Chapitre 19
Perception et appréciation
Pourquoi trouvons nous certaines chosechoses (particulièrement) bonnes/mauvaises ?
Benchmark – Changement de chaussures, changement de coiffure : fait bizarre car différent de la référence (encore) actuelle. Si chaussure plus longue que la référence : chaussure va paraître très/trop fine. Si cheveux plus court que réf : cheveux vont paraître très/trop court.
Pareil avec nunchaku léger/nunchaku lourd et bâton. Passant du maniement du nunchaku léger à nunchaku lourd, sensation de lourdeur, de puissance et d’allonge. Alors qu’en passant de bâton à nunchaku lourd, sensation de légèreté et de faible portée.
En fait ce qui est long n’est pas long, mais allongé (par rapport à une référence plus ou moins concrète).
Idées peu évidentes, dont on aurait jamais douté : dualitédualité. Effet fort de dualitédualité. Un pôle était surchargé et pouf, décharge.
AppréciationAppréciation : on s’attend à ce qu’un individu fasse certains comportements, pas d’autres (cela nous étonne).
Les effets de l’ignorance VS connaissance ne peuvent venir du bas niveaubas niveau : tout le monde doit avoir la même base. AppréciationAppréciation peut pas venir directement du bas, trop de différences inter.
AppréciationAppréciation de la difficulté d’un mouvement : goûts de haut niveauhaut niveau ou renforcement d’une partie des goûts de bas niveaubas niveau ?
Comment je sais que je bouillonne d’idées ? Comment je sais que je tiens quelque chosechose ?
TODO : amour = influence initiée par le haut, mais maintenue par le bas (hormones). Comme la dépression.
Perception, AppréciationAppréciation, Jugement, Valeur, RelativitéRelativité, Habituation, Gnosies (tout le travail logique d’interprétationinterprétation d’un stimulus, d’informations brutes).
TODO : formes géométriques de bases = géons.
Nous ne choisissons pas d’apprécier. Alors comment est-ce régulé ?
Relativisation mathématique : valeur de la distance moyenne.
Je ne sais pas comment les intuitions sémantiques sont encodées. Par exemple comment est encodé ma vision de l’intuition ? Peut être des représentations visuelles ?
Critères prédéterminés par l’évo : urine de lion → peur chez les rongeurs.
Peur du vide.
Indexage
Pourquoi indexage ? Pour des chosechoses ultra-complexes il semble difficile d’affecter une valeur arbitraire si cela dépend. Certaines zones du cerveaucerveau semblent répondre à des stimulus hyper-complexes, à des configurations symboliques.
Je pense qu’il existe un système d’indexage basé sur « l’empreinte » des chosechoses. L’idée c’est que lorsque nous percevons une chosechose, notre inconscientinconscient extrait une empreinte à partir des propriétés de cette chosechose (cf hachage), c’est à dire le pattern de neurones activés.
Les données en rapport avec la chosechose répondent également à l’activation de l’empreinte.
Et la position (coordonnées) de l’endroit dans la mémoire où est stocké la représentation de cette chosechose (ainsi que les données en rapport avec elle) est associée avec cette empreinte dans une sorte de table (le principe topographique étant déjà très présent au sein du cerveaucerveau : somatotopie, rétinotopie, tonotopie, etc).
Ainsi lorsque nous percevrons de nouveau cette chosechose, notre inconscientinconscient extraira la même empreinte, et comme dans la table cette empreinte est associée à une position il activera directement les neurones à cet endroit (et ne recréera pas une nouvelle représentation), et ainsi on se souviendra de la chosechose (au minimum, impression de déjà vu).
Selon moi cela permet d’expliquer ce que j’appelle les remontées lointaines, typiquement ce sont des souvenirs très anciens ravivés instantanément par les sensations : le goût d’antan, une odeur d’enfance, une photo d’un lieu où l’on a été, etc. (ex : madeleine de Proust).
Le processus normal de récupération étant selon moi l’activation par association (~ radiation) ; celui-ci ne nécessitant pas de retenir la position. Les souvenirs anciens n’étant plus « pertinents », ils ne sont plus liés à des nœuds actifs et ne sont donc jamais activés par association. En outre, si un souvenir est isolé, il peut être extrêmement difficile de tomber sur sa position par simple recherche consciente.
Ce chapitre fait suite aux idées introduites dans les chapitres 8 et 10 et vise à approfondir et développer plus techniquement les mécanismes de l’appréciationappréciation à travers la perception (selon mon modèle). Il sera également question d’expliquer la manière dont nos jugements sont relativisés (~ normalisés) de façon assez « mathématique » afin que chaque catégorie dispose d’un ensemble de valeurs « cohérentes », adaptatives.
- 1 – L’appréciation
- 2 – L’intuition, une base de travail
- 3 – La perception
- 4 – Détermination de la valeur
- 4.1 – Détermination de l’appréciation associée à une intuition
- 4.2 – Les Goûts
- 4.3 – Goûts de bas niveau et évolution
- 4.4 – Alchimie des goûts
- 4.5 – Des référentiels cloisonnés
- 4.6 – L’État Actuel – des crudités fraîches en été, des boissons chaudes en hiver.
- 4.7 – Des limites de la séparation des couches
- 4.8 – Exemple de déroulement d’une appréciation (~ algorithme)
- 4.9 – Notes
- 5 – D’autres aspects intéressants
- 5.1 – Premières valeurs, imprégnation et nostalgie
- 5.2 – Objectivité et piliers premiers
- 5.3 – Relativité, appétence et qualité du stimulus
- 5.4 – Connaître VS ressentir
- 5.5 – Appréciation et évolution
- 5.6 – L’ignorance est relative
- 6 – Résumé
- 7 – Les figures de la relativité (biais perceptifs)
L’appréciationappréciation
Dans les grandes lignes, l’appréciationappréciation consiste à déterminer si une chosechose est perçue comme étant bonne au mauvaise, et varie grandement en fonction de l’expérience et du contexte dans lequel on évolue.
Mais avant de plonger dans ses spécificités, mettons d’abord au clair quelques composants importants.
L’intuition, une base de travailComme nous l’avons vu le cerveaucerveau stocke les informations générales, les « connaissances », sous forme d’intuitions. Mais que sont réellement les intuitions ? Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, chaque objet, chaque entité, chaque concept est enregistré dans le cerveaucerveau sous forme d’intuition. « Mathématiquement » on peut voir ça comme un gros bloc de valeur. Une intuition c’est donc une représentation mentale d’une chosechose (objet matériel ou idée immatérielle). C’est l’idée qu’on en a, une idée qui est « évidente » et qui nous semble vraie. Cette idée c’est le résultat de l’activation simultanée d’un ensemble de neurones formant un pattern spécifique (chacun des neurones représentant une partie de l’information). Ainsi, je pense que les intuitions reposent sur un paradigme objet similaire à celui de la programmation orienté objet (POO) vu en informatique : un système d’abstractionabstraction (classes, catégories, composants, etc) permettant de catégoriser les chosechoses, un système d’héritage pour la structuration, et de composition pour la construction. Je pense également que c’est la structure de donnée de base de la conscienceconscience (dans le sens où l’inconscientinconscient n’en a peut être pas besoin). Néanmoins il arrive souvent que l’inconscientinconscient fournisse une intuition composite sans fournir directement les intuitions composantes (~ abstractionabstraction), De fait, la plupart des intuitions sont composites et dérivent d’une multitude d’intuitions inférieures. Néanmoins, notre cerveaucerveau étant un intégrateur avant d’être un analyseur, il arrive souvent que l’inconscientinconscient fournisse une intuition composite sans que les intuitions composantes (~ abstractionabstraction) aient jamais été fournies ; ce qui explique que la conscienceconscience est incapable d’expliquer (décomposer) certaines intuitions dont elle dispose (~ blob d’informations). Il n’est donc pas rare de voir des personnes clamer quelque chosechose comme étant vrai sans pour autant être capable de l’expliquer. Ils « sentent » leur intuition. Au mieux, la conscienceconscience est capable de déterminer des modèles et des dimensions, c’est à dire identifier des gros sous-ensembles de l’intuition. Aussi, certaines intuitions ne s’expliquent pas : les couleurs, les figures géométriques de base (angle, rectangle, triangle, courbe, cercle, etc) et leur concept sous-jacent (figure, forme, couleur) ; cela vient du fait que ce sont des intuitions élémentaires, fondement de toute intuition de niveau supérieur. Chaque intuition se situe à un niveau de conscienceconscience. Les intuitions de bas niveaubas niveau se rapprochent du monde physique, du « mesurable », tandis que les intuitions de haut niveauhaut niveau font abstractionabstraction du monde physique (idées, concepts, etc). Cela dit, les intuitions de haut niveauhaut niveau pourraient avoir la même base que les intuitions de bas niveaubas niveau, et donc reposer sur une expression et un usage particulier des systèmes de représentations « sensoriels » (~ cognition incarnée). Pour plus d’éclaircissement je vous invite à relire le premier chapitre de cet essai, traitant du principe d’abstractionabstraction.
Exemple de composition Voilà un exemple exagérément simplifié permettant d’expliquer plus concrètement le principe, (avec des valeurs non représentatives de la réalité, simplement à titre d’exemple) :
La couleur rouge n’est pas un agrégat (ici elle n’a ni forme ni couleur) car c’est une intuition de base/élémentaire. Pour la forme géométrique d’un seau, on va admettre que c’est aussi une intuition de base, même si en réalité ce n’est pas le cas (la plupart des formes sont des agrégats d’une infinité d’intuitions de base – triangle, carré, etc – d’ailleurs la qualité d’un modèle 3D se mesure en nombre de polygones). Mais avec un haut niveauhaut niveau d’abstractionabstraction, on peut dire que la forme d’un seau est une composition d’un rond (qui serait le 1 de 125 par exemple) et d’un cylindre (qui serait donc le 25 de 125). Chaque index d’intuition élémentaire est l’adresse d’un neurone, ou d’un bloc de neurones. Il est intéressant de noter que le mot associé à un index est indépendant de celui-ci, dans le sens où les propriétés du mot n’entrent pas dans la composition de l’index. Perceptual hash grâce à la topologie. Il est intéressant de noter que le mot associé à un index est indépendant de celui-ci. Cela vient du fait que le langage est une couche de haut niveauhaut niveau (association régie par le cortex pré-frontal) qui ne relève pas de l’analyse sensorielle. C’est grâce à cela que nous pouvons communiquer avec (et aussi comprendre) plusieurs langages basés sur les mêmes intuitions (le « cat » anglais et le « chat » français d’un bilingue ne renvoie pas à deux chosechoses différentes représentant la même chosechose, mais plutôt à une seule et même représentation). Le seau n’a pas besoin du mot pour exister. Il est aussi intéressant de noter que l’activation neuronale fonctionne comme une fonction de hash ne renvoyant pas une valeur mathématique hasardeuse mais quelque chosechose de sensé, en rapport avec les attributs de la chosechose ; de telle sorte que les empreintes de deux chosechoses proches soient également très proches (ce qui est très important au niveau de l’organisation, cf la suite) mais aussi pour que le retrait ou la distorsion d’attributs soit tolérée. En informatique on parle de fonction perceptuelle, puisque les empreintes de deux chosechoses légèrement différentes ne sont pas radicalement différentes (comme c’est le cas en cryptologie). |
La perception
Analyse inconscientinconsciente → intuition
La perception est le processus de création d’intuitions effectué à partir de informations sensorielles issues du monde combinées avec les informations internes. En regardant une chaise, le cerveaucerveau ne voit pas directement une chaise, il voit une image. C’est suite à un traitement de cette image que la chaise sera délimitée grâce à ses particularités physiques, puis reconnue en vertu de la concordance de ses propriétés avec ce qu’on appelle une chaise. La perception est donc un processus qui permet d’abstraire des chosechoses du monde et de leur attribuer une valeur, une signification. En psychologie, tout ce travail logique d’interprétationinterprétation d’un stimulus (~ d’informations brutes) est appelé gnosie. Il y a donc d’abord un travail de découpage, puis un travail d’interprétationinterprétation des chosechoses découpées.
Capture d’intuitions L’enregistrement d’une nouvelle valeur s’effectue à partir des activations de nos capteurs sensoriels. Avec les yeux ça doit donner un truc du genre :
Création de l’index par comparaison dichotomique du percept avec la base mémoire → seau bleu sans anse alors comparaison avec valeurs mémoire F1263C8 Si une valeur suffisamment proche concorde (~ marge d’erreur) : activation de l’index, recréation/rechargement de l’intuition en mémoire de travail (~ appariement), sinon : création de l’index, création de la nouvelle intuition en mémoire de travail.
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Détermination de la valeur
La notion d’intuition (re)définie, passons maintenant au cœur de ce chapitre : la détermination de la valeur. En effet, je pense qu’à chaque fois que notre esprit découvre une chosechose, il lui affecte automatiquement une valeur ; valeur qui est intégrée dans l’intuition et qui contribue à définir le sens et la croyance qu’on a de cette chosechose. Par exemple, la valeur peut être la beauté d’une chosechose (environnement, visage, etc) : il suffit de la voir, et automatiquement on aura un jugement de valeur sur celle-ci (~ degré de beauté). La question est donc de savoir quelle sorte d’algorithme et quels critères sont employés pour effectuer ce « jugement ».
Dans ce chapitre, je ne vais pas vraiment expliquer comment l’appréciationappréciation s’établit de A à Z mais plutôt quels effets généraux y sont rattachés. En effet, expliquer complètement comment l’appréciationappréciation s’établit, cela revient grosso-modo à expliquer comment les chosechoses font sens. Mais si j’ai des éléments là dessus (cf implication, réalisation, chapitre 10 notamment), cela me paraît présomptueux d’imaginer tout expliquer, tant, je pense, les éléments sont nombreux et l’interaction entre ceux-ci complexe. Ce n’est donc pas le centre de ce chapitre, qui s’attarde sur des phénomènes plus macroscopiques et abstraits.
Encore une fois, je tiens à préciser que ce qui suit recouvre ma vision personnelle du mécanisme, vision établie par une approche assimilable à de la rétro-ingénierie (rien de purement « scientifique », cela veut juste dire qu’en fait c’est le fruit d’une intuition par rapport à ce que j’ai observé à travers le temps, c’est comme ça que mes idées émergent, c’est comme ça que je « travaille »).
Chaque idée est simplifiée pour une meilleure compréhension.
Détermination de l’appréciationappréciation associée à une intuition
C’est maintenant que ce chapitre va pleinement recouper avec les chapitres 8 et 10, et expliquer de manière plus technique les phénomènes qui y sont exposés.
Car en effet, la perception d’une chosechose n’entraîne pas seulement la définition « logique » d’une valeur associée : elle déclenche également un effet plus « physique » sur l’organisme, une réaction hormonale (de bien être ou de mal être). (Le plaisir devant se faire grâce à une sécrétion de dopamine, sérotonine ou autre endorphine, je suppose).
Ainsi, plus que de jugement, on peut parler d’appréciationappréciation. Et l’appréciationappréciation d’une chosechose repose sur deux notions importantes : les Goûts et l’État actuel.
Les Goûts
Globalement, les Goûts définissent la valeur d’une chosechose dans des conditions normales. Ils se divisent en deux parties : les goûts de bas niveaubas niveau et ceux de haut niveauhaut niveau.
En informatique, la notion de goûts de bas niveaubas niveau peut se représenter par un tableau/matrice. Il indique au niveau élémentaire (formes, couleurs, substances alimentaires, émotions, etc) ce que l’on est prédisposé à aimer ou pas. Il est globalement peu flexible (issu de l’évolution, cf chapitre 5) mais est amené à changer de manière ponctuelle, notamment durant la croissance. Il est en parti généré par rapport au sexe et de manière « aléatoire », contribuant ainsi à notre unicité. En recoupant une intuition (simple ou complexe) avec ce tableau, on peut déterminer le taux d’adéquation de l’individu avec cette intuition.
L’attirance sexuelle liée à l’apparence repose grandement sur les goûts de bas niveaubas niveau : le corps formant des formes, des rayons de courbures, des déformations par le mouvement, etc. La perception de la vieillesse également (forme globale, traits, couleurs).
Goûts de bas niveaubas niveau et évolution Comme je le disais dans certains chapitres des actes I et II, l’appréciationappréciation constitue un raccourci entre les chosechoses perçues et leurs implications vis à vis de nos besoins et de notre environnement, raccourci permettant de cadrer le comportement, de guider dans la bonne direction et de saisir rapidement ce qui se passe sans faire appel à la raison. Ce qu’on apprécie positivement s’est avéré être positif pour nos ancêtres par le passé. humainement bon mesures (soleil, vitesse, impact) Pourquoi a-t-on envie d’avoir un corps avec les bonnes formes ? Parce que c’est beau. Et pourquoi ces formes là sont-elles belles ? Parce qu’elles impliquent un bon fonctionnement du corps (grossièrement : potentiel de protection pour les hommes, potentiel de fertilité pour les femmes). Si les hommes avaient des corps de femmes (et inversement) mais toujours les mêmes rôles, le ressenti resterait conforme aux rôles : un corps rond, fin et svelte GRRR , un corps carré et balourd douceur, sensualité « fragile ». Pourquoi le moisi nous donne-t-il envie de vomir ? Parce que c’est dégoûtant. Et pourquoi le moisi est-il dégoûtant ? Parce qu’il est toxique pour notre organisme. Dégoût (intérieur des corps, moisi). Pourquoi a-t-on envie de prendre soin des enfants ? Parce qu’ils sont mignons. Et pourquoi sont-ils mignons ? Parce qu’il est vital d’en prendre soin, il en dépend de la survie de notre patrimoine génétique. À un moment donné dans l’histoire de l’évolution, les enfants ont probablement été comme ils sont actuellement physiquement parlant, mais sans être mignons (ou tout du moins pas aussi mignons qu’actuellement, car il y a une co-évolution pérpétuelle). C’est après coup, qu’ils ont été vraiment mignons, par nécessité (cf chapitre 5). Si nos corps évoluaient à l’envers (càd si on naissait avec un grand corps vieux pour aller vers un petit corps de bébé), et ce sans autre changement (esprit, besoins, etc), nous ressentis seraient inversés : les grands corps vieux seraient mignons tout plein alors que les petits corps de bébé paraîtraient usés. Bien sûr cette inversion ne pourrait pas arriver isolément, car le lien entre forme et vieillissement est global, abstrait (concerne aussi les animaux, les végétaux, etc). C’est tellement abstrait qu’on peut faire un petit truc mignon avec presque tout chosechose (petite voiture, petite chaise, etc). Ce qui explique en partie pourquoi nous n’arrivons pas à réellement concevoir cette inversion, les liens sont trop ancrés ; on imagine l’idée mais on arrive pas à la ressentir, c’est inconcevable . D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour laquelle un nouveau né tout fripé n’est pas aussi mignon qu’un bébé de plusieurs jours ; même si en fait, c’est avant tout parce qu’il ne reste pas longtemps comme cela. Ce qui est drôle avec ce système de raccourci, c’est qu’il se renforce en se mordant la queue. En effet, l’appréciationappréciation de bas niveaubas niveau fait aussi partie des implications. Pourquoi a-t-on envie d’un corps avec les bonnes formes ? Parce qu’on sait que c’est bien apprécié et donc que nos besoins ont plus de chances d’être satisfaits avec. Certaines personnes adoptent une certaine attitude dans le but de recevoir de l’admiration. Alors que l’admiration est à la base, un effet secondaire reçue pour une attitude authentique, faite pour elle même. En fait, il y a une sorte d’opportunisme inconscientinconscient dans l’appréciationappréciation. Dans le fond, il n’y a pas tant de différence entre une personne qui s’intéresse à une autre parce qu’elle la trouve belle et une personne qui s’intéresse à une autre parce qu’elle est très riche. Reste qu’il y a une certaine authenticité naturelle. Plus l’apprécation que l’on déclenche est non contrôlée et distale (càd un effet secondaire de ce qu’on est et ce qu’on fait naturellement), plus elle est authentique. L’authenticité permet des effets beaucoup plus profonds et donc puissants. En toute logique, puisque c’est la forme naturelle de l’appréciationappréciation. Si on est occupé à essayer de contrôler l’appréciationappréciation que l’on déclenche, non seulement on est sur la surface, mais en plus on n’a plus assez de ressources attentionnelles pour être authentique. Et c’est ainsi que les meilleures productions culturelles sont celles réalisées par des artistes passionnés, ne cherchant pas à contrôler l’appréciationappréciation chez l’audience mais à créer la meilleure oeuvre possible, tirée du plus profond d’eux mêmes. Quand on essaie de reproduire ce qui fonctionne, plutôt que d’être ce qui fonctionne. Quand on essaie de reproduire ce qui fonctionne sans essayer d’en comprendre la nature. Quand on se concentre sur la réaction plutôt que sur ce qui produit la réaction. Bref, quand on essaie de contrôler l’appréciationappréciation. Le processus créatif n’est pas du tout le même, et on ne peut atteindre la finesse d’une production authentique qui demande une certaine compréhension profonde. Être versus essayer d’être. La beauté de l’une est authentique, l’autre est artificielle. Alchimie des goûts Les raccourcis d’appréciationappréciation sont initiés pour toutes sortes de propriétés, pour toutes sortes de chosechoses, et non uniquement pour certains attributs particuliers. C’est simplement que la majorité ne sont pas suffisamment forts pour se faire ressentir isolément. Néanmoins, les attributs peuvent se combiner et par conséquent des raccourcis faibles peuvent ensemble générer une appréciationappréciation forte. Je pense que la beauté, l’art, la musique, etc, dans un sens large, est le résultat de l’interaction de beaucoup de raccourcis positifs initiés par l’évolution. Tous ces conditionnements finissent par faire émerger des effets secondaires. Les détournements (du référentiel des goûts de bas niveaubas niveau) menant à une appréciationappréciation non prévue mais valide arrivent sans cesse. Il suffit par exemple de « créer », de composer un plat rassemblant des éléments appréciés par les goûts, dont la synthèse n’est pas présente à l’état naturel. Dans ce cas, on n’apprécie pas réellement parce que nous sommes conditionnés à apprécier ce met, même si sur le bas niveaubas niveau cela est quand même dû aux conditionnements antérieurs. |
Les goûts de haut niveauhaut niveau
Les goûts de haut niveauhaut niveau sont une sorte de référentiel basé sur des chosechoses complexes existantes et concrètes. Ce référentiel se construit petit à petit, avec l’expérience. Tout ce qui est d’ordre social et symbolique est défini ici. C’est notamment ici que se passe l’ancrage de la valeur (cf chapitre 9).
On apprécie le style rétro parce qu’il a été précédemment défini comme bon ici.
Les goûts de haut niveauhaut niveau permettent d’outrepasser/surclasser le traitement des goûts de bas niveaubas niveau. On pourrait donc considérer ces goûts de haut niveauhaut niveau comme un référentiel arbitraire, mais la façon dont ils se construisent est, en premier lieu, fortement contrainte par les goûts de bas niveaubas niveau.
Par exemple, une chosechose X peut être bonne en vertu des goûts de bas niveaubas niveau. Ensuite, grâce aux goûts de haut niveauhaut niveau, une chosechose Y peut être bonne simplement parce qu’elle est liée à X (elle la comprend, elle y fait référence, etc). De la même manière, une chosechose Z peut être d’abord bonne en vertu de ses caractéristiques (bas niveaubas niveau), puis bonne parce qu’elle est cette chosechose Z. C’est ainsi que la nourriture, la prise de drogue et bien d’autres finissent par faire des effets placebo.
C’est ce qui permet le plaisir logique (nouveauté, amélioration, révélationrévélation, discordancediscordance, nostalgie).
Note : il n’est pas certain qu’un tel système existe vraiment, notamment si les goûts de bas niveaubas niveau ont la possibilité d’être largement modifiés par l’expérience.
Des référentiels cloisonnés En fait, il ne faut pas voir les goûts de haut niveauhaut niveau comme un seul référentiel global et uni mais comme un ensemble de référentiels distincts et cloisonnés (même si la réalité se trouve entre les deux). Dans chaque domaine on recrée le schéma global d’expression de la valeur (cf chapitre 9). On ne voit pas une chosechose par rapport à sa position globale dans le monde, mais sa position dans son domaine. Sinon les chosechoses d’un domaine seraient plus ou moins toutes appréciées identiquement. On fait abstractionabstraction du reste du monde et on donne de l’importance aux différences du domaine (~ sorte de mode de conscience). Chaque domaine est un micro-monde. AppréciationAppréciation, relativitérelativité et abstractionabstraction : Schéma d’expression domain specific (ref BEVBEV) |
L’État Actuel – des crudités fraîches en été, des boissons chaudes en hiver.
LassitudeLassitude → ça ne fait plus aucun effet → on change (~ modes)
Goûts = fixé sur le long terme.
Drogue deviennent goûts de haut niveauhaut niveau.
État actuel = temporaire.
Différencier bas niveaubas niveau (état physique, hormonal) de moyen niveau (environnement, exposition).
Le troisième palier étant le haut niveauhaut niveau, les caractéristiques intrinsèques de la chosechose.
Empreinte (activation d’un ensemble particuliers de neurones représentant quelque chosechose) → valeur
Notion de réponse optimale (son voix)
Placement sémantique
L’effet d’une news
Si un individu sort dehors au cours d’une journée froide d’hiver, il aura sûrement froid. En revanche, si cet individu fait un footing de 30 minutes, la chaleur dégagée par son corps fera qu’il n’aura pas vraiment froid, alors même que la température extérieure à laquelle il est exposé n’a pas changé. S’il rentre chez lui, il devra probablement se dévêtir un peu pour ne pas étouffer, quand bien même un autre individu résidant dans sa maison est obligé de mettre une couverture pour ne pas subir le froid ; cet individu étant malade.
Ce petit exemple permet de bien isoler le facteur que j’appelle État actuel de bas niveaubas niveau, qui correspond à notre état physique et hormonal global et qui déjà modifie la perception des stimuli.
De manière générale, on peut l’assimiler l’État Actuel à un momentummomentum, une charge temporaire que l’on porte dans le présent à cause d’un événement passé (action, exposition). Au niveau de l’appréciationappréciation, cet État actuel dépend principalement de l’expérience et de la santé/intégrité physique : ce dont on a besoin, ce dont on manque, surdoses, (attentes, surprises, découvertes)… Même si vous aimez selon les Goûts, si vous êtes en surdose alors vous ne pouvez pas apprécier (~ rejet, voire écœurement). Il en va de manière inverse pour le manque.
Tout comme les goûts, l’État Actuel est donc composé de deux niveaux : l’un est d’un ordre physique, global, tandis que l’autre est d’un ordre plus logique, dépendant des chosechoses. Là où les goûts constituent le haut niveauhaut niveau de l’appréciationappréciation, les couches de l’état actuel renvoient au moyen et au bas niveaubas niveau. Le moyen niveau est ce qui permet de relativiser l’appréciationappréciation par rapport à l’environnement, l’exposition aux chosechoses.
Par globalisation et par abstractionabstraction je suppose qu’on pourrait représenter chacun des deux niveaux de l’État Actuel par un coefficient (allant de 0 à 2) qui serait appliqué à l’appréciationappréciation.
Le coefficient du bas niveaubas niveau serait global, indépendant de la chosechose jugée. Un état normal se caractérisant par un coefficient moyen proche de 1 (niveau hormonal standard, « ivresse naturelle »). Un état anormalement mauvais (typiquement dépressif) se caractérisant par un coefficient moyen aux alentours de 0,10 signe d’un niveau hormonal trop bas (blasé de tout, triste, angoissé, malade). Un état anormalement bon (l’ivresse après s’être imbibé d’alcool, avant que ça ne redescende, l’exaltation durant l’acte sexuel) se caractérisant par un coefficient moyen proche de 2 (sensation de bien être effervescent, heureux pour rien, rire stupide, etc). Quand le corps est apte à donner, il donne sur n’importe quoi. En revanche, quand il est « fermé », on a beau lui exposer de bonnes chosechoses, la réaction est minime. C’est ainsi que depuis l’aube de l’humanitéhumanité, nous avons découvert des « hacks », des détournements permettant d’activer le corps sans raison particulière, en agissant directement sur le bas niveaubas niveau : ce sont les drogues chimiques. Alors évidemment le monde étant tel qu’il est (cf tous les chapitres du premier acte) on ne peut pas « tricher » ainsi impunément : les drogues entraînent beaucoup de conséquences néfastes (ne serait-ce parce que cela consomme d’un coup les hormones faites pour être utilisées avec parcimonie), le corps n’est pas fait pour être utilisé de cette manière. Quoi qu’il en soit, même dans un état « normal », le flux hormonal a pour conséquence d’appliquer un filtre qui vient flouter notre perception. La relativitérelativité fait que ce filtre est difficilement perceptible dans un état normal, c’est seulement en son absence (état de dépression) qu’on se rend compte de son existence et de son importance. Plus le coefficient est haut, plus l’intensité du flou est forte et plus cela permet de masquer les détails et de passer outre certains défauts. Cela à pour conséquence de biaiser le jugement.
Ce qu’on aime vraiment ce n’est pas la chosechose, mais la réaction hormonale que cette chosechose déclenche. Nous aimons tous la même chosechose sur le bas niveaubas niveau. À un moment donné, il y a un « mindfuck »
Une chosechose est bonne avant tout parce qu’elle libère des hormones, pas parce qu’elle est foncièrement bonne. Ce sont les hormones qui font la vraie magie de l’appréciationappréciation. Les éléments trouvés par le cerveaucerveau supérieur pour expliquer en quoi la chosechose est bonne ou pas ne sont au final que des « excuses » pour justifier la libération ou la non libération d’hormones, et ainsi donner un sens au monde. Quelque chosechose d’objectivement bon est en fait simplement quelque chosechose de normalement bon, c’est à dire qui fait libérer des hormones sur la majorité de la population (Coca, Experts, etc). L’objectivité critique dépend donc de la population ; d’une certaine manière on peut dire que l’objectivité est la subjectivité normale (~ qui gravite autour de la moyenne).
J’ai également l’impression qu’avoir des hormones en stock permet d’avoir un réveil agréable (d’où le barreau du matin pour les hommes ?) et d’influencer positivement nos rêves. En revanche, ne pas avoir trop d’hormones semble permettre d’être plus « intelligent », de littéralement garder la tête froide. En fait lorsqu’on en a trop, on a vite fait de faire « le tour complet de la dualité », d’être trop « sensible » et de balancer des hormones pour n’importe quoi et donc ne plus se concentrer sur ce qui est important. |
Dans un état d’intégrité physique normale (homéostasie), le coefficient spécifique à l’appréciationappréciation d’une chosechose est donc uniquement déterminé par rapport à l’expérience plus ou moins récente (ce que j’appelle le momentummomentum), le moyen niveau. Dans l’exemple de la chaleur produite par le footing, le momentummomentum ne dure pas longtemps, mais cela ne veut pas dire qu’il en est de même pour toutes les charges. On distingue particulièrement deux types de lassitudelassitude influant nettement sur l’appréciationappréciation :
D’une part la lassitudelassitude sensorielle, qui s’exprime lorsque nos capteurs (« yeux », « papilles », « oreilles », etc) reçoivent pendant trop longtemps le même type de signaux (se gaver de sucreries, écouter une musique en boucle, jouer pendant trop longtemps au même jeu). Elle est similaire à la satiété de la faim et s’applique sur le court terme (analogie avec les fibres musculaires rapides). Elle est relativement assez brusque car sous tendue par une saturation du système physique. À noter qu’il semblerait que ce type de lassitudelassitude soit nettement moins prononcée chez les autistes.
D’autre part la lassitudelassitude mémorielle (ou structurelle), qui s’exprime lorsque la mémoire n’a pas subi assez d’influx depuis la dernière fois (qu’on a fait l’expérience de la chosechose). C’est ce qui fait que nous n’avons pas envie de revoir tout de suite un film que nous venons de voir, mais que nous le reverrions bien d’ici quelques années. Elle s’applique sur le long terme et s’évapore en même temps que la mémoire (analogie avec les fibres musculaires lentes). Par accumulation, elle s’applique également à des expériences plus basiques (manger trop souvent la même chosechose). Elle s’installe alors petit à petit et produit un effet de lassitudelassitude sensorielle, mais qui dure.
[Ces deux lassitudelassitudes recoupent avec la notion de Désensibilisation (émotionnelle) en psychologie. Elles est utilisée pour « effacer » les peurs. Mais aussi avec la notion d’accoutumance ; c’est à dire le besoin d’augmenter l’intensité du stimulus pour obtenir le même effet.]
L’effet de ces lassitudelassitudes est relative à chaque chosechose et à l’état du système (cf Grande Horloge, chapitre 4). Ainsi une chosechose peut passer incroyablement bien pendant un certain temps, et donc il est possible que le jugement soit très peu affecté par la lassitudelassitude sensorielle : on peut apprécier écouter une certaine musique en boucle. Certaines chosechoses sont, indépendamment de l’état du système, peu affectées par la lassitudelassitude. Je pense donc que leurs propriétés s’accordent bien avec la structure du système. En anglais, on dit de ces chosechoses qu’elles ne deviennent jamais vieilles (« never get old ») ; on peut citer les frites et le chocolat par exemple, ou encore le sexe (qui récupère très vite). Toutefois, si on observe plus attentivement le traitement de ces chosechoses sur le long terme, on remarque qu’elles ont également leurs périodes beaucoup plus actives que d’autres (et leurs périodes beaucoup moins actives).
Des limites de la séparation des couches La séparation de l’appréciationappréciation en quatre couches est discutable, notamment parce que les limites entre une couche et une autre sont floues. Les visages sont des formes complexes, presque concrètes, mais pourtant font avant tout partie du bas niveaubas niveau et non du haut niveauhaut niveau. Effets d’attentes, de surprises et de découvertes relèvent-ils des goûts de haut-niveau ou de l’état actuel de haut niveauhaut niveau ? L’accoutumance n’entraîne-t-elle pas un changement de la norme physique ? On pourrait beaucoup discuter là dessus, et même aller jusqu’à dire que tout est physique (réorganisation), et ne rien expliquer du tout des phénomènes intéressants. La division permet au moins de ne pas les perdre de vue. |
Exemple de déroulement d‘une appréciationappréciation (~ algorithme)
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Individu n’a jamais mangé de frites et n’a donc aucune référence les concernant directement.
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Individu mange frites bas de gamme.
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Capteurs gustatifs (papilles) envoient signaux à cerveaucerveau.
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CerveauCerveau capte signaux, enregistre index gustatif (~ empreinte) 507
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CerveauCerveau doit envoyer signal de sécrétion d’hormone du plaisir, pour cela comparaison d’index et d’adéquation relative :
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Base de données mémoire ne dispose d’aucune référence sur index 507 {mot:frites, adéquation:?, plaisir:?} donc rabattement sur plus proches voisins (distance de Hamming)
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Plus proche voisin référencé 498 {mot:pomme de terre, adéquation:27%, plaisir: 50%}
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Détermination de l’adéquation de 507 {mot:frites} en recoupant par rapport au tableau des Goûts : adéquation 38 %
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L’adéquation des pommes de terre est de 27% et le taux de plaisir 50%, Donc frites obtiennent taux plaisir = 0.5 * 0.38 / 0.27 = 0.7
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Enregistrement 507 {mot:frites, adéquation:38%, plaisir:70%}
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Détermination du coefficient d’état actuel par rapport à 507 {mot:frites, adéquation:38%, plaisir:70%} : 0.90
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Donc à chaque captage sensoriel de frites faire :
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sécrétion d’hormones à taux : 0.7 * 0.90 = 0.63
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lassitudelassitude sensorielle diminue coefficient d’état actuel de haut niveauhaut niveau (0.90 devient 0.89, puis 0.88, etc…)
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Notes
En fait, le cerveaucerveau ne compare pas vraiment les chosechoses, du moins pas sur le bas niveaubas niveau. Il n’y a pas de processus analytique de recherche, en fait il s’agit simplement d’une activation automatique des semblables associés ou des moins semblables déjà partiellement activés ou propices à l’être (~ points de référence, cadre attentionnel, mémoire fraîche, etc) par la perception de la chosechose. Ce qui sur le haut niveauhaut niveau, s’apparente à une comparaison.
L’affectation s’effectue donc de manière empirique, par rapport au vécu de l’individu, et en aucun cas de manière absolue (cf relativitérelativité). On compare par rapport à ce qu’on connaît de plus proche, si c’est mieux alors on aime plus sinon on aime moins. Il s’agit donc de placer les chosechoses sur une échelle qui nous est propre. Ainsi, je pense que les toutes premières intuitions perçues ont un taux de plaisir affecté arbitrairement à 50%. L’équilibre et l’ajustement viennent de l’enrichissement ultérieur.
En effet, une routine de réajustement a lieu régulièrement pour conserver l’homéostasie, c’est à dire maintenir un taux de plaisir moyen de 50% afin d’exprimer une certaine stabilité en toutes circonstances de la vie (ce qui explique qu’on n’est pas forcément et significativement plus heureux un an après avoir gagné au loto en Europe, qu’un an après avoir travaillé dans les rizières en Asie). Quelle que soit notre situation, il y aura toujours des chosechoses pour nous plaire et des chosechoses pour nous déplaire, qui seront plus ou moins exagérées ou atténuées par rapport à l’ensemble. En d’autres termes, en menant une vie de plus en plus aisée, on sait de moins en moins apprécier les chosechoses simples.
Voilà pour l’idée générale, si jamais je l’implémente un jour il faudra bien sûr que je l’ajuste et que j’intègre des détails afin de se rapprocher le plus possible de la réalité, mais le cœur y est je pense.
D’autres aspects intéressants
Premières valeurs, imprégnationimprégnation et nostalgie
Attention, ce n’est pas juste les premiers trucs au pif : c’est les premiers trucs correspondant à certains critères (par exemple, premier truc qui bouge). Il y a donc des valeurs qui contraignent tout ça à la base.
Nous pouvons maintenant aborder un aspect particulièrement intéressant lié aux mécanismes de l’appréciationappréciation, aspect qui concerne les premières valeurs enregistrées. Ou pour être plus exact, les premières valeurs remarquables enregistrées.
Un peu plus haut, je faisais remarquer que les toutes premières intuitions perçues devaient être appréciées par l’esprit de manière arbitraire (~ taux de plaisir à 50%, ou neutre tout du moins). Mais ce n’est pas les seules qui semblent bénéficier d’un traitement « exceptionnel ».
En effet, ce n’est pas un hasard si nos chosechoses (œuvres, genre de beauté…) préférées d’une catégorie, d’une série sont souvent celles qui nous ont touchés en premier, en grande majorité durant notre enfance. C’est quelque chosechose qui m’a particulièrement troublé dans le domaine du jeu-vidéo, et notamment à cause d’un cas assez particulier. Ce jeu je l’ai découvert « par hasard » (un camarade de classe de mon grand frère lui avait prêté), je devais alors avoir un peu plus de dix ans et j’étais très loin d’être le connaisseur actuel que je suis dans le domaine du jeu-vidéo ; ce fut mon premier RPG « classique » (~ un genre de jeux) et… mon préféré ! Au cours de la décennie qui suivi, j’ai essayé de trouver d’autres jeux du genre et de la même qualité (d’un point de vue purement personnel). En vain, même si étrangement, les second et troisième jeux découverts font partie de mon top 3 du genre ! Sur la masse de jeux possibles, quelles étaient les chances que les premiers jeux auxquels je joue soient effectivement les mieux adaptés à ma perception ? Il me semble ainsi beaucoup plus vraisemblable de dire que notre perception s’adapte aux chosechoses dont on fait l’expérience, qu’elle est malléable et non déterministe, que rien n’est absolument écrit d’avance (ou alors nous attirons naturellement les chosechoses qui nous sont adaptées).
Plus que ça, cet exemple (qui est le plus marqué dans ma vie mais qui est loin d’être le seul de ce type) m’a permis de constater que les premières chosechoses d’une catégorie et d’une certaine qualité que notre esprit perçoit se voient attribuer des valeurs « exagérées » et servir de base pour la perception future (j’essayais toujours de retrouver le même genre d’expérience, et c’est ça qui indiquait si le jeu était bon ou pas). Ces premières expériences marquantes avaient certes les arguments adéquats à la base (pour déclencher une certaine réaction), mais après examen rétrospectif, il me semble évident qu’ils ont été amplifiés (renforcement de dualitédualité). Cela expliquerait pourquoi on a tendance a préférer les chosechoses de notre « époque », le phénomène « c’était mieux avant » (et donc pourquoi les chosechoses ultérieures paraissent plus fades). Bien sûr si vous avez lu le chapitre 9 de cet essai, vous comprendrez sans doute que ces chosechoses font partie de ce que j’appelle des ancres, dans lequel la valeur a été infusé. Mais pour référer à ces ancres plus « fondamentales », je parlais de « piliers premiers » ou encore de prototypes : il s’agit des chosechoses qui initialisent la structure de l’appréciationappréciation, et dont les valeurs ultérieures (perçues par l’esprit) s’organisent autour.
J’ai depuis assisté à des cours d’éthologie, et il s’avère – une fois de plus – que ce concept a déjà été identifié et défini auparavant : le processus est appelé imprégnationimprégnation et il crée des… empreintes. (Le recoupement avec le terme empreinte que j’ai moi même déjà utilisé n’est pas totalement fortuit, mais néanmoins il ne s’agit pas exactement de la même chosechose : mon concept d’empreinte s’applique à toute chosechoses perçues, tandis que l’empreinte de l’éthologie ne s’applique qu’aux premières valeurs remarquables, les prototypes).
Voici un extrait de Wikipédia au sujet de l’imprégnationimprégnation :
« Lorenz s’intéresse dans ses expériences à des oisons venant au monde. Il constate que les poussins s’attachent à leur mère et se mettent à la suivre systématiquement, puis que les poussins peuvent s’attacher, comme si c’était leur mère, au premier objet mobile qu’ils voient à leur naissance. Il obtient ainsi des poussins qui le suivent, et d’autres qui suivent un simple ballon coloré. La présentation ultérieure de leur mère véritable ne change rien : c’est bien le premier objet venu, le premier que les poussins voient à leur naissance, qui laisse son empreinte. »
Et la définition qui va avec : « L’empreinte est la capacité d’acquisition rapide de façon permanente par un juvénile des caractéristiques d’une forme spécifique qui orientera les conduites ultérieures (lien affectif, choix du partenaire sexuel…) ». Même si l’idée que j’avais concernait des chosechoses un peu plus élaborées, je n’ai pas pu ne pas faire le recoupement avec cette idée de « piliers premiers ».
J’ai également découvert par la suite que les anglophones parlent de « baby duck syndrome » pour parler de la tendance qu’on les utilisateurs d’ordinateurs à s’imprégner du premier système qu’ils apprennent et ensuite juger les autres systèmes en fonction de leur similarité avec ce premier système. La conséquence étant que les utilisateurs préfèrent généralement les systèmes qui sont similaires à ceux avec lesquels ils ont appris et n’aiment pas les systèmes qui en diffèrent.
L’imprégnationimprégnation explique en partie ce doux sentiment (et sensation ?) qu’est la nostalgie : en s’exposant de nouveau à des chosechoses qui ont « marqué » notre vie passée, on déclenche la réaction instinctive qui a été définie à l’époque.
L’imprégnationimprégnation serait particulièrement utilisée par les nouveaux nés pour « apprendre » les caractéristiques désirables chez un individu, en extrayant les traits de l’être qui les élève. Bien sûr je pense qu’il doit aussi exister une influence génétique (qui permet elle aussi de prendre en compte l’évolution), mais dans le cas de certaines espèces, son influence semble être négligeable. Ainsi, un oiseau né seul en laboratoire, peut enregistrer les traits d’un chercheur qui l’observe comme étant ceux vers quoi il doit être attiré. Par la suite, cet oiseau n’éprouvera donc pas d’attirance pour ses congénères mais sera excité à la vue du chercheur. Ce genre d’imprégnationimprégnation « erronée » permettrait d’expliquer le fétichisme.
Mais que ce soit dans le cas de la nostalgie humaine ou du comportement de l’oiseau, le principe est le même : une réaction par rapport à l’initialisation de la valeur. L’oiseau s’excite devant la tête du chercheur car c’est ce qu’il a enregistré comme étant sa valeur, tout comme le jeu dont j’ai parlé tout à l’heure est ma valeur.
Objectivité et piliers premiers Voici quelques extraits de commentaires postés sur Internet et qui m’ont particulièrement évoqué l’idée d’imprégnationimprégnation (et du biais de définition, cf chapitre 9). « Oh yes, I remember this song and battle. It definitely had an impact on my taste for music. Excellent piece. » . Ce commentaire est issu d’une page permettant d’écouter une certaine musique de jeu, jeu auquel l’auteur du commentaire a joué durant son enfance.
Le second extrait est quant à lui issu d’un sujet d’un forum de jeux-vidéo dans lequel l’auteur exprime son admiration pour le système de combat du jeu Final Fantasy VII (abrégé FFVII ou simplement VII dans l’extrait), allant jusqu’à le qualifier de « meilleur » système de combat. Il s’agit de la réponse d’une autre personne à l’auteur : « C‘est pas parce-que tu t’es fait dépuceler intellectuellement par FFVII que c’est le meilleur RPG. Et c’est pas non plus parce-que t’es fan du VII et que ta joué viteuf au autres opus pour faire croire que t’es pas ignare total, que tu peut te permettre de décréter que tel ou tel système est meilleur ». L’image est vulgaire, mais tellement parlante.
J’ai également lu une quantité innombrables d’avis à propos des systèmes d’exploitations basés sur Linux, qualifiés comme étant « pourris » pour manifestement l’unique raison qu’ils ne permettent pas exactement ce que Windows permet. |
RelativitéRelativité, appétence et qualité du stimulus
Cette histoire d’initialisation de valeur et d’attirance sexuelle nous amène maintenant du coté de la relativitérelativité intra-personnelle.
Autre concept issu de l’éthologie, l’appétence désigne une force grandissante qui pousse un animal à chercher à faire quelque chosechose, à effectuer un comportement, et ce sans savoir pourquoi. (C’est quelque chosechose qui renvoie beaucoup aux notions de « manque » et surtout de besoin d’expression, présentées dans les chapitres précédents, mais qui toutes les deux recouvrent plus de chosechoses). L’oiseau ne crée pas son nid dans le but de faire un nid, c’est « simplement » son instinct qui le pousse à porter des branches et autres brindilles et à les assembler. Les souris font exactement la même chosechose d’ailleurs. De la même manière, certains oiseaux mâles sont poussés à trouver une partenaire et à la séduire (~ parade). (Recoupe fortement avec les idées du chapitre 14, et même « facilite » le principe d’équilibre).
Lorsque l’animal parvient à effectuer le comportement, l’appétence est satisfaite et « disparaît ». On parle alors d’acte consommatoire (~ i.e. l’expression d’un point de vue du BEVBEV). Et c’est à partir de là que les chosechoses deviennent intéressantes. Car en effet, que se passe-t-il si malgré une appétence extrêmement forte, l’animal ne parvient pas à trouver ce qu’il cherche ? Par exemple, si la souris est enfermée et n’a rien à porter, ou si l’oiseau est enfermé sans congénères en vue ?
Et bien petit à petit, ses critères vont s’élargir (et devenir de plus en plus abstraits), jusqu’à ce qu’il puisse effectuer son acte consommatoire sur presque n’importe quoi. Ainsi la souris finira par essayer de transporter sa propre queue et l’oiseau pourra essayer de séduire une main ou même un chiffon… L’acte doit être fait coûte que coûte.
Dans le même genre, je me rappelle avoir vu quand j’étais jeune, un basset qui essayait de s’accoupler avec des mollets humains un peu trop dévêtus…
En fonction de l’intensité du manque, plus ou moins de concessions par rapport à la ressemblance avec les critères de base seront autorisées (« matching » de plus en plus permissif). Ainsi dans un état normal, l’appétence concerne ce qui est proche, et dans un état de manque la portée est élargie. Une appétence extrêment élargie peut mener à une transmutation. C’est le cas par exemple du drive sexuel qui lorsqu’il est très stimulé, peut posséder un homme d’une sorte d' »énergie ». Énergie qui sera convertie en motivation et en inspiration pour accomplir des chosechoses.
Mais comme nous l’avons vu au cours des actes précédents, le manque n’est pas le seul état anormal, il y a aussi son pendant, l’excès. Et en cas d’excès, c’est – en toute logique – une restriction des critères qui a lieu.
Il y a par exemple beaucoup de cas d’animaux mâles qui s’ils sont loin d’être en manque, refusrefusent de s’accoupler avec des femelles qui ne sont pas assez « belles » (les critères étant relatifs à l’espèce, la taille est généralement importante). Bref, les critères s’adaptent à notre expérience.
Ce qui nous amène à un autre concept intéressant lié à tout cela : le stimulus supra-normal. Il s’agit de chosechoses qui correspondent de manière extrêmement proche avec les critères d’appétence, voire qui mettent en exergue ses caractéristiques abstraites. Une exposition à ce genre de stimuli aura pour effet de déclencher un très forte réaction. Mais une exposition trop prolongée aura aussi pour effet de restreindre les critères, et à terme de provoquer une nouvelle normalisation par rapport à eux ! (et donc de rendre « impassible » envers les précédents critères).
Je vous laisse imaginer comment les mécanismes sous-tendant ces concepts peuvent s’exprimer dans nos vies plus évoluées (le parallèle pouvant aller très loin…), mais pour rester dans le domaine sexuel, voilà quelques applications. L’appétence sexuelle et le comportement associé qui « doit être » mène, en cas d’absence de partenaire, à la masturbation.
C’est également en vertu d’une appétence forte que lorsque un individu voit des formes et des rayons de courbure correspondant à ses critères d’attirance sexuelle (dont je parlais plus haut), que son attention est fortement attirée. D’ailleurs il est intéressant de noter que ce genre d’appétence n’est pas présente lorsqu’on est encore enfant.
Voici un extrait de dialogue très drôle (que j’ai recueilli sur le site danstonchat) qui met en évidence l’élargissement des critères :
« Mathieu: Non mais j’te jure, j’en peux plus hein, j’ai les burnes qui vont éclater XD
Mathieu: La dernière fois je nettoyais une..
Mathieu: Merde, comment ça s’appelle ? Un bol, enfin un gros bol en plastique tu vois.
Marina: Un saladier ?
Mathieu: Ouais voilà. Et je frottais l’arrière tu vois, ça faisait la forme d’une fesse, ou d’un sein, ça dépend, en l’occurrence j’ai pensé à un cul. J’ai eu la trique quoi.
Mathieu: J’ai eu la trique en nettoyant un bol -_-
Marina: …
Marina: Mec si t’as la trique en faisant la vaisselle, épouse moi, tu es le mari idéal. »
Enfin, pour les effets « nocifs » de l’exposition à des stimuli supra-optimaux, l’exemple le plus évident est celui de la pornographie qui met en avant des « acteurs » aux formes et aux proportions qui ne représentent pas la réalité. Voici d’ailleurs un article à propos de cela, et qui recoupe beaucoup avec les idées présentées jusque là.
Une chosechose importante à noter, et qui est assez bien mis en évidence par le sexe, c’est que la consommation d’une appétence a des effets sur beaucoup d’autres appétences, voire toutes les autres. D’une part car l’acte consommatoire « draine » l’état actuel de bas niveaubas niveau, et d’autre part car l’association entre la chosechose et l’appétence (~ ancrage) va empêcher d’autres types d’actes consommatoires de se produire (cf ce passage du chapitre 9). En d’autres termes, tout ce que l’on consomme dans une activité ne pourra pas être utilisé dans d’autres activités (~ équilibre).
état actuel de haut niveauhaut niveau et porno : réponse à la nouveauté (en parler juste après)
Encore une fois, même si le sexe est toujours un exemple avec lequel les effets ressortent de façon évidente, j’insiste sur la portée abstraite et partagée de ces mécanismes ; à l’heure actuelle, nos sociétés entières sont blindées de stimuli supra-normaux (mode, magasins, restauration, films, TV, news, jeux, internet, connaissance, …) entraînant le même type de conséquences que la pornographie. Je vous laisse les imaginer et effectuer le parallèle avec d’autres domaines. Et puis c’est pas comme si je ne l’avais pas déjà fait depuis l’acte I.
Connaître VS ressentir
Antonio Damasio est connu pour avoir mis en avant l’importance du corps et des émotions dans la prise de décision (cf fin du chapitre 14). Mais de ce que j’ai lu à propos sa conception des chosechoses, il y a un aspect qu’il ne prend pas en compte : la relativitérelativité intra-personnelle, autrement dit le changement émotionnel vis à vis d’une même chosechose en fonction de plusieurs paramètres (correspondant à l’État Actuel dans mon modèle).
Voici un extrait de son premier grand livre (« L’erreur de Descartes ») permettant de comprendre où je veux en venir :
« Alors que nous interrogions Elliot à la suite de l’une de ces nombreuses séances de présentation d’images, il m’a déclaré carrément qu’il ne réagissait plus comme auparavant sur le plan émotionnel. Il s’était aperçu que des sujets qui, autrefois, suscitaient chez lui de vives émotions, ne le faisaient maintenant plus réagir, ni positivement, ni négativement.
C’était absolument renversant. Essayez de vous représenter la situation. Essayer d’imaginer que vous ne ressentez aucun plaisir en contemplant un tableau que vous aimiez jusque-là, ou en entendant un de vos morceaux de musique préférés. Essayez de vous représenter comment vous pourriez vivre dès l’instant où vous seriez à jamais privé de cette possibilité et cependant intellectuellement conscient du contenu de cette image ou de cette mélodie, et également conscient que ceux-ci vous avaient autrefois procuré beaucoup de plaisir. Nous pourrions définir en peu de mots la malheureuse condition d’Elliot, en disant qu’il était désormais en mesure de connaître, mais non de ressentir. »
Dans ce passage, A. Damasio insinue que nous autres sujets normaux ne sommes pas affectés par cette absence de ressenti vis à vis de certaines chosechoses, chosechoses qui pourtant étaient associées à un ressenti assez fort par le passé. Je pense que tout n’est pas tout noir ou tout blanc. Les individus normaux aussi, en fonction de leur expérience, ne ressentent plus grand-chosechose vis à vis de certaines chosechoses. Lorsqu’on fait l’expérience d’une chosechose pour la première fois, le ressenti est souvent bien plus fort que lors de la 100ème expérience. Si on met une de ses musiques préférées en réveil tous les matins, le ressenti positif va s’effriter. On aura toujours l’impression d’écouter la même chosechose (connaissance), mais on le ressentira bien différemment.
Quand on repense à notre façon de ressentir et d’apprécier les chosechoses étant enfant, c’est quand même différent de l’état adulte. De manière générale l’appréciationappréciation infantile est beaucoup plus basé sur le ressenti que sur la connaissance. Et inversement chez l’adulte. D’où les discordancediscordances temporelles. Il y a des chosechoses qu’on aimait autrefois avec le corps et qu’aujourd’hui on aime avec la tête.
Certes, la relativisation normale n’entraîne pas l’absence globale de ressenti comme ça peut l’être chez les patients du type d’Elliot, mais c’est aussi ça qui est intéressant. En effet, A. Damasio et ses collègues ont montré que le ressenti associés aux chosechoses était crucial pour guider la prise de décision rationnelle. Les patients du type d’Elliot sont incapables de mener correctement leur vie. En ce sens, je pense que la relativisation de l’appréciationappréciation est-elle aussi très importante pour faire les bons-choix et avancer dans la vie.
AppréciationAppréciation et évolution
À la base, la lassitudelassitude (lassitudelassitude mémorielle, banalisation par lassitudelassitude sensorielle et par automatisation) – ou plus simplement la perte sélective de plaisir – relève probablement de processus évolutifs (cf chapitre 5). En effet, quand une chosechose et ses qualités particulières se répètent, elles deviennent une sorte de « bruit » (une chosechose déjà traitée, qui n’a donc plus de raison de l’être de nouveau). Diminuer le plaisir associé à une chosechose empêche celle-ci de monopoliser notre attention et nous incite à aller voir ailleurs, à nous renouveller, à découvrir des chosechoses différentes et développer notre mémoire (ce qui nous rend plus « fort », plus apte à « survire »).
Un organisme qui ne se lasse pas, est un organsme qui stagne.
D’une part cela entre dans la suppression du « bruit » (des qualités non pertinentes, déjà traitées), et d’autre part cela pousse à aller voir ailleurs, à ne pas se satisfaire pour toujours, à ne pas se laisser aller (~ recherche, survie, découverte = plus « fort »). Le contre-balancement volontaire permet de flouer ces processus.
La relativisation des émotions a donc un rôle dans la prise de décision intelligente. Elle nous permet de passer à autre chosechose, et de découvrir de nouveaux horizons.
« A song that resonates with you can snap you out of apathy like magic »
Quand on est globalement lassé dans notre vie, on peut « prédire », abstraitement, dans quelles circonstances la prochaine phase de plaisir et d’excitation de notre histoire apparaîtra : dans la « colonisation » d’un domaine nouveau. Quand vous prenez du recul sur votre vie, vous pouvez probablement identifier ces phases d’excitation et de plaisir latents qui sont corrélés avec des phases d’exploration, de « découverte », de nouvelles aventures et de « colonisation ». Une fois un domaine colonisé, on n’a plus rien à en tirer, et donc on se lasse. Certaines personnes sont particulièrement addictes à la colonisation. C’est à dire qu’elles sont blasées quand il n’y a rien de nouveau dans leur vie. Les chosechoses perdent très rapidement leur goût. C’est comme si leur inconscientinconscient biologique, exigeant, les punissait (par l’ennui) de ne pas vivre de nouvelles expériences. C’est comme s’il les contraignait à en avoir marre de cette « platitude », et donc à causer « consciemment » des nouvelles stimulations dans leur vie. Parfois, cela devient super difficile de continuer d’être motivé à faire certaines chosechoses, alors que pour d’autres chosechoses, on y arrive sans problème. Ce n’est pas une perte de motivation généralisée, mais sélective, biaisant la suite du jeu de la vie.
C’est étrange comment la causalité consciente est mise en oeuvre ! Notre inconscientinconscient biologique ne va pas nous contrôler directement, mais il va faire en sorte de nous pousser de manière implicite. Ici, notre inconscientinconscient biologique nous pousse à chercher et créer des stimulations nouvelles non pas en nous dirigeant vers ces stimulations nouvelles, mais en nous éloignant des stimulations connues (en baissant leur intérêt, en coupant la motivation à leur égard, voire en produisant la sensation négative d’ennui).
C’est à travers ce genre de prise de conscienceconscience que l’on peut réaliser que nous ne sommes pas des êtres séparables de notre environnement. Si tu restes tous les jours enfermé dans le même endroit, peu importe tes efforts, ça sera difficile de maintenir de l’entrain. Alors que si on te place dans un environnement différent, ça viendra tout seul, sans aucun effort. Si on n’était séparable de notre environnement, nos variables internes n’en dépenderaient pas.
Il y a beaucoup d’autres aspects évolutifs liés à l’appréciationappréciation, notamment au niveau macroscopique (recherche de la nouveauté, expansion des développements humains, etc). Nous établissons naturellement des critères d’appréciationappréciation, faisant de nous des juges pour tout et n’importe quoi, à commencer par nos propres systèmes. À travers ces critères, nous formons des critiques et « demandons » de l’innovation, permettant (ou « contraignant ») ainsi à l’humanitéhumanité de se développer.
L’ignorance est relative
Petit rafraîchissement du chapitre 10. Du fait des mécanismes d’initialisation, et ce malgré un cadre sensoriel équivalent, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne pour ce qui est de la perception. Et ce pour la simple et bonne raison que celle-ci s’articule autour des prototypes, et que nous n’avons pas tous les mêmes.
L’exemple assez commun est celui de la perception phonémique, à savoir des « sons » utilisés pour parler. Les langues pouvant être bien différentes à ce niveau, les enfants d’un pays ne définissent pas les mêmes prototypes que les enfants d’un autre (lors de leur apprentissage). C’est pour cela qu’il est difficile pour un français de distinguer quoi que ce soit (au delà du sens) lorsqu’il entend quelqu’un parler chinois. Les sons typiquement chinois sont trop loin de son référentiel typiquement français. Il n’a pas «l’oreille » pour et donc cela lui semble être incompréhensible et « homogène » car il ne perçoit pas les différences permettant de bien séparer (~ discriminer) les sons. En revanche, ce français n’aura aucun mal à discriminer toute une gamme de sons très similaires mais très représentés en français.
De manière générale, les catégories de chosechoses sont très personnelles et dépendent beaucoup du vécu, de l’expérience et donc de la connaissance accumulée. Ainsi, nous disposons d’un référentiel qui nous est propre, et ce qui est hors de ce référentiel (trop éloigné de nos catégories) n’est pas « correctement » perçu : leurs qualités (notamment celles qui sont subtiles) échappent à notre esprit. C’est ainsi qu’on aura l’impression d’avoir toujours à faire à la même chosechose en percevant des chosechoses différentes mais appartenant à une catégorie mal perçue par notre référentiel (films d’un genre, jeux d’un genre, …). Les différences sont invisibles et passent à la trappe.
Plus une chosechose est proche d’un prototype (distance de Hamming), mieux ses qualités seront perçues.
Résumé
Les idées clés sur lesquelles reposent l’appréciationappréciation :
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Elle repose sur un principe de comparaison (~ analyse des différences par activation globale), sur la base d’anciennes références stockées en mémoire : si c’est équivalent ou mieux que le bon c’est bon, si c’est équivalent ou pire que le mauvais c’est mauvais.
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L’appréciationappréciation est donc totalement relative et ne dépend pas du contexte dans lequel on est : si on est confronté à un ensemble de chosechoses différentes, les différences d’une chosechose par rapport à une autre feront d’elle une chosechose meilleure ou pire que celle-ci.
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L’appréciationappréciation est ainsi constamment relativisée en cas de changement de contexte, car les critères d’appréciationappréciation sont constamment mis à jour via l’arrivée de nouvelles références : cela correspond à l’adaptationadaptation au milieu et à l’équilibre : on ne peut jamais dépasser et surtout se maintenir dans de grandes valeurs d’appréciationappréciation.
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À la naissance, du fait de l’absence de références réelles, les premières expériences sont jugées de manière très arbitraire, et vont créer la structure de base pour la comparaison, les premiers prototypes (les empreintes d’un point vue de l’éthologie).
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Cependant, même si l’appréciationappréciation n’est pas biaisée par rapport à de « vraies expériences », de vraies images de ce qui est bon ou de ce qui ne l’est pas, elle l’est par rapport à des critères atomiques (~ les goûts) définis lors de la conception. On retrouve ces critères atomiques (formes, couleurs, intensité, mouvement, vitesse…) dans toute chosechose composée. Tout est permis mais ce qui peut effectivement arriver est fortement contraint. On n’est donc pas totalement sur une « tabula rasa ». (flexibilité tout en assurant équilibre)
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Enfin, l’appréciationappréciation est fortement modulée par la temporalité et les besoins d’équilibre, ce qui peut placer la valence intrinsèque des chosechoses au second plan.
Les figures de la relativitérelativité (biais perceptifs)
Enfin pour clore ce chapitre je vous propose un récapitulatif des « schémas » classiques d’effets de la relativitérelativité sur la perception et l’appréciationappréciation.
Sur le moment :
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Effet de comparaison directe : quand une chosechose est présentée seule, elle peut paraître très bien. Mais si on la présente à côté d’une autre meilleure, il va y avoir la création d’une norme, les défauts et les qualités vont tout de suite ressortir. Et la chosechose va paraître médiocre. Le meilleur de l’ensemble éclipse le reste.
Sur le court terme :
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Parasitage résiduel : c’est l’effet d’influence sur la perception d’une chosechose qui en suit une autre. C’est très notable dans la perception d’aliments, en passant successivement d’un tout à son opposé (sucré, salé, etc). Citation du chapitre 8 : « Mâcher du piment pour ensuite manger un truc doux, engloutir du chocolat noir puis du chocolat au lait, ça biaise clairement la perception ; nos capteurs sensoriels et notre cerveaucerveau ne savent plus trop où ils en sont avec tous ces résidus, ils n’ont eux même pas le temps de se ré-adapter » (Radiation/résidu)
(On peut faire le parallèle avec les modes de conscienceconscience envahissant qui nous empêchent de nous détendre)
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Contre-balancement : faire quelque chosechose de mauvais, pénible, qui n’est pas facile à supporter et cela renforcera l’appréciationappréciation des bonnes chosechoses qui suivront. Après s’être baigné dans une mer glacée, l’eau froide de la douche nous parait tiède (sensation de chaleur), et l’eau tiède de la douche nous parait chaude et agréable. Pour ma part ce phénomène fonctionne assez bien avec les jeux-vidéo : un jeu mauvais suivi d’un bon jeu permet de mieux apprécier les qualités de ce dernier. Cela fonctionne aussi dans le sens inverse (hélas). Le contre-balancement exhausse les qualités d’une chosechose (et attire l’attention sur elles) par la conscienceconscience latente de l’absence de ces qualités (due à l’exposition récente à des chosechoses ne les ayant pas). C’est de la différence que provient l’appréciationappréciation.
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Banalisation par lassitudelassitude sensorielle : ne faire que du bon et cela rabaissera l’appréciationappréciation des bonnes chosechoses. Enchaîner douche chaude sur douche chaude et elles perdent leur côté agréable.f
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Récupération : espacer la « dégustation » de chosechoses de la même nature permet au corps d’être plus apte à fournir ce qu’il faut pour apprécier. On ne peut pas enchaîner les bons orgasmes si le corps n’a pas eu le temps de recréer des hormones.
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Discordance : évoquée dans le chapitre 12, il s’agit d’un phénomène qui apparaît lorsqu’on a une image mentale en discordancediscordance avec la réalité. Un exemple de discordancediscordance : on pense qu’il nous reste 20 minutes à attendre alors qu’il reste réellement 2 minutes (ou l’inverse) : cela fait plaisir ou rager. Les discordancediscordances surviennent car nous avons tendance à faire des prévisions sur le futur, prévisions auxquelles nous nous adaptons : si nous pensons qu’il nous reste encore 8 heures de travail, nous n’allons généralement pas commencer à trouver le temps long au bout d’une heure (à moins que l’on débute).
Sur le long terme :
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Effet de comparaison indirecte : l’imagination permet de simuler une comparaison directe, et donc de reproduire son effet. Cela nous permet de maintenir des critères de manière globale. Le contre-balancement influe sur ce biais en pré-activant certaines représentations particulières.
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Accordance : une discordancediscordance ne tient qu’un temps. Quand on sait à quoi s’attendre, on se réajuste et l’appréciationappréciation s’adapte grandement. Certaines chosechoses ont fort mauvais goût la première fois, pas les suivantes. Certaines chosechoses sont impressionnantes au début, pas après.
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Accoutumance : on s’ajuste à la réalité (~ accordance), et donc une nouvelle chosechose doit faire mieux que la précédente. On considère cette dernière comme étant la norme acquise.
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Effet de définition/DiscordanceDiscordance passive : avoir des références sur les chosechoses c’est aussi avoir des images fixes sur comment les chosechoses doivent être.
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Effet d’association : si une chosechose est associée à une autre, alors leur valence à chacune va être influencée par celle de l’autre en fonction de sa force.
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Effet de cloisonnement : chaque domaine est un micro-monde et dispose de son propre référentiel. Le bon d’un domaine n’est pas forcément celui d’un autre.
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Redécouverte : espacer la « dégustation » de chosechoses de la même nature permet à l’esprit de « redécouvrir ». Plus la nature est identique plus le temps entre deux dégustation est long. L’effet « sortie de prison » consiste à se priver très longtemps afin de mettre « à plat » tout le système et décupler les sensations.
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LassitudeLassitude mémorielle/structurelle : vous prenez quelque chosechose régulièrement pendant une période, puis un jour vous êtes lassés et vous arrêtez. Cela n’a plus le même goût. La roue tourne. [BEVBEV, grande horloge].
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Banalisation par automatisation : faire les chosechoses de façon mécanique, sans but précis est vraiment une mauvaise habitude. Par exemple moi il m’arrive de vérifier l’actualité sur certains sites. Rien d’anormal sauf que je le fais vraiment trop souvent et de façon compulsive. Au fond je n’en attends rien. Les chosechoses extérieures intéressantes nous arrivent en temps et en heure.
Ce comportement n’est pas du au hasard, mais à un « ancien » BEVBEV récurrent ayant crée un automatisme. L’exemple typique c’est qu’on ne mange pas parce qu’on a faim (besoin énergétique), mais parce qu’il est l’heure de manger. Comme il n’y a plus vraiment de BEVBEV, il n’y a plus d’appréciationappréciation (-_-). À un moment donné, l’actualité m’intéressait, mais plus maintenant.
Entraînée par un ancien BEVBEV et pourtant entraîne paradoxalement un nouveau BEVBEV (cf note plus bas).
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Cure : une cure vise à faire récupérer l’organisme d’un excès de valeur. En ce sens une cure s’applique à tout type de chosechose, pas seulement à la nourriture.
Notes annexes
Schéma relativitérelativité : _____…_____…_____… VS .__.__.__ VS _____._____. (refaire série de jeux, films, etc).