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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 15

L’autosuggestion, ou la programmation de soi-même

Nous pensons contrôler ce que nous faisons, et par conséquent n’essayons même pas de faire ce que nous pensons ne pas pouvoir. Pourtant, à partir du moment où l’on se croit capable de tout, on brise vite ces limites illusoires.


[TODO Contexte, situation, Ambiance = ensemble d’éléments qui suggèrent un état d’esprit.]

La suggestionsuggestion c’est une chosechose qui pousse à faire quelque chosechose plutôt qu’une autre, et qui par conséquent fait apparaître un certain type de résultat. Nous sommes en permanence soumis à des suggestionsuggestions :

  • Une personne baille et hop voilà qu’il nous prend nous aussi l’envie de bailler

  • Une personne rit et on se laisse également aller à rire. D’ailleurs dans certaines séries comiques, les « réalisateurs » n’hésitent pas à placer des rires de fond afin de déclencher ce phénomène (pas toujours avec succès…). Ainsi devant la même situation comique, on rit beaucoup plus en groupe que tout seul.

  • Une publicité pour un plat alléchant, et voilà que l’on a envie de manger.

  • La vision d’une personne sexy et voilà que l’on se sent pris de chaleur !

  • Un bruit d’eau qui coule, la vue de toilettes et voilà qu’il nous prend l’envie d’uriner. D’ailleurs on peut se retenir toute la journée, et comme par hasard, ne plus pouvoir tenir juste avant le moment venu… (En fait cette implosion soudaine relève d’une adaptationadaptation suite à la prise de conscienceconscience de l’imminence probable d’un événement – « Ça y est, ça va pouvoir sortir, c’est maintenant que ça se passe ! » -, prise de conscienceconscience qui lève le processus adaptatif précédemment en place, même si « physiquement » celui-ci pouvait sans problème tenir beaucoup plus longtemps (le changement est purement logique). La patience est un sablier à ouverture variable. Plus généralement c’est ce qui fait que les jours paraissent plus longs/tendus lorsqu’on approche d’un jour fatidique. C’est également pour cela que « dos au mur », un adversaire devient beaucoup plus tenace et prudent (face à l’imminence de la « défaite », il y a réaction de dualitédualité pour aller dans l’autre sens). Il y a un changement assez brusque du comportement « logique » alors que physiquement, rien n’est encore arrivé. C’est donc en soit une réaction suggérée par la « spécialité » de la situation dans laquelle on se trouve).

L’autosuggestionsuggestion consiste à créer ses propres suggestionsuggestions afin de déclencher – ou tout du moins favoriser – les résultats que l’on veut voir apparaître. C’est un excellent moyen de contrôler son corps. Pour reprendre le dernier exemple, si une personne normale urine dans les toilettes et non pas dans son pantalon, c’est uniquement parce qu’elle s’auto-suggère qu’elle ne peut uriner qu’une fois installée dans les toilettes. Uriner est on ne peut plus banal pour nous et pourtant c’est un phénomène fascinant. C’est un phénomène fascinant parce ce n’est pas vraiment quelque chosechose que l’on fait, c’est plutôt quelque chosechose qu’on laisse le corps faire. Pour preuve, si l’on devait expliquer comment on fait précisément pour déclencher l’urination, on en serait bien incapable. Il n’y a pas vraiment de « commande » consciente pour déclencher l’urination, c’est davantage un état mental diffus qui relaxe le corps et lui laisse faire le travail. Typiquement quand on arrive aux toilettes, « l’ouverture » est rapide car la suggestionsuggestion contextuelle est forte : on ne doute pas une seule seconde pourquoi on est là et ce qui va se passer.

Aussi, si l’on constate qu’il n’y a pas d’endroits appropriés pour soulager notre vessie malgré une envie pressante, alors nous allons bloquer la sortie via l’autosuggestionsuggestion jusqu’à ce que la situation change. Pratiquement tout le monde est capable de contrôler sans erreurs cette fonction du corps (même des animaux très primitifs savent le faire). C’est tellement évident qu’on le fait sans s’en rendre compte, et c’est bien pour cette raison qu’on en maîtrise les ficelles. Pour autant, il peut être intéressant d’utiliser ce procédé afin de contrôler des fonctions un peu moins rudimentaires que celle-ci.



De la pensée au ressenti

Mais avant d’expliquer plus en avant les spécificités de l’autosuggestionsuggestion, je tiens d’abord à mettre au clair son origine. En fait, l’autosuggestionsuggestion tire son pouvoir du « raccommodage » effectué entre le cerveaucerveau archaïque (siège des ressentis) et le cerveaucerveau supérieur (siège de la pensée), évoqué dans le chapitre 5. En effet, ce raccommodage direct fait que nos croyances et nos pensées de haut niveauhaut niveau sont converties en ressentis primaires. C’est la solution « forcée » mise en place par l’évolution pour créer l’intelligence consciente telle que nous la connaissons tout en respectant l’abstractionabstraction, et donc en utilisant les bases animales déjà présentes comme fondements de ce système (en tant que couches de bas niveaubas niveau). Alors que le système de ressentis primaires était autonome, isolé et programmé pour préserver son propre équilibre, voilà qu’avec la conscienceconscience on rajoute des ficelles permettant de l’activer d’en haut. On pense à un truc « bien », hop cela tire une ficelle entraînant un bon ressenti, on pense à un truc « mal » et cela en tire une entraînant un mauvais ressenti. Heureusement, en tout respect de l’équilibre, la manipulation de ces ficelles est elle aussi soumise à une régulation permettant de maintenir l’homéostasie grâce à la relativitérelativité. Néanmoins, du fait de la simplicité de la connexion entre le système animal et le système de pensée, il est possible de complètement dérégler cette homéostasie. On peut en effet se tuer tout seul en maintenant des croyances dont la conversion est un ressenti néfaste (stress), comme nous l’avons vu dans le chapitre 12. Et de l’autre côté, on peut éconduire toutes les lois de la Nature en maintenant des croyances illusoires dont la conversion est un ressenti bénéfique ; enfin, encore faut il être capable d’y croire. Mais là encore il est possible de déjouer notre propension à croire ou à ne pas croire, grâce au procédé très connu qu’est l’hypnose. Une fois hypnotisé, il est possible de tirer directement les ficelles du système primaire : donnez la croyance à l’hypnotisé qu’il a froid et il se mettra à grelotter (activation musculaire visant à réchauffer), donnez la croyance qu’il veut dormir et il dormira. L’effet est immédiat car c’est tout comme si on appuyait sur un bouton. Mais le pire dans tout ça, c’est que nous sommes perpétuellement dans un état d’hypnose léger. Toutes les croyances que nous entretenons ne sont pas bien différentes du contrôle d’un hypnotiseur (plus ou moins bénéfique/maléfique…). Et du coup, on peut carrément se faire « enfler » sur la valeur des chosechoses là où des animaux ne se serait jamais laissés avoir, bernés par des croyances qui masquent les effets réels de ces chosechoses sur l’organisme (travail, drogue, fast-food et par extension tout excès et tout manque dû à un mode de vie que l’on croit bon). Bref tout cela pour dire que ce sont les croyances qui tirent les ficelles (je dirais même qui constituent les ficelles).

D’ailleurs nous avons vu dans l’avant dernier chapitre que le fait de penser émet des ondes d’une certaine nature entraînant la réalisation d’événements spécifiques, nos ressentis entrant dans ce cadre.

D’ailleurs, nous avons vu dans l’avant dernier chapitre que le fait de penser pourrait nous mettre dans un état physique particulier favorisant la réalisation d’événements spécifiques ; nos ressentis entrant dans ce cadre physique. Nous avons également vu à travers le chapitre précédent que la grande majorité de nos actions et de nos choix sont effectués de façon automatique. L’idée derrière l’autosuggestionsuggestion c’est d’utiliser tous ces phénomènes et à partir de là faire un travail d’informaticien avec soi même. Je veux dire, en tant que développeur en informatique, on façonne les programmes de telle manière à ce qu’ils tournent parfaitement. Et grâce au système de conscienceconscience/inconscientinconscient, on est à la fois le développeur et le programme développé.



Notion d’état mental

On entend souvent parler des maladies, que l’on peut assimiler à un fonctionnement anormalement mauvais, mais on entend peu parler de l’opposé, à savoir un fonctionnement anormalement bon. Les forums informatiques sont d’ailleurs bondés de sujets traitant de problèmes, l’être humain manifestant plus ouvertement son mécontentement (plaintes, mal-être) que son contentement (remerciements, bien-être), qu’il trouve normal. Un comportement certes malvenu et impoli, mais qui reflète pourtant une vérité : c’est normal que quelque chosechose fonctionne bien, et c’est anormal que quelque chosechose fonctionne mal.

La dépression représente un état mental constamment mauvais (dans lequel pensée et ressenti se tirent mutuellement vers le bas). De par ce fait, cet état suggère que l’on peut être dans un état opposé, à savoir un état mental constamment bon (dans lequel pensée et ressenti se tirent mutuellement vers le haut). Et comme nous l’avons vu, un état est le résultat inéluctable d’un enchaînement de décisions, dont la quasi-totalité sont prédéterminées à l’avance par rapport à l’état courant au moment de la décision. Passé la conviction qu’un état constamment bon puisse exister, il peut être utile de savoir si on a la capacité de le faire apparaître et puis de le maintenir, et si oui comment. Je tiens tout de même à préciser que pour maintenir un bon état mental, il faut au préalable disposer d’un bon équilibre physique. En effet, en vertu de la dualitédualité, c’est le corps qui pousse l’esprit. Si on est malade (organe très faible, tensions, etc) il sera effectivement possible d’entrer dans un bon état mental (en faisant l’effort de pousser son esprit), mais il sera très difficile de le maintenir longtemps (car notre corps ne poussera pas en retour de notre effort, bloquant ainsi la rotation du mécanisme). Pousser son esprit à répétition peut toutefois être une solution pour réparer son corps, mais c’est très pénible et fastidieux.

Cela dit, si vous n’avez ni bras ni jambes mais que vous êtes en bonne santé physique (~ équilibre relatif), alors il n’y a aucun problème, vous n’êtes pas malade et votre esprit ne sera pas limité par votre corps. Si vous ne comprenez pas les dernières phrases de ce paragraphe, je vous invite à relire le chapitre 3 (et dans une moindre mesure les chapitres 2 et 4).





Revenir au bas niveaubas niveau pour comprendre

Pour la plupart des gens, ce que font les grands « artistes » est extraordinaire. Un grand pianiste qui joue une superbe composition, une grande danseuse qui exécute une magnifique chorégraphie, etc.

C’est incroyable en effet. Mais si on regarde de plus près, ça ne l’est pas plus que ce que nous faisons tous les jours. Physiquement, le pianiste ne fait qu’appuyer sur des touches et la danseuse fait simplement bouger son corps dans l’espace. La majorité d’entre nous est capable d’appuyer sur des touches et de bouger son corps n’est ce pas ? C’est ça qui est extraordinaire et physiquement incroyable. Tous les jours nous exerçons un contrôle minutieux sur la matière afin de réaliser nos tâches quotidiennes, et ce contrôle de la matière n’est pas plus complexe chez les grands artistes que chez la boulangère du coin. Physiquement, écrire une succession de mots dénuée de sens n’est pas plus difficile que d’écrire une œuvre littéraire exceptionnelle. Appuyer n’importe comment sur les touches d’un piano relève de la même complexité physique que de jouer une sonate.

En termes de probabilité, les chances que l’un ou l’autre se produise spontanément sont excessivement ahurissantes. Seulement, les chosechoses ne se produisent pas spontanément. Nos actes sont gouvernés par la logique de notre esprit. De par la normalisation imposée par la base commune de nos cerveaucerveaux et de la société dans laquelle nous vivons et sa culture, certaines actions se produisent plus souvent que d’autres. Par conséquent, la relativitérelativité fait que ces actions sont classifiées par nous même de « communes » et « ordinaires ». Comme dit plus haut, l’introspection nous permet de nous rendre compte que ces actions n’ont d’ordinaire que la fréquence à laquelle elles surviennent. En terme de complexité physique elles sont aussi incroyables que ce que vous pensez être réellement incroyable. À titre d’exemple, personne n’est étonné du langage. Nous comprenons tous quasiment instantanément ce qu’une autre personne nous dit à travers un langage porté par des ondes sonores issues de la vibration des cordes vocales et modelées par une utilisation précise de divers muscles (langue, lèvres, larynx, etc), un langage qui plus est doté de très nombreuses règles et d’un dictionnaire comprenant des milliers de mots. D’ailleurs nous sommes même capables de répondre tout aussi simplement et instantanément, sans réfléchir plus que ça ! Et ça n’a d’ailleurs paru être une corvée pour personne d’apprendre son premier langage, ça s’est fait « tout seul ». (Comme par hasard, il s’agit d’un apprentissage par le haut, cf chapitre 1. On voit bien ce que donne l’apprentissage d’un langage par le bas avec l’anglais en France…). Vu sous un autre angle, nous faisons tous les jours des chosechoses incroyables sans nous en rendre compte, tout simplement car ces chosechoses sont pour nous indubitablement normales. En ce sens, il suffit de faire passer ce que vous croyez incroyable pour l’ordinaire afin de réussir.

«  Ce n’est pas parce que les chosechoses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » – Sénèque

La raison majeure expliquant cette appréhension/conception illusoire de la complexité provient, je pense, de la non compréhension de son propre fonctionnement, ce que j’ai appelé le phénomène de l’esprit spectacteur au début de cet acte. Les gens croient que beaucoup de chosechoses, comme le dessin par exemple, relèvent d’un talent inné. Cela vient du fait qu’à l’état « normal », nous croyons être responsables de nos actions ; et que comme il nous paraît évident que nous ne soyons pas capables de pratiquer correctement une certaine chosechose actuellement, nous en déduisons que nous ne pouvons le faire tout simplement, qu’il nous manque ce « talent », cette « pièce » particulière dans notre esprit. Mais comme l’exemple du langage le montre bien, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas capables de faire une chosechose instantanément qu’il nous manque quelque chosechose de fondamental (ce « talent ») pour y parvenir. Et surtout, ce n’est pas parce que nous ne sommes pas capables de faire une chosechose instantanément qu’il sera de notre responsabilité consciente de l’apprendre ; l’apprentissage en lui même est un processus inductif inconscientinconscient. Le langage n’est pas quelque chosechose que les bébés apprennent, mais qui leur arrivent. Il s’agit donc avant tout de laisser les chosechoses arriver pour pouvoir les intégrer, car si on ne le les laisse pas arriver en premier lieu (comme c’est souvent le cas par simple préjugé de ses propres capacités) rien ne se « passera ». Petit à petit, l’expertise se développera (en quatre ans d’entraînement incident, les enfants ont déjà un niveau de langage complexe).

Comme expliqué dans le chapitre 1, la logique du monde est abstraite. Les gens exerçant dans un domaine n’ont pas une pièce particulière et spécifique à ce domaine en plus dans leur cerveaucerveau. Ce serait trop coûteux et instable pour le monde de permettre cela. C’est grâce à des capacités abstraites de traitement de l’information (inconscientinconscientes qui plus est, et qui nous servent pour tout et n’importe quoi, ne serait-ce que pour comprendre les événements qui se passent autour de nous) et à une confrontation avec le domaine que la connaissance spécifique se construit. Autrement dit, il suffit de faire – et refaire – pour apprendre, progresser et finalement maîtriser.

Ainsi donc le « talent » n’est tout juste autre chosechose que le temps passé à « s’entraîner » consciencieusement. C’est de par leur dévouement et non par une supériorité intellectuelle innée que les maîtres de leur domaine sont les maîtres de leur domaine. Néanmoins (et comme nous le verrons) le dévouement lui même est une qualité qui pourrait tenir de l’inné (tout le monde a les bases pour faire des chosechoses extra-ordinaires mais il faut un tout petit truc en plus pour les exploiter d’une certaine manière ; sans ce « déclencheur », les bases ne servent à rien de spécial, cf transcendance). Mais comme beaucoup de chosechoses, il est plus probable que ce « dévouement » soit une qualité latente, qui émerge de l’expérience (épigénétique).

Bref ce qu’il faut retenir c’est que le talent est moins une question de « puissance » de l’esprit que d’engagement de cette puissance.



TODO À la base le talent et l’intelligence ne sont pas des chosechoses abstraites. La passion et l’intelligence forme une sorte de dualitédualité.

En termes d’intelligence, ce qui différencie le plus les êtres humains, c’est le comportement. Les capacités potentielles sont grosso-modo les mêmes pour tous (physiquement parlant), mais la façon dont ils les utilisent naturellement, ce qu’ils en font, diffèrent et déterminent si oui ou non ils sont effectivement intelligents.



Les dérives de l’inconscientinconscient

L’inconscientinconscient est un système très puissant et plutôt fiable, il fait généralement bien son boulot tout seul. Cependant livré à lui même pendant trop longtemps, il peut s’égarer. On peut le remarquer ne serait-ce qu’en prenant conscienceconscience de notre respiration mal menée, qui manque vraiment d’amplitude pour être efficace. Il faut dire que son travail est énorme et qu’il l’effectue en fonçant dans une seule direction. Au fur et à mesure des abstractionabstractions qu’il est amené à effectuer, il finit par oublier certains éléments essentiels et se dérégler (cf l’abstractionabstraction et la perception, chapitre 1). C’est pourquoi l’un des rôles de la conscienceconscience est de recadrer l’ouvrier qu’est l’inconscientinconscient lorsqu’il fait mal son travail, lui montrer l’exemple afin qu’il puisse continuer à foncer comme il le fait toujours, mais dans la bonne direction.

TODO jugement angulaire

Le refoulementrefoulement et la répression

Le refoulementrefoulement est le rejet des idées, des intuitions jugées néfastes opéré automatiquement par l’inconscientinconscient. La répression quant à elle est également le rejet des idées, des intuitions néfastes mais opéré par la conscienceconscience. Ce sont tous les deux des systèmes de filtrages, le refoulementrefoulement étant le premier rempart et la répression le second. Je ne vais pas m’attarder sur le refoulementrefoulement qui est grosso-modo un système servant à éliminer les idées immorales, voire même « dégueulasses » avant qu’elles ne puissent accéder à la conscienceconscience, cette dernière ne pouvant probablement pas les accepter. C’est un concept typique de la psychanalyse, alors si les histoires de sexe et de meurtre entre vous, votre mère et votre père ne vous intéressent pas, vous ne ratez rien. Par contre, la répression est nettement plus intéressante pour ce que nous étudions. C’est d’ailleurs l’une des formes que peut prendre le refusrefus de décision évoqué dans le chapitre précédent. Par exemple il m’arrive de penser à des idées « à la con » et de les réprimer dans ma tête (« Non, c’est nul »). C’est un peu comme quand vous avez envie d’uriner et que vous allez dans les toilettes publiques ; le fait qu’il y ait du monde à côté, même s’il y a une porte, peut bloquer la sortie. Une répression sur-élevée est caractéristique de l’orgueil.

Mais si dans notre société civilisée beaucoup de gens répriment des pensées ayant une potentielle réaction extérieure, ils sont plutôt laxistes en ce qui concerne les pensées intérieures, ce qui à long terme peut s’avérer néfaste. C’est un peu comme les mauvaises herbes, de temps en temps il faut les couper pour ne pas qu’elles consomment les ressources prévues pour nos belles plantes, afin de repartir sur de bonnes bases.



La puissance de la pensée

Pour poursuivre l’analogie avec le jardin, j’ajouterais qu’il ne suffit pas de couper la mauvaise herbe pour faire pousser les bonnes plantes. Il faut planter des bonnes semences. Et c’est là qu’intervient la force d’attraction de la pensée (voir chapitre 13) : chaque pensée est une semence. Et l’esprit étant un jardin dans lequel on peut planter tout type de semence, voilà pourquoi il peut être utile de se contrôler. Il faut donc éviter de planter des mauvaises semences, et veiller à nourrir les bonnes semences. Car entretenir une idée c’est la faire germer. C’est pour cela qu’en s’acharnant sur une idée intéressante on finit par être satisfait, avoir le résultat que l’on veut (voir chapitre précédent). C’est logique. Et c’est pour cela qu’on arrive à rien si on plante une graine et qu’on ne la nourrit pas, ou pire qu’on la retire du jardin avec une pensée antagoniste. Si on mange correctement, on aura toujours de la terre pour faire pousser nos plantes, la seule chosechose que l’on contrôle c’est le plantage des graines et l’eau que l’on déverse dessus pour les faire mûrir. Plus explicitement, la solution c’est de ne pas toujours laisser ses pensées couler naturellement. Il faut les contrôler, de telle sorte à ne laisser passer que les bonnes chosechoses et supprimer les mauvaises chosechoses, ou du moins les laisser mourir de faim. Mieux encore plutôt que de gaspiller des ressources en réprimant, il « suffit » d’inonder son subconscientsubconscient d’idées « blanches ». En effet l’informatique nous a démontré que pour effacer efficacement, on ne supprime jamais, on écrase. Il ne faut donc pas trop miser sur la répression. La solution c’est de se conditionner, à la limite de la lobotomisation. Et là votre inconscientinconscient, votre allié le plus précieux, qui résonne en permanence avec votre état mental, va établir un travail énorme. C’est lui le système de traitement, la terre qui fait pousser les plantes en permanence, et comme nous le verrons dans l’acte III, l’état mental entretenu par la conscienceconscience et la santé de notre corps est un paramètre qui influence de manière très importante notre vision du monde, c’est à dire ce que la terre peut faire pousser. Tout est relatif, alors autant en profiter.



« Imaginer ? C’est scandaleux ! »

[VULG] En effet, il ne s’agit pas simplement de jouer avec la viande[…]

Les moines bouddhistes atteignent le nirvana en restant le cul planté à penser et respirer profondément.

Un très bon exemple de conditionnement mental, un peu tabou certes, se trouve dans la masturbation. En effet, il ne s’agit pas simplement de jouer avec ses parties, il s’agit d‘imaginer. Imaginer jusqu’au point où cela semble réel, imaginer jusqu’au point où l’on ressent intensément les chosechoses. L’imagination est une capacité extraordinaire utilisant beaucoup de ressources, c’est le moyen le plus puissant pour s’auto-influencer. Il est dommage que nous ne l’utilisons pas aussi efficacement dans d’autres situations. Les moines bouddhistes atteignent le nirvana en restant le cul planté à penser et respirer profondément. On a l’air malin nous à côté, avec notre société de consommation. C’est pour ça que la « branlette » est plus répandue que la méditation d’ailleurs, le « retour sur investissement » est sensible à très court terme et la plupart des gens ne jurent que par ça (le court terme).

L’étude de cet exemple est très instructif, et je pense même qu’il est possible d’en abstraire quelque chosechose de très important, sans pour autant persévérer dans la « déviance sexuelle » (:D). Là où je veux en venir, c’est que pour avoir l’effet optimal, il faut une symbiose entre le corps et l’esprit. Lorsque l’esprit pousse, il fait monter le corps et lorsque le corps pousse, il fait monter l’esprit. C’est exactement en accord avec la dualitédualité (voir chapitre 3), les deux béliers créent une dynamique équilibrée. L’un fait avancer l’autre, ils travaillent main dans la main. Seul, ni l’un ni l’autre ne sont capable de créer un tel mécanisme. L’union fait la force.

Je pense profondément que la guérison soit possible et efficace en utilisant ce même schéma. Se concentrer sur une tension physique, imaginer qu’elle disparaisse tout en palpant cette tension avec ses mains. C’est tout bête mais tellement vrai, il faudrait que les kinésithérapeutes et les psychothérapeutes travaillent main dans la main pour soigner. Car c’est seulement une fois que l’on ressent profondément ce que l’on imagine que l’on arrive à atteindre les couches de bas niveaubas niveau avec notre esprit, que l’on arrive à influencer notre corps.



Mettre son esprit dans une direction, c’est demander l’inspiration, demander le « pouvoir ». Commencer à donner forme à cette inspiration, c’est développer encore plus d’inspiration qui elle même permet un développement de la réalisation. Certains professeurs s’énervent si « on attend que la réponse tombe du ciel », et c’est pourtant un peu ce qui se passe. Regarder le problème de mathématiques, regarder sa copie de français, c’est comme ça que ça vient. Le tout quand on veut parvenir à un objectif c’est d’avoir l’intuition globale de ce que l’on veut (détails dans l’acte III). Ensuite, la réalisation de cette intuition consiste à décomposer par abstractionabstraction cette intuition globale. Mais à la base, c’est en fixant le haut de l’échelle qu’on peut la monter.



Mauvaise utilisation/interprétationinterprétation

Pour en revenir à l’introduction, j’ajouterais que nous sommes le reflet de ce que nous sommes, de ce que nous pensons. Si un individu pauvre veut être riche et pour cela ne cesse de se dire « Je suis riche, je suis riche, … » il risque de faire empirer sa situation. En effet, en se disant qu’il est riche alors qu’il se sent manifestement pauvre, cet homme crée un conflit qui lui rappelle qu’il n’est PAS riche. Il tire sur la mauvaise ficelle et se fait du mal tout seul ! Ses paroles disent qu’il est riche, mais il sent qu’il est pauvre ; en fait comme nous le verrons dans l’acte III, notre esprit marche à l’intuition, c’est à dire ce que l’on sent être vrai. Par exemple quand on sort l’expression « Je meurs de faim », c’est pour exagérer car on ne se sent pas vraiment mourir. Il ne suffit pas de dire ou de penser, il faut croire profondément. C’est pour cela que la relaxation est si bénéfique, en se laissant aller, on se détache de nos croyances néfastes, on lève les barrières. Un partisan de la pensée positive conseillerait probablement à cet homme de se relaxer en se concentrant sur l’intuition simple et abstraite de richesse plutôt que celle d’être déjà riche, dans un état détendu mais intense (similaire à celui de la masturbation). « Richesse, richesse, richesse ! ». Cela dit, une sage personne lui conseillerait probablement de rechercher des richesses moins superficielles (qui lui permettront en plus de découler sur cette richesse qu’il convoite actuellement).



Problème d’identité

Ce qui me fait revenir au problème énoncé à la fin du chapitre précédent ; si l’on se force à changer de pensées, changeons nous ce que nous sommes ? Et bien vraisemblablement oui. C’est pour cela qu’il faut choisir dans quelle direction on pense, ce que l’on veut être. Se persuader qu’on aime quelque chosechose qu’on n’aime pas n’est ainsi pas recommandé. Car cela peut fonctionner, même si ce n’est pas évident. Pas évident car il faut être détendu et ne pas forcer pour accepter quelque chosechose, ce qui est difficile quand on n’aime vraiment pas. Cependant ce phénomène est très souvent visible, on finit tous par accepter quelque chosechose que l’on appréhendait lorsqu’on s’y confronte (d’où le fameux « finalement c’était pas si dur que ça » ou encore le « finalement c’est pas mauvais !» pour un plat peu ragoûtant). Ceci s’explique par la relativitérelativité et la plasticité neuronale.



Les limites

Bien qu’une utilisation intelligente des mécanismes de l’esprit puisse apporter beaucoup, il ne faut cependant pas espérer des miracles et croire que tout est possible facilement. D’une part, même s’il est vrai qu’il suffit de penser pour diriger efficacement son esprit, force est de constater que ce n’est pas toujours évident de choisir ce à quoi on pense, de maintenir le cap, surtout quand tout va mal. Comme expliqué dans le chapitre précédent, nous ne décidons pas vraiment de ce que nous pensons, nous sommes des automates qui suivent des chemins prédéterminés, et il faut donc faire preuve de volonté pour changer de voie (cf ceux et celles qui veulent arrêter de trop manger, de fumer, etc). Aller contre vents et marrées n’est pas chosechose aisée au début, et c’est souvent là que la plupart abandonnent : il y a de trop nombreuses barrières logiques à franchir. Vouloir suffit donc à avoir, mais vouloir est une chosechose rare et qui demande des efforts : peu de gens savent vraiment ce que c’est de vouloir, et c’est bien pour ça que peu de gens ont ce qu’ils « veulent » : ils croient vouloir mais sont en fait très loin du compte. Cette fausse volonté tient plutôt du désir, du doute et de la peur de la concession. La volonté peut s’accorder au désir, mais elle ne peut jamais cohabiter avec le doute et/ou la peur ; c’est justement une fois purgé de tout doute et de toute peur que la volonté peut s’installer, c’est une fois sûr et déterminé que l’on arrête de tourner autour du pot. Dans le cas des personnes voulant perdre du poids, celles qui veulent vraiment maigrir perdent des kilos très rapidement (elles font attention à ce qu’elles mangent et font du sport), toutes les autres qui font « semblant de vouloir » (elles mangent un peu moins – mais toujours trop pour compenser – pendant une courte période, etc) échouent lamentablement ou parviennent à des résultats médiocres. Quand on plante une graine et qu’on l’arrose, elle pousse toute seule, même sur un terrain difficile. En revanche quand on plante une graine et qu’on l’enlève aussitôt, même sur le plus fertile des terrains, il est illusoire de s’attendre à un résultat. Les personnes qui réussissent font comme si elles étaient déjà là où elles veulent être, tandis que les personnes qui échouent n’ont en tête que le long chemin qu’elles devront parcourir si elles veulent arriver là où elles désirent être. Quand on commence à imaginer, à calculer tous les efforts à faire au lieu d’uniquement imaginer le résultat, on est vraiment mal barré pour aller loin (c’est comme traîner un énorme boulet) : il est étonnamment bon d’être irrationnel (cf chapitre 12)… Quand on commence une journée, on n’imagine pas devoir effectuer des milliers de cyclecycles respiratoires (inspirer, expirer), on se lève et on va faire nos activités. Quand j’écris ce texte, je n’imagine pas devoir écrire des milliers de caractères mais j’imagine les idées que je vais développer. Il faut simplement s’occuper de son objectif, de la graine initiale, de la ficelle d’en haut, l’inconscientinconscient à travers l’abstractionabstraction s’occupant des ficelles d’en bas (de couche en couche, cf chapitre 1).

Néanmoins il ne faut jamais oublier qu’on ne peut réellement outrepasser le principe d’équilibre (qui constitue une sorte de limite opposée à la volonté), même en tirant habilement les ficelles de notre système primaire. Le monde est trop « bien fait » pour ça. Par exemple moi j’utilise tous ces principes pour mener à bien mes projets (~ de développement informatique pour la plupart), et cela fonctionne du tonnerre en général. Cependant la contrepartie c’est que cela consomme énormément de ressources sans que je ne m’en rende compte, et je me retrouve souvent épuisé par la réflexion ; après avoir cogité toute une journée mon front ressemble à un grill, mes mains tremblent et j’ai une faim de loup ! Lorsque c’est occasionnel, on se remet vite et on fait à peine le lien entre le travail et la fatigue. Toutefois, si on ne laisse pas le temps à l’équilibre de se remettre en place (cf chapitre 3), cela peut avoir de très lourdes conséquences ; chosechose que j’ai personnellement apprise à mes dépens… (Permettez et excusez moi une assez longue digression sur cette partie de ma vie, ayant pour but de décrire le phénomène en question). À une époque, je ne pouvais plus m’arrêter, je multipliais les projets et dès que j’en finissais un j’en commençais un autre, un vrai bulldozer. Je me comportais comme si tout était à ma portée, comme si j’étais une équipe de développement à moi tout seul, et c’est vraiment l’impression que j’avais. Je ne perdais jamais de temps à faire des chosechoses « inutiles » (rester à table, prendre des pauses, etc) parce que je n’en ressentais ni l’envie ni le besoin. D’ailleurs par abstractionabstraction, le peu de personnes me connaissant un peu à l’époque pourraient attester de cet état d’esprit de « fou furieux », qui s’illustrait également dans d’autres domaines, en particulier lorsque je sortais le soir dans la rue : la nature de l’homme étant ce qu’elle est, il n’est pas rare de se faire agresser dans la rue où de voir une situation dégénérer à la violence. Je déteste être agressé (peu importe la forme) mais paradoxalement je suis friand d’arts martiaux, j’adore me retrouver dans des situations « héroïques » et je suis particulièrement outrecuidant quant à mes capacités. Je ne cherche donc jamais les ennuis, mais quand c’est eux qui arrivent à moi, je me laisse facilement emporter par mes élans intérieurs. Ainsi lorsque des malheureux s’en prenaient à moi ou à « mon groupe », qu’il y avait un ou dix adversaires, je pensais que j’allais les balayer comme si de rien n’était. Et que ce soit pour les combats ou pour mes projets personnels, ça fonctionnait (moins superbement que je l’imaginais certes, mais ça fonctionnait) ; je mâchais « le travail » comme un possédé (en l’espace de deux ans j’ai écrit des centaines de milliers de lignes de code informatique). J’étais tellement sûr de moi, tellement convaincu que mon esprit faisait en sorte que mon corps s’active à fond afin de me permettre de faire des « miracles ». C’est incroyable jusqu’où on peut aller lorsque l’esprit n’émet aucun doute, lorsqu’on agit comme s’il en allait de notre vie (alors que ce n’est en général pas du tout le cas), lorsque notre seule volonté dépasse la somme de toutes les volontés adverses. D’ailleurs durant les combats dangereux, il est fascinant de constater le temps se ralentir autour de nous : cela nous permet de tout contrôler et d’entrevoir les plus minces ouvertures de garde afin de contre-attaquer de manière optimale. Ce phénomène de temps qui se ralentit m’est également déjà arrivé lors de pertes de contrôle de ma voiture, en l’espace de 2 secondes on a l’impression de pouvoir tout analyser, et même de pouvoir prendre son temps pour effectuer la bonne décision ! On peut même se permettre le luxe d’envisager les conséquences possibles (« Vu comme ça se présente, je vais peut-être devoir racheter une voiture… Mince cela va coûter cher… J’espère que je ne vais rien me casser aussi, car ça risque de bloquer l’avancement de mes projets. Tiens d’ailleurs il se pourrait même que je meurs en fait »)… La relativitérelativité dans toute sa splendeur.

Bref, tout ça pour dire que j’ai vécu dans cet état d’esprit de témérité, sans contre-parties, sans fatigue apparente jusqu’à mes 21 ans (et depuis je ne sais quelle année, cela s’est développé progressivement, assez tard sur des projets « intellectuels »). Car un jour alors que je venais d’entamer un nouveau projet assez important, qui allait probablement me prendre un petit millier d’heures, mon organisme en a eu ras le bol et je me suis pris un gros coup de revers en pleine face : c’est la saturation. Pour faire l’analogie on peut dire que j’ai trop poussé la chaudière de ma locomotive. Les effets de « l’explosion » du moteur n’ont pas manqués : symptômes dépressifs, fatigue extrême, tremblements, sommeil court, agité et peu récupérateur, je n’ai rien vu venir et je ne m’en suis jamais remis. Mon corps était usé, vidé, tous mes repères avaient disparus, mon envie était également descendue au plus bas (tout comme ma libido). En vision de près, j’avais la sensation que mes yeux étaient comprimés, m’empêchant ainsi de rester devant un écran ou de lire un livre (95% des mes activités à cette époque) sans souffrir. Alors que je pouvais rester des journées entières sans le moindre signe de fatigue, je peinais dorénavant au bout de cinq petites minutes. Ma gorge était constamment nouée, dans un état de « déshydratation » et de rigidité extrême : la circulation se faisait très mal, ma mâchoire, ma nuque et mes cervicales craquaient et étaient bloquées comme si elles n’étaient pas huilées, et plus grave l’activité de ma thyroïde était quasiment coupée, bloquant ainsi l’incontournable système de plaisir ; si je ne me massais pas la gorge régulièrement pour déboucher la situation (cette « ouverture de vanne » faisant l’effet d’un petit orgasme) je me retrouvais dans un état « robotique » : je pouvais tout juger avec la tête mais je n’éprouvais pas de « sensations ». C’est également pour cela que mes mains tremblaient comme un drogué en manque : j’étais effectivement en manque, mais de substances naturelles et auto-produites. Ce symptôme particulier m’a appris que notre cerveaucerveau supérieur ne valait vraiment pas grand chosechose sans nos hormones animales, c’est elles qui font la magie du ressenti (j’expose plus en détail ce point et l’ambiguïté de l’objectivité dans le chapitre 19). À long terme, ce blocage physique s’est avéré assez catastrophique car il a entraîné une vision grise et aseptisée du monde : je pouvais perdre tout ce que j’avais ça ne m’aurait fait ni chaud ni froid.

Évidemment tout n’est pas arrivé d’un coup, mon corps a essayé de m’avertir progressivement que quelque chosechose n’allait pas (cf chapitre précédent), mais je n’ai pas tenu compte de ces signaux. C’est seulement après coup que je me suis rendu compte de la similitude entre le procédé d’avertissement de notre organisme et celui que la société utilise : si un individu ne paye pas ses factures, on envoie une lettre, puis s’il persiste on coupe l’électricité, on coupe l’eau et enfin s’il devient vraiment dangereux on envoie les vigiles pour le contenir par la force. Bref quand la voiture commence à faire un bruit bizarre il vaut mieux la faire inspecter et réparer si nécessaire avant que les chosechoses n’empirent… Le problème c’est que dans la dynamique d’esprit dans laquelle j’étais, j’avais besoin de rouler, c’était ma raison de vivre. Mais plus je roulais plus mon corps se mettait en condition pour que je sois forcé de ne rien faire, pour m’empêcher de faire empirer la situation et ainsi commencer à récupérer. Je me suis donc retrouvé dans un bourbier qui mettait à mal mes motivations, ce en quoi je croyais, mon mode de vie, mon petit monde personnel (cf relativité et abstraction, chapitre 2). Qu’à cela ne tienne, je suis tellement têtu et orgueilleux que j’ai persévéré malgré tous les signaux de mon organisme, en redoublant d’efforts conscients face à ces nouvelles difficultés. La voiture fait un boucan d’enfer et crache du feu ? Rien à foutre. J’ai par ailleurs cherché de tous les côtés une raison « scientifique » à ce mal-être, ne pouvant accepter l’idée que cet état soit le résultat de ce que j’aime faire. C’est comme si depuis des années j’aimais une personne passionnément et qu’un jour on m’apprenait que celle-ci est une terrible assassine qui planifie de me tuer. C’est quelque chosechose que l’on ne peut accepter facilement. De plus comme je m’étais vraiment lancé à toute allure dans mes affaires, devoir se résoudre à freiner était d’autant plus dur. J’ai donc mis en place diverses « solutions de politicien » pour mieux me voiler la face : j’ai changé de formation, j’ai fait beaucoup plus de sport, j’ai mis des lunettes, me suis instruit (psychologie, psychothérapies – EMDR –, yoga, livres spécialisés), consulté divers spécialistes (orthoptiste, ophtalmologue, acupuncteur, ostéopathe, homéopathe, isothérapeute, médecins conventionnels) usé de diverses méthodes naturelles (fleurs de Bach, bains dérivatifs, respiration consciente, luminothérapie, etc). Je tiens d’ailleurs à signaler que bien que les personnes que j’ai consulté n’étaient pas mal intentionintentionnées elles n’en étaient pas moins mal attentionnées : elles ne voulaient pas vraiment soigner ce qui n’allait pas chez moi, ne cherchaient pas analyser la source du problème mais plutôt à m’appliquer mécaniquement leur méthode pour que je recouvre le santé. Chacune m’a d’ailleurs diagnostiqué une maladie différente ; une preuve s’il en est que quand on cherche, on trouve…

Conscient d’avoir les pattes coincées dans une racine, j’ai donc battu des ailes pour essayer de me délivrer de cette emprise ; mais jamais je n’ai pris la peine de retirer cette racine, jamais je n’ai arrêté mes projets – même s’il m’arrivait d’être réellement incapable de faire quoi que ce soit, réduit à l’apathie la plus totale par la camisole que mon corps avait développé. J’ai fait semblant de combattre mon problème comme les politiciens font semblant de combattre la pauvreté en laissant vivre des salaires astronomiques. La cascade coule à plein flot mais en mettant en place un dispositif empêchant quelques gouttes de tomber, on se donne bonne conscienceconscience. Et pour couronner le tout, cet affaiblissement général a permis de réveiller ou plutôt relâcher de vieux démons du passé, que je croyais oubliés mais qui étaient en fait toujours là, gardés par la force que la bonne santé procure. Cela m’a amené à invoquer d’autres prétextes pour expliquer ma situation, alors que cela n’avait en fait rien à voir. La conscienceconscience est toujours prompte à se trouver une bonne raison, une sorte de bouc émissaire pour expliquer ses propres échecs. Je reviendrais sur ce point en fin d’acte III, mais je peux affirmer qu’en m’exténuant au delà de toute mesure, la passion a failli me tuer ! J’étais brisé, je ne me reconnaissais plus moi même. Fait intéressant, c’est dans ce genre de situations extrêmes que l’on perçoit le mieux le fait que ce soit notre inconscientinconscient qui crée nos décisions par rapport à notre état actuel (cf chapitre précédent), lorsqu’on est tellement mal que l’on finit par avoir envie de mourir. N’entrevoyant plus de solutions pour continuer à maintenir l’équilibre, l’inconscientinconscient décide alors que la meilleure solution est de tout couper et de là va créer des idées de suicides que vous n’auriez jamais eu en bonne santé. C’est un peu comme un producteur de télévision qui décide d’arrêter un programme car il n’est plus rentable et qu’il semble impossible de remonter la pente. C’est un moyen d’arrêter l’hémorragie. D’où la remise en question du libre arbitre : qui choisirait consciemment de mourir alors que sa vie n’est clairement pas menacée ? À noter que cet épuisement critique dont j’ai fait l’amère expérience est similaire au « burnout » en psychologie.

Au bout d’un peu plus d’un an et demi de vie à bas régime, de survie plutôt que de vie, j’ai été forcé de capituler. C’est depuis lors que par abstractionabstraction, j’ai réellement saisi toute l’ampleur du phénomène évoqué dans le chapitre 8. Il n’y a aucune limite absolue dans la logique, on peut toujours se dépasser et donc on ne s’arrête que quand on a décidé de s’arrêter ou quand on se prend un mur. C’est d’ailleurs comme cela que la plupart des humains fonctionnent, comme des auto-tamponneuses aveugles qui foncent dans un mur et changent de direction seulement lorsqu’elles les prennent de plein fouet. En me limitant je créerais l’illimité. D’ailleurs dualitédualité oblige, il est intéressant de noter que cette tornade destructrice a aussi été bénéfique : j’ai appris à contrôler mes ardeurs, à me concentrer et me satisfaire de l’essentiel, découvert de nombreux détails relatif à cet essai, effacé les quelques peurs que j’avais encore, quitté le domaine de l’informatique (être « forcé » à travailler sur écran étant clairement néfaste sur le long terme), modifié progressivement mes habitudes, etc. Je me suis rendu compte que du fait de l’état d’esprit dans lequel j’étais, j’ai complètement délaissé beaucoup de chosechoses que je n’aurais pas délaissé autrement. C’est un peu comme les cancéreux qui trouvent le bonheur seulement une fois condamnés à mort. On perd toujours ce que l’on gagne.

Bref pour clore cette parenthèse sur mon histoire et pour revenir à l’idée de départ, il ne faut jamais oublier qu’en étant maître de sa vie, en tirant les ficelles de son organisme on a vite fait d’aller dans l’excès et de ne pas se respecter soi même (au niveau des couches dont on n’a pas conscienceconscience). « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » !

Il y aura toujours un équilibre. Seulement la forme de cet équilibre peut différer : être précaire, être agréable, harmonieux, etc. Par exemple s’il y a un gros poids d’un côté de la balance, alors l’adaptationadaptation fera que l’organisme va naturellement pousser comme un dingue de l’autre côté, par nécessité de maintenir cet équilibre. De toute façon dès que l’équilibre n’est plus, il n’y pas de lézard, c’est la mort. Par conséquent si on se laisse aller, que ce soit dans la démesure (cf les nombreuses stars déchues, ce que j’ai fait avec mes projets, Icare qui meurt à vouloir trop s’approcher du Soleil) ou dans l’apathie et la mollesse (cf négligence, obésité, travail inintéressant), l’équilibre mis en place par l’organisme ne se fera pas sans mal (mesures de plus en plus drastiques). En somme, se guider intelligemment avec l’autosuggestionsuggestion c’est essayer de mettre en place l’équilibre le plus agréable qui soit. C’est un peu comme installer un système de vitesse sur son vélo, ça ne changera jamais la quantité d’énergie qu’il faudra fournir pour faire un parcours spécifique, mais ça relativisera l’effort afin que les côtes soient plus douces tout en permettant également de profiter un maximum du momentummomentum fourni par une descente.

L’autosuggestionsuggestion permet de ne pas tirer les ficelles comme un « neuneu », comme quelqu’un qui est dépassé. Et autant dire que tirer les ficelles n’importe comment c’est le cas de beaucoup de monde face à certaines situations : un entretien, un examen, une belle femme… Elle permet littéralement de garder son sang froid, de ne pas perdre ses moyens et ainsi de garder un certain contrôle sur sa vie. Cela dit, coup de revers classique de la dualitédualité, elle peut justement entraîner une attitude de pur aveuglement et vous faire tirer comme un dingue sur vos ficelles, et par conséquent vous mener à votre perte. Mon cas souligne pleinement ce phénomène. De toute façon le monde est « bien » fait, enchaîner les projets ne vous donnera que de la satisfaction personnelle. Si vous voulez plus que cela, l’histoire du monde a mainte et mainte fois prouvé que ce n’est pas la peine de se donner tant de mal. D’une manière générale tout ce qui est valable pour le corps est valable pour l’esprit : il faut faire attention à ce qu’on « mange » au sens propre comme au sens figuré ; rabaisser la diététique à l’alimentation c’est ne rien avoir compris à l’abstractionabstraction. Certaines personnes sont très intuitives et adoptent les bons comportements naturellement, en suivant inconsciemment leur instinct naturel, un peu à la manière des animaux (sans vouloir être péjoratif, les animaux se prennent de toute façon beaucoup moins la tête que nous). On peut dire qu’elles respectent les règles sans le vouloir. D’autres ont besoin de comprendre ces règles pour les respecter.



Autosuggestionsuggestion, abstractionabstraction, BEVBEVI, et esprit spectacteur

Comme je le disais dans le chapitre 1, nous fonctionnons à l’inductioninduction et utilisons beaucoup de raccourcis : c’est la couleur d’un fruit qui indique sa « santé ». Si une personne qu’on ne connaît pas très bien nous « lâche » une fois et sort une excuse bidon lorsqu’il nous revoie, il y a de grandes chances que cela soit abstrait (~ dans sa nature) et qu’il recommence.

De la même manière, si on aime faire les chosechoses correctement, c’est dans notre nature, cela ne dépend pas du domaine dans lequel on se trouve (cf BEVBEVI). En ce qui me concerne, je suis bon en informatique, mais ça ne veut pas dire que je sais pertinemment que je vais résoudre un problème particulier avant d’y être confronté, ma conscienceconscience est aussi limitée que celles des autres personnes. Je sais juste que c’est probable d’après les « statistiques » de mon vécu (c’est d’ailleurs la résolution de chaque problème passé qui par agglomération, fait que je me juge bon en informatique). Si vous confrontez de l’acide avec divers matériaux et qu’à chaque fois il les fait fondre, vous ne savez toujours pas s’il fera fondre un autre matériau mais vous pouvez vous en douter. Ces probabilités forment une autosuggestionsuggestion, mais au final c’est bel et bien mon inconscientinconscient qui coupe et recoupe jusqu’à trouver la solution (comme l’acide).

(extension au caractère)

[On peut qualifier ce genre de suggestionsuggestion d’abstractionabstractionniste dans le sens où ce n’est pas une simple généralisation ; on ne comprend pas vraiment l’intérieur des phénomènes mais on sait que d’un point de vue extérieur (~ boîte noire) ils réagissent de la même manière (on comprend que ce n’est pas la peine de s’inquiéter du déroulement intérieur). La généralisation classique quant à elle, implique une certaine compréhension des mécanismes internes.]

C’est pour cela que je pense que le plus dur dans une tâche, c’est de s’y mettre, et qu’il suffit de s’y mettre pour obtenir. Car au final, ce n’est pas nous qui allons travailler mais notre inconscientinconscient. Cela n’a donc pas d’importance si nous n’avons aucune idée de ce que nous allons bien pouvoir faire (de comment nous allons nous y prendre), puisque techniquement ce n’est pas nous qui allons gérer le truc. La conscienceconscience n’est pas beaucoup plus qu’un spectateur, qui peut donner des indications par rapport à ce qu’elle voit se dérouler devant elle.

Je suis quelqu’un de très statistiques.

Ce sont cette inductioninduction permanente, ces « statistiques inférentielles », qui nous permettent de découvrir une chosechose abstraite, de créer notre conception du monde. En ce qui me concerne, je sais que les mauvais jours finissent toujours par se pointer (« shit happens » comme diraient les américains) ; mais je sais également que quel que soit la mauvaise situation dans laquelle on est, les bons jours finissent toujours par se pointer également. Car selon moi c’est avant tout une question de logique, de symbolisme (cf chapitre 4 et chapitre 9), et non une question de réalité physique. Du coup, quand je suis dans une mauvaise situation je me dis « Ok, ça devait arriver, j’ai plus qu’à attendre que ça passe maintenant », voire je me dis que je suis en train « d’épargner » ! (car en faisant l’expérience du mal, cela renforce les qualités du bien, la différence marque la valeur). On finit par reconnaître les situations, les sentiments associés et identifier les résultats auxquels ils mènent. Ainsi, il m’arrive souvent d’entrevoir un lien très léger (~ un composant) entre deux chosechoses. Comme je suis au courant de l’abstractionabstraction, je me dis « à tous les coups c’est la même chosechose ». Et donc j’approfondis et j’abstrais le phénomène intéressant (cf modes de conscienceconscience et filtrage threadique, acte III).



Maintenant que vous avez conscienceconscience des grands principes et du fonctionnement global de votre esprit, je vous propose de passer à l’acte III, afin d’étudier plus en détail et techniquement certains mécanismes importants mis en place avec notre cerveaucerveau.


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