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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 14

Libre arbitre ?

Dans quelle mesure décidons-nous des pensées et des actions qui nous arrivent chaque jour, et du chemin qu’elles entraînent ?

Le fonctionnement décisionnel

Illusion de choisir

Nos choix sont-ils des illusions ?

Je m’explique (et oui) ; par exemple lorsque nous avons un problème de santé, un message de douleur est envoyé. Si on choisit de se soigner, on ne le fait pas sans influence puisqu’on réagit à ce message. Pareil pour l’alimentation, si quelque chosechose n’est pas comestible nous recevons vite le signal. Est-ce qu’on a consciemment choisi de se soigner ou de recracher la nourriture, ou est-ce qu’on s’est plutôt laissé guider par le flot de signaux qui a parcouru notre corps ? La conscienceconscience étant en quelque sorte un voile (masquant bien des chosechoses…) créé par l’évolution, analysons plutôt le comportement particulier d’un animal un peu plus primitif que l’homme : le vervet. Cette espèce de singe est connue parce qu’elle est capable d’alerter ses congénères qu’un prédateur est dans les parages grâce à différents cris permettant d’identifier la nature de la menace (serpent, aigle, léopard) ; à chaque cri la réaction du groupe de singes est spécifique : fuite dans les arbres, plaquage au sol, dispersion. La question est donc bien évidemment de savoir si les singes ont vraiment choisi de réagir ainsi, mais le point le plus épineux consiste en fait à déterminer si le « crieur » a vraiment choisi d’alerter ses compagnons… En effet, selon la base de la théorie de l’évolution, ce genre de comportement d’assistance n’est pas valide : seule la survie personnelle compte, et par conséquent le singe aurait dû fuir quitte à laisser tous les autres mourir. Et en fait il s’avère que le crieur n’a pas décidé de crier : la simple vision du prédateur a déclenché en lui une réaction hormonale qui l’a poussé à crier. C’est un peu comme si vous marchez sur un clou et que vous vous l’enfoncez dans le pied, vous allez crier mais ce sera tellement immédiat et profond qu’il ne sera même pas question de savoir si vous avez choisi de crier ou non. Mais alors quel est l’intérêt pour le singe d’avoir ce genre d’automatisme qui l’oblige à prendre le risque de donner sa position au prédateur ? Et bien la réponse est assez simple : l’intelligence créée par la Nature tient compte de l’investissement à long termeinvestissement à long terme (cf chapitre 4) et voit donc plus loin que les conséquences premières : si le primate sauve sa peau au détriment de son groupe, il vivra certes le jour suivant mais il risque de très vite rejoindre ses compères sans tous les avantages que la vie en groupe lui conférait. Bref, plutôt que se condamner à souffrir lentement, il est plus intéressant (mathématiquement parlant) de prendre un léger risque et de faire de l’altruisme pour s’assurer une vie meilleure. (Il est aussi question de sélection de parentèle).

Ces exemples semblent s’accorder et insinuer que nos actions, nos choix, et même nos comportements sont basés sur un modèle de prédispositions intérieures (logique de l’évolution, préjugés, goûts, état de santé, etc), et qu’elles tiennent plus d’une réaction mécanique face aux circonstances que d’une action délibérée (c’est à dire qui sort du principe de causalité). Mais alors est-ce que ce modèle de réaction est-il global (~ base abstraite), ou ne concerne-t-il que nos sens ?

En d’autres termes, je me demande si nous ne sommes pas constamment guidés, voire régis, par des messages inconscientinconscients.

Ces messages nous pousseraient à faire des actions ou au contraire à ne pas en faire. Personnellement, il m’est déjà arrivé de m’étonner de trouver presque par hasard, « l’idée du siècle » lorsque je planche sur un problème de programmation. « Comment ai-je fait pour tomber dessus ? » Et si c’était aussi un message, peu perceptible, envoyé par mon cerveaucerveau ?

Une fois « connecté » à une activité (cf chapitre 16 et 18), il se passe plein de chosechose dans notre esprit. Mais a-t-on vraiment un quelconque contrôle sur ce qui se passe à l’intérieur de notre tête ?

L’idée c’est que notre cerveaucerveau « calculerait » également nos décisions de haut niveauhaut niveau avant même que nous ayons conscienceconscience de ces décisions (voir par exemple les travaux du Max Planck Institute). Et une fois la décision calculée, notre inconscientinconscient ferait en sorte de nous amener à effectuer cette décision.

Plus généralement, ce phénomène est visible lorsqu’on cherche une réponse sur une piste qui n’a pas de sens apparent et qu’on trouve quand même un résultat. Pourquoi est-on allé chercher de ce côté d’abord ? On peut dès lors soit remercier le hasard, soit se dire « Eh une petite minute, c’est pas possible là… ». Une part de réponse, une part de sens, est apparu à l’inconscientinconscient mais pas à la conscienceconscience. Et pourtant la conscienceconscience cherche du côté de la réponse. Déduction : l’inconscientinconscient a envoyé un message capté par la conscienceconscience pour la pousser à suivre cette piste.

Ainsi ce qu’on appelle communément « une décision » serait en fait une décision inconscientinconsciente ; c’est à dire le résultat d’une procédure de haut niveauhaut niveau (plus d’infos dans l’acte III) qui amène le corps à faire une action tout en faisant croire à la conscienceconscience qu’elle a délibérément choisi d’effectuer cette action.

En ce sens, peut-on être fier de ce que l’on est et de ce que l’on a fait, ou alors doit-on tout à nos prédispositions ? S’en est presque aussi déterministe que la beauté physique…

Notre inconscient nous indique la voie.

Destin

Peut-on parler de libre arbitre, alors que la plus grande influence sur nos choix vient de notre inconscientinconscient ? Certes notre inconscientinconscient fait partie de nous-même, mais a-t-on choisi notre inconscientinconscient ? Il semble évoluer tout seul par rapport à l’environnement, suivant sa destinée, c’est à dire le chemin formé par la succession de décisions inconscientinconscientes effectuées depuis son état initial. Même quand on se lance dans quelque chosechose (et même si on a l’impression d’hésiter) qui marque un gros changement dans notre vie, ce n’est peut-être pas par hasard, ce n’est peut-être pas délibéré ; ce « déclic » pourrait être le résultat inéluctable auquel mène notre chemin de départ, on serait simplement arrivé au point où la route change. De ce point de vue, la conscienceconscience ne semble finalement avoir qu’un contrôle illusoire qui nous permet de faire l’expérience de la vie par la simulation : l’impression de pouvoir choisir, l’impression d’hésiter, alors qu’on a déjà décidé. C’est un peu comme avancer sur un tapis roulant qui lui même se déplace tout seul dans l’espace, une illusion.

 

Une influence de puissance variable ?

Mais afin de nuancer cette vision déterministe, revenons-en aux messages qui traversent notre corps. Au niveau de la santé, les « démangeaisons » ne peuvent pas être considérées comme de la douleur mais comme des indicateurs (comme sur le tableau de bord d’une voiture). Elles alertent la conscienceconscience qu’il y a quelque chosechose d’anormal, sans quoi elle pourrait ne pas s’en rendre compte (oreilles, dos, yeux, palais, etc). La démangeaison n’en reste pas moins comme la douleur, un signal qui amène la conscienceconscience à effectuer une décision prédéterminée. Mais pourtant il est évident que son influence est moins forte que celle de la douleur. Qu’est-ce que cela veut dire ? L’influence serait une autre illusion (la décision est appliquée quelle que soit l’influence) ou bien alors serait-il possible de « braquer » consciemment si on parvient à surmonter l’influence ?

La conscienceconscience n’est peut-être pas qu’une potiche finalement…

Un chemin prédéterminé.

Évolution et préservation

Admettons qu’il soit possible de surmonter l’influence. Si cela se produit, cela veut dire qu’on refusrefuse une décision de l’inconscientinconscient et qu’on décide autre chosechose. Mais cette possibilité d’aller en sens opposé ne coïncide pas avec l’idée de l’inconscientinconscient qui avance selon un chemin déterminé par rapport à sa genèse (~ destin). De plus, seul l’inconscientinconscient a le pouvoir de créer une décision. Mais alors comment expliquer cette capacité de refusrefus conscient ? Et bien c’est assez simple. La conscienceconscience ne fait que refusrefuser la décision, rien d’autre. Le fait de refusrefuser n’engendre pas de décision de la part de la conscienceconscience, mais crée une « anomalie » dans le déroulement normal. Cette anomalie va entraîner la création d’une autre décision par l’inconscientinconscient qui va à l’encontre de ce qu’il proposait avant le refusrefus. Cette nouvelle décision est tout aussi prédéterminée que l’ancienne, mais étant donné que les prédispositions intérieures ont été modifiées par le refusrefus, elle est différente, le chemin a dévié.

Automate de destin

Pour faire l’analogie, je pense que notre destinée évolue sur le même modèle que la théorie de l’évolution (voir chapitre 5) ; à ceci près que les anomalies de déroulement qui permettent le changement n’apparaissent pas au hasard, mais sous le joug de la conscienceconscience ! La conscienceconscience c’est la capacité de refusrefuser et donc de réorienter son inconscientinconscient (COMBO BREAKER), c’est la capacité d’inverser la causalité et de devenir meilleur ! Pour reprendre l’exemple du cri de douleur évoqué en début de chapitre, on peut imaginer qu’à travers un entraînement du corps et de l’esprit, un moine pratiquant le Kung Fu ne crie plus lorsqu’il subit un violent coup parce qu’il refusrefuse de « laisser son cerveaucerveau crier ». De ce point de vue, l’inconscientinconscient n’est donc pas totalement libre d’avancer à toute vitesse en suivant scrupuleusement son chemin de départ, il n’est pas totalement livré à lui même et ne roule (ou « déroule ») pas à toute allure comme une boule géante lâchée du haut d’une montagne. Et heureusement sinon nous serions restés dans un état primitif depuis notre naissance ! L’inconscientinconscient c’est le bateau qui avance, et la conscienceconscience c’est le capitaine qui tient la barre. Le comble c’est que nous dévions notre chemin tous les jours, mais sans vraiment en prendre conscienceconscience ; quand on va à l’école, quand on fait du sport, quand on se lève le matin pour aller travailler, etc, il nous arrive d’en avoir marre et pourtant on refusrefuse d’arrêter. Et c’est ce refusrefus qui nous permet d’avancer.

Après bien sûr il y a la question de savoir si le refusrefus est lui aussi prédéterminé, mais c’est le même type de débat que celui du hasard face à Dieu (voir chapitre 6). C’est à dire que d’un point de vue analytique, ça n’a pas d’importance, on pourrait bien être en train de rêver, ce refusrefus pourrait être une simulation de refusrefus que ça n’y changerait rien à son mode de fonctionnement.

D’un point de vue informatique, on peut donc dire que nous ne sommes que de simples (mais complexes) automates dotés d’un module de contrôle. Il est vrai que c’est assez dégradant de se réduire à ce statut, mais d’un autre côté il faut se dire que la magie n’existe pas ; si nous devions créer une réplique de comportement humain, ce serait probablement à travers un automate. De plus, si nous devions vraiment décider de chacune de nos actions, on ne pourrait même plus se consacrer à vivre, ce serait infernal.

Libre arbitre et perception existentielleperception existentielle

Lorsqu’on parle d’automatisation, on pense plutôt à de l’automatisation de bas niveaubas niveau (sur le court terme, effet « simple »), alors que l’automatisation existe aussi sur haut niveauhaut niveau (sur le long terme, effet complexe). Si on rajoute une couche de « contrôle » sur une machine, on n’enlève pas son côté automate pour autant. On complexifie juste ses règles de fonctionnement. En ce sens, l’attention est une couche d’automatismes supplémentaires.

InductionInduction = automatisme de bas niveaubas niveau | AbductionAbduction = automatisme de haut niveauhaut niveau.

Si un oiseau (geai) observé par un autre oiseau cache sa nourriture, puis la recache une fois qu’il n’est plus observé, cela reste une sorte d’automatisme (NS Clayton).

Quand on parle des animaux, on a tendance à réduire leurs comportements à de simples mécanismes. Mais pour l’homme on parle d’intelligence.

Beaucoup de chosechoses « existent » grâce à notre perception. En s’éloignant du niveau humain, en prenant en compte le déterminismedéterminisme, le mérite n’existe pas, ou tout du moins il n’est plus ce qu’il semblait être. Il en est de même pour la faute et la responsabilité. Ce ne sont que des signaux de performances, de fiabilité.

La conscienceconscience n’existe que d’un point de vue humain.

Implications du fonctionnement automatique

L’implication principale de ce mode de fonctionnement automatique, c’est que confronté à une situation type, un individu procède toujours relativement de la même manière. Et c’est vrai qu’il est possible de s’imaginer une personne que l’on connaît dans sa globalité sans avoir l’impression d’invoquer beaucoup d’informations ; il faut énormément de temps avant de changer globalement, et d’un jour sur l’autre un individu se comporte quasiment de la même manière : cette limitation étant quelque part ce qui nous définit. Ainsi, on est rarement étonné du comportement d’une personne que l’on commence à bien connaître, je dirais même qu’on peut prévoir sa réaction face à une situation spécifique. Nous répétons donc souvent les même schémas sans nous en rendre compte, nous utilisons souvent les mêmes approches parce que dans la plupart des cas les décisions inconscientinconscientes s’enchaînent successivement en respectant scrupuleusement le chemin par défaut.

Le décodage biologique repose grandement sur cette idée de schéma type, et explique d’ailleurs les origines de la maladie comme une réponse automatique de l’organisme face aux circonstances. La psycho-généalogie quant à elle stipule que nous héritons même de certains des schémas de nos aïeux (qui peuvent expliquer certains troubles apparaissant sans cause évidente). Cela va assez loin.

Le système de conscienceconscience faisant office d’illusion, nous n’imaginons même pas que ces schémas soient possibles, nous avons vraiment l’impression d’être maître de notre destin et que les chosechoses nous arrivent par hasard. Si on fait attention, il est pourtant possible d’abstraire certains schémas assez facilement en tirant des conclusions sur tous les événements de notre vie. Ensuite, il s’agit de s’assurer de les briser s’ils sont néfastes. Et si on regarde de haut, on peut remarquer qu’on approche certains chosechoses ayant une base commune (deux projets différents par exemple) de la même manière. On peut supposer que les chemins s’articulent autour de troncs abstraits que l’on emprunte et que l’on recoupe dans un grand nombre de situations similaires. Cela pourrait expliquer pourquoi certaines personnes ont du mal à se lancer dans quelque chosechose même si elles sont tout à fait à l’aise une fois parties.

Combo-breaker!

Implications de la possibilité de refusrefus

On en vient à présent au point pratique quant à l’étude de ces messages qui nous guident : l’analyse de la véritable réaction qui en découle. Faut-il toujours aller dans le sens de ces messages ? Les surmonter nous rend-ils plus fort ? Est-il mauvais d’aller en contre-sens ? Je veux dire, à long terme, est-ce qu’on ne va pas « dérégler » et abîmer notre système ? Dans le doute, j’ai toujours fait l’impasse sur des matières telles que l’économie, le droit, la gestion… durant ma scolarité. Plutôt que de me « faire du mal » à apprendre des chosechoses que je n’aime pas, j’ai préféré me concentrer sur les chosechoses qui m’intéressent naturellement et que j’affectionne. Après tout, c’est peut être un bon moyen de conserver ses pleines capacités de distinction, car du simple repoussement au déclenchement d’une maladie, il s’agit toujours de décisions automatiques visant à la base, à maintenir notre santé (cf théories du décodage biologique).

Enfin plus sérieusement, l’aspect pratique entre la conscienceconscience et l’inconscientinconscient sera détaillé dans le chapitre suivant. Nous verrons notamment que chez nous autres humains, l’inconscientinconscient envoie bel et bien des messages « de haut niveauhaut niveau », mais que ces derniers sont une réponse à nos choix conscients. Il y a une boucle de causalité : notre inconscientinconscient décide mais nous décidons de notre inconscientinconscient. Nous verrons également la forme que peut prendre le refusrefus à travers les notions psychanalytiques de refoulementrefoulement et de répression.



Pour aller plus loin

Mais avant cela, voici quelques idées de plus permettant d’approfondir le sujet de ce chapitre.

 

Le modèle tri-niveaux de la cognition

On distingue souvent la cognition en deux : inconscientinconscient/conscient, cognition/méta-cognition. Néanmoins, il se pourrait que cette division en deux parties ne soit pas pertinente pour bien traiter du problème du libre-arbitre. Une division en trois couches ou niveaux me semble permettre de résoudre certains troubles, notamment ce qui explique cette sensation de pouvoir choisir entre plusieurs possibilités.

Micro-cognition (bas) : traitements inconscientinconscients de bas-niveau, totalement inconscientinconscients

Meso-cognition (milieu) : traitements subconscientsubconscients de moyen-niveau, résultats visibles par la conscienceconscience

Macro-cognition (haut) : traitements conscients de haut-niveau sur les produits de la meso-cognition

 

Vis à vis de libre-arbitre, ce qui est intéressant dans ce modèle c’est l’interaction entre meso-cognition et macro-cognition. Dans ce modèle l’individu incarne sa conscienceconscience. Il correspond donc à la macro-cognition. La meso-cognition pense de manière automatique. Face à une situation, elle génère des propositions envisageables. L’individu (la macro-cognition) ne choisit pas quelles son ces propositions. Il choisit simplement de refusrefuser tout ou partie des propositions.

La macro-cognition est tout aussi automatique et déterministe que les autres couches (cf. encadré précédent). Mais ce n’est pas un problème vu que c’est nous. C’est normal qu’on ne veuille que ce qu’on veuille. Et qu’on ne veut pas ce qu’on n’est pas. Pour un ensemble de propositions données, à un instant donné, nous ne pouvons arriver qu’à la même décision en étant ce qu’on est. Sinon cela voudrait dire qu’on était différent, qu’on était pas celui qu’on était.

En contrôlant la barre d’un bateau, on peut aller où on veut. On ne contrôle ni le bateau, ni l’océan. Mais en refusrefusant de dévier de sa direction, on reste en contrôle de la trajectoire. On avance par refusrefus !

 

« C’est où qu’on choisi ? »

Après combien de coups de réveil va-t-on finalement décider de se réveiller ? Est-ce qu’on va simplement arrêter la sonnerie et se rendormir ou l’arrêter et se lever pour de bon ? Tout cela est-il fixé et prévisible ?

Oui et non.

Il peut être difficile d’interpréter « la conscienceconscience du choix » dans le cadre de la vision déterministe du fonctionnement décisionnel présentée dans ce chapitre.

Alors concrètement, a-t-on choisi bien avant même d’avoir l’impression de choisir ? Même si je pense que ce doit bien souvent être le cas, ce n’est pas vraiment ce que je dis ; ce que je dis c’est qu’il n’y a qu’un seul choix possible. On peut voir le choix comme un calcul, et l’individu comme un ordinateur : un ordinateur peut mettre du temps à fournir un résultat, mais – dans les mêmes conditions – il fournit toujours le même résultat inéluctable. Néanmoins, comme il sera expliqué dans la section suivante, ce « choix » (~ résultat) n’est pas prédictible de manière certaine pour autant. D’ailleurs il n’est pas fixé à l’avance, d’où cette impression de choix (~ de chanceler, de pouvoir dévier dans plusieurs directions) tant qu’il n’est pas définitivement « arrivé ».

La chosechose c’est qu’un choix n’est pas qu’un événement soudain et instantané, comme on pourrait le croire au premier abord. C’est un long processus, qui prend racine très tôt (au niveau inconscientinconscient), bien avant son émergence dans la conscienceconscience1. Il serait donc plus exact de dire qu’on a commencé à choisir bien avant d’avoir l’impression de choisir. L’inconscientinconscient « digère » beaucoup d’informations à notre insu, et par conséquent en « sait » plus que nous, et se sert de ces données pour nous influencer (cf acte III). Ce sont d’ailleurs – principalement – toutes ces influences inconscientinconscientes qui nous animent. Et c’est ainsi, comme je le faisais remarquer en début de chapitre, que l’on peut s’étonner de son propre comportement. Par exemple le soir où j’ai écrit cette section j’ai été étonné de constater ce que j’avais écrit, la façon dont les idées me venait (et s’encastrait, s’agençait) après avoir eu cette « envie », ce devoir personnel de développer un peu ces débuts d’idées et autres intuitions qui traînaient dans ma tête et dans mes notes. Cela part d’une petite « poussée » (presque extérieure à nous même) et au final, après l’exécution, on a l’impression que le « calcul » s’est déroulé tout seul (cf révélationrévélations, chapitre 18). Je suis en quelque sorte le scribe de mon inconscientinconscient.



Note 1 : on peut même aller plus loin et voir le monde comme un énorme calcul. En effet, dans l’absolu, il ne faut pas voir le présent, les résultats actuels (nos « choix » par exemple) comme étant indépendants du reste du monde et de son passé, mais comme une continuité de celui-ci. Si telle situation, tel choix m’arrive aujourd’hui, il n’aura pas fallu autant d’années que j’ai actuellement vécu pour que cela arrive : il aura fallu 15 milliards d’années + ma vie (ref chapitres 5 & 6). En fait la plupart des idées sont conjoncturelles, et mêmes les grandes idées dépendent de la conjoncture actuelle. Car si un grand penseur était né identique à une époque bien antérieure (bien que cela soit impossible étant donné l’anachronisme du patrimoine génétique) ses idées se seraient développées différemment, en accord avec le contexte actuel (cf convergence de l’abstractionabstraction).



Bref je disais donc qu’en règle générale nous n’avons pas choisi avant même d’avoir l’impression de choisir ; mais est-il si courant de choisir consciemment et donc d’avoir l’impression de choisir ?

Est-ce que vous avez choisi tous les mots que vous avez prononcés aujourd’hui ? Tous les mouvements que vous avez effectués ? Toutes les informations que vous avez mémorisées ?Décidé de toutes vos pensées (« Tiens je vais penser à ça maintenant ») ? Et avant cela, avez vous décidé de qui vous êtes, décidé de tout ce que vous aimerez ?

Le vrai libre arbitre reviendrait à choisir ce qu’on aime (~ « je veux affecter mon amour à ces valeurs »). Et ce n’est pas le côté à la fois irrationnel et influencé (~ physique) de l’amour qui va dans ce sens…. « On n’est pas libre tant qu’on désire, qu’on veut, qu’on craint, peut-être tant qu’on vit. » (L’Œuvre au Noir, p.223, Folio n°798). D’ailleurs, nos réactions de peur se manifestent bien avant qu’on prenne réellement conscienceconscience de la situation (voire sans en prendre conscienceconscience, cf images « subliminales »). On évite le danger avant d’en prendre conscienceconscience. De la même manière, j’ai l’impression qu’on commence souvent à rire avant de comprendre ce qu’il y a de drôle (~ le sens).



En outre, même quand on a décidé consciemment de faire un choix, les chosechoses ne se déroulent pas aussi facilement que désiré. Par exemple, il peut nous arriver d’aller au lit pour dormir mais de rester éveillé pendant des heures. Autre exemple, on est parfois énervé d’avoir une chanson dans la tête, on ne peut même pas « l’empêcher » ! Dans le même registre, on peut difficilement ne pas écouter des stimuli verbaux (~ discussion à côté de soi) si on écoute rien d’autre (on est obligé de faire autre chosechose, de remplacer pour supprimer). De la même manière, les idées noires du dépressif et les idées malsaines du psychopathe ne surviennent pas de manière délibérée, et ne peuvent pas non plus être réprimées et disparaître à l’aide d’un seul « ordre mental »…

D’une manière générale, notre esprit est capricieux : on se dit souvent qu’on doit faire ça, ou qu’on ne devrait par faire ça… Et pourtant nous faisons l’inverse ! À quoi bon réfléchir si notre esprit n’en « fait qu’à sa tête », si on ne peut décider catégoriquement ? Autre exemple : en ville, j’ai une envie pressante et pourtant dans les toilettes publiques je ne peux uriner malgré mon envie de le faire : mon corps ne répond pas à mes « ordres » (il s’agit dans ce cas d’une réaction primitive face à la menace potentielle, afin d’éviter de se retrouver dans une position difficile en cas d’agression).

TODO Exemple : veut pas penser à telle fille.

En fait pour avoir un certain résultat, il faut que tout le système soit en accord (et ce de manière non temporaire), pas juste – une partie de – la « conscienceconscience ». C’est d’ailleurs ce qui différencie le désir de la volonté, que nous explorerons dans le chapitre suivant. Et ce n’est pas si simple de faire un choix et de l’assumer pleinement. Il ne suffit pas de commander pour obtenir. Cela fait partie de la « justice » de la Nature dont je parlais dans le chapitre 4 ; « on a que ce qu’on mérite ».



« Faites chauffer de l’eau assez longtemps et elle va finir par bouillir » – De la conscienceconscience et de la prévisibilité du refusrefus (~ de la déviation)

Un changement majeur n’apparaît pas sous le contrôle (et encore moins au hasard), mais sous le poids des décisions passées. Il y a un refusrefus du « pattern décisionnel » car on sait statistiquement à quoi il mène, et on ne veut plus de ce résultat (ou de ce non-résultat) (« si je fais ça il va encore se passer ça », « oh et puis merde, j’en ai marre ! ». On peut y voir le phénomène du tour complettour complet de la dualitédualité, qui peut faire passer le grand timide au séducteur extraverti). C’est sous cet angle que le refusrefus apparaît comme quelque chosechose de logique, automatique et prévisible.

TODO pattern décisionnel = schéma d’expression (de la valeur)

Cela ne veut pas dire qu’une décision future est forcément prévisible en connaissant le poids actuel des décisions passées, puisqu’un dernier changement peut faire basculer le poids de l’autre côté de la balance, et par conséquent changer le résultat final. On ne peut prédire que ce qui arrive instantanément ; tant que rien n’est fait tout peut arriver (ou du moins la moindre chosechose peut faire changer ce qui va arriver).

Un jour lorsque je m’entraînais à l’exécution de coups de pieds – et que je semblais décidé, motivé à rester longtemps pour une séance complète et productive – j’ai très vite glissé lors d’un coup de pied retourné et me suis retrouvé violemment au sol, à mordre la poussière. À peine la douleur m’envahissait que j’ai eu envie de rentrer à la maison, d’arrêter l’entraînement. Ce n’était pourtant pas ce que j’avais décidé avant, et je n’avais pas du tout eu le temps d’inspecter si j’étais apte ou pas à poursuivre la séance. Cet événement à tout « chamboulé », c’est comme s’il avait très rapidement déclenché une succession de décisions qui a changé le cours des chosechoses. On imagine très bien par abstractionabstraction, le phénomène se manifester à l’échelle d’une vie (événement imprévisible qui change très vite le cours actuel), ou même d’un monde (catastrophe ? Découverte ?).

D’une certaine manière, je crois au destin. Notre chemin est tout tracé dans le sens où face à une situation particulière, à un moment précis de notre vie, nous ne pouvons réagir que d’une seule façon, la façon dont nous réagissons. Finalement, la vie n’est qu’un ensemble de réactions en chaîne. Par défaut on agit selon notre nature, et à partir du moment où l’on a encaissé suffisamment, on va décider de changer.

Bien sûr, face à cette explication on peut rétorquer : « Mais non regarde, si je veux je peux faire un truc aussi futile que bizarroïde dans les secondes qui viennent, tu crois que c’était prédéterminé, tu crois que c’était écrit ça ? ». Oui mais bon, n’est-ce pas là simplement une réaction typique qu’auront certaines personnes après avoir pris conscienceconscience de la possibilité que nous n’avons qu’une seule façon de réagir (après avoir entendu l’explication) ? C’est à dire que sans l’explication (conditions particulières), l’individu n’aurait pas eu l’idée de faire le truc « bizarroïde ». Je ne pense donc pas que tout est déjà écrit, mais que tout n’a qu’une seule façon de s’écrire.

De la même manière on peut se dire qu’un homme conscient du pouvoir de l’auto-suggestionsuggestion (cf chapitre suivant) sort du contexte automate, qu’il dispose dorénavant du libre-arbitre conscient. Mais en fait non, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord car comme je l’insinuais à la fin de la section précédente, il ne suffit pas de lire un article ou regarder une vidéo pour vouloir. Non, il faut avant tout entrer dans une démarche active, qui s’initie souvent à partir d’un refusrefus important. La prise de conscienceconscience est en quelque sorte une suite logique, une étape du développement d’un individu. D’ailleurs, l’application de l’auto-suggestionsuggestion ne permet pas plus de contrôle dans notre progression : c’est avant tout un changement de direction. Mais surtout, quand bien même un individu tomberait par hasard sur une explication de ce « pouvoir » (qui pourrait lui permettre d’en prendre pleinement conscienceconscience) il n’en reste pas moins que cette explication ferait partie du milieu. Bref c’est le milieu qui lui donnerait cette confiance, on reste sur l’influence du milieu (de conditions particulières) sur l’automate. Face à un discours sur ce qu’est l’autosuggestionsuggestion, suit une prise de conscienceconscience qui n’est autre qu’une réaction prévisible et automatique.



Fatalités automate

« Les fatalités automates » est une hypothèse qui découle de ma vision du fonctionnement décisionnel (tout ce qui est présenté dans ce chapitre), et qui recoupe un peu avec l’idée classique du destin. L’idée c’est que peu importe le chemin qu’il a pris, un individu finira forcément par effectuer certaines décisions ; et que par conséquent, la vie d’un individu va converger vers un modèle type par rapport à son état à la naissance (ou plutôt à la conception initiale pour être exact), ce qui inclus le milieu de naissance. Cette théorie s’oppose à l’idée selon laquelle la vie n’est qu’un « concours de circonstances », que le chance et la malchance contribuent grandement à notre parcours.

Elle s’explique par deux raisons : l’influence de l’extérieur et – plus important – l’influence de l’intérieur.

En effet, si on met l’individu dans un certain milieu, au bout d’un moment il va se tourner vers (et interagir avec) certaines chosechoses offertes par ce milieu plutôt que d’autres, et donc converger vers un mode de vie. (Il ne s’agit pas d’une influence des circonstances « locales », mais d’une influence du milieu au sens large.)

[En dépit des apparences, le milieu est rempli de possibilités, de choix potentiels. Parmi ces choix, on prend celui qui nous correspond le mieux. Quand on n’a pas le choix, certes on peut s’y faire, mais dès l’introduction d’une alternative plus intéressante ce choix sera remis en question. Et par conséquent là encore, on ne peut pas donner la faute à l’inertie du milieu].


En outre, en vertu de sa nature, l’individu a besoin d’exprimer certaines valeurs internes « fortes », et s’il manque une occasion d’exprimer une certaine valeur interne, une autre se représentera (et ce jusqu’à ce que ça « passe ») ; le besoin grandissant d’autant plus qu’il n’est pas assouvi (cf chapitre 9, thèse du besoin d’expression de la valeurbesoin d’expression de la valeur). D’où le terme fatalité, car s’il vit assez longtemps, alors l’individu exprimera fatalement cette valeur (peu importe à travers quoi*), en dépit de toutes les occasions manquées. (* : cf abstractionabstraction ; en fait on peut même y voir un très fort parallèle avec ce dont je développe au sujet de l’appétence et de l’éthologie dans le chapitre 19).

Ainsi selon cette hypothèse, les chosechoses pour lesquelles on est « pré-destiné » arriveraient juste plus ou moins rapidement dans notre vie (ce n’est qu’une question de temps). En tout cas par rapport à la mienne, j’ai l’intime conviction que peu importe ce qui avait pu m’entourer, j’aurais fini par faire la même chosechose (avec les mêmes conditions de naissance). Ce serait juste arrivé plus lentement je pense, les circonstances de ma vie actuelle ayant été particulièrement stimulantes et sans répit sur certains aspects.

Certains choix influencés par le milieu (par exemple moi qui ait fait du foot pendant ma jeunesse, influence coupe du monde) ne durent pas et donc n’empêchent pas les fatalités. On finit par revenir sur le chemin qui nous est « destiné ». Les chosechoses qui restent, ce sont les bonnes.

Techniquement c’est une espèce de tri à bulle qui s’opère, les éléments importants remontent petit à petit et finissent par se démarquer du reste.

La fatalité se déroule en plusieurs étapes, répétant le même schéma à des échelles différentes. Filtrage par bacs de plus en plus petit : au début on est dans le grand bac (le monde), à partir de là on va se diriger vers un bac moins grand (~ domaine), puis de là un nouveau bac plus petit, etc. L’idée c’est qu’à chaque fois, on compare ce que l’on peut faire (versus) et on se dirige vers celui qui nous attire le plus. Et si jamais on se trompe, on peut remonter d’un niveau pour redescendre ailleurs. L’ennui et la sensation de bien être dans un domaine sont deux chosechoses qui poussent les fatalités automates. Si on s’ennuie (ou que le feu s’éteint), c’est qu’il n’y a pas/plus de connexion interne, et on ne reste pas. Si on se sent bien, c’est qu’il y a une connexion interne, et on reste.

Avec cette analogie l’expression « être taillé pour » prend tout son sens.



On peut se dire que quelqu’un d’instable ne peut converger vers une fatalité. Mais justement la fatalité dans ce cas, ce sont les conséquences de cette instabilité.

Une réaction de crise altérant le comportement (« pétage de plomb ») peut paraître exclusivement due à une pression accidentelle du milieu (circonstances). En dehors du fait que ce genre de réaction est prévisible, il faut noter qu’elle ne dure qu’un temps, et que l’individu retourne à sa nature peu après. Même les plus bornés peuvent « craquer » face à certaines situations (~ torture), mais cela se passe à des moments très rares de la vie ; surtout dans la jeunesse en fait, quand on fait la première fois l’expérience de quelque chosechose. Lorsqu’une situation de crise (semblable à celle qui a été vécue) se répète, la réaction n’est plus aussi forte (adaptationadaptation). Les crises font partie du processus de maturation, ce sont des situations courantes et « prises en charge » par la logique naturelle.

Par conséquent, elles dépassent rarement le point de non retour (qui là encore est quelque chosechose de déterministe par rapport à la naissance, si la personne à tendance à s’emporter trop brusquement et facilement, le « craquage » faisant alors partie intégrante de la fatalité). J’ai moi même subi beaucoup de crises existentielles (ou crises d’ego), et suis pourtant toujours de la partie.



L’influence du milieu (et donc des autres) sur le développement existe, mais bon ça aussi c’est quelque chosechose qui dépend beaucoup de l’état interne initial (~ de la façon dont l’individu prend les chosechoses). Et je pense que l’impact se situe plus sur des décisions à très court terme, contrairement aux décisions à long terme qui émergent de l’intérieur, après avoir dépassé un seuil (ces fameux moments dans notre vie où on a l’impression que beaucoup de chosechoses vont basculer à partir d’une nouvelle décision récente « sortie de nulle part », mais qui en fait a commencé à se construire depuis notre naissance.



Je n’exclus pas le fait que sur un gros tirage, quelques unes de nos vies (du même individu) seront probablement un peu à part du reste (loi normale). Mais selon moi, chaque individu est comme une « micro-espèce », qui se développe et se comporte de manière spécifique.

D’ailleurs les jumeaux montrent bien que malgré le fonctionnement déterministe, on ne peut prédire la destinée d’un individu (car il y a trop de variables à prendre en compte). (Cela dit, ce sont des cas particuliers dans le sens où ils ont conscienceconscience du jumeau, qu’ils sont tous les deux ensemble, et que c’est donc différent d’une « dimension parallèle »). Néanmoins à un niveau situationnel, les jumeaux ont tendance à avoir le même comportement exécutif (même types de choix => même type de vie).

Il faut voir les fatalités comme des modèles larges, abstraits. Un boulot, marié, des enfants, c’est une fatalité en soit.

D’ailleurs si on regarde les chosechoses de manière très abstraite, on peut conserver le concept des fatalités automates tout en retirant l’influence du milieu de naissance (cf chapitre 4).

La chance – Un sentiment non hasardeux

Selon moi, la situation globale dans laquelle un individu se retrouve après des années de vie n’a rien de hasardeux. Ainsi, je pense que c’est une erreur de croire que tout peut basculer parce qu’on a rencontré la bonne/mauvaise personne un jour, parce qu’on a assisté à tel événement, qu’on est allé dans un bon/mauvais établissement, qu’on a acheté tel livre, etc.

Premièrement, car ce n’est pas par hasard que ces chosechoses nous arrivent. Ce n’est pas par hasard que vous choisissez un livre à lire parmi la quantité astronomique de livres existants. C’est parce que vous avez senti que vous alliez y trouver quelque chosechose à l’intérieur. Quelque chosechose qui est déjà en vous, et qui demande à être éveillé.

La chance comme la malchance, ça se saisit… avec nos forces internes. Ce sont en grande partie des sentiments, produits de notre perception existentielleperception existentielle. La chance, c’est être heureux d’avoir trouvé ce qu’on cherchait implicitement, sans vraiment le savoir. La chance, par nature, n’est pas hasardeuse. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de hasard avant la chance. Vous pouvez tout à fait choisir un livre qui malgré votre intuition ne vous plaiera pas. L’intuition n’est pas infaillible. Mais bon là encore, le hasard est tout relatif…

Deuxièmement, ce n’est pas un hasard parce que des chosechoses similaires à ce qui nous est arrivé (déclenchant le même type de réactions) auraient fini par prendre leur place. Il faut voir les chosechoses de manière abstraite. Les particularités sont aplaties.

Je suis tout à fait d’accord pour dire qu’une chosechose (personne, situation, idée, musique, livre…) peut débloquer des chosechoses énormes en vous. Mais ces chosechoses étaient prêtes à être débloquées. Certes parfois, ça peut vraiment traîner de tomber sur la bonne ancre dans le monde réel. Et donc on a vraiment l’impression que l’ancre a un pouvoir magique qui a fait basculer notre vie. C’est sur la durée que les chosechoses externes (et notamment les personnes) ont un réel pouvoir de transformation sur nous, par la stimulation particulière et soutenue de nos valeurs internes.

Comme je le disais à la fin du chapitre 9, les chosechoses (outils, etc) seules ne font rien. C’est ce qu’on en fait (comment on s’en sert) qui les fait « devenir » quelque chosechose (d’utile, de bon ou de mauvais, etc). Cf relativitérelativité des chosechoses : X tire V1 de C1 là où Y en tire V2. On peux donner à un individu le meilleur outil pour faire quelque chosechose, s’il ne faisait pas ce quelque chosechose activement avant, il y a peu de chances que cet outil l’aide efficacement. Les outils permettent de véhiculer nos valeurs, pas d’en créer.

C’est en ce sens, je pense, qu’il existe une idée naturellement humaine et « illusoire » de la chance et de la malchance, découlant de l’opacité naturelle de notre fonctionnement interne. Des idées humaines qui sont des chosechoses qui n’existent pas extérieurement, comme on le conçoit. Car même dans les cas extrêmes (glisser et se fracturer pile au mauvais endroit, trouver pile-poil le bon truc, avoir une chance de « cocu ») on peut je pense, retrouver des probabilités statistiques différentes du hasard, dépendant de l’individu. Donnez 100 occasions de faire ou de ne pas faire telle chosechose à deux individus et il se peut qu’ils montrent des profils totalement opposés (l’un tombe dans tous les pièges, l’autre les évite tous). Dans un même milieu, les situations sont tellement répétées qu’il faut une source interne pour que quelque chosechose émerge chez l’un et pas l’autre.

Les gens étant ce qu’ils sont et nous étant ce que nous sommes, les événements particuliers (les plus et les moins, les bons/mauvais tirages, les erreurs de parcours, etc) s’annulent entre eux. Les chosechoses arrivent aux gens, mais c’est la manière de les prendre qui définit leur impact sur eux (il faut notamment être « prêt » à en faire quelque chosechose, cf démarche active, auto-suggestionsuggestion, threads). On n’est donc pas victime de la chance et la malchance extérieure, mais plutôt victime de ce qu’on est intérieurement.

[Et je ne pense pas que l’inertie puisse réellement avoir un impact (~ qu’il y ait des milieux pauvres et des milieux riches, qui tirent tout le monde vers le bas ou vers le haut), cf chapitre 4 et chapitre 9. Cela reste sujet à débat, mais la qualité du milieu relevant de ce qu’en on fait les individus…].



Causalité et appréciationappréciation

Aimons-nous un domaine parce que nous sommes bons, que nous réussissons dans ce domaine ? Ou sommes nous bons dans un domaine parce que nous aimons ce domaine ?

De manière générale, quand on comprend bien une chosechose (par exemple un cours), on l’apprécie ; tandis que lorsque l’on comprend mal une chosechose, on ne l’aime pas. Mais parfois, la compréhension d’une même chosechose fluctue. Une semaine on réussit correctement une chosechose et on l’apprécie, la semaine d’après, elle nous pose des problèmes, on galère, et on la critique…

Et donc là encore, je pense que la réponse au pourquoi (quelle est la cause, quel est l’effet) se trouve un peu dans les deux bords, autrement dit dans la dualitédualité. Il faut que nous puissions aimer un domaine pour être bon dans celui-ci, mais il faut aussi que nous soyons suffisamment bon dans ce domaine (~ que nous ne soyons pas trop mauvais, ou que nous n’ayons pas conscienceconscience de l’être…) pour continuer à l’aimer. Trop de labeur nous fera aller voir ailleurs.

Ce qui (ré)amène la question : devons nous forcer ? Et une fois de plus la réponse est duelle. Non, de manière générale on ne doit pas forcer : le monde est vaste et il y a forcément un domaine qui nous est adapté (à défaut de l’inventer). Il s’agit donc avant tout de bien trouver sa place. Néanmoins, il n’est pas rare qu’il faille se forcer pour trouver sa place, et même se forcer au début avant d’être adapté à un domaine. Viens ensuite le dépassement, et c’est là je pense qu’il faut fournir des efforts ; mais en général, une fois à sa place, les efforts ne sont plus négatifs : ils sont presque évidents et automatiques (ça coule de source !)

En fait, pour savoir si on doit se forcer ou pas, tout est question de court et de long terme. Quelque chosechose qui, malgré des efforts notables, persiste très longtemps à être laborieux, peut raisonnablement être banni (et encore on peut assez facilement imaginer des chosechoses qui demandent un entraînement colossal avant de porter ses fruits ; enfin du moment que l’on arrive à apprécier l’entraînement tout va bien).

Ce qu’il est surtout important de comprendre, c’est que les chosechoses ne sont pas simplement bonnes ou mauvaises. On peut distinguer quatre catégories de ressentis : d’une part le bon mal VS le mauvais mal, et d’autre part le bon bien VS le mauvais bien. Le premier terme de chaque catégorie renvoyant au court terme, le second au long terme. Par exemple, le sport (exercice physique) peut être un bon mal, c’est à dire un mal qui fait du bien. Et de manière inverse la malbouffe peut typiquement être un mauvais bien, c’est à dire un bien qui fait du mal. Dans le même genre, il y a beaucoup de légumes qui ont plutôt mauvais goût mais qui sont réputés pour leurs bienfaits. Bien évidemment, il est plus intelligent de se forcer à aller vers un bon mal et/ou éviter un mauvais bien que de se forcer à aller vers un mauvais mal et/ou éviter un bon bien. Il y a forcer bien et il y a forcer mal, tout est question de portée globale.



Une autre question intéressante vis-à-vis de la causalité est la suivante : Est-ce parce qu’un individu fait certaines chosechoses mal (c’est-à-dire qu’il les néglige) qu’il fait certaines chosechoses bien ?

La réponse à cette question est pour moi sans équivoque. De manière générale, ce n’est pas que la spécialisation et le dévouement impliquent de négliger certaines chosechoses, mais que nos ressources étant limitées, ils ont pour incidence la négligence d’autres domaines. On ne peut pas tout faire, on ne peut pas tout aimer.

Néanmoins, de manière plus spécifique, le succès d’une première chosechose peut être compromis par l’interférence d’une seconde. Et donc en ce sens la négligence de la seconde chosechose permettrait un meilleur succès pour la première. Certaines qualités (la rigueur par exemple) peuvent s’avérer néfastes dans la réalisation de certaines chosechoses (pour les activités artistiques peut-être). De la même manière je pense que c’est seulement parce qu’on se fiche de certaines chosechoses qu’on a la possibilité de se consacrer à d’autres.

 

Le phénomène d’appropriation

Dans le même genre de question que la précédente ; choisissons-nous une chosechose parce que nous aimons cette chosechose ? Ou aimons-nous une chosechose parce que nous avons choisi cette chosechose ?

Ici aussi, et plus étonnamment peut-être, il y a une affaire de dualitédualité. En effet, naturellement, nos choix nous apparaissent comme étant le reflet de nos préférences. Pourtant, de nombreuses expériences de psychologie ont montré que l’on surévalue la valeur des chosechoses que l’on choisit (et qu’inversement on sous-évalue les chosechoses que l’on « rejette »). La causalité est inversée : je ne choisis pas X parce que j’aime X, j’aime X parce que je choisis X. En d’autres termes, les résultats de ces expériences montrent que contrairement à ce que l’on pense, on ne choisit pas les chosechoses uniquement sur la base d’un ensemble de préférences « fixes », les préférences étant justement en partie définies par ce que l’on choisi au cours de sa vie. Ou plutôt, par ce qu’on a l’impression de choisir.

En effet, certaines de ces expériences ont en outre mis en évidence que la surévaluation de la valeur survient même quand le choix est illusoire (c’est-à-dire quand on a l’impression de choisir alors que ce n’est pas le cas). Cet article de Johansson et al et cet article de Keise Izuma et Kou Murayama sont particulièrement démonstratifs à ce sujet.

Ce que je trouve vraiment intéressant avec ces expériences, c’est ce qu’elles nous disent implicitement sur la conscienceconscience. En effet, les résultats de ces expériences mettent en évidence ce que j’appelle le phénomène d’appropriation, à travers lequel, sous réserves de certaines conditions, nous nous approprions plus ou moins consciemment certaines chosechoses a posteriori. Ce phénomène part du principe que la conscienceconscience est en grande partie indépendante du reste de l’esprit, et que par conséquent le phénomène subjectif de la conscienceconscience est « créé » a posteriori, grâce à l’intégration des résultats d’une multitude de traitements inconscientinconscients.

Dans ce cadre, le processus d’appropriation est le phénomène à travers lequel, lors de la création du phénomène de conscienceconscience subjective, certaines chosechoses sont intégrées dans la conscienceconscience créée (sous réserves de certaines conditions). C’est à dire qu’après cette intégration, les chosechoses intégrées sont vues par l’individu comme étant des chosechoses qui proviennent de lui, des chosechoses qui lui « appartiennent », des chosechoses qui d’une certaines manière, font partie de ce qu’il est (de sa personnalité, de son « être », etc).

Par exemple, même si nos actions sont en grande partie générées inconsciemment, nous nous attribuons quand même une certaine responsabilité vis à vis d’elles. De la même manière je pense que nous nous approprions les pensées et les idées de notre esprit une fois générées et révélées à la conscienceconscience (cf chapitre 17 et 18) ; on pense à des tas et des tas de chosechoses dans une journée, et on a vraiment l’impression que toutes ces pensées font partie de nous, que nous en sommes responsables, etc, alors même que nous n’y accédons consciemment que très subitement. Et donc sur ce principe, je pense aussi que nous nous approprions les choix de notre esprit une fois ceux-ci complètement effectués.



Pourquoi ceci est mon choix ? Pourquoi ceci est ma main ?

D’ailleurs, un parallèle intéressant peut se faire entre l’appropriation de ses choix et l’appropriation de ses membres. En effet, l’illusion de la « Rubber Hand » permet de mettre en évidence qu’il est possible de s’approprier une fausse main, externe au corps. C’est à dire que, grossièrement, lorsque notre esprit reçoit des informations de stimulation provenant de la main, et qu’il perçoit en même temps une main se faire toucher, il « conclut » que cette main qu’il perçoit est la sienne (ou la notre), et donc l’intègre comme telle.

De la même manière, toujours grossièrement, lorsque notre esprit vient de réaliser un choix et qu’en même temps il porte son attention sur un objet particulier, il « conclut » que c’est cet objet qui a été choisi, et donc intègre cet objet comme tel (et le sur-évalue).

Dans l’expérience de la « Rubber Hand » il y a appropriation de la main externe car tout nous porte à croire que qu’il s’agit de notre main.

Dans les expériences type « change blindness » ou « blind choice » (exemples cités plus haut), il y a appropriation du choix externe car tout nous porte à croire qu’il s’agit de notre choix.



Appropriation et ancrage de valeur

Le phénomène d’appropriation peut facilement être rapproché du phénomène d’ancrage de valeur, présenté dans le chapitre 9. Dans les deux cas, le phénomène ne dépend pas vraiment des caractéristiques de la chosechose affectée. Dans le cas de l’appropriation du choix ce qui est important c’est qu’il y ait un choix. Certes quand il y a un choix c’est souvent parce qu’une chosechose doté de caractéristiques particulières a déclenché ce choix, mais comme les exemples précédents le montrent, l’appropriation en tant que telle se fait a posteriori et donc ne dépend pas des caractéristiques de la chosechose choisie mais simplement du déclenchement du choix. Dans le cas de l’ancrage, ce qui est important c’est qu’il y ait un besoin. Plus le besoin est élevé, moins les caractéristiques des chosechoses ont d’importance.

Enfin, dans le cas de l’appropriation comme dans celui de l’ancrage, l’individu ne voit plus les chosechoses affectées de manière objective. L’appropriation fait que l’on se satisfait de ses choix (pratique pour éviter la dissonance). L’ancrage quant à lui fait que l’on perçoit les chosechoses auxquelles de la valeur est ancrée comme ayant quelque chosechose de spécial (émotion, nostalgie).

Les deux phénomènes contribuent à définir précisément la personne que nous devenons.

On se satisfait de ses choix, on ne les voit plus de manière objective.

Modules indépendants : un module active la notion de choix (de manière abstraite) tandis qu’un autre analyse les traits des objets.

Parfois après avoir trouvé quelque chosechose d’intéressant, on ressent toujours l’intérêt mais on ne se souvient pourtant plus de ce quelque chosechose.

Propagation (~ bonne/mauvaise humeur).

Ancrage

 

L’inscription corporelle du processus décisionnel : une fausse bonne idée

C’est un aspect que je n’ai pas abordé dans ce chapitre (je n’en avais pas vraiment conscienceconscience), mais il faut savoir que notre fonctionnement décisionnel est très ancré dans notre corps ; en particulier pour ce qui est du « guidage intuitif » et des automatismes.

En effet, dans la deuxième moitié des années 80, Antonio Damasio et ses collègues ont mis en évidence ce qu’ils ont appelés les marqueurs somatiques. À chaque fois que l’on effectue un choix dont le résultat est ambigu, une association entre le concept de ce choix particulier et l’émotion qu’il a engendré (satisfaction, regret, …) est enregistrée : c’est un marqueur somatique. Par la suite, à chaque fois que l’on sera de nouveau confronté à ce choix, l’émotion associée sera réactivée, provoquant ainsi un biais dans le processus décisionnel. On ne s’en rend pas compte, mais face à toute situation ambiguë, le cerveaucerveau sonde l’état du corps (à travers le nerf vague) afin d’influencer, voire de définir les décisions que l’on va faire et/ou envisager (au passage, ce procédé est aussi utilisé pour définir l’appréciationappréciation d’une chosechose). L’accumulation de marqueurs somatiques finit par former une formidable adaptationadaptation à la vie complexe (en particulier à la vie sociale) : un puissant système de présélection capable d’approximer les conséquences futures de telle ou telle décision, et ce instantanément (rien n’est explicite, tout est compressé sous forme d’une « petite » influence émotionnelle). C’est en grande partie ce système qui nous permet de déceler les choix « pièges », c’est à dire les choix entraînant un gain immédiat mais aussi une perte future. Par conséquent, la défaillance de ce système est beaucoup, beaucoup plus invalidante qu’on ne pourrait le croire. En effet, les cas de sujets n’ayant plus accès à cette fonction ont forcé les chercheurs à admettre que la raison pure était bien insuffisante pour faire face aux situations de la vie normale. Sans le renfort de l’émotion, la raison pure est complètement dépassée et mène à bien des échecs, et même des « drames » (cf, cas E.V.R., Eslinger & Damasio, 1985 + début du livre « L’erreur de Descartes »).



Alors pourquoi parler de fausse bonne idée si ce système liant états somatiques et raisonnement est si puissant ? D’un point de vue évolutif, le concept des marqueurs somatiques part effectivement d’une bonne idée. C’est stratégie super optimale : cela permet de guider automatiquement et sans effort le processus décisionnel, de soulager l’attention et une fois biens développés de former de minutieuses adaptationadaptations à notre environnement habituel (activités, travail, gestion des proches, etc).

Notre capacité de langage, notre mémoire de travail, notre mémoire gigantesque et abstraite, etc : ce sont certes de très bons outils, mais ça ne permet pas du tout le développement à moyen terme (sans même parler du long terme). Pour moi c’est vraiment ce système de guidage et de prise de recul implicite et instantané qui nous a permis d’aller aussi loin. Trop loin même. Et c’est bien là tout le problème ; la bonne idée a mal tourné. En effet, le fait que notre bon fonctionnement décisionnel repose sur l’ancrage corporel est selon moi l’une des principales raisons des « choix » totalement aberrants de l’humanitéhumanité (dettes globales, gestion des ressources naturelles, cf chapitre 23, 4 et 1). Le procédé n’est plus du tout adapté au monde moderne, dans lequel la moindre action a une portée qui dépasse le cadre corporel ; et pourtant c’est le seul dont on dispose !

Le système est super efficace pour gérer sa propre personne, ses propres développements, mais alors pour tout le reste c’est catastrophique ; et c’est de plus en plus visible : on constate une vraie myopie de l’avenir ( comme chez les patients orbitofrontaux) par rapport aux conséquences indirectes de nos choix, conséquences trop éloignées de notre corps et de notre nature pour être efficacement prises en compte.

Grâce à l’abstractionabstraction dans l’espace (~ un individu peut développer une fonction utilisée par plusieurs individus), le « simple » système de marqueurs somatiques a permis à l’humanitéhumanité de développer des chosechoses incroyables sans qu’un « véritable » système de raisonnement interne soit nécessaire (autrement dit un système de raisonnement logique explicite capable de développer des chosechoses équivalentes à celles qu’on a pu développer). [Cf juste nécessitéjuste nécessité].

Le problème c’est qu’au stade d’abstractionabstraction où la vie humaine est arrivée, ce système est devenu clairement insuffisant, obsolète, inadapté. Pour certains types de décisions, l’individu normal n’est pas différent du patient orbitofrontal.

Je pense qu’on a évolué trop vite, ou plutôt l’inverse : on a commencé à développer des tas de chosechoses dès qu’on a pu, c’est à dire beaucoup trop prématurément d’un point de vue évolutif. Grâce à la permissivité, nos capacités « ancestrales » ont servi à développer des chosechoses pour lesquelles elles n’étaient pas faites pour : elles ont été détournées. C’est particulièrement le cas, je pense, du raisonnement « simulé » par les marqueurs somatiques. Ce n’est pas fait pour mais ça a quand même fait l’affaire, non sans entraîner de gros problèmes à cause du manque de recul à grande portée, inhérent à ce système. C’est un système qui présente beaucoup trop de failles pour le rôle qu’il a aujourd’hui. Mais au rythme où l’évolution s’effectue et au rythme ou l’humanitéhumanité se « développe », il n’y avait et il n’y a toujours pas de mystère : c’est un cul de sac évolutif, il n’y a rien à faire. On est pris au piège.

C’est l’une des raisons pour lesquelles je pense que l’humanitéhumanité est vouée à se « crasher » (cf chapitre 23). Elle n’est plus (ou plutôt pas encore assez) adaptée au stade auquel elle se conçoit actuellement. Et à côté de ça elle est, je pense, inarrêtable. Par conséquent, à moins de réussir à développer d’incroyables procédés palliatifs, le choc est couru d’avance. Ce qui permettra peut-être à l’humanitéhumanité de retarder son développement et à l’évolution de rattraper son retard. Un drame d’un point de vue humain, un processus logique de ré-adaptationadaptation d’un point de vue de l’évolution.

Ça va retasser la chosechose et reprendre (dans les deux sens du terme) le développement. On peut faire l’image la nature qui déchire et gribouille son travail pour le reprendre plus tard (énervée de s’être plantée, « grr, encore un cul de sac »).

Cela explique qu’on est capable de développer de super idées (comme-celle ci) mais qu’on est incapable d’appliquer des solutions à l’échelle globale. Les idées = développement personnel.

Ça partait d’une bonne idée / une bonne idée qui a mal tournée

 

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