soit notre situation, on a tous nos bons et nos mauvais moments. Mais plus simplement et concrètement voici une citation amusante et très intuitive d’Albert Einstein qui montre assez bien où je veux en venir :

« Placez votre main sur une poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez-vous auprès d’une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C’est ça la relativité. »

 

Entre principe et processus

En termes plus génériques, la relativité c’est le fait que les chosechoses ont beau être mesurables, quantifiables et tout ce que vous voudrez « scientifiquement » parlant, l’expérience qu’une autre chosechose aura de cette chosechose dépendra avant tout d’elle même et de son environnement. Par exemple, nous en tant qu’êtres humains, percevons les chosechoses différemment en fonction de nos goûts, de notre expérience, de nos capacités, de notre humeur…

Valeur contextuelle

[TODO les prénoms, assez communs, sont également très contextuels]

C’est de par la relativité que dans les langages, il existe des adjectifs, c’est à dire des mots utilisés pour valoriser des chosechoses en relation avec leur contexte. Parmi les hommes, être petit ou grand n’est qu’une affaire de centimètres, quand bien même il existe des chosechoses absolument plus petites et absolument plus grandes que cet ordre de mesure. De la même manière, être froid ou chaud ne tient qu’à quelques dizaines de degrés, quand bien même il existe des températures d’un ordre infiniment supérieur. Valoriser une chosechose à travers un adjectif se fait implicitement par rapport au contexte : « il est petit [pour un homme] », « il est grand [pour un homme] », «ils habitent dans le sud [de la France] », « ils habitent dans le nord [de la France] », « pendant les années [mille neuf cent] cinquante ». Par conséquent, dire aujourd’hui, par exemple, d’une voiture spécifique qu’elle « consomme peu », peut être totalement déplacé dans un contexte futur où les véhicules consomment beaucoup moins qu’aujourd’hui (ou tout du moins cela deviendrait ironique). Il est en de même pour la puissance d’un ordinateur actuel d’ici quelques années. Le fait est que les chosechoses n’ont aucun sens dans l’absolu. L’homme le plus fort du monde se fera tout aussi facilement écraser par une météorite qui s’abat sur la Terre que l’homme le plus faible. Toujours est-il que parmi les hommes, la différence entre ces deux là est très significative. C’est seulement une fois la chosechose placée dans un contexte, dans un ensemble que son sens apparaît. On peut donc modifier le sens d’une chosechose non seulement en modifiant cette chosechose en elle même, mais également en modifiant son contexte. Il est d’ailleurs largement plus facile de devenir le « meilleur » en changeant de « marché », en s’installant dans un ensemble où la concurrence est faible plutôt que de redoubler d’efforts pour se changer soi même et devenir meilleur. Pour reprendre l’exemple cité dans le chapitre suivant ( !) : lorsqu’un enfant est à l’école primaire en classe de CM2, il fait partie des grands. Or l’année d’après, en classe de 6ème au collège, il fait partie des petits. Dans ce cas ce qui fait radicalement changer la valeur ce n’est pas tant le changement de l’enfant d’une année à l’autre mais le changement du contexte dans lequel l’enfant se trouve (école primaire vers collège).

Dans le cadre d’une étude sur le fonctionnement de l’esprit (et notamment sur sa capacité d’apprécier les chosechoses), c’est d’ailleurs largement l’évolution du contexte (l’individu, sa vie, son environnement) qui prime sur l’évolution des chosechoses pour établir la valeur (tout au plus les images des chosechoses complexes peuvent logiquement changer en fonction de la manière dont les abstrait dans le temps, cf discordancediscordance temporelle. Mais encore, cette évolution n’est que la conséquence de l’évolution du contexte). C’est tout à fait logique puisque nous sommes tous assez différents au niveau de l’esprit, ce qui fait de chacun de nous un contexte à part entière, et en ce sens fait que l’expérience que nous avons des chosechoses est forcément différente. Encore que la relativité et son importance dans la « vision » du monde n’est pas quelque chosechose de communément acceptée par tous…

 

Un traitement sur plusieurs niveaux

Avant que l’esprit ne vienne faire la différence, c’est la structure physique qui vient largement altérer la perception. Une journée de 24 heures, c’est énorme pour un papillon, alors que c’est ridicule pour une tortue des mers. Une distance d’un kilomètre c’est énorme pour une fourmi, alors que c’est petit pour un oiseau.

Bien sûr en tant qu’êtres humains, nous sommes très similaires physiquement parlant (~ au niveau des couches de bas niveaubas niveau) ; nos yeux sont constitués de la même manière, etc, et ainsi, à la base, nous percevons à peu près la même expérience (formes, couleurs, odeurs, sons, etc). Mais c’est sans compter les couches de haut niveauhaut niveau qui sont empilées par dessus (goûts, expériences passées, état mental) et qui n’ont rien à voir suivant l’individu. Ces différences logiques, invisibles à l’œil nu, sont capables de transformer totalement la perception de base d’une chosechose, à grand coup d’abstractionabstraction (au sens nouveau départ), principalement. Par exemple l’humour est une couche qui peut s’empiler par dessus toutes les autres et les détourner pour offrir une nouvelle expérience : une blague racontée sera avant tout un son, puis une suite de mots avant que le déchiffrement du sens de l’enchaînement de ces mots confronté avec la mémoire ne soulève un nouveau sens plus ou moins fin qui sera l’abstractionabstraction finale. De la même manière, une imitation cocasse d’un individu sera avant tout des mouvements physiques, une tonalité spécifique avant de devenir un phrasé, des schémas qui confrontés à la mémoire laissent entrevoir une caricature des données d’une personne que l’on « connaît ». Bien sûr, avant d’entrer dans de telles subtilités, c’est ce qu’on pourrait appeler la mentalité globale qui fait la différence. Un adolescent de 13 ans est un « grand » pour un enfant de 7 ans. Pourtant 20 ans plus tard, ce même enfant considérera les adolescents de 13 ans comme des « gamins ». Se retrouver en face de 15 hommes armés jusqu’aux dents c’est le merdier pour le commun des mortels, alors que c’est un petit déjeuner classique pour Chuck Norris…



Relativité et idéalisme

Sous prétexte d’idéalisme, certains individus veulent supprimer des chosechoses et en imposer d’autres, pensant bien faire pour l’humanité. Car selon eux, tout ne se vaut pas, et il s’agit donc d’éliminer ce qui a peu de valeur et de développer ce qui en a. Mais comment reconnaître assurément ce qui a de la valeur de ce qui n’en a pas ? Parce qu’on ne voit pas la valeur de certaines chosechoses, peut-on en conclure qu’elles n’en ont pas ? Il paraît évident que non, mais sans vraiment en prendre conscienceconscience, aveuglés par leur propre perception, c’est bien souvent ce que font bon nombre d’idéalistes (ils ne considèrent l’ensemble des chosechoses qu’à travers leur vision).

D’un point de vue de l’individu tout ne se vaut pas, certes, mais la valeur attribuée dépend de chaque individu. C’est ça le principe de la relativité, que chaque chosechose a le potentiel d’avoir de la valeur pour autre chosechose (nous verrons dans le chapitre 9, que nous y rattachons notamment des émotions).

Un jour, j’ai discuté avec une personne persuadée que les films sont une source de réflexion absolue pour les hommes. Me demandant mon avis sur ce sujet, je lui ai dit que dans mon cas, la réflexion n’était pas vraiment la chosechose que m’inspirait les films, contrairement à d’autres supports. Il m’a rétorqué que ce n’était pas forcément la faute des films, que ce n’est pas parce qu’un film ne m’a pas fait réfléchir pendant des heures qu’il ne le permettait pas. Je lui ai répondu que sa remarque était exacte, et que c’était précisément pour ça que le monde est relatif. Certains réfléchissent des heures avec un simple poème, en sur-interprétant à peu près tous les mots. Pour moi c’est vraiment superficiel et farfelu, je n’y vois qu’un vulgaire texte même pas intéressant à lire, mais pour ces personnes c’est très sensé et profondément riche, elles peuvent écrire des pavés et des pavés à leur propos, et même en extrapoler toute la psychologie du poète.

On a tous la même base, mais ça ne veut pas dire qu’il existe une seule façon de voir les chosechoses, un seul idéal pour l’individu (et par extension un seul idéal pour l’humanité), nous sommes beaucoup trop différents pour ça. C’est ça qui est fascinant avec les humains d’ailleurs, cette variété, ce large spectre de différences inter-individuelles ; il est étonnant de voir le nombre de « passions » qui peuvent exister.

« J’ai vraiment pas le pied marin ».

D’une manière générale, chacun d’entre nous a des attraits particuliers. Lors de mes études à l’université, je me rappelle qu’après chaque cours, l’appréciation était très souvent divisée parmi les étudiants : certains avaient beaucoup accroché, d’autres pas du tout. C’est ce qui fait que par extension, on apprécie plus un certain type d’études qu’un autre (certains aiment bien ce qu’ils font, d’autres pas, il s’agit de trouver sa voie). Il apparaît évident que certaines personnes sont plus disposées que d’autres à fait un métier particulier. Elles auraient plus de mal à « tenir » dans un poste que dans un autre. « Mais comment ils font pour faire ça tous les jours ? » pensera l’un du travail de l’autre, qui lui même pensera la même chosechose de son côté, mais à propos du travail du premier. C’est pour cela qu’on dit de certains individus qu’ils sont « faits pour ça » (ou l’inverse), il y a quelque chosechose de naturel là dedans.



Pas sur la même longueur d’onde

Plus on est différent moins on peut « s’entendre » sur quelque chosechose en particulier. Et pourtant la plupart des gens tendent à juger tout de façon objective ; comme si dans toute chosechose il existait une vérité « mathématique », et que donc deux avis divergents ne peuvent tous les deux être vrais et légitimes (~ avoir raison / avoir tort). Pourtant ils sont eux-mêmes victimes du changement de contexte évoqué plus haut : enfants ils aiment le chocolat au lait mais une fois devenus adultes ils préfèrent largement le chocolat noir. (D’une manière générale notre perception/vision du monde n’est pas la même maintenant que lorsque nous étions enfants, on ne l’appréhende pas de la même façon). Où est la vérité là dedans ? Ce qui est marrant c’est que la plupart des gens ont tout de même conscienceconscience de la relativité. Mais ils ne l’admettent que pour certains cas. Ces cas qu’ils nomment « personnels » ou alors ces autres cas qu’ils qualifient de « subjectifs ». Un homme n’aurait pas idée de dire que sa femme est « meilleure » que celle d’un autre. Il sait très bien que c’est la relation qu’il entretient avec elle qui fait qu’elle est si spéciale et importante pour lui. Même avec la musique, au final on sait très bien que c’est personnel, on n’insiste pas. Mais avec la politique, la restauration, la médecine, la religion, et beaucoup d’autres « courants » il semble que la relativité n’existe plus pour l’homme ! S’en suit des débats interminables, des « discussions » qui tournent en rond, et même des « guerres »… Plutôt que de coopérer ou tout du moins coexister, on préfère se taper dessus, chacun étant convaincu d’avoir plus raison que l’autre. On a du mal à accepter que ce qui est spécial et important à nos yeux ne le soit pas aux yeux des autres, du mal à accepter qu’on puisse avoir tort sans avoir tort, du mal à accepter que nous soyons des contextes à part entière.



Un monde réel, des mondes virtuels – Relativité et abstractionabstraction

Et pourtant ce qu’on pense être le seul et unique monde n’existe que dans notre tête. Ce qu’on appelle le monde n’est autre que le reflet intérieur du peu de ce que nous en percevons, c’est notre monde à nous. Il y a donc autant de mondes que de chosechoses pouvant disposer d’un point de vue, et par conséquent ce qui est vrai dans l’un peut tout à fait être faux dans un autre.

C’est ainsi que certaines personnes sont dépressives alors que d’autres vivent le bonheur : pas le même monde. C’est ainsi que certains pensent qu’une révolte est en marche, sont persuadés qu’on approche de la fin du monde, alors que d’autres sont totalement tranquilles ou que d’autres encore sont seulement inquiets de savoir comment leurs examens vont se passer, ou encore comment ils vont faire pour approcher la nouvelle fille qui vient d’arriver dans leur secteur.

On vit tous dans le même monde bien que nos profils peuvent varier du tout au tout.

Par exemple, moi, quand j’observe des personnes en « costume cravate » (hommes d’affaires, politiciens) avec leur langage particulier et leurs centres d’intérêts qui me sont ennuyants, et que j’essaie de me mettre à leur place, je me dis « C’est pas possible, je vis dans le même monde que ces gars là ! ». D’autres personnes doivent trouver dingue de se dire que certains passent leur vie à philosopher sur le monde, à programmer des chosechoses sur leur ordinateur, etc, car ça n’a juste rien à voir avec leur vie à elles.

En fait, si on pouvait vraiment « se mettre dans la tête de quelqu’un », je pense qu’on serait stupéfait de constater la différence entre son monde et le notre : les « personnages » sembleraient ne pas être les mêmes (ils seraient « déformés »), des chosechoses importantes passeraient inaperçues alors que des chosechoses insignifiantes auraient une place prépondérante… ; et ce serait d’autant plus marquant avec des individus proches de nous (membres de notre famille, amis), puisque les deux mondes référeraient alors à plus de chosechoses communes. On se rendrait alors vraiment compte que nous sommes franchement des contextes à part entière.



Ces différences significatives d’expérience du même monde réel s’expliquent par la manière dont nous l’approchons. D’une part, nous approchons le monde réel à travers nos sens. Ils sont notre connexion, notre porte d’entrée vers l’extérieur ; mais une porte assez étroite : ils ne peuvent capter l’intégralité du monde réel d’un seul coup. C’est déjà un premier biais : tout le monde ne perçoit pas la même partie. De plus, les sens ne nous connectent que physiquement avec le monde réel, ils ne nous donnent que des informations brutes. Tout le travail d’interprétation, de création et de structuration se passe dans notre tête, et n’a donc déjà plus rien à voir avec le monde réel. Le monde perçu est une reconstitution personnelle et indépendante. (Même si comme expliqué plus haut, pour ce qui est des êtres humains il est vrai que nous reconstituions et interprétons de façon similaire à la base, étant donné que nous sommes de la même espèce, du même « modèle »).

D’autre part, alors que nos sens reçoivent en permanence une infinité de signaux en provenance du monde extérieur, nous (~ notre système de conscienceconscience) ne pouvons gérer que très peu d’éléments à la fois (~ moins de 10). Faites l’expérience, comptez le nombre de chosechoses auxquelles vous pensez à un moment précis. En fait, lorsque nous exerçons une activité, que nous regardons un film, que nous méditons sur une pensée, etc, nous isolons tour à tour, par abstractionabstraction, ce dont nous avons besoin. En d’autres termes, nous séparons perpétuellement le monde et n’en gardons qu’une partie infime ; à un instant donné, seule cette ridicule poignée de chosechoses a une existence pour nous, nous sommes comme aspiré par elle. C’est pareil qu’avec les yeux, on ne regarde jamais tout en même temps : il faut viser, focaliser ; à ceci près qu’avec l’esprit il faut le faire à un niveau logique et non physique. La capacité d’abstractionabstraction de l’homme n’est donc pas un « plus » permettant des réflexions avancées, mais est fondamentalement nécessaire pour faire l’expérience de la vie humaine.



Du fait de cette focalisation, à un instant précis de notre existence nous représentons difficilement ce que nous sommes globalement. Même durant une période assez conséquente (heures, voire jours), nous ne sommes qu’une abstractionabstraction de nous même. Toute notre vie antérieure n’a que très peu d’importance et nos préoccupations sont très ciblées. C’est pour cela que les personnes qui disent se ficher de telle chosechose particulière se trompent grandement. Le simple fait d’avoir conscienceconscience d’une chosechose est signe d’importance, alors venir à y faire référence en l’exprimant (ici à l’oral) veut dire que cette chosechose est présente et active « dans notre tête », ce qui nous le verrons plus tard n’est pas le cas de beaucoup de chosechoses (par rapport à la quantité potentielle). J’avais d’ailleurs songé à une méthode d’analyse de troubles psychologiques mettant en avant cette propriété ; elle consiste à faire parler le patient en monologue – sans texte précis – et analyser les mots qui sortent (l’hypothèse étant que les mots ne sortent pas par hasard). [Note : en fait cette idée a déjà été explorée, elle s’appelle l’association libre et fait partie de la psychanalyse]. À ce propos les chaînes de caractères utilisées par les informaticiens dans les programmes de tests sont souvent très éloquentes : lorsque j’étudiais, un enseignant a même écrit spontanément la chaîne « Tu veux mourir ? » pour tester une fonction permettant d’afficher une question à deux choix à l’utilisateur…

L’envers du décor, c’est à dire tout ce qui nous permet de passer du physique externe au logique interne de façon fluide, est géré par l’inconscientinconscient grâce à une infinité d’automatismes (en partie à travers la mémoire procédurale/motrice). Mais je ne m’étendrais pas plus que ça ici, ces phénomènes seront étudiés plus en détail au cours de l’acte III de cet essai, plus précisément dans les chapitres de la conscienceconscience et de la mémoire.



Les conséquences d’une perception abstraite du monde

Ainsi donc, de par l’abstractionabstraction nous n’avons conscienceconscience que d’une infime partie du monde à un instant donné, et nous ne tenons également compte que d’une infime partie du monde en général. Ce phénomène est très important car il implique beaucoup de chosechoses :

  • chacun ne tient pas compte de la même partie (cette relation que nous avons avec le monde est une manifestation large de la relativité)

  • … en fait on peut se retrouver totalement démuni si on nous enlève ne serait-ce qu’une seule chosechose de notre petit monde. Enlever une activité, un aliment, une personne et cela peut créer un gros manque alors qu’il y a des milliers de chosechoses qui peuvent la remplacer. De la même manière, certaines personnes sont perdues une fois qu’elles sont en vacances, elles n’ont rien à faire de leur temps et s’ennuient ; le travail faisant partie intégrante de leur petit monde, son absence chamboule tout.

  • nous ne tenons compte que de ce qui nous « intéresse », et ces chosechoses ont une importance relative très forte (leur disparition du monde réel aura un impact sur notre monde personnel)…

  • on se fiche complètement du reste du monde, de la partie immergée de l’iceberg (par extension il pourrait également y avoir – en ce moment – une guerre sur une autre planète, on s’en fiche), qu’on le veuille ou non. On ne peut tout simplement pas être concerné par beaucoup de chosechoses en même temps, d’autant plus si ces chosechoses sont éloignées.

  • Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point les chosechoses qui nous concernent peuvent être changeantes, à quel point notre attention peut être fluctuante et même passagère. Je trouve par exemple assez dérangeant de voir beaucoup de gens porter un intérêt soudain et temporaire à des personnes qui viennent de décéder (« RIP » & cie) (d’autant plus qu’elles les connaissaient à peine, voire pas du tout). Même les personnes passionnées et les personnes déterminées ne le sont pas à 100 % de leur temps, ils peuvent même avoir des périodes de « vide ». Un fou amoureux ne pense pas non plus chaque seconde de son existence à sa dulcinée. Moi même il y a des chosechoses que j’apprécie beaucoup et qui pourtant n’existent pas dans la plupart de mes journées. Nous ne sommes en grande partie que latence (potentialités et non réalités).

  • on peut être dans la pire des « merdes » globalement parlant, et pourtant toujours avoir ces moments de bonheur où l’on n’a plus du tout conscienceconscience de toutes ces mauvaises chosechoses, comme si elles n’existaient pas. On est alors plongé dans quelque chosechose d’autre. De manière inverse, on peut être fixé sur une idée négative et se dire « le monde est pourri », même si on ne parle en fait que de la poignée de chosechoses qu’on a actuellement en tête.

  • Ainsi cette « limitation » d’attention nous fait délaisser beaucoup de chosechoses inutiles, mais nous détourne également de certaines chosechoses essentielles. Comment résoudre des problèmes globaux et majeurs si ne nous nous laissons distraire et ne nous impliquons dedans qu’un temps ? Je pense que les problèmes de l’humanité (ou plutôt des sociétés) persistent en partie à cause de cela : on les constate à des moments donnés, il est important de les résoudre un jour, mais on ne s’implique pas à le faire au quotidien et on finit par les oublier.

  • En fait « notre monde » relatif tout entier est assez petit et peut assez facilement être « remplacé » (ce qui explique la sensation bizarre quand on revient d’un assez long voyage). On peut faire tourner l’iceberg et changer la partie émergée. Mais la plupart des personnes ne « profitent » jamais de cette propriété (satisfaction, peur de l’inconnu, manque de confiance).





[TODO Ces caractéristiques sont typiques de la flexibilité, une résultante du phénomène d’évolution que nous étudierons dans quelques chapitres. C’est bien car cela permet de s’adapter sans tout remettre en question, mais hélas cela vient également avec un prix, parfois dur à payer.]



[TODO Darksiders 2 a coulé indépendamment du monde. INDEPENDANCE]

Qu’est-ce que l’importance ?

Quand on revient sur ce que j’ai écris plus haut, on peut se poser cette question. Le monde peut être effectivement en péril, ce qui peut chagriner un homme c’est une femme qu’il aime. Les gens préfèrent un bon film d’action à un documentaire.

Les grands noms d’un domaine moyen ne sont connus que par les personnes déjà bien ancrées dans celui-ci. Le jour où j’ai écrit ce qui suit, la société THQ est morte. C’est important pour les passionnés du monde du jeu-vidéo. Néanmoins pour les « casuals » (gens qui ne sont qu’un peu dedans) et les gens qui ne sont pas du tout connecté à ce domaine, cela n’a aucune existence. Chaque domaine à ses coups durs et ses temps forts, mais ils ne touchent que les personnes impliquées dans ces domaines. C’est isolé. Quand quelqu’un meurt dans votre famille, cela n’affecte pas les gens qui ne connaissent pas votre famille.

Des mondes abstraits

Jusque là je me suis concentré sur les mondes virtuels en tant que mondes des individus ; mais cela s’étend plus loin que ça (cette vision est abstraite), nous ne sommes pas les seuls à être des mondes à part. Les domaines sont aussi des mondes à part : le monde du cinéma, le monde du jeu-vidéo, le monde du travail, etc. Ils ont leurs codes, leurs règles, leurs institutions, leur propre cyclecycle de vie, et continuent leur activité comme si de rien n’était à l’extérieur, telles des cellules indépendantes. Par exemple, au niveau de la valeur, il est intéressant de constater que sur le site Metacritic (un agglomérateur de critiques d’œuvres culturelles), la fourchette qui définit si une œuvre est bonne, moyenne ou mauvaise (vert, jaune, rouge) est différente selon le domaine auquel cette oeuvre appartient. Dépasser les 80/100 est quelque chosechose d’assez commun dans le domaine du jeu-vidéo alors que ça ne l’est pas dans le domaine cinématographique.

De la même manière, ce phénomène des mondes à part explique les différences astronomiques de salaires à travers le monde et même à travers une même société (football, etc).



 

Quand le soleil se lève, les étoiles cessent de briller – Ensemble, limites et valeur

[TODO voir où placer ça. Je dirais dans le chapitre 2, mais en fait cela recoupe beaucoup avec la définition du sens du chapitre 3 (visage, limites, etc). Voir aussi pour peut être déplacer « l’homme le plus fort du monde VS météorite »]



[Relativité par rapport à l’ensemble, BEVBEV] Une chosechose brille et attire notre attention (Gow Ascension). Puis une autre chosechose plus brillante encore arrive et elle s’accapare notre attention. L’autre brille toujours, mais la sensation est différente.

Quand une chosechose qui brille apparaît, elle attire notre attention. Mais quand une autre chosechose plus brillante encore apparaît, c’est elle qui s’accapare notre attention. La première brille toujours comme avant, mais la sensation est différente. Les chosechoses ne changent pas, et pourtant elles ont tendance à ne briller qu’un temps (pendant leur « âge d’or »), c’est à dire le temps qu’une chosechose plus brillante apparaisse.

« L’auteur tu as raté ta vie, ces consoles étaient magiques dans leur âge d’or c’est fini maintenant »

Dans mes bons jours, je trouve génial d’avoir la vie que j’ai, cette capacité de réfléchir et de découvrir des chosechoses par l’intuition, cela me fascine de voir les idées germer. Mais dans l’absolu, je ne pense pas avoir des capacités si extraordinaires que ça. Et donc si les humains étaient en contact avec d’autres êtres bien plus intelligents, il n’y aurait rien d’intéressant à faire ce que je fais (tout serait déjà découvert et bien connu), et rien de génial et si réjouissant à être intelligent comme je le suis. Il serait même assez ridicule de l’être (se sentir génial, se réjouir), en comparaison. Pour en revenir à la brillance, je serais une petite lumière face au soleil. Et les étoiles ne brillent pas le jour… J’ai une chance spéciale par rapport à l’ensemble (qui n’a pas de soleil), par rapport au milieu et à ses limites. Bref c’est la relativité qui crée cette valeur, cette situation.

(ça me fait mes bonnes journées moi). TODO lien avec équilibre vocation (médecin).

[Lien avec plaisir logique]

Je pense que c’est de ces limites de l’ensemble que les passions et les vocations s’équilibrent : chacun a des attraits particuliers, mais tout le monde ne peut pas faire la même profession. On essaie de créer des soleils là où ça manque de lumière.

Le niveau humainLe niveau humain et la relativité

Ce que nous ne conscientisons pas naturellement, c’est que les situations sont ce qu’elles sont seulement parce que nous sommes ce que nous sommes. Les fantasmes humains (super-situation, super-rôle, super-pouvoir, super-flic) massivement véhiculés dans les médias, n’ont d’un point de vue non humain, rien de si exceptionnel. Ils ne font qu’attiser nos valeurs de manière irrationnelle ; car si on était véritablement dans la situation fantasmée… on ne fantasmerait plus sur celle-ci, on se rendrait compte qu’elle n’est pas ce qu’elle nous semblait être (et pourquoi pas qu’on avait déjà quelque chosechose de mieux avant).

 

Le truc, c’est qu’aussi extraordinaire puisse être notre cerveaucerveau en tant qu’outil, on l’utilise pour s’attaquer à des problèmes qui sont trop gros pour lui. Quand on voit sa puissance pour traiter d’autres chosechoses : vision, perception de visages… par rapport au raisonnement. Tout n’est qu’une question de limites.

Dans l’absolu les meilleures trouvailles humaines ne sont pas si impressionnantes que ça. Ce qui est impressionnant c’est qu’on les a trouvé avec des capacités aussi limitées.

 

 

 

Relativité, perception et communication(fausse intercompréhension et malentendus)

[TODO mettre avant monde virtuel]

Ainsi donc, ce que l’on ressent lorsqu’on perçoit quelque chosechose (~ « l’expérience », qu’on appelle aussi qualia) est relatif à chacun.

En tant qu’êtres humains, nous pouvons communiquer à propos de ces ressentis grâce au langage. Le problème c’est qu’à travers le langage, nous n’échangeons que des mots (ou presque), et non pas l’information en elle même (~ le ressenti). Alors certes, ces mots décrivent souvent ce ressenti, mais ça n’enlève rien à la chosechose : « la carte n’est pas le territoire ». Très loin de là même, car dans le domaine de la communication, les individus peuvent utiliser les mêmes « cartes » pour parler de « territoires » différents…

Sur le bas niveaubas niveau, il existe un exemple assez classique mettant en avant ce problème. Imaginons une femme qui peut voir les couleurs de façon normale, et sa jumelle, dite « inversée », dont le spectre chromatique est parfaitement inversé. Tout ce qui est vert, la jumelle le voit rouge, tout ce qui est bleu, la jumelle le voit jaune, et vice-versa.

Si on montre une tomate mûre à la femme « normale », et qu’on lui demande de nous dire sa couleur, elle va répondre que la tomate est rouge (c’est ce qu’elle croit). Si on montre cette même tomate à sa jumelle « inversée », celle-ci répondra (et croira) exactement la même chosechose, bien qu’en « réalité » elle voit du vert et non du rouge.

Comment cela est-il possible ? De la même manière que les daltoniens n’avaient jamais été diagnostiqués avant le XIX e siècle, la jumelle possède un spectre chromatique inversé, de ce fait, peut faire des discriminations chromatiques exactement comme sa sœur, ce qui empêche tout diagnostique. Elle a donc tout simplement associé le mot  » rouge  » à la couleur vert et vice-versa. L’input sensoriel sera donc celui de voir une tomate, auquel elle associera la croyance que la tomate est rouge, puisque  » rouge  » est le terme désignant le vert qu’elle voit. Et son output sera le même que sa sœur, puisqu’elle déclarera voir une tomate rouge.

Est-ce à dire que les expériences des jumelles seront parfaitement identiques ? Il semble bel et bien que le schéma fonctionnaliste ne soit pas capable de rendre compte de l’aspect qualitatif différent que chacun des sujets aura. Le fonctionnalisme ne rend donc pas compte des qualia. »

Malaise vis à vis de la normalité

Bien que les conséquences de telles différences peuvent paraître anodines (après tout on s’y retrouve dans le langage), elles peuvent en fait s’avérer assez perverses, voire tragiques, notamment lorsqu’il existe un très fort consensus. Par exemple, dans un monde où il serait mal vu d’apprécier le rouge, et bien vu d’apprécier le vert, la jumelle inversée se trouverait probablement mal à l’aise (voire rejetée) si elle aime le rouge et qu’elle n’aime pas le vert… alors qu’en fait elle partage, à son insu, les mêmes ressentis que les autres… (son rouge étant le vert des autres, et vice versa).

Dans notre monde à nous, l’olive est un fruit qui met particulièrement bien en avant ce phénomène vis-à-vis de ma propre perception (et celles de bien d’autres, j’imagine). C’est quelque chosechose qui semble être ajouté, à l’unité, au dessus d’un plat, comme pour « couronner le tout », pour ajouter une « plus-value ». Autrement dit, une sensation positive. Néanmoins, le goût de ce fruit m’est vraiment trop prononcé et désagréable, et ainsi de mon point de vue, placer une olive sur un plat est un très bon moyen de le gâcher ! (Autrement dit de provoquer une sensation négative). Cela veut-il dire que je n’apprécie pas la sensation qu’on les autres en mangeant des olives ? Non, c’est juste que je n’y ai pas accès avec les olives, je n’ai pas la même sensation.



On peut être d’accord sans être d’accord

Ainsi, quand il s’agit de qualifier des chosechoses sans directement les juger, les individus (aussi différents soient-ils) sont souvent d’accord au sujet du mot à employer.

Dans le cas des couleurs, c’est plutôt « normal » étant donné que (hors cas particuliers) les différences inter-individuelles sont assez mineures, négligeables (car comme dit précédemment, nous sommes très semblables sur le bas niveaubas niveau ; il existe une « réalité » consensuelle, une réalité commune) : la plupart des gens ayant le même spectre chromatique, une couleur reste une couleur, une olive reste une olive. En revanche, sur le haut niveauhaut niveau, et notamment dans le cas du jugement de valeur, c’est une autre affaire. Comme nous l’avons vu, à ce niveau, chacun vit dans son monde virtuel, chacun dispose d’opinions qui lui sont propres. Par exemple, en général les individus sont d’accord pour dire que quelque chosechose est « grossier », mais cela n’implique pas qu’ils pensent la même chosechose des chosechoses grossières (ils n’associent pas les mêmes valeurs) ; certains peuvent les prendre à la légère, les trouver amusantes, tandis que d’autres les jugent malpolies et dérangeantes (peuvent s’en offusquer).

À ce niveau, il n’y a plus de liens « universels » entre une chosechose et une autre. Et donc là, rien ne nous assure que nous parlons bien de la même chosechose lorsque nous employons les mêmes termes (« Les mots des ressentis »). Même quand on lit un livre et que l’on pense tout comprendre, on n’accède pas exactement aux pensées de l’auteur, on interprète les mots et leur importance selon notre référentiel. On peut même totalement passer à côté des intentionintentions de l’auteur sans s’en rendre compte. Et c’est une chosechose que nous avons tendance à ne pas considérer, et qui mène à bien des conflits et des divergences.

(Note : même moi quand je me relis ultérieurement, il m’arrive de passer à côté de ce à quoi je pensais : je ne recréé pas la même intuition).



Peut on vraiment parler de méprise ?











Chez l’individu X, le choux-fleur réveille la valeur V1. Chez l’individu Y c’est un autre aliment qui réveille la valeur V1, admettons un bonbon. Ce n’est pas l’aliment (le choux-fleur ou le bonbon) qu’ils apprécient mais la valeur sous-jacente. En dépit des apparences, ces deux individus sont donc totalement d’accord.

Deux individus peuvent avoir un avis totalement opposé sur deux chosechoses particulières, mais au final être d’accord ! Lorsque X voit la chosechose 1 il perçoit les valeurs V1, V2, V3, tandis que lorsqu’il voit la chosechose 2 il perçoit V4, V5, V6. Y voit exactement l’inverse (il tire V4, V5 et V6 de la chosechose 1). C’est particulièrement vrai pour des chosechoses comme la « classe » (~ style/charisme).







Endive, olive : on sent bien qu’il y a une affaire de seuil, car certains sont agréables. C’est vers cela que doivent ressentir ceux qui aiment.







« Ça se voit que tu n’as pas le jeu. Tout les défauts que tu listes sont les gros points forts du jeu. »





« Le thème de Ethan n’a rien d’épique… et rien d’émouvant non plus. »



« t’as rien compris à la série »

On peut demander à un individu X de nous donner une chosechose qui soit à la fois adjectif1 et adjectif2 (épique et émouvante), et constater qu’un individu Y ne perçoit pas ces adjectifs dans cette chosechose particulière.



De manière inverse, deux individus peuvent s’accorder sur une chosechose alors qu’ils ne pensent pas la même chosechose (sans ressentir les mêmes chosechoses). X et Y perçoivent V1, V2 et V3 dans C3 mais pour des raisons totalement différentes (V1 V2 et V3 ne sont pas les mêmes, cf spectre inversé).



On peut presque dire que toutes les divergences et autres conflits ne sont que des « malentendus » (méprise, quiproquo).

D’accord/pas d’accord : Ce qui compte dans le monde ce sont les valeurs sous-jacentes ou les porteurs de ces valeurs (~ liens entre les chosechoses « objectives » et les valeurs) ? « goûts de merde » « c’est lui le meilleur, non il est nul c’est lui » « t’y connais rien »



« et les vrais bases de la série ce n’est pas le tour par tour dont on se fout royalement et qui appartient au passé . « 

 

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