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Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit
SOMMAIRE

Soulever les paupières invisibles

Un essai sur la logique du monde et de l'esprit

Chapitre 4

Le sacro-saint Équilibre

Quand la dynamique sert la stabilité, quand la répétition de chosechoses simples sert l’hypercomplexité : les secrets d’un monde vaste et équilibré.


La dualitédualité explique que les systèmes naturels sont typiquement constitués de deux forces antagonistes qui s’adaptent l’une avec l’autre afin de maintenir un équilibre. Mais si tous les systèmes fonctionnent dans la dualitédualité, alors tous les systèmes s’équilibrent, et si tous les systèmes s’équilibrent, alors c’est le monde entier qui est équilibré. Voilà grosso-modo, le postulat de l’Équilibre.

Concept

(conçu pour tendre vers un équilibre)

Je pense que tout système naturel est conçu pour respecter un équilibre interne, et que tout système naturel (ou artificiel d’ailleurs) repose sur d’autres systèmes naturels. Par exemple, au niveau de notre corps, la température corporelle doit rester à 37 degrés, le taux de glucose doit rester autour de telle valeur, etc. Ces équilibres participent à un équilibre plus grand, l’équilibre du corps (qu’on appelle la santé).

[Et en cas de défaillance, on peut utiliser des systèmes artificiels pour agir sur ces systèmes biologiques]

De la même manière, mais à une échelle plus grande, l’interaction de l’équilibre de tous les systèmes maintient un Équilibre global.

L’équilibre n’existe pas en tant que force unitaire, extérieure.

Mais plutôt que de voir cet Équilibre global comme une résultante qui émerge du bas, on peut le percevoir comme une cause expliquant pourquoi les systèmes du bas sont conçus pour respecter un équilibre en premier lieu.

[TODO DEPLACEMENT Comme vous l’aurez compris avec le chapitre de la dualitédualité, dans notre monde tout est question d’équilibre. Chaque système s’occupe de maintenir son équilibre intérieur. Par exemple, au niveau de notre corps, la température corporelle doit rester à 37 degrés, le taux de glucose doit rester autour de telle valeur, etc. Le corps accélère ou ralentit automatiquement certaines fonctions afin de toujours rester aligné pour maintenir son équilibre global (qu’on appelle la santé). Mais qui s’occupe de l’équilibre des paramètres logiques tel que la satisfaction, le plaisir, le bien être ? Et bien en grande partie c’est notre cerveaucerveau via notre inconscientinconscient qui s’occupe de tout relativiser pour préserver l’équilibre mental. Cependant étant donné que nous sommes des êtres humains dotés de conscienceconscience, c’est également notre but premier. Nous verrons en effet dans l’acte II que même si nous ne contrôlons pas les vents et marrées qui nous entourent, c’est quand même nous qui tenons la barre.]



L’analogie de la gravité

De ce point de vue, l’Équilibre est une force globale, abstraite, qui s’applique sur chaque micro-système afin de maintenir la stabilité du monde entier (le macro-système) en agglutinant équilibre sur équilibre à travers l’abstractionabstraction. Il permet d’expliquer pourquoi malgré sa dynamique en apparence hors de contrôle, le monde est prévisible et parvient à traverser les âges. On peut d’ailleurs comparer cette force qui maintient l’équilibre à la force de gravité. Une force très puissante (maintient tous les objets en place), à portée globale (s’applique sur toute la matière) et relative (son impact dépend de la masse de l’objet) et pourtant à laquelle on peut s’opposer (on peut sauter avec nos petits muscles, soulever quelque chosechose en opposition à la gravité). On peut bouger avec aisance, mais au final on reste limité, « enfermé » : n’importe qui peut sauter à un mètre du sol, et pourtant pour sauter à deux mètres du sol il faut s’entraîner très durement. L’équilibre fait qu’il en est de même avec toute la logique du monde. Par exemple avec le plaisir, on peut valdinguer d’un état à un autre, passer d’une bonne à une mauvaise humeur, mais on reste encadré. Cela nous donne l’impression d’avoir le bien absolu ou le mal absolu à portée de main, puisqu’il est si simple de faire l’un ou l’autre dans une moindre mesure. Mais en réalité, il n’en est rien.

[Psychophysique et logarithme]

Il faut noter que si la dynamique du monde est en apparence hors de contrôle, c’est avant tout parce que les apparences sont biaisées. Comme nous l’avons vu dans les chapitres précédents, il y a une sur-évaluation, une sur-importance perceptive de certaines petites variations, de certains petits changements (et pas d’autres). Quand il se passe quelque chosechose pour un individu, il ne se passe rien pour un autre. Quand il se passe quelque chosechose de particulier pour l’homme (en général), il ne se passe rien de particulier par exemple, pour les fourmis (en général).

En « réalité » (~d’un point de vue non humain) il ne se passe rien (~les changements sont tellement subtils).


On peut faire le lien entre certaines lois de psychophysique et l’encadrement dont je parlais plus haut : la différence d’intensité entre un son de 1 décibel et un son de 2 décibels est beaucoup plus petite que la différence entre un son de 51 décibels et un son de 52 décibels. Autrement dit pour qu’un son double de décibels et soit perçu deux fois plus fort, il ne suffit pas, justement, qu’il soit deux fois plus fort. De la même manière qu’en termes d’efforts, il n’y a pas une relation linéaire pour passer d’un saut de un mètre à un saut de deux mètres. Faire un bond de 2 mètres c’est sauter extrêmement haut.

Inversion db ? Je crois pas.

On a l’impression de beaucoup bouger sur certaines valeurs, alors qu’en prenant pour référence la réalité physique, ce n’est pas le cas, c’est une illusion. Le mouvement se fait sur le niveau humainle niveau humain.

Et donc ce n’est pas vraiment qu’il y a une régulation, puisqu’il n’y a rien à réguler.

Mais revenons en à l’équilibre.

TODONEXT


Soumis à la gravité, plus notre masse est lourde et plus cette force est effective et nous empêche de bouger. Pour faire le même mouvement, il faut donc faire nettement plus d’effort quand on est lourd que quand on est léger. En d’autres termes, la gravité contraint le mouvement en fonction de la quantité de matière dont dispose un objet. Cette observation n’est pas anodine. Voire pas anodine du tout puisque si on continue l’analogie de ce côté, on remarque de troublantes similitudes.





Démonstration par l’exemple – « Vous prendrez bien un bain ? »

Afin de soulever ces similitudes, analysons l’effet d’une baignade sur notre esprit. Un bon bain chaud, on en saliverait d’avance en ces périodes froides. Au début, nous avons du plaisir à sentir la chaleur brûlante sur son corps. Puis, au bout d’une dizaine de minutes, ce même corps finit par s’adapter et la supercherie se dévoile : c’est le néant niveau plaisir. Nous avons beau rester dedans, à la même température, rien. Heureusement, ce phénomène est également valable dans l’autre sens : vous allez à la plage, vous marchez avec le sourire vers la mer, et là c’est le choc : l’eau est glacée ! Elle est glacée et pourtant quiconque s’est déjà baigné dans une mer sait qu’il suffit de rentrer dedans et très vite le corps s’adaptera au froid de la même manière qu’à la chaleur. L’illusion est totale.

[TODO Version VULG]Afin de soulever ces similitudes, analysons l’effet d’une baignade sur notre esprit. Un bon bain chaud, rah j’en salive d’avance. Au début on a du plaisir à sentir la chaleur brûlante sur son corps. Puis, au bout de 10 minutes, ce même corps finit par s’adapter et la supercherie se dévoile : c’est le néant niveau plaisir. On a beau rester dedans, à la MÊME température, rien. Le truc cool c’est que ça marche aussi dans l’autre sens : vous allez à la plage, vous marchez avec le sourire vers la mer, et là DE DIEU l’eau est glacée ! Glacée dites-vous ? Mouais, il suffit de rentrer dedans et très vite le corps s’adapte au froid de la même manière qu’à la chaleur. L’illusion est totale. On peut d’ailleurs constater le même effet avec la perception de l’odeur après avoir coulé un bonze…]

Qu’est-ce que cela veut dire ? Et bien qu’après avoir assimilé une certaine quantité de signaux extérieurs, votre corps s’est adapté. C’est l’homéostasie, c’est à dire la capacité du complexe corps/esprit à respecter l’équilibre par la relativitérelativité, quelles que soient les contraintes (physiques) auxquelles il est opposé. Cela vaut également à un niveau plus « logique » ; par exemple, quand quelqu’un que nous connaissons apparaît avec une nouvelle coupe de cheveux, il est difficile de ne pas le remarquer, cela nous surprend ; puis avec un peu de temps nous nous y habituons et nous n’y faisons plus attention, cela devient la tête « normale » de cette personne. Cette capacité est généralement bienvenue pour la survie, car elle peut justement « normaliser » les pires situations, faire office de système de direction assistée et éviter la distraction inutile. Mais comme toute capacité, elle est à double tranchant, et donc potentiellement dangereuse. Surtout dans nos sociétés où la survie n’est plus une priorité, en fait. Pourquoi cela ? Et bien analysons les effets de l’homéostasie à l’aide d’un nouvel exemple.

Prenons les cas de trois enfants. Un enfant d’une famille française assez pauvre, un enfant d’une famille française très riche et enfin un enfant habitant un village extrêmement pauvre d’un pays « sous-développé ». Des exemples qui, de par leur aspect caricatural, soulèvent d’autant plus les manifestions de la relativitérelativité. Le premier dispose de quelques jouets de seconde zone, qu’il a reçu un par un à son anniversaire et à noël ; il y est attaché et joue souvent avec. Le second est l’exemple type de l’enfant « pourri-gâté », qui a tellement de jouets qu’il ne saurait même pas les reconnaître ; la moitié de ses (ou plutôt ces) jouets, il les a obtenus sans aucune résistance parce qu’il les a demandé quand il les a voulus, l’autre moitié lui a été fournie sans raison valable, alors qu’il n’avait rien demandé. Enfin, le dernier enfant quant à lui ne dispose pas vraiment de jouets, il s’amuse avec des jeux de fortune qu’il a construit ou qu’il imagine, ainsi qu’avec les autres enfants. Pourtant c’est lui qui sourit le plus ; au moindre événement il décroche un sourire. Et celui qui sourit le moins, c’est le petit prince ; il tire souvent la tête et est très difficile à contenter.

En ayant connaissance du principe d’équilibre, ces phénomènes sont plutôt logiques.

Les jouets ne sont ni plus ni moins que des objets sources de signaux extérieurs qui exercent une force sur l’esprit. Tout comme le corps s’adapte à la température, l’esprit s’adapte aux jouets. Au début du bain nous ressentons la chaleur, c’est agréable. Lorsque l’enfant reçoit le jouet il est très heureux, c’est « super cool ». Puis le corps s’adapte et l’effet agréable de la chaleur disparaît. De la même manière, l’enfant finit par se lasser du jouet car son esprit a reçu assez d’informations en rapport avec celui-ci. Alors que faire ? Surenchérir en prenant un nouveau bain et en achetant un nouveau jouet ? Dans une moindre mesure, pourquoi pas, mais à long terme, ce n’est pas très avisé.



Ce n’est pas très avisé car notre corps et notre esprit s’adaptent à n’importe quelle force. Et lorsque une force est exercée sur nous de manière répétée, l’adaptationadaptation de ceux-ci finit par se voir. On devient habitué, entraîné à résister à cette force.

En ce sens plus nous avons été confronté à une force, moins cette force a d’influence sur nous. Plus la quantité est élevée plus l’effort pour faire apparaître un effet devra être conséquent. C’est comme avec la gravité : plus la masse d’un objet est importante, plus il lui faut de force pour se mouvoir. En revanche s’il est léger comme une plume, la moindre force lui donne des ailes. Plus l’enfant a de jouets plus il lui en faut pour lui donner du plaisir (~ mouvement de plaisir). L’enfant qui n’a rien voit son plaisir se déployer naturellement à la moindre chosechose pouvant s’apparenter à un « cadeau ». L’assimilation de signaux s’apparente donc à un gain de masse. Plus nous sommes dans un bain chaud, moins l’augmentation d’un degré sera sensible. Cela dit, il est évident que passer d’un bain brûlant à un bain glacé pour revenir à un bain brûlant aura de l’effet, un peu trop d’ailleurs. Mais c’est tout de même à travers cet effet de balancier entre les valeurs qu’il est possible de gérer efficacement son équilibre.

Il est maintenant temps de lier les trois principes introduits depuis le début (abstractionabstraction, dualitédualité, équilibre).

(abstractionabstraction car : on abstrait un système qui à besoin se reposer en faisant autre chosechose, on l’évince de notre monde courant MAIS PAS QUE (horloge))

Équilibre et dualitédualité

[TODO DEPLACEMENT lié avec ce paragraphe]

En fait pour adopter le bon comportement, il faut revenir sur la dualitédualité, et regarder comment, dans la Nature, les systèmes fonctionnent à travers le temps . Comme nous l’avons vu dans le précédent chapitre, les chosechoses ont tendance à s’adapter à la pression extérieure. Autrement dit chaque système s’occupe de maintenir son équilibre intérieur. Pour reprendre les exemples au niveau de notre corps, la température corporelle doit rester à 37 degrés, le taux de glucose doit rester autour de telle valeur, etc. Pour cela, le corps accélère ou ralentit automatiquement certaines fonctions afin de toujours rester aligné pour maintenir son équilibre global (qu’on appelle la santé).

D’un point de vue de la dualitédualité, cette accélération et ce ralentissement se traduisent par un renforcement d’un des deux pôles du système concerné. L’un (le pôle chaud) se chargeant grâce à l’effort (~ décharge), et l’autre (le pôle froid) grâce au repos (~ recharge).

CycleCycle simple

Dans la nature, une phase d’effort est généralement suivie d’une phase de repos, et vice-versa, si bien qu’on peut dire que les systèmes fonctionnent de manière cyclique. Par exemple, au niveau de la respiration, nous alternons successivement entre les phases d’inspiration (effort) et d’expiration (repos). Un exemple simple de cyclecycle dans la vie de tous les jours : lorsque nous effectuons une activité, au bout d’un moment nous n’avons – de façon naturelle – plus envie de continuer ; nous avons notre « dose ». Par conséquent, nous finissons par arrêter et aller faire autre chosechose. Et le lendemain, « magie ! », l’envie pour l’activité est revenue. C’est ça un cyclecycle : décharge, recharge, décharge ; une phase d’effort qui suit et mène à une phase de repos. Parmi d’autres cyclecycles bien connus on peut citer la journée de travail suivie du retour à la maison, l’activité éveillée le jour suivie du sommeil la nuit, la faim suivie du repas (et tout type d’appétence suivie d’une satisfaction de celle-ci), etc (j’apporterais une analyse plus poussée des cyclecycles de la vie quotidienne au début de l’acte II). On peut même inclure les saisons ou encore la mode vestimentaire.

Généralement on peut dire qu’un système qui fonctionne bien est un système qui tourne bien, un système qui ne néglige ni l’effort ni le repos, un système qui alterne entre ces deux phases de façon équilibrée (~ c’est l’équilibre dans l’équilibre !).

Pour en revenir à l’exemple du bain chaud, ce qu’il faut donc faire quand l’effet disparaît c’est laisser le système récupérer afin de ne pas le faire saturer, il faut laisser la température redescendre. L’effort et le réconfort font partie du même système de dualitédualité. Plutôt que de redoubler d’effort pour contrer la gravité et faire bouger sa masse, il suffit d’en perdre. Si le bain ne fait plus d’effet, on en sort et on passe à autre chosechose. Ainsi on se « dés-habituera », on se « dés-entraînera » naturellement à résister à cette force et elle pourra de nouveau avoir de l’influence sur nous. Perdre a parfois du bon.

Ces cyclecycles simples constituent la base de l’équilibre global du monde, introduit en début de chapitre. Ils permettent de maintenir l’équilibre d’un micro-système. C’est ensuite à travers l’abstractionabstraction (où quand chaque chosechose fait partie d’une autre) que l’on peut expliquer comment à partir de ces micro-équilibres on peut maintenir un macro-équilibre.



Équilibre et abstractionabstractionLa Grande HorlogeLa Grande Horloge

Anchor La grande horlogeLa grande horloge est une analogie permettant de décrire et modéliser comment l’équilibre se met en place, des phénomènes macroscopiques jusqu’aux phénomènes microscopiques. L’idée c’est que chaque système (les cellules organiques, nous, le monde, un projet, etc) peut être vu comme un ensemble de nombreux rouages plus ou moins gros qui sont interconnectés entre eux. Par conséquent, lorsqu’un rouage tourne, il entraîne avec lui d’autres rouages, ce qui de proche en proche, modifie l’équilibre de l’ensemble du système. L’idée c’est que notre état correspondrait à la position d’un ensemble de rouages nous constituant. Bien sûr nous sommes également les rouages de systèmes plus vastes, et entraînons par notre existence d’autres rouages (des personnes par exemple). Nous sommes entre autres un rouage de notre famille, un rouage de l’entreprise dans laquelle nous travaillons… Chaque rotation d’un rouage a donc des répercussions plus ou moins perceptibles sur l’ensemble des rouages auxquels il est connecté.

Au niveau de notre corps, c’est de là que découle l’identification des méridiens chinois (~ l’état d’un doigt de pied peut en dire long sur l’état d’un organe majeur).

Lorsqu’il fait froid, les rouages de la température ambiante (un système extérieur) font tourner les rouages de notre peau. Pour se réchauffer il est possible soit de changer de point source (changement d’environnement et donc de température ambiante) soit d’appliquer un effort (sur la matière) et d’activer nos rouages internes à contre-sens, via le sport par exemple.



Les cyclecycles ambivalents – « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

L’idée clé de cette horloge c’est que chaque rouage représente une dualitédualité : lorsqu’il tourne dans un sens celle-ci se décharge, et lorsqu’il tourne dans l’autre elle se recharge. Assemblés entre eux, les rouages fonctionnent de manière ambivalente : la rotation horaire d’un rouage entraîne la rotation antihoraire d’un rouage qui lui est connecté ; autrement dit la décharge d’une dualitédualité recharge une autre dualitédualité, et ainsi, à elles deux, elles effectuent un cyclecycle complet. Par exemple, chez moi une décharge sociale charge mes activités solitaires, et vice versa. C’est un peu comme lorsqu’on pose un poids d’un côté d’une vieille balance, cela fait monter l’autre côté.

Il est également possible de représenter l’état d’une horloge à un instant donné sous forme d’un arbre de jauges plus ou moins remplies, dont le total fait toujours la même somme (~ équilibre). Dans cette représentation, un cyclecycle ambivalent entraîne l’épuisement d’une jauge plus ou moins remplie et le remplissage d’une jauge plus ou moins vide. L’intérêt de l’arbre c’est qu’il permet de bien comprendre l’aspect récursif de l’Équilibre : l’arbre est un tout, qui contient des branches qui elles même contiennent des branches, etc ; c’est pour cela que je parle de Grande Horloge, car les cyclecycles s’imbriquent et on en retrouve à toutes les échelles : la journée, la semaine de travail, le cyclecycles des saisons, le cyclecycles des planètes… C’est également pour cela qu’en se nourrissant de chosechoses différentes mais appartenant à la même catégorie (~ même branche), on alimente grosso-modo les mêmes jauges : deux petits cyclecycles imbriqués dans un même gros cyclecycle.

Une horloge est en permanence en train de charger et décharger, en train de récupérer et d’épuiser à des niveaux différents. À notre niveau, la conséquence de cette activité perpétuelle c’est que la plupart de nos cyclecycles commencent et se terminent sans qu’on ne s’en rend compte… C’est ainsi qu’un certain type d’humour ou encore de la nourriture spécifique qui ne passait pas il y a quelques années peut très bien passer aujourd’hui. Personnellement, pendant une longue période de ma vie je n’ai pas apprécié le soleil, et puis un jour, je l’ai soudainement trouvé bien agréable.

Alternant entre intérieur et extérieur, mon chat met particulièrement bien en exergue les spécificités des cyclecycles de par la simplicité de son mode de vie : quand il veut sortir et que j’ouvre la porte il sort. Puis une fois qu’il a « consommé » son envie de sortir il veut de nouveau rentrer et ne veut plus sortir. Enfin, quelques heures après, le cyclecycle s’est rechargé et il veut de nouveau sortir. Et évidemment c’est grosso-modo la même chosechose avec le sommeil et la « bouffe », le temps de recharge étant plus ou moins long. Les cyclecycles tournent, ils partent une fois déchargés et reviennent plus tard une fois rechargés : c’est très notable avec les saisons, mais également avec la mode vestimentaire !


Le démarrage d’un cyclecycle

Le démarrage d’un cyclecycle s’effectue dans le respect de la dualitédualité, c’est à dire qu’il commence par la création d’un point source et devient lancé une fois le chemin entre le point et la valeur bien établi à travers la matière. Par exemple, lorsqu’on décide de faire du footing, on crée un point source, et plus on en fait, plus le chemin va s’établir. Lorsqu’il est activé pendant un certain temps, le cyclecycle gagne une certaine autonomie et tourne tout seul. C’est pour cela qu’une fois que l’on arrête son footing, on peut avoir l’impression de marcher « tout seul ». C’est comme une espèce de bobine, il suffit de commencer à la faire tourner pour créer la dynamique, créer le momentummomentum.

C’est pour cela qu’on dit que l’appétit vient en mangeant : quand on se met dans une série télévisée, dans un livre, dans une émission de télé réalité, etc, même si c’est de la mauvaise qualité, on peut quand même avoir envie de connaître la suite à cause de la dynamique dans laquelle on s’est mis, du momentummomentum.

De la même manière, faire du sport en hiver suffit à se réchauffer, de même qu’il suffit parfois de faire du sport pour retrouver la santé ; on n’en a pas vraiment envie mais une fois qu’on s’y met cela va beaucoup mieux.

À noter qu’une chosechose (en particulier si elle est complexe) peut alimenter plusieurs cyclecycles différents (cf chapitre 1, abstractionabstraction). Ex : film alimente soif de plaisir/détente mais également soif d’une valeur psychologique. Également, avoir un/une compagne n’est pas qu’une affaire de sexe 😀



Rouages perturbateurs

C’est de par le paradigme de l’horloge qu’un rouage bloqué (~ organe malade) peut entraîner un affaiblissement global (~ moral à zéro) et qu’un rouage qui tourne extrêmement vite (~ motivation) entraîne une accélération globale du système. Le fait de toucher à un rouage précis peut donc avoir des effets étonnants : l’écoute d’une musique ou la vision d’un film peut nous donner des frissons, le maintien d’une posture physique peut changer notre état d’esprit (assurance, crispation, féminité, apaisement…), etc.

Ainsi, les rouages étant agencés dans la dualitédualité, notre corps réagit très vite face aux événements traités par l’esprit. Une bonne nouvelle et immédiatement on se sent bien… Une mauvaise nouvelle juste après et l’humeur redescend illico-presto. Ça répond vite et bien.

D’ailleurs en accélérant ou en ralentissant un rouage perturbateur, un vrai « médicament » est censé être aussi efficace qu’une bonne nouvelle. Seulement il ne faut pas se méprendre derrière tous les noms scientifiques, les médicaments que nous utilisons agissent à un niveau beaucoup trop bas pour prendre en compte l’esprit. Ils ne prennent en compte que les symptômes physiques, c’est à dire l’état des rouages au bout de la chaîne ; d’un point de vue logique c’est plutôt désolant comme approche, car ces rouages ont souvent été tournés ainsi par l’activité anormale d’un rouage en début de chaîne. Du point de vue de la dualitédualité (cf chapitre 3), agir de la sorte c’est agir sur la matière au lieu d’agir sur les points sources qui l’ont modelée, c’est agir sur les effets d’une adaptationadaptation plutôt que sur la cause de celle-ci. Agir sur la matière n’est pas forcément condamnable, mais c’est vraiment à réserver pour les cas d’urgence, quand on a un « gros pépin» qui ne peut pas attendre un traitement intelligent et étudié à long terme. C’est fait pour soulager, pour éteindre les incendies. C’est pour ça que je ne peux que m’indigner quand je vois le nombre de produits destinés à une utilisation sur long terme qu’il y a sur le marché des médicaments. Étant donné la complexité de l’ensemble de rouages que représente notre organisme, il faut être extrêmement savant et érudit pour estimer et maîtriser les conséquences de la modification d’un rouage (surtout sur le long terme). L’utilisation des médicaments tels que les anti-dépresseurs, anti-rechute de cancer est comparable à une ablation chirurgicale avec une hache : alors oui évidemment ça touche la cible, et d’une certaine manière ça fait le boulot, mais cela fait également plein de dégâts collatéraux et entraîne ainsi de nombreux d’effets secondaires néfastes. Il en est de même pour les aliments raffinés et les produits de traitements phytosanitaires (fongicides & cie), ça ne vaut vraiment pas le coup d’augmenter les risques de cancers et autres problèmes de santé juste pour faciliter la production (pour augmenter la conservation, pour que le blé ne monte pas trop haut…). De toute manière, je pense que l’Homme ne devrait pas avoir à toucher à tout ce qui est moléculaire (surtout étant donné les multiples rôles qu’une molécule peut avoir, cf chapitre 1), notre corps dispose de tout ce qu’il faut pour gérer cela au mieux. S’il y a un problème au niveau moléculaire, c’est qu’il y a une source à ce problème, et c’est sûr elle qu’il faut agir. Se nourrir régulièrement de ce genre de substances chimiques ne fait que créer des dépendances : à long terme le système finit par intégrer ce nouveau « rouage » et par conséquent arrête de se défendre naturellement car ce n’est plus nécessaire ; si bien que le jour où on enlève ce rouage artificiel le système ne sera plus préparé pour se défendre et les symptômes vont revenir de plein fouet. Et dans cette situation les pros-chimie ne trouveront rien d’autre à rétorquer que l’imparable « Vous avez vu, dès que vous arrêtez le traitement la maladie revient, cela veut donc dire qu’il fonctionne ! »…

Pour faire l’analogie, utiliser ces médicaments c’est un peu comme utiliser des coton-tiges pour se laver les oreilles : pas très réfléchi et même dangereux. Petite parenthèse explicative ; le cérumen est une substance qui s’écoule naturellement de l’oreille et qui vise à protéger des infections. Si on l’enlève, notre organisme va alors accélérer la production pour rétablir la protection (réaction logique de dualitédualité en supprimant la matière blanche on fait grossir le point source noir, cf chapitre 3). Plus grave, l’utilisation de coton-tiges dégrade le chemin entre le point source et la valeur : dans notre conduit auditif, nous avons des micro-poils orientés de telle sorte que le cérumen sorte et ne stagne pas dans le conduit. En utilisant les coton-tiges on modifie le sens de ces poils et par conséquent ils ne peuvent plus exercer correctement leur rôle ; le simple fait de rentrer quelque chosechose dans l’oreille à tendance à repousser le cérumen au fond plutôt qu’à le faire sortir, alors si en plus l’écoulement naturel dysfonctionne, le risque de bouchon est considérablement augmenté. En outre, il y a également un risque de perforation du tympan si l’on pousse trop loin le coton-tige… Bref à côté du système en place, le coton-tige fait office d’outil préhistorique et inadapté. Par abstractionabstraction, essayer de contrôler l’état physique de notre organisme en dehors des méthodes naturelles (manger, faire du sport, dormir…) va forcément entraîner ce genre de complications. Et encore le conduit auditif est un rouage en bout de chaîne, modifier son fonctionnement n’a donc pas autant de conséquences que de modifier un rouage plus enfoui (~ connecté à plusieurs systèmes). Hélas on retrouve toutes sortes de lubies irréalistes quand il s’agit de supprimer les maladies et les chosechoses qui ne sont pas « belles » pour la société, le paroxysme étant les opérations chirurgicales pas nécessaires, qui déclenchent le même genre de problèmes que le coton-tige. On n’accepte plus l’effort de l’adaptationadaptation, on ne se fait plus violence, au moindre problème de santé on opère, on n’accepte plus les contraintes, on veut être bronzé toute l’année, être mince sans faire de sport, manger des produits hors saisons, avoir accès à tout partout… Résultat on obtient pas grand chosechose.

Bref pour revenir et conclure sur la question des médicaments chroniques, j’ajouterais que par abstractionabstraction et dans l’absolu, on ne devrait jamais avoir à forcer sur le long terme, que ce soit pour apprendre ou pour faire un régime ou encore pour faire des économies de je ne sais quoi. Ce n’est pas du tout naturel, il faut se remettre en question quand on force longtemps. De la même manière on ne devrait jamais avoir à prendre de compléments alimentaires, ou encore utiliser une lampe solaire toute l’année. Il ne faut pas se dire « Okay c’est bon, ça marche bien, j’ai trouvé la solution, je peux continuer à vivre ma vie comme si de rien n’était ». Lorsqu’on en est réduit à utiliser des détournements de ce genre, c’est qu’il est temps de changer d’habitudes.

Optimisation de l’horloge – « Tu te laisses aller dis donc » « Ah bon ? »

Il est possible d’optimiser notre horloge en agissant correctement sur les bons rouages, mais nous n’en avons pas vraiment besoin. La flexibilité incroyable de la structure ne nous oblige pas à respecter « à fond » le bon fonctionnement général. En fait nous nous contentons largement d’un équilibre global moyen, voire de moins (on peut même supporter le pire). La plupart d’entre nous mangent trop et mal, respirent mal, ne font pas assez de sport, ne boivent pas assez d’eau, ont beaucoup de manques et font beaucoup d’excès, mais pourtant vivent avec sans trop se poser de questions. Bien sûr la vie serait absolument meilleure si on optimisait, mais dans un monde régi par la relativitérelativité, l’absolu ne vaut pas grand chosechose ; l’homéostasie de l’organisme fait qu’on ne se rend pas bien compte de ce qui nous fait du mal, c’est un espèce de pare-choc qui peut absorber la plupart des coups (~ résilience). En fait il faut vraiment être dans un sale état (gigantesque point source négatif, minuscule point source positif) pour identifier clairement les chosechoses qui nous font du mal au quotidien (~ agent pathogène) et ce qu’il faut faire pour améliorer notre état. En effet, quand on a très mal, on sent directement les bienfaits d’une méthode, et cela permet de découvrir ce qui fonctionne bien. Je dirais même plus, c’est grâce et à cause des fortes tensions qu’on est intuitivement guidé vers les solutions. De manière générale (par abstractionabstraction), les limites permettent de se dépasser et obligent à faire les chosechoses correctement. Les développeurs de jeux-vidéo le prouvent sans cesse en étant forcé par le marché des consoles, de faire des chosechoses incroyables avec du vieux matériel. D’ailleurs c’est en faisant tourner un algorithme sur ordinateur peu puissant que ses défauts techniques sont mis en avant (et pour faire le parallèle avec un autre domaine, c’est en étudiant les patients cérébro-lésés, – qui fonctionnent au ralenti – que les neuropsychologues parviennent à décrypter le fonctionnement cérébral). De la même manière, je pratique un art martial avec deux barres assez légères, et il m’arrive de m’entraîner avec des barres très lourdes car elles me permettent d’identifier les mauvais mouvements d’un point de vue musculaire et articulatoire, des mouvements qui avec les barres légères abîment de manière insensible le corps, jusqu’à ce que par accumulation, cela devienne grave sur le long terme. Les mauvaises habitudes finissent donc souvent par nous rattraper, et c’est seulement une fois arrivé dans des conditions déplorables que l’on prend conscienceconscience que ce sont vraiment de mauvaises habitudes et qu’elles nous nuisent. Et à la suite de ça, nous prenons de bonnes résolutions pour arranger notre équilibre. Bonnes résolutions que l’on finit vite par oublier une fois revenu dans un meilleur état ; c’est le fameux « Ça, plus jamais ! » qui à tendance à sauter en moins d’une semaine…

[Et donc finir par ré-entraîner, un peu plus tard, un sentiment de culpabilité qui va lui même s’en aller et revenir de manière cyclique]


Il est l’heure de passer à l’action

La Grande HorlogeLa Grande Horloge nous indique ce qu’il est temps de faire et de ne pas faire. (Il n’y a pas que l’horloge circadienne qui conditionne nos actions.) Lorsqu’on exerce une activité qui fait tourner un rouage, il faut donc prendre conscienceconscience des conséquences de nos actions afin de respecter au mieux possible l’équilibre. En ce sens, notre mode de vie ne doit pas être résumable en une seule activité (sans compter les manger, dormir, etc). Par exemple moi en général je peux résumer mes journées à « être devant un écran » ; ce mode de vie est mauvais.

Dans un mode de vie, il est bon d’avoir une activité pénible, quelque chosechose qu’on aimerait terminer afin d’être soulagé, à la limite de ne plus en pouvoir, un mal qui nous sépare temporairement du bien. Par réaction de dualitédualité, cela permet de renforcer le bien (~ en appuyant du « mauvais » côté de la balance on fait monter le « bon » côté, on lui donne du potentiel). Si on ne le fait pas consciemment, la relativitérelativité le fera pour nous sur des activités censées nous détendre et nous procurer du plaisir !

D’une manière plus précise, je dirais que pour survivre heureux il est bon d’équilibrer le sympathique et le para-sympathique, et que pour vivre heureux il est bon d’équilibrer l’artistique et le scientifique.


« You need a break man »

Quand on conseille de faire du sport, c’est avant tout pour activer certains rouages qui en ont besoin mais c’est également pour stopper la progression d’autres rouages qui eux ont besoin de repos ; quelque part en faisant du sport, cela nous permet de faire une pause. La variété est importante car la « meilleure » solution pour atteindre un seuil critique n’est pas d’y aller par grosses doses espacées mais de ne jamais faire de pauses, même si on va a un rythme très lent (~ on arrive beaucoup plus loin en marchant qu’en courant). Ainsi, c’est quand on maintient un effort physique pendant au moins une demi-heure (~ long footing) sans jamais faire de pause que la sécrétion d’endorphine (hormone de plaisir) se manifeste. C’est également lorsqu’on reste trop longtemps sans faire de pause devant un écran que de nombreux problèmes oculaires peuvent se manifester. C’est pour cette raison qu’il existe des recommandations de pauses de 15 minutes toutes les heures devant un écran, ainsi que les pauses sur les longs trajets en véhicule. Néanmoins je pense qu’un relâchement à si court terme n’a pas de grande influence, 15 minutes après la pause on se retrouve vite dans le même état qu’avant cette même pause. De plus cela peut nous couper dans notre élan. Je ne dis pas que des petites pauses ne sont pas bénéfiques, mais simplement que leurs conséquences sont aussi petites qu’elles. Selon moi il s’agit de faire des grosses pauses. Bien évidemment la taille des pauses est relative, mais une bonne récupération (~ une bonne « digestion ») se compte généralement en jours. Pour faire l’analogie avec les fibres musculaires, une petite pause remet d’aplomb les fibres rapides, tandis qu’une grande pause remet d’aplomb les fibres lentes. Mais le problème avec les grosses pauses, je l’ai évoqué dans le chapitre 2 : elles nous obligent à nous séparer (même si c’est temporaire) d’une chosechose importante de notre petit monde personnel, et c’est souvent très déstabilisant (~ manque).


L’équilibre à travers l’alimentation

À un niveau plus bas, c’est en vertu du système de rouages qu’il est bon de manger équilibré. Cela permet à la fois de combler les manques et d’éviter les excès, ainsi aucun rouage de base ne tourne trop vite ou trop lentement. Et on ne mange pas équilibré simplement parce que « c’est bien » mais parce que l’abstractionabstraction fait que la santé de haut niveauhaut niveau (mentale) dépend de la santé de bas niveaubas niveau (corps). En d’autres termes, manger sain permet d’être plus apte à apprécier un travail, un film, etc. Cela rend la vie meilleure. Et je rappelle que manger sain ne veut pas forcément dire manger toujours vert. Manger vert est très bon lorsqu’on a beaucoup mangé gras, lorsqu’on a beaucoup mangé pour le plaisir plutôt que pour s’alimenter. C’est donc bon lorsque le « mauvais » côté de la balance est en bas et que par conséquent le potentiel du « bon » est grand. Mais une fois que le « bon » côté est de nouveau aligné avec le « mauvais » côté, il devient stupide de toujours manger vert car les rôles vont s’inverser et on sera alors en excès de vert et en manque de « gras », avec toutes les répercussions de haut niveauhaut niveau que cela implique. Ce n’est pas pour rien que nous apprécions les gros festins familiaux ou plus simplement les pizzas et autres hamburgers ; de temps en temps ils sont bénéfiques (ne serait-ce qu’au niveau de l’humeur), ce n’est de la malbouffe qu’à partir du moment où l’état de celui qui mange est déjà en excès (ce qui est très fréquent). [Une épée est à même de trancher vos ennemis comme vos amis, l’important est donc de l’utiliser correctement]. À noter également que de par le fonctionnement en rouages, les manques sont nettement moins graves que les excès car ils peuvent être palliés/substitués. Les petits plaisirs du jour sont ainsi très différents suivant la personne : un verre de vin, une partie de jeu, un épisode d’une série télévisée, un moment avec la personne qu’on aime, etc. À partir d’un rouage logique on entraîne la rotation du rouage « plaisir ». On peut faire tourner un rouage spécifique en agissant sur plusieurs rouages différents, mais quand un rouage tourne trop vite la seule vraie solution c’est de le ralentir.

Harmonie

Il y a toujours un équilibre, mais celui-ci peut être harmonieux (facile, logique, fluide, sans compensation) ou pas (dur, coûteux, avec forte compensation). Moins l’équilibre est harmonieux, plus il nécessite un travail de compensation.

COMPENSATION : voilà comment l’équilibre se met en place.

Dans un monde dynamique, dans lequel l’imprévu est partout, il est normal de constater un équilibre par compensation. Ne serait-ce que se réveiller tôt sans avoir beaucoup dormi implique un travail de compensation. Tout comme vivre en récupérant d’une blessure, et toute adaptationadaptation à la survie.

De plus, pour qu’une partie des rouages fonctionnent de manière harmonieuse, je pense qu’il faut qu’une autre partie des rouages (menant à eux) fonctionnent en sur-régime (ex : effort physique). Les rouages qui composent la seconde partie forment un « goulot » menant à une région plus dense. Sur-exploiter une partie des rouages pendant un certain temps permet de fournir des « ressources » à l’autre partie pour une durée limitée, et ainsi revenir au fonctionnement « normal » (et récupérer) pendant ce temps.

Cela explique les bénéfices du sport, et explique pourquoi il n’y a pas de mode de vie stable et idéal (mais équilibré et idéal), et pourquoi il faut être dynamique tout en ne négligeant pas le repos. Cela recoupe avec le principe de dualitédualité.

À une échelle plus grande et appliqué au temps, cela fait aussi écho avec les périodes fastes entourées de périodes difficiles.

Investissement à long termeInvestissement à long terme et difficultés

Une autre façon de voir les problèmes que nous avons avec l’Équilibre, c’est de constater que nous n’envisageons que le court terme. Alors que respecter la logique du monde, c’est un peu comme emprunter la voie des « écolos ». C’est à dire qu’il faut se faire à l’idée que nous ne pouvons pas toujours aller vers la croissance et le bien-être (et que même si nous le faisions, nous ne en rendrions plus compte à cause de l’adaptationadaptation), il faut lever le pied de temps en temps. Il faut accepter de perdre pour véritablement gagner. La véritable clé d’un bon équilibre, c’est l’investissement à long termeinvestissement à long terme. C’est une vérité très intuitive, on retrouve ce genre d’idées un peu partout (~ fable du lièvre et de la tortue), et pourtant on ne peut s’empêcher de ne pas en tenir compte. Le fait est que c’est toujours la meilleure solution pour n’importe quel « développement » (pour peu que notre survie ne dépend pas du court terme) :

  • Parfois j’enfile mes chaussures sans utiliser mes mains, par flemme de prendre le temps de me baisser et de les mettre correctement. Résultat le dos de la chaussure est à moitié écrasé, je suis mal à l’aise et je me retrouve finalement obligé d’utiliser mes mains pour réparer les « dégâts ».

  • Balancer un mensonge peut nous arranger dans une situation particulière, mais très vite devenir contraignant lorsque nous serons confronté à la réalité qu’il n’est pas.

  • Le matin il est tentant d’essayer de grappiller 5 minutes de plus au lit, mais en général cela chamboule tout et fini par nous mettre en retard.

  • Quand nous sommes à moitié endormis et que notre vessie est vraiment pleine, il est nettement plus intelligent de se réveiller et d’aller uriner. Nous craignons de briser un sommeil que nous ne retrouverons pas mais il faut savoir que ce sommeil ne va clairement pas se dérouler correctement si le corps envoie beaucoup de signaux d’alerte parce que la vessie est pleine. Le corps devra d’ailleurs adapter son travail de récupération en prenant en compte qu’il ne pourra pas compter pleinement sur la vessie.



Étant pour la plupart des êtres ne voyant pas plus loin que le bout de leur nez, nous n’imaginons même pas à quel point les bénéfices seront grands ; en optant pour l’investissement à long termeinvestissement à long terme, le temps et les moyens (~ argent) perdus au début sont LARGEMENT rattrapés après, alors qu’en optant pour le court terme c’est tout l’inverse, le temps et les moyens (~ l’argent) gagnés au début paraissent bien ridicules par rapport aux problèmes entraînés. Il faut voir les conséquences d’une action en plusieurs étapes étalées dans le temps, et non pas seulement sur les premières (ou souvent la première) étapes. Par exemple au niveau de la nourriture, beaucoup de gens ne prennent en compte que la réussite de la (très courte) première étape : le plaisir du goût. Ils ne s’occupent même pas de l’étape 2, qui consiste à initier la digestion en transformant les aliments solides en « soupe » grâce à la mastication (et qui est la première étape pour créer de l’essence liquide). Déjà le retard pris sur cette étape devra être rattrapé plus tard, sur une étape moins adaptée à la liquéfaction des gros morceaux. Toutefois, les conséquences les plus graves ne se trouvent pas directement dans les premières étapes mais plutôt dans les dernières : la contribution aux déséquilibres globaux (manques/excès), qui petit à petit deviennent très handicapants. C’est ainsi que la diététique, les étirements après effort musculaire, et tout cela entrent dans le cadre de l’investissement à long termeinvestissement à long terme.

(pauses != perte de temps, c’est même bénéfique à la productivité)



L’anecdote du développement informatique

En informatique, il est surprenant de constater les dégâts et le temps consommé par le refusrefus d’investissement à long termeinvestissement à long terme. Par exemple, pour un projet web, beaucoup préfèrent prendre un pack tout fait qui pour le moment fait à peu près l’affaire. Mais un an plus tard ils ont besoin de rajouter une fonctionnalité non présente, et cela veut dire inspecter et comprendre ce gros pack afin de savoir où et comment le modifier pour ajouter cette fonctionnalité. Cela coûte souvent une somme d’heures monstrueuse. Je ne dis pas que les packs tout fait sont à condamner, loin de là, c’est même la solution idéale dans un très grand nombre de cas. Seulement si nous nous embarquons avec et que plus tard nous devons rajouter des fonctionnalités, cela équivaudra à beaucoup de temps perdu pour au final des « bidouilles » assez bancales. On se retrouve alors « piégé » dans un système dont on dépend. Et même si nous développons nous-même notre système, il n’est pas question de se précipiter non plus sous peine d’être confrontés au même schéma : en particulier, le fait de ne pas prévoir l’essentiel dans les couches de base est TOUJOURS une grosse perte sur le long terme. En effet, sur le haut niveauhaut niveau nous finirons à tous les coups par nous retrouver coincé et devoir utiliser des contournements compliqués pour continuer à construire sur ces bases. Le code deviendra de plus en plus difficile à écrire, de moins en moins cohérent et facile à comprendre. La meilleure solution dans ces cas est une purge totale du code afin de repartir sur de nouvelles bases, suffisamment flexibles cette fois. Et cela coûte beaucoup de temps.

Enfin bon, le métier de maintenance informatique repose sur ce genre de négligence à long terme. Et par extension je pense qu’il en est de même pour le métier de médecin. Quand des professions doivent leur existence à des problèmes, il n’est hélas pas étonnant de voir ces derniers proliférer (et je ne vous parle même pas de l’obsolescence programmée…). Grâce à mon expérience en informatique, j’ai pu abstraire les trois façons de faire disparaître les effets d’un problème :

  • la solution logique et évidente : résoudre le problème où il se trouve

  • la solution radicale : couper la source pour empêcher le problème de survenir

  • la solution palliative : gommer les effets du problème à l’arrivée


Le problème c’est que dans le monde informatique et dans la médecine, la majorité des « professionnels » utilisent dans la précipitation les deux dernières solutions comme si c’était de véritables solutions. Pourtant couper la source prive également d’autres fonctions, et changer les effets après l’intervention du problème est coûteux, temporaire et peut avoir des effets secondaires néfastes. Quand un problème de circulation survient dans un circuit, la solution efficace et rentable à long terme c’est la première, même si elle est potentiellement plus difficile à mettre en place.


« Équilibre global ? Da fuck !? »

Il ne faut pas se laisser berner par les avancées effectuées par nos sociétés dans certains domaines, et tenir pour généralité ce voile à la compréhension globale du monde : sur certains points nous sommes encore des hommes préhistoriques.

En effet, selon les critères d’équilibre évoqués précédemment, la direction de nos sociétés « évoluées » montre que la compréhension et le respect de la logique de base semble complètement nous échapper.

Ce qu’il reste d’une force, c’est sa résultante avec les autres. Par conséquent, agir de manière intelligente ce n’est pas exploiter (et augmenter) une unique force brute pour produire un effet, mais exploiter – à l’aide d’une force moindre – les relations entre les forces existantes. Les relations, même si toujours en mouvement, sont significatives, alors que l’intensité d’une force elle ne l’est pas.

Et pourtant :

Croissance perpétuelle, surconsommation, productivité toujours plus forte, voilà notre credo. À peu de chosechoses près, on se retrouve dans la situation de l’âne et la carotte. C’est malin d’avoir pensé à cette technique comme « moteur », ça l’est moins de ne pas se rendre compte qu’on l’utilise déjà sur nous. Depuis le temps nous devrions avoir compris que ces buts sont vains étant donné que l’adaptationadaptation escalade toujours, et qu’ainsi le monde est systématiquement relativisé à mesure qu’il évolue. Ne serait-ce qu’en constatant que contrairement à ce que l’on pourrait croire, les gens ne sont pas significativement plus heureux un an après avoir gagné au loto en Europe, qu’un an après avoir travaillé dans les rizières en Asie. Nous devrions avoir compris que nous normalisons tous les stimuli par rapport à notre environnement actuel, alors à quoi bon continuer de surenchérir à chaque fois que nous nous adaptons ? La forte tendance à l’équilibre est devenue une excuse pour tous les excès.

À peu de chosechoses près, l’âne et la carotte. Ce leurre est un drôle de moteur.


Celui qui dit que le fou est fou est fou

Nous avons de drôles de zones de conforts. Pour prendre mon cas, je passe presque toute la journée devant un écran. En y réfléchissant, c’est dingue de se faire violence à ce point et de ne pas s’en rendre compte. Si un type reste toute la journée devant un mur a fixer un point sans bouger, je me dirais qu’il est fou. Et pourtant physiquement parlant je fais la même chosechose.

Et donc le pire dans l’histoire, c’est qu’au fond nous savons. Nous savons qu’il y a des problèmes énormes dans le monde et que notre système va finir par exploser. Mais nous fuyons totalement la réalité en essayant de se rassurer avec le progrès technique : pour la simple et mauvaise raison que nous arrivons toujours à faire baisser un côté de la balance, il n’est pas nécessaire de se relâcher et de faire baisser l’autre côté, même si cela implique des dépenses énormes et des dégâts parfois irréparables. Nous nous accrochons à cette illusion, nous refusrefusons de faire marche arrière et tout remettre en question. En d’autres termes, tant que nous ne touchons pas le fond, nous continuons de nous enfoncer.

N’ayant plus en tête que les problèmes de politique, d’économie, d’informatique, de brevets, de régime, etc, nous avons presque perdu le sens des réalités les plus basiques. Dans nos sociétés, le pouvoir d’achat peut être « problématique » car il ne permet pas de s’acheter une seconde voiture. Dans nos sociétés, nous évoquons la difficulté des problèmes de richesse alors que certaines personnes y gagnent des millions tandis que d’autres y gagnent juste de quoi manger. Nous exprimons nos difficultés à perdre du poids à travers des régimes sophistiqués alors que nous ne faisons pas d’activité sportive. C’est un peu comme si nous faisions semblant d’essayer, mais que nous n’avons pas l’impression de faire semblant. La cascade coule à plein flot mais en mettant en place un dispositif empêchant quelques gouttes de tomber, nous croyons faire le nécessaire. Et lorsque nous abordons les solutions simples et évidentes (presque grossières et enfantines) à ces problèmes, on a tendance à nous répondre que « c’est plus compliqué que cela » ; mais est-ce que ça l’est vraiment ?

Et puis comme je le disais, je ne pense vraiment pas qu’on soit plus heureux dans nos sociétés, dans une position dite « aisée », avec beaucoup de « biens » (ce n’est pas la consommation d’antidépresseurs de la France qui va me contredire). Ces « biens » nous font souvent du mal d’ailleurs (alimentation, pollution, baisse de santé et de forme physique générale). En fait, dans nos sociétés il y a beaucoup plus de pièges que dans les sociétés « primitives » : on peut tout se permettre, ce qui est difficile à gérer, et même dangereux. L’environnement a évolué, les dangers aussi. Le confort et l’abondance sont des pièges qui mènent au laissez-aller. Quelque part, notre situation est une distraction, les vraies valeurs nous échappent à cause d’elle. D’ailleurs, oui on a accès à l’éducation, mais notre éducation fait-elle de nous des hommes meilleurs ? Je ne pense vraiment pas qu’on apprend les chosechoses les plus importantes « à l’école » (et pourtant on en passe des heures…), l’accès aux valeurs du monde ne se gérant pas de manière « artificielle ».

Ça doit venir de l’intérieur. Sans intentionintentions, on ne fait pas de miracles (~ avec seulement de l’argent) les produits sont « sans âme ».La valeur nous est donné de manière beaucoup plus juste.

Et puis à quoi sert-elle, cette éducation, au final ? Dans nos sociétés, excusez moi de l’expression mais la plupart des salariés sont payés pour « enculer des mouches » à longueur de journées (par rapport aux travail qu’il y a à fournir sur de gros problèmes). D’ailleurs, beaucoup n’aiment pas vraiment leur travail et n’hésiteraient pas une seule seconde à le quitter si un jour ils gagnent le gros lot…

On vit dans une société qui boit de l’alcool et se bourre la gueule jusqu’à en être malade pour évacuer le stress et faire la fête. On préfère avoir de temps en temps des moments d’insouciance qui vont de paire avec des gros problèmes, plutôt que de toujours être dans un climat de précaution strict et raisonné – propice à une certaine tension (~ survie) – et de n’avoir qu’une « plate » récompense (~ vie ennuyante).

D’un côté donc, notre société donne l’impression qu’elle s’est tellement éloignée de ses racines qu’elle en a perdu le sens des réalités les plus primitives, ce qui explique pourquoi elle poursuit insouciamment sa direction.

Mais d’un autre côté, en faisant primer le profit financier sur le développement durable, en préférant s’évertuer à protéger nos arrières plutôt que s’efforcer de faire avancer les chosechoses dans la bonne direction, n’est-ce pas là une preuve que nous n’avons pas oublié d’où nous venons ? C’est chacun pour soi, il faut survivre – au jour le jour – ou mourir, c’est à se demander si les chosechoses ont vraiment évoluées depuis le temps de la vie sauvage…

Tous les principes évoqués jusque là permettraient donc d’expliquer les règles de fonctionnement, mais pas les schémas d’utilisation qui en sont faits. En d’autres termes nous ne serions pas fait pour suivre les « bonnes » règles…

« C’est pas ma faute, je suis comme ça »

Si on est arrivé là, c’est avant tout parce que nous sommes tous autant que nous sommes des égoïstes refoulés. Comme évoqué dans le chapitre 2, nous sommes tous des contextes à part entière, des systèmes fermés, et en ce sens et au bout du compte, on fait tout « pour notre gueule ». Je reviendrais plus précisément dans le chapitre suivant et dans le chapitre 9 sur le pourquoi du comment de cette situation, mais lorsqu’une personne propose quelque chosechose à une autre, un service, une recommandation, un cadeau, en fait c’est avant tout pour elle qu’elle le fait, pour assouvir un besoin quelconque (pour se rassurer, pour se faire plaisir par procuration, etc). Pour s’en convaincre il n’y a qu’à voir l’effet sur le visage de cette personne si l’autre personne a le malheur de refusrefuser sa proposition. Le fait est que même un sacrifice pour une noble cause relève d’un besoin personnel qui demande a être satisfait. Et je ne me mets pas à part de ce paradigme, même l’écriture de cet essai je le fais avant tout pour ma pomme (c’est la meilleure façon de s’appliquer). Ainsi, on peut même dire que les personnes altruistes sont simplement des personnes qui ont un réel besoin d’aider pour vivre.


La justice, c’est la Nature – l’éternel combat du Bien contre le Mal

Compréhension du fonctionnement d’un système et utilisation de ce système ne vont donc pas de pair. Et d’ailleurs ce chapitre n’a pas pour source le constat du fonctionnement en rouages mais le constat d’un équilibre en dépit d’utilisations diverses (~ équilibre abstrait). Et équilibre ne veut pas dire stagnation. Car s’il est effectivement possible de respecter scrupuleusement la stabilité et le « bon » déroulement des chosechoses, et par conséquent s’il est juste d’admettre qu’il existe une façon objectivement correcte de se comporter, d’utiliser les chosechoses, etc, force est de constater que ce n’est pas comme ça que ça se passe de façon naturelle. Et puis d’ailleurs, quel serait l’intérêt du monde d’être dynamique, si pour fonctionner correctement il doit toujours rester stable ? Autant rester figé. Si les extrêmes existent, si les utilisations « anormales » sont possibles, si le « mal » et le « bien » existent, ce n’est pas pour rien. Toutes les valeurs sont faites pour être exprimées. Je reviendrais plus concrètement sur le « pourquoi » plus tard (même si je l’ai déjà expliqué dans le chapitre précédent), mais si les chosechoses doivent bouger d’une valeur à l’autre, il faut néanmoins qu’elles n’entraînent pas de problèmes de stabilité globale, afin que le système puisse perdurer ; il faut qu’il y ait des limites et des répercussions : d’où l’Équilibre. Et ainsi, de manière simple, abstraite et symbolique, le principe d’Équilibre se résume de façon très manichéenne : on peut séparer le monde en deux grosses parties, le « mal » et le « bien », qui sont et seront toujours égaux dans la globalité (~ tout gain en quantité « globale » se fait au détriment de la qualité « globale »).

Le mal et le bien sont dans tout un chacun. Ce sont des symboles.

Cette vision peut sembler ridicule au premier abord, et/ou difficile à accepter ; il peut même sembler totalement déplacé d’affirmer de pareilles chosechoses, de briser les idéaux d’un monde sans mal.

Mais pourtant il suffit d’allumer la télévision pour se mettre la puce à l’oreille, puis se rendre à l’évidence : les problèmes ne sont pas des accidents et n’ont rien de particulier. On retrouve toujours les mêmes schémas (c’est le peuple qui paye, il y a du chômage, des manifestations contre les licenciements, une star vient d’être déchue, l’annonce d’un nouveau plan politique pour redresser la barre, un débat critiquant les choix du gouvernement, l’horoscope qui raconte toujours la même chosechose – plutôt à la radio pour ces deux derniers -, etc). Il en est de même pour le « divertissement » qui tourne en rond : les paroles de musiques/chansons sont toujours sur les mêmes thèmes, la plupart des films ne font également pas dans l’originalité… Et si vous n’avez pas de télévision il vous suffit d’ouvrir la fenêtre : les conflits entre voisins, les ragots… Et si vous n’avez pas de fenêtre et bien regardez chez vous, il y aura toujours des problèmes, des disputes, du ménage à faire (même si vous n’utilisez pas grand chosechose ! Les boîtes mails toujours remplies ou encore les câbles qui s’entremêlent « tout seuls » sont également de bons exemples). Combien de fois on peut entendre des phrases telles que « C’est de pire en pire », « C’est quand même triste d’en arriver là », « C’était mieux avant », « Rien ne va plus », « On touche le fond », « La situation est grave » se répéter encore et encore. Le monde est extrêmement schématique et la planète tourne en rond à bien des niveaux. Pourquoi le monde est-il si prévisible, pourquoi certaines chosechoses ne semblent jamais avoir de fin si ce n’est parce qu’elles doivent exister pour préserver l’équilibre (même si nous les croyons non essentielles et supprimables – cf analogie de la gravité – voire nouvelles et propre à notre époque) ? Je n’ai jamais vécu de guerre mais je suis convaincu que durant ces périodes de grand conflit il y a moins de petits conflits, de disputes (évidemment), et que les liens sont plus forts, la solidarité plus présente…



Une société un peu trop paisible

Ce que je veux dire c’est qu’il ne faut pas se méprendre ; dans notre société en apparence paisible, la guerre s’est simplement déplacée dans une infinité de débats stériles. Le mal est plus vicieux, il se cache dans des problèmes de fond. J’irais même plus loin en affirmant qu’il se cache tellement qu’il est presque contre-nature de vivre dans ces sociétés. Le fait est que le mal et le bien, par nécessité d’équilibre, trouvent toujours leur chemin ; en l’absence de conflit « grossier » (~ se taper sur la caboche), le mal a trouvé son chemin ailleurs (politique, économie, pays fournisseurs de ressources, laboratoires menés par la finance, monopole d’une voie « malsaine » dans beaucoup de domaines). Il suffit de mettre un peu son nez dans un domaine pour constater le règne de l’ « impureté » et des pratiques douteuses, encore faut-il savoir ouvrir les yeux d’une certaine manière. Pour la plupart des grosses « boîtes », le profit financier prime largement sur le développement durable, elles préfèrent d’ailleurs s’évertuer à protéger leurs arrières plutôt que s’efforcer de faire avancer les chosechoses dans la bonne direction ; en fait, œuvrer pour le bien général serait comme aller en contre-sens.

Nous vivons dans un monde beaucoup plus vicieux qu’avant. Ici pas de tranchage de gorge et de guerre à foison. Ce mal caché échappe d’ailleurs à la plupart des personnes, qui baignent dans l’ignorance la plus totale. Ignorance qui est d’ailleurs l’essence même de ces sociétés ; sans elle les illusions grossières ne tiendraient pas longtemps et surtout ne pourraient pas proliférer comme si de rien n’était. À côté de ça, les idéalistes extralucides ont bien du mal à trouver leur place dans ce monde drôlement équilibré. Agressé en gardant les yeux ouverts, ils auront tôt fait de s’isoler pour se mettre à l’abri de cette société funeste. Peuvent-ils faire autre chosechose à part comprendre ce qui ne va pas ? Mais surtout, y-a-t-il vraiment quelque chosechose qui ne va pas ?

Voici une citation tirée du film « Fight Club », que j’ai trouvé assez éloquente vis à vis de ce phénomène : « Putain, j’vois ici les hommes les plus forts et les plus intelligents que j’ai jamais vu. J’vois tout ce potentiel, et j’le vois gâché. J’vois une génération entière qui travaille à des pompes à essences, qui fait le service dans des restos, qui est esclave d’un petit chef dans un bureau. La pub nous fait courir après des voitures et des fringues, on fait des boulots qu’on déteste pour se payer des merdes qui nous servent à rien. On est les enfants oubliés de l’histoire mes amis, on n’a pas de but ni de vraie place ; on n’a pas de grande guerre, pas de grande dépression. Notre grande guerre est spirituelle, notre grande dépression, c’est nos vies. La télévision nous a appris à croire qu’un jour on serait tous des millionnaires, des dieux du cinéma ou des rock stars, mais c’est FAUX. Et nous apprenons lentement cette vérité. On en a vraiment, vraiment, plein le cul. »

J’ai moi même eu du mal à trouver ma place lors de mes études d’informatique. D’un côté il y avait la fac, qui offre une approche universitaire « saine » mais dont le contenu des formations repose uniquement sur la théorie et la recherche, sans jamais poser pied sur terre – comme pour s’isoler dans des connaissances à l’utilité discutable, une manière d’échapper à la réalité. De l’autre côté il y avait les formations extra-universitaires qui sont quand à elle beaucoup trop « professionnelles » et orientées vers le monde de l’entreprise (~ formations « costards »), de l’exploitation et de la surconsommation (elles ont cependant le mérite d’être basées sur la pratique) – toujours est-il que les gens qui s’y plaisent seraient prêt à épuiser les vaches jusqu’à la mort pour récupérer du lait. Entre ces deux extrêmes il me semblait pourtant y avoir un énorme vide à combler, mais personne ne semblait s’en soucier… J’avais beau être doué pour escalader en informatique, le fait d’être obligé de le faire en écartant les jambes pour m’appuyer sur ces petits supports m’a rebuté.

Bref quoi qu’il en soit, qu’on se soucie de la direction de notre société ou que bon gré mal gré on suive le troupeau, on en subit tous les conséquences sans pouvoir y échapper : stress, addictions, isolement, délinquance, divorces, obésité, dépressions, maladies dégénératives, suicides… Personne n’est épargné, c’est la fête !

Non, je ne veux pas briser les idéaux mais simplement effectuer une piqûre de rappel : dans un monde où on tue pour manger, dans un monde où la violence sert le loisir, dans un monde où le sexe est si influent, est-il simplement raisonnable de penser qu’un idéal puisse dépasser sa condition même ?

Alors dans une société où la guerre s’est déplacée dans les débats stériles, dans une société où les revenus sont si inégaux, l’idéal relève de la blague que seuls les téméraires les plus insouciants sont capables de comprendre et d’apprécier ; et c’est précisément cela qui en fait des chosechoses si extraordinaires à mettre en œuvre.



« Deal with it »

Le fait est que je ne blâme rien lorsque je critique (ou du moins je blâme sans réellement blâmer, je « joue mon propre rôle »). C’est la Nature qui est ainsi faite. Après tout, quelle époque n’a pas ses équivalents en termes de bien et de mal ? Notre époque n’est ni meilleure, ni pire qu’une autre, elle est « identiquement différente », les mêmes valeurs s’exprimant à travers des chosechoses différentes. Et pour cause, le bien et le mal sont avant tout des créations symboliques de l’esprit. C’est une manière de fonctionner ; peu importe où on va, on va les créer, ils font partie de nous.

Et donc si actuellement on peut imaginer un certain idéal (même si franchement c’est dur d’en imaginer un qui pourrait exister) , une fois qu’on y sera , à cet idéal , on ne sera plus dans l’état d’esprit dans lequel on est actuellement . Et donc les raisonnements actuels ne pourront plus s’appliquer . Bref ce ne sera plus un idéal.

Comme expliqué dans le chapitre 3, l’équilibre permet de préserver le sens qu’il est possible de donner à la vie. À un moment donné, nous avons besoin de toutes ces mauvaises chosechoses qui nous permettrons de créer autant de bonnes nouvelles chosechoses, qui elles mêmes déboucheront probablement sur un tas de mauvaises. Tout à l’heure je disais qu’il suffisait de mettre un peu son nez dans un domaine pour constater le règne de l’impureté et de la logique industrielle, mais il suffit également de mettre son nez dans un domaine pour voir qu’il existe un groupuscule d’intrépides qui essaye de développer les chosechoses dans le bon sens et de façon durable (agriculture biologique, médecine alternative, logiciel libre, etc). Et ce « petit village gaulois qui résiste encore et toujours à l’envahisseur », ce mouvement de passion enflammée, il doit principalement son existence au mal qui le nourrit et le révolte. C’est ainsi seulement que l’on peut prendre part à ces mouvements et vivre pleinement une vie dynamique et sensée. Être confronté à des problèmes, faire un parcours intéressant, occuper son esprit, cela revêt une part importante de l’existence.

Pour reprendre la citation populaire « Il faut de tout pour faire un monde ». Je pense qu’il faut l’accepter et vivre avec. Il y a des chosechoses tristes, des gens meurent, les suicides sont courants… De toute manière on peut affirmer sans trop se mouiller que la fin n’est qu’un nouveau commencement. Les différents cataclysmes l’ont prouvé avec la vie. La vie est un cyclecycle, avec un début et une fin. Il suffit d’abstraire ce phénomène de cyclecycle pour comprendre comment il se déroule. Quand on lit un livre, chaque fin de mot marque le début d’un autre mot, chaque fin de ligne le début d’une autre ligne, chaque fin de chapitre le début d’un autre chapitre. S’il n’y a plus de la « même chosechose », alors on remarque qu’on remonte d’un niveau pour de nouveau redescendre. Si c’est la dernière ligne on monte d’un niveau et on change de chapitre, si c’est le dernier chapitre on monte d’un niveau et on change de livre, s’il n’y a plus de livre on monte d’un niveau et on change d’activité !

Pour la vie, c’est probablement pareil : si une vie se finit, une autre commence. Et s’il n’y a plus de vie et bien on remonte encore plus haut que la vie pour redescendre vers de nouveaux inconnus. Il n’y a pas de fatalité, la roue tourne.

Je ne suis qu’une composition des valeurs de ce monde, une instance particulière. Toutes les valeurs qui me composaient se retrouveront éparpillées, ailleurs.

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