Chapitre 5
L’adaptation, origine de l’équilibre
On pourrait définir l’adaptationadaptation comme un changement interne à un système, un changement visant à mieux résister à une pression extérieure récente, issue de l’environnement dans lequel ce système évolue.
L’adaptationadaptation est un phénomène de tous les jours. Je joue régulièrement à un jeu de combat en ligne sur Internet. Si un adversaire n’arrête pas de m’agresser sans réfléchir, je m’adapte : défense, puis punition. À l’inverse, quand c’est moi qui fonce sur l’adversaire et que celui-ci n’a de cesse de me punir, je m’adapte et joue de façon plus posée. Le matin avant d’aller travailler, si je me lève à une heure anormale, je m’adapte : si je suis en retard je fonce, si je suis en avance je fais autre chosechose. En fait on s’adapte à notre situation actuelle, à notre environnement actuel. En outre, notre organisme s’adapte sans cesse à toute sorte de situations et d’activités de façon automatique et inconscientinconsciente, à travers des processus de régulation. Citons par exemple l’adaptationadaptation aux changements d’horaires de sommeil et de régimes alimentaires. En combinant ces deux exemples, on peut prendre le cas du petit déjeuner très tôt le matin, qui si l’on n’y est pas (ou plus) habitué peut être assez difficile pour l’organisme (~ pas du tout envie de manger). En pratiquant régulièrement un exercice physique le corps s’adaptera pour mieux résister à l’effort qu’il demande. Il est même possible de se renforcer les os et la peau en infligeant un trauma répété sur ceux-ci ! (cf sports de combats). À un niveau moins physique, la simple relativisation des situations qui nous arrivent est une adaptationadaptation.
Toutefois dans ce chapitre je ne vais pas parler de cette adaptationadaptation classique et logique à proprement parler (que j’ai déjà – implicitement – bien développée à travers les chapitres précédents), mais du phénomène macroscopique qu’on appelle l’évolution des espèces, où quand l’erreur permet l’adaptationadaptation.
Origine – « C’était un accident ! »
Pour faire très simple, sachez qu’après la puberté, notre corps crée des copies de nos cellules (spermatozoïde ou ovule selon le sexe). Ces cellules contiennent la moitié du plan qui a permis de créer notre corps, un programme génétique. Quand un homme fait l’amour avec une femme, il lui donne une copie de sa moitié de plan (par abstractionabstraction c’est comme en informatique, un système branché par un câble à un autre système lui envoie des données, d’où l’appellation prise mâle/prise femelle d’ailleurs). Du coup, avec sa moitié de plan à elle plus la moitié de plan livrée en colis express, la femme peut créer un plan complet. Après des mois de travaux, (le ventre de la femme étant un vrai chantier de construction), le résultat de l’application de ce plan est un bébé (qui pleure comme pas possible, hélas…). À noter que la construction de ce nouveau né (l’embryogenèse) s’établit en suivant l’abstractionabstraction : à partir d’une cellule œuf, les couches vont se développer les unes après les autres pour retracer en moins d’un an le chemin que l’évolution a commencé il y a des milliards d’années ; le futur bébé sera successivement une cellule, un invertébré, un poisson, un mammifère et enfin un humain.
Sachant que d’une part, la moitié du plan sélectionnée chez les parents est aléatoire (ce qui explique la différence entre frères et sœurs) et que d’autre part le nombre de duplications est infiniment énorme, des erreurs de copie peuvent survenir. Cela reste très rare mais comme nous allons voir, c’est suffisant pour bousculer beaucoup de chosechoses.
« Finalement ça me convient plutôt bien ! »
Et même si la plupart des erreurs n’entraînent au final aucun changement chez le nouveau-né (ou alors un défaut), il arrive que des erreurs soient avantageuses. Avantageuse dans le sens où le résultat du plan erroné est mieux adapté à l’environnement actuel que ce qui était prévu. Le bébé issu du plan modifié dispose alors d’une faculté supérieure d’adaptationadaptation. Par exemple, disons qu’il dispose de griffes rétractiles à la manière d’un félin, un peu comme Wolverine dans la bande-dessinée X-Men. Il est mieux « adapté » qu’un humain normal car ses griffes lui permettent de se défendre plus efficacement (loi du plus fort physiquement). Si bien que plus les années et plus les siècles passent, plus la proportion de « Wolverines » (issus du premier) aura tendance à grandir par rapport à celle des humains normaux. C’est la sélection naturelle.
En réalité, une erreur, une simple mutation n’est pas visible. En revanche des milliers le sont. Pour le cas de Wolverine, des griffes rétractiles ne vont pas apparaître d’un coup, mais au fur et à mesure d’erreurs génétiques. Au début, une mutation (une erreur) crée un humain avec d’infimes petits bouts d’os supplémentaires au niveau de l’articulation des phalanges. Et si le même type d’erreur se reproduit, alors d’erreur en erreur, les descendants de ce fils vont voir leurs os ressortir pour finir par former des griffes. Entre la main normale et la main avec griffe, il aura fallu des millions d’années. Une mutation viable qui entraîne un lourd changement ne peut apparaître d’un seul coup, elle se fait par étapes, comme on mènerait un grand projet. Les erreurs qui entraînent de lourds changements d’un seul coup sont plutôt de vraies erreurs qui à défaut d’être incompatibles avec la vie, ne la favorisent clairement pas (~ tumeurs).
Au niveau de l’intelligence, on n’est pas passé du « stupide » primate à l’humain « intelligent » : en fait les grands singes actuels ont déjà les bagages pour comprendre et communiquer avec un langage sémantique avancé comme nous le faisons. Simplement, ils ne le font pas naturellement pour une histoire de seuil d’émergence ; mais si on leur enseigne et qu’on force l’émergence, ça fonctionne. C’est pour moi une preuve de la construction abstraite du monde évoquée dans le chapitre 1 (on fait émerger des chosechoses sans explicitement le vouloir), car sinon les singes parleraient à l’état naturel puisqu’ils en sont capables. Une autre manière de voir les chosechoses serait de dire que ce n’est pas parce qu’on a la capacité de faire quelque chosechose qu’on va le faire, et même qu’on a conscienceconscience qu’on peut le faire. Pour faire de l’anthropomorphisme, la Nature ne s’est pas dit « Tiens je vais ajouter ça, comme ça ces singes vont pouvoir parler ». Elle s’est plutôt dit « Tiens les trucs que j’ai modifié il y a 1000 ans ont permis à ces singes de parler ! » (cf le concept d’exaptation).
D’ailleurs, sur le plan humain, combien d’inventions et autres découvertes sont à l’origine « accidentelles » (pour ne pas dire le fruit d’une erreur) et ont été mises en évidence et conservées par leur caractère fonctionnel (dans le jeu vidéo, c’est notamment comme cela qu’on émergé des mécaniques de « gameplay »). |
« L’idée originale » n’était pas de créer un langage, mais d’essayer de faire sens au monde. Les bases de nos systèmes sémantiques complexes se sont ainsi développées petit à petit avec le temps, car cela est très intéressant d’un point de vue de la vie consciente, et donc de la survie.
Vers l’infini et au delà
Pour en revenir à l’adaptationadaptation et au développement en général, l’idée c’est qu’à partir d’une simple cellule de rien du tout, on peut aboutir à une complexité et une intelligence infinie si on a quelques milliards d’années sous la main.
Tout ça parce que les « bons » trucs persistent dans le temps et que le reste est « évacué », il s’éteint. Une espèce de « casting » naturel en quelques sortes. Si les vers de terre survivent, ils finiront un jour ou l’autre par muter et avoir des bras ou des trucs dans le genre par exemple. La probabilité qu’un changement si radical débute est certes infime si l’on prend le cas d’un seul ver, tout comme la probabilité de gagner le gros lot au loto est infime pour le cas d’un seul joueur. Mais il ne faut pas oublier qu’il suffit de la mutation d’un seul ver parmi la quantité astronomique de vers de l’histoire, pour que le changement ait lieu. C’est comme s’il suffisait qu’un type gagne le gros lot au loto pour que tout le monde se fasse un pactole. La probabilité de gagner a beau être infime, ça arrive pourtant toutes les semaines à quelqu’un. Alors oui, la probabilité de mutation avantageuse est bien plus petite que la probabilité de gagner au loto, puisque si toute les semaines un ver gagnait un bout de bras, ça se saurait. Mais en un millier d’année, là il y a des chances pour qu’un vers gagne un simili de bout de bras. Et en un million d’années, à force de gagner des bouts de bras et d’autres machins, on obtient une nouvelle espèce (Pokémon !). Mais attention, cela n’empêche pas les vers normaux de survivre et de continuer leur bout de chemin, simplement, une nouvelle branche de « super-vers » sera créée en parallèle.
Pour revenir à notre espèce et aux autres primates, nous provenons certainement d’une espèce commune relativement récente (puisqu’on provient tous de la même cellule à l’origine), seulement nous nous démarquons en particulier par un cerveaucerveau plus évolué (qui a muté petit à petit). Ce n’est pas venu d’un coup, loin de là et ça évolue toujours d’ailleurs. On est de moins en moins « bête », même si ce terme reste à définir. La différence entre nous et ce singe peut paraître grande, pourtant les deux génomes (le plan dont je parlais tout à l’heure, qui contient toutes les informations sur notre organisme) sont identiques à 99% !
Ainsi il se pourrait bien que nous n’ayons rien de « spécial », que nous soyons tout simplement la première espèce à avoir atteint un seuil de complexité suffisant pour dépasser le « stade animal ». Comme on est la première, nous n’avons pas conscienceconscience de beaucoup de chosechoses et nous faisons des découvertes tous les jours de la semaine. Nous verrons par exemple dans le chapitre suivant qu’on a tendance à croire qu’on est l’œuvre d’un Dieu car le monde est trop évolué, trop « bien fait » (même si en réalité la plupart des gens adulent un Dieu pour des « raisons » culturelles) ; pourtant à force de se complexifier, la vie devait fatalement atteindre un tel stade. De plus, ce n’est pas comme si c’était fini, ce n’est pas parce qu’on ne s’en rend pas compte que l’évolution ne continue pas son chemin.
Et puis, il faut savoir prendre du recul, l’espèce humaine garde encore beaucoup de caractères primitifs (violence, peur, procédé de procréation, etc). Et pour cause notre cher surplus cérébral qui fait notre intelligence et notre supériorité n’est en fait qu’un petit truc collé et raccommodé directement sur un système archaïque légèrement remodelé, c’est à dire un cerveaucerveau animal. Même si c’est bien fait et ingénieux, c’est quand même du rafistolage (faute de pouvoir faire autrement, de repartir sur des bases « saines »). Toutes nos considérations de haut niveauhaut niveau sont donc basées sur des couches « animales », et en ce sens n’en sont vraiment pas éloignées. Tous nos ressentis vis à vis du monde civilisé sont un détournement du système de ressenti archaïque (plaisir/stress/survie). Par exemple, lorsque nous sommes pressé pour aller à un entretien, derrière se cache l’activation d’un mécanisme de survie (activation du système sympathique).
C’est d’ailleurs cette « conversion » (~ transduction) qui explique que nous sommes de si piètres gestionnaires de ressources (cf investissement à long termeinvestissement à long terme, chapitre 4). On ne s’occupe pas des problèmes importants et pourtant on se met dans des états pas possibles pour des broutilles… Quand j’étais petit je me suis fait volé toute ma collection de jeux Game Boy. Quand je m’en suis rendu compte, j’ai eu l’impression d’avoir reçu une flèche dans le cœur. Au final qu’est-ce que cette perte représente aujourd’hui ? Rien. Comme la plupart de ce qui nous fait stresser (particulièrement dans le domaine professionnel et avec l’administration). Quand il s’agit de gérer la temporalité, on est vraiment des billes. Associer la perte de ces jeux à mon cœur (qui par contre, est toujours aussi important aujourd’hui), c’était disproportionné. Mais ça bien sûr on en prend conscienceconscience qu’après coup… Je reparlerais de cet aspect dans les chapitres 12 et 15 de l’acte II. |
La vie complexe telle que nous la connaissons n’est au final qu’un simple ordonnancement spécifique de l’activation des fonctions primaires de notre organisme, en total respect de l’abstractionabstraction (nous avons été animal avant d’être homme). Mais attention ce n’est pas réducteur de faire ce constat, la musique elle même n’est elle pas qu’un ordonnancement spécifique d’un très petit nombre de notes basiques ? Cette limitation n’empêche en rien la création de toutes sortes d’œuvres. Ce n’est vraiment pas le « jeu » de base d’un système qui définit la qualité de ce qu’on peut faire, c’est l’ingéniosité qu’on utilise. En d’autres termes, la vie humaine c’est ce qu’on appelle de l’art. Et j’espère ne pas vous choquer et ne pas passer pour un élitiste en affirmant que la grande majorité des prestations artistiques des êtres humains, c’est de la « belle soupe » (tubes de l’été, m’entendez vous ?) ! De ce fait, la quasi-totalité de nos problèmes d’homo-sapiens sont en fait de faux problèmes, une illusion, de la soupe logique. La branche principale des humains est vraiment surestimée – et on en fait tous plus ou moins partie. L’humain regarde de haut le singe qui passe sa vie à chasser, manger, dormir et « baiser »… qui sont en plus des chosechoses qu’il fait lui-même assez souvent ! Il n’arrive pas à concevoir un mode de vie si futile, il n’a donc même pas conscienceconscience de la relativitérelativité (voir chapitre 2). Il pense que son économie, sa religion, sa politique, ses sciences sont supérieures à tout cela… mais que pense le singe de ces chosechoses « imaginaires » ? Des deux, qui a un mode de vie futile ? Si les animaux ne voient pas tous nos problèmes, toutes nos considérations de haut niveauhaut niveau c’est pour la simple et bonne raison qu’ils n’existent pas ailleurs que dans nos têtes. Je ne sais pas ce qu’en pensera les futures espèces intelligentes (si on survit à 2012 :O) qui auront développé de nouveaux concepts plus profonds (on est encore en train de trouver des styles de musiques nous, alors…) et dont le système de pensée supérieur sera nettement moins rudimentaire et plus éloigné du système archaïque, mais selon moi il est tout a fait possible que l’homo sapiens soit un prototype expérimental, la transition assez foireuse et bancale entre l’espèce animale et l’espèce intelligente, une régression passagère. Un système qui a le cul entre deux chaises et qui en ce sens n’est ni un être animal stable et fonctionnel, ni un être intelligent stable et fonctionnel. Mais à l’image de pratiquement tout ce qu’il est capable de concevoir, l’homo sapiens a beau être foncièrement mal foutu, il ne l’est tout juste pas assez pour ne pas pouvoir exister, pour ne pas être viable. Pour moi c’est ça la chosechose la plus incroyable du monde : la civilisation « évoluée ». Elle repose sur des systèmes tous plus limites et grossiers les uns que les autres (en commençant par l’homo sapiens), et pourtant elle jouit d’une certaine pérennité. Entendons nous bien, la Nature de base est extraordinaire et profondément bien faite, et c’est d’ailleurs pour ça qu’elle ne m’est pas vraiment incroyable : elle est logique et lassante d’exactitude, ce n’est pas étonnant qu’elle puisse perdurer. C’est tout ce qui vient avec l’homo sapiens qui est invraisemblable, effarant et fondamentalement hasardeux. Il n’y a vraiment qu’une espèce sur Terre capable de se suicider aussi facilement et de mettre en place autant de systèmes pour se tirer des balles dans le pied. Cette pseudo-pérennité de l’homo sapiens n’est qu’un témoignage de plus de l’intelligence à long terme opérée par l’évolution : si on veut faire apparaître un être intelligent à partir d’un animal, il faudra forcément passer par une transition, un produit non fini mais « utilisable », à la limite entre l’ancien et le nouveau : nous. En ce sens, je pense que nous sommes et serons l’une des espèces les plus fascinantes que la Terre aura accueilli : nous sommes les premiers servis de l’intelligence (dans le sens où on a dépassé un seuil permettant tout un tas chosechoses, « la masse critique »), les premiers modèles, l’espèce à moitié consciente, l’espèce qui se croyait évoluée, privilégiée par rapport aux autres mais qui est telle une route en chantier qui ne peut être coupée et doit toujours rester utilisable, une condition difficile, peu pratique et dure à vivre. La chance. Mais bon réjouissons nous, la relativitérelativité nous « empêche de calculer » cette situation : quand on naît sans a priori, la situation dans laquelle on arrive est forcément « normale ».
C’est un peu comme l’effet « Comment on faisait avant ? Comment on vivait sans ? », très notable à notre époque avec la démocratisation de toutes les nouvelles technologies qui nous « facilitent » la vie (téléphone, voiture, GPS, Internet, etc), effet qui s’applique seulement après la condition et non pas avant (on fait toujours « avec ce qu’on a »). D’ailleurs il est intéressant de noter que tout comme l’évolution, cet effet post-technologique n’a pas fini de faire son chemin : si on se projette un peu, on peut penser que nos descendants se demanderont comment nous faisions pour vivre sans dispositif pour gérer précisément notre équilibre alimentaire, sans dispositif pour calculer les conséquences lointaines de certains actes, comment nous faisions pour supporter des voyages de plusieurs heures avant l’avènement de la téléportation, comment nous faisions pour supporter de devoir dormir presque la moitié de chaque journée, comment nous faisions pour travailler tous les jours sur le même travail, comment nous faisions pour nous soigner alors qu’on ignorait presque tout du fonctionnement des maladies…
L’avancée de la science elle même est une belle démonstration d’évolution. Pendant des milliers d’années on ne savait rien, et à chaque fois qu’un esprit savant émerge – donc un caractère favorable à l’évolution de la science puisqu’il a plus de chances de trouver quelque chosechose que le pékin de base -, sa trouvaille constitue une mutation de la science, l’ancienne science disparaît alors pour laisser place à son évolution plus complexe. Toutes les découvertes en carton finissent dans l’oubli, seules les bonnes résistent et entraînent d’autres découvertes. L’hérédité n’est ici pas génétique mais manuelle, on modifie le cerveaucerveau, donc l’individu, grâce à l’enseignement. L’idée reste la même : à partir des humains cela a permis l’émergence d’une sous-branche d’humains savants et civilisés, qui ne cesse d’évoluer (la preuve, maintenant même des jeunes qui n’en ont rien à faire en connaissent un bout en science). D’ailleurs de par cette complexité qui augmente exponentiellement, d’ici quelques années on arrivera à quelque chosechose d’incroyable pour les savants d’il y a un siècle, si ce n’est pas déjà le cas. L’évolution du langage repose également sur un schéma d’évolution.
Plus qu’un phénomène macroscopique, nous verrons que le schéma de l’évolution est également utilisé par l’esprit (prise de décision, avancement d’un thread). Le corps lui même s’adapte automatiquement à tout type de contrainte. Comme je l’ai induit dans l’introduction de ce chapitre, c’est vraiment quelque chosechose d’omniprésent.
Après, la grande question est d’identifier l’origine de ce principe d’évolution. Est-il voulu ? L’évolution d’un individu est elle même programmée (enfance, adolescence, âge adulte, etc), alors pourquoi l’émergence de certains traits (d’une espèce par exemple) ne le seraient pas tout autant ? Cela pourrait même être une sorte de jeu, on pose un truc qui mute et qui va se complexifier de manière exponentielle et on regarde ce que ça va donner, une partie de ce « jeu » durant des milliards d’années (seul un sur-homme comme Derrick pourrait se le permettre). D’où provient la première cellule de vie ?
Les théories ne manquent pas (des extra-terrestres l’auraient déposée, ce genre de trucs) mais il semble impossible de répondre à cette question pour le moment. On en saura peut être plus quand on aura re-codé l’adaptationadaptation nous même (même si elle existe déjà dans des états primitifs en informatique, ne serait-ce que l’intelligence artificielle d’un jeu-vidéo tout simplement).
Enfin bref, je commence à dériver et ce mystère de la création ne va pas m’empêcher d’aborder la question plus en profondeur dans le chapitre suivant.
AdaptationAdaptation et équilibre – La juste nécessitéjuste nécessité Alors quel est le lien entre adaptationadaptation et équilibre ? En quoi l’adaptationadaptation est-elle l’origine de l’équilibre (ou au service de l’équilibre, selon le point de vue) ? Et bien c’est simple : tant qu’une chosechose n’est pas adaptée, elle continue de s’adapter. Autrement dit, si un élément commence à changer (par erreur), tout le monde va s’y adapter, si besoin est (s’ils y sont obligés pour survivre, si ce changement forme une nouvelle pression pour eux). Dit encore d’une autre manière, la valence d’une erreur dépend du temps : une même erreur peut être favorable ou défavorable selon l’époque, et chez qui elle apparaît (~ l’espèce). Un caractère n’est maintenu que s’il sert à quelque chosechose. Pour une chosechose particulière, l’adaptationadaptation à un changement va être plus ou moins forte selon la mesure dans laquelle ce changement affecte les besoins de cette chosechose (zone de confort, zone de danger). L’adaptationadaptation a des critères d’arrêt et de « boost ». Ainsi, toutes les mesures/grandeurs d’une espèce sont adaptées à son environnement (et la nécessité qu’il impose), et non l’inverse – même si techniquement les autres font également partie de l’environnement, donc ça reste duel. C’est d’ailleurs pour ça que tous les rôles d’une espèce sont adaptés au marché des rôles (le monde doit fonctionner et tout le monde ne peut pas faire la même chosechose ; si quelqu’un occupe déjà une place il vaut mieux faire autre chosechose).
Si un être a besoin de plus pour survivre, alors il va aller vers plus. Sinon, pas la peine. On n’a pas une certaine mesure pour rien. C’est ainsi, par exemple, que les bactéries ont développé des résistances aux antibiotiques depuis que ces derniers sont utilisés massivement. C’est à travers les grandes disparités/différences de mesures que se remarque la force d’équilibre (insectes VS mammifères) : plus les individus d’une espèce sont petits, plus ils sont nombreux et rapides. Plus l’espérance de vie des individus d’une espèce est courte, plus ils se reproduisent vite et perçoivent le temps lentement. Tout est question de nécessité pour ne pas disparaître (ce que j’appelle la juste nécessitéjuste nécessité). On retrouve le même genre de disparités à l’intérieur d’une même espèce. Pourquoi n’est-on pas moins ou plus X ? Réponse : car on n’en a pas besoin pour survivre. Pourquoi certains de nos systèmes sont extrêmement performants comparés à d’autres ? Ça nous éviterait tout un tas de problèmes si tout était aussi performant, mais ce n’est pas une nécessité. En effet, d’une manière générale, nos systèmes visuels et mnésiques sont très puissants (permet de visionner l’info, de se repasser un événement, etc), ce qui contraste avec les limites de la conscienceconscience. Le système visuel effectue des traitements à une vitesse très rapide, à une autre échelle, une autre dimension de notre réalité consciente. Cette vitesse et cette rigueur est un besoin, une nécessité pour que le système visuel existe. Nous évoluons consciemment dans une dimension beaucoup plus lente (et moins rigoureuse), car ce n’est pas une nécessité pour la vie d’aller aussi vite, au contraire il faut du temps pour tout intégrer, les chosechoses ne sont pas comme ça. (il faut voir le système visuel comme un bibliothèque – « library » – extérieure et indépendante, un outil du projet de la vie consciente). En réalité, le temps pourrait aller infiniment plus vite que ce qu’il nous paraît (comme je développerais dans chapitre 11).
Même les organismes simples ont une complexité interne importante (neurones, bactéries, transmetteurs, etc). C’est une nécessité pour évoluer sur une échelle plus grande : pour faire un gros truc simple et lent il faut beaucoup de petits trucs interagissant de façon complexe et rapide à l’intérieur. Tout se répète comme des poupées russes : nous faisons nous même partie de composés plus simples (famille, société, humanitéhumanité, etc) que la somme de nos complexités. On retrouve cette logique de la nécessité à des échelles temporelles plus courtes : en temps normal, on trimbale son corps sans problèmes alors qu’avec un mal de ventre ou de tête, le moindre changement de position est sensible et douloureux. Car c’est primordial d’être beaucoup plus sensible dans cette situation. Sur un autre niveau, les différentes mesures des produits conçus par l’homme (efficacité, durée de vie, consommation d’énergie, etc) relèvent également des contraintes du principe de juste nécessitéjuste nécessité (~ les produits pourraient être mieux mais font le « boulot » et tiennent des périodes convenables). C’est également pour cela que la concurrence entraîne des évolutions, et que c’est dans le domaine militaire que l’innovation est concentrée. Mais c’est aussi une question de ressources et de priorités (qui explique les disparités) : on ne peut pas tout optimiser (en général on optimise quelques trucs et ne s’occupe pas du reste, on se spécialise). Tout changement interne dépend de la pression externe : arrêt de la pression, arrêt du changement (ou plutôt un relâchement, un changement « négatif »). On devient moins… Quand les espèces évoluent, elles gagnent des avantages, mais en perdent également. Si bien qu’à un instant précis, il y a un équilibre entre défauts et avantages (qui constitue un second niveau d’équilibre global). L’humain en est un bel exemple. Cela explique également les paradoxes de la dualitédualité : par exemple, Internet est une ouverture sur le monde, et pourtant plus on y passe de temps, plus on s’isole (~ souffre d’isolement). L’adaptationadaptation : serviteur ou origine de l’équilibre ? Les deux ? |